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    Il est rare de voir 100.000 personnes assister aux funérailles d'un détenu, mort dans sa cellule après 66 jours de grève de la faim. C'est pourtant ce qui est arrivé, le 05 Mai 1981, à Bobby Sands, 27 ans, dans les rues de Belfast en Irlande du Nord. On se souvient de l'hostilité qui a opposé, en une véritable guerre civile, de 1969 à 2007, les nationalistes républicains catholiques, partisans de l'intégration à l'Irlande, l'Eire, et les unionistes loyalistes protestants, fidèles à la couronne britannique.

    A 10 miles de Belfast, à Long Kesh, les Anglais avaient construit une prison moderne et sûre, véritable forteresse de 8 blocs en forme de H, du nom de « The Maze », le labyrinthe. Les prisonniers catholiques républicains, pour la plupart militants de l'Irish Republican Army (IRA) qui y étaient emprisonnés, bénéficiaient du même statut que les prisonniers politiques et étaient donc dispensés de travaux, pouvaient porter des vêtements civils et garder une certaine organisation interne au sein de la prison. Mais, le 1er Mars 1976, ce statut et ces faveurs sont abolis par le gouvernement travailliste de Harold Wilson qui classa tout le monde en criminels. Dès lors, les républicains détenus se sont engagés dans un processus de non-coopération en 5 points, refusant notamment de porter l'uniforme de prisonnier et de se laver. Comme ils portaient une simple couverture pour couvrir leur nudité, on appela cette protestation la « Blanket Protest » mais leurs revendications pour retrouver un statut privilégié n'aboutirent pas. Ils passèrent alors au stade suivant qui est le chantage de la grève de la faim.

    Une première grève en 1980, décidée par le Sinn Fein, passe quasiment inaperçue et les promesses du gouvernement, en échange de son arrêt, ne seront pas tenues. De nouveaux prisonniers promettent, en 1981, d'aller cette fois jusqu'au bout de la démarche afin que le gouvernement prenne en compte leurs « five demands ». Bobby Sands, de son vrai nom Robert Gerard Sands, leur chef en prison, entame une grève de la faim le 1er Mars, bientôt suivi par d'autres, aussi déterminés que lui.

    C'est à ce moment qu'un député républicain meurt et que des élections anticipées sont provoquées. Bien que le mouvement républicain était abstentionniste depuis 1922, pour protester contre la scission de l'Irlande, toute la communauté catholique se rassemble pour proposer la candidature de Sands qui est élu député en Avril 1981, provoquant une immense clameur dans la prison, bien que les postes radio fussent officiellement interdits. Le gouvernement réagira en changeant, mais un peu tard, la loi électorale.

    Dans sa cellule, où il purge 14 ans de détention pour possession d'arme, Bobby Sands tient un journal, rédigé pendant les 17 premiers jours où il tient encore debout, sur du papier hygiénique qui passe clandestinement à l'extérieur. Il le signe Marcella, du nom de sa sœur qu'il adore. Malgré sa mort, le 05 Mai 1981, Margaret Thatcher, le premier ministre, ne fléchit pas car des actes de violence terroristes étaient toujours perpétrés et ce seront 10 autres compagnons qui mourront avant la fin de l'été. « Il ne peut être question d'un statut politique pour quelqu'un qui est en prison pour un crime. Un crime est un crime. Ce n'est pas politique ». La nouvelle de ces « martyrs » fera le tour du monde, contribuant à faire connaître la cause des catholiques d'Irlande du Nord. « Que faites vous pour eux ? », aurait-on demandé à la Dame de Fer, pendant la grève de la faim. Réponse : « Je fais mon devoir : je leur présente trois repas par jour ». Elle finira quand même par satisfaire leurs revendications.

    Plus tard, après un premier cessez le feu de l'IRA, en 1994, qui va suspendre quelque temps les attentats, un long processus de paix sera enclenché avec le Sinn Fein jusqu'à l'accord de Stormont en 1998 puis le partage historique du pouvoir entre le protestant Ian Paisley et le catholique Gerry Adams, en 2007. Cependant, l'IRA ne déposera les armes, et encore lentement, qu'à partir de 2005.

