• <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>L'effondrement du IIIème Reich de Hitler, en 1945, entraîne la partition de l'Allemagne en deux zones, l'une sous occupation soviétique, à l'Est, qui deviendra la République Démocratique Allemande (RDA) et l'autre sous occupation alliée, à l'Ouest, devenue la République Fédérale Allemande (RFA). Opposant deux mondes rivaux, une frontière « en dur » sera érigée par le bloc de l'Est entre ces deux parties d'un même peuple germain.
    Des points de