    Aujourd'hui, depuis 2000, The Maze, la prison de Long Kesh, est fermée mais combien d'autres établissements carcéraux du type Abou Ghraïb ou Guantanamo, verront encore le jour dans le monde, avant que les Etats n'humanisent les conditions d'incarcération des prisonniers ? On craint de ne jamais voir le bout de l'horreur.

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    Rouget de l'Isle, de son vrai nom Claude Joseph Rouget « de Lisle », n'est pas plus marseillais que l'hymne qu'il a composé. Il est né à Lons-le-Saunier en 1760 et deviendra officier français du Génie en même temps que poète et auteur dramatique.

    C'est dans la nuit du 24 Avril 1792 qu'il improvisera, sur demande du baron Frédéric de Dietrich, maire de Strasbourg, son « Chant de guerre pour l'Armée du Rhin », dédié au maréchal Lukner. Quatre jours plus tôt, la France a déclaré la guerre à l'Autriche et Dietrich s'adresse au jeune Rouget de Lisle qu'il sait violoncelliste à ses heures, en ces termes : « Monsieur de Lisle, faites-nous quelque beau chant pour ce peuple soldat qui surgit de toutes parts à l'appel de la patrie en danger et vous aurez bien mérité de la nation ». Le capitaine s'exécute aussitôt avec fougue. Le lendemain, le chant est prêt. Pour les paroles, il s'est inspiré des affiches de conscription et des chansons populaires de l'époque. La musique sera esquissée sur son violon.

    Entonné par le bataillon des volontaires Marseillais dans leur marche vers Paris en Juillet Août 1792, ce chant martial est très vite appelé « La Marseillaise » par les Parisiens et il accompagnera partout en Europe, au XIX° siècle, le mouvement des nationalités avant d'être supplanté par l'Internationale. Le 14 Mars 1879, la III° République en fait l'hymne national français par une loi. Dès lors, il sera chanté dans les écoles et sur tous les champs de bataille.

    Ayant eu un premier succès avec l'Hymne à la Liberté, mis en musique par Ignace Pleyel, royaliste autrichien, Rouget de Lisle avait composé d'autres chants patriotiques ou engagés et publié plusieurs œuvres, en vers ou en prose mais sa carrière littéraire ne perce pas, bien qu'il soit en phase, dans ses textes, avec toutes les époques, royauté, révolution ou restauration. Il finira sa vie dans une situation précaire, devant même vendre l'héritage de son père. Malade, il est recueilli par un camarade de l'Armée et s'éteint chez celui-ci, à Choisy-le-Roi en Juin 1836, à 76 ans. Raymond Poincaré fera transporter ses cendres aux Invalides en 1915.

    La ville de Lons-le Saunier lui a rendu de nombreux hommages, lui élevant notamment une statue, commandée à Bartholdi, cestui-là même qui façonna la statue de la Liberté offerte à la ville de New York.

    En tant qu'hymne national, inscrit dans la Constitution, la Marseillaise est immuable, même si les paroles paraissent un peu trop guerrières à certains. La transformer aujourd'hui serait comme changer les trois couleurs du drapeau. Impensable !

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    Décédé il y a tout juste un an, le 23 Avril 2007, Boris Eltsine est le premier Président démocratiquement élu de Russie. Le 12 Juin 1991, en effet, il remporte les élections au suffrage universel et en profite pour se nommer aussi chef du gouvernement.

    Issu d'une famille paysanne de l'Oural, Boris Eltsine gravit normalement les échelons du Parti communiste depuis son inscription en 1961, jusqu'à ce que Mikhaïl Gorbatchev le nomme à sa tête. Mais la chute du Mur de Berlin, le 09 Novembre 1989, va précipiter l'implosion de l'URSS qui éclate en 11 nouveaux Etats indépendants.

    Fantasque mais courageux, Boris n'hésite pas à monter sur un char, en 1991, pour haranguer la foule, en vrai démocrate, et faire barrage aux partisans du maintien du communisme qu'il avait lui-même supprimé. Mais celui qui brava les chars, cette année là, n'aura aucun scrupule à les envoyer contre ses opposants, en 1993 tout d'abord, quand il bombarda le Parlement récalcitrant et en 1994 ensuite, pour écraser l'espoir d'indépendance de la petite république de Tchétchénie même s'il se défend d'en avoir donné l'ordre.

    Réélu en Juin 1996, il fera un second mandat en pointillés, tant il aura d'absences, dues à la maladie, à un triple pontage coronarien mais aussi à l'alcool. Il changera régulièrement de Premier Ministre pour essayer de maintenir ses réformes mais les anciens communistes veillent. Fin 1999, il n'est plus que l'ombre de lui-même, bouffi et titubant, incapable de maîtriser une crise financière majeure et le pillage des richesses du pays par les oligarques qui lui avaient soufflé de privatiser des pans entiers de l'économie.

    Finalement, en échange de l'immunité à vie ( ce qui laisse à penser qu'il a bien profité, lui aussi, de sa position privilégiée ), il passe la main, en 2000, à son successeur désigné, le jeune Vladimir Poutine qui aura moins de scrupule, en tant qu'ancien du KGB, à ne pas paraître démocrate. Le jeune et froid dauphin a fait mine de vouloir poursuivre les réformes de l'appareil d'état que le dernier Tsar avait engagées. Mais celles-ci seront vite rangées dans les placards et la mise au pas reprendra par cet « héritier » qui va verrouiller à nouveau le pouvoir.

    Boris Eltsine aura tenté, à sa manière, souvent chaleureuse, d'instaurer la démocratie en Russie et de l'arrimer à l'Occident, en établissant la liberté de parole, sans faire donner la force, sauf en Tchétchénie, pour s'opposer au départ des Etats satellites d'ex-Union Soviétique. Ce fut une période de liberté pour les jeunes et les intellectuels Russes mais une régression économique, malheureusement, pour le petit peuple pendant que d'autres, et pas seulement la maffia, opéraient des ascensions fulgurantes.

    Ainsi, une tentative de démocratisation a échoué dans le plus vaste Etat du monde mais gageons que ce n'est qu'un recul pour mieux sauter, la prochaine fois.

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    En Belgique, lors de la première guerre mondiale, la ville d'Ypres va tristement devenir célèbre, non seulement par les trois batailles successives qui s'y déroulèrent en 1914, 1915 et 1917 pour barrer la « course à la mer » aux Allemands, mais surtout pour le fait que, pour la première fois, des gaz toxiques et mortels furent envoyés, poussés par le vent, en direction des tranchées adverses.

    L'utilisation de gaz toxiques était connue depuis le Moyen-Âge mais avec les progrès rapides des sciences, chimie notamment, les risques furent tels que la Convention de La Haye décida de les interdire en 1899. Des dispositions plus récentes, concernant l'emploi des gaz, figurent dans le Protocole de Genève de 1925 et la résolution 2603 des Nations Unies de 1969 mais les progrès sont lents et aujourd'hui, par exemple, bien que 183 Etats aient signé la Convention pour l'interdiction des armes chimiques, 37% seulement des stocks mondiaux d'agents chimiques à objectif militaire ont été détruits.

    Le premier emploi massif eut donc lieu, le 22 Avril 1915, entre Ypres et Langemarck, où les Allemands de la IV° Armée ont rassemblé 4.000 cylindres de gaz asphyxiants à base de chlore, la chlorine, facile à stocker et dont les effluves mortelles seront emportées par le vent jusqu'aux lignes de la 87° Division française, faisant instantanément 3.000 morts bretons, normands et algériens et provoquant la panique, ce qui ouvrira une brèche de 8 km de large sur la ligne de front. Ce gaz, appelé Ypérite du nom de la ville d'Ypres, était du sulfure d'éthyle dichloré, mortel à 15 km et son odeur le fit surnommer « gaz moutarde ». Il fallut attendre plusieurs mois et plusieurs milliers de morts supplémentaires pour que le masque à gaz remplace le bâillon imbibé d'huile, sensé protéger les combattants. Français et Anglais utiliseront aussi les gaz toxiques, notamment en Champagne et à Loos, et des unités spécialisées seront créées de part et d'autre du front.

    C'est sur cette terre martyrisée de Poelkapelle que disparut aussi Georges Guynemer, le glorieux aviateur aux 53 victoires, dont ni le corps ni le Spad ne furent retrouvés, tant les pluies d'obus avaient retourné le sol. C'est aussi non loin de là qu'un caporal de 24 ans du 16° régiment de réserve bavarois, Adolf Hitler, va être atteint, en Octobre 1918, par les gaz moutarde lancés par les alliés, d'où sa haine des Français et des Anglais.

    Aujourd'hui, le monde entier craint une action terroriste, employant des moyens chimiques ou neurotoxiques, comme l'ont déjà fait Saddam Hussein à Halabja ou la secte Aoun dans le métro de Tokyo.

    L'imagination humaine est inépuisable quand il s'agit de découvrir de nouveaux moyens de courir à sa propre perte.

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    Au temps de la dictature du Général Batista, l'île de Cuba était devenue, du fait de sa proximité avec la Floride, un lieu de villégiature et de débauche pour maffieux américains. Un ancien avocat qui avait pris le maquis pour s'opposer à ce régime de corruption, Fidel Castro, devint le symbole de la révolte pour tout un peuple. Il n'eut ainsi pas de mal, dès 1959, à conquérir La Havane, faisant fuir tous les notables et nationalisant les plantations de sucre détenues par les Américains. Sa politique d'expropriation des terres et de nationalisation de l'industrie lui valut l'opposition des Etats-Unis qui fomentèrent un coup de force pour l'éliminer du pouvoir.

    C'est Eisenhower qui avait remis à John F. Kennedy, le jour de la passation de pouvoirs, le dossier « Baie des Cochons ». Il s'agissait d'un projet de renversement de Castro, mis au point par la CIA ( Central Intelligence Agency ), grâce à un débarquement massif de futurs opposants au « Lider Massimo ».

    Environ 1.500 exilés cubains seront entraînés par la CIA, dans un camp de jungle en Amérique centrale. L'invasion, précédée d'un bombardement aérien et appuyée par des chars débarqués, eut lieu le 17 Avril 1961 sur la côte Sud-Ouest de Cuba, au lieu dit « Playa Giron », dans la Baie des Cochons. Mais le second jour, Kennedy n'autorisa pas un nouveau bombardement aérien et, de surcroît, les avions cubains n'avaient pas tous été réduits au silence. Ce sont eux qui frapperont les navires, au large, attendant d'être engagés en deuxième vague. Au sol, le soutien de la population, que les Américains imaginaient en faveur des exilés, fut au contraire massif derrière Fidel Castro qui avait galvanisé leur patriotisme par des formules chocs, telle que : « Venez défendre votre révolution ».

    Pas de couverture aérienne suffisante, pas de soulèvement populaire anticastriste, des pertes importantes et inattendues face à une résistance déterminée, le refus final de Kennedy d'engager l'Armée américaine, bref, tous les ingrédients pour que l'opération se solde par un désastre. Après 72 heures, le 20 Avril 1961, Fidel Castro peut savourer sa victoire et montrer au monde, dans un long discours comme il aime à les faire, que son régime est disposé à défendre chèrement son autonomie. L'embargo qui va le frapper aussitôt l'entraînera dans les bras de l'Union soviétique, trop heureuse d'implanter cette épine aux portes des USA.

    On peut lire, aujourd'hui, à l'entrée de la Baie des Cochons, le panneau suivant : « Giron, première défaite de l'impérialisme yankee en Amérique Latine ». Cet échec des Américains va entamer la crédibilité du nouveau Président qui, heureusement, sortira grandi, juste un an après en 1962, par son attitude lors de la crise des fusées soviétiques, dans cette même île de Cuba.

    Cette invasion manquée, il y a 47 ans, consacre la fin du mythe de l'invincibilité des Etats-Unis qui - le présent nous le montre - perdure encore. Le « Commandante » aussi a la vie dure, qui a vu passer 10 Présidents américains.

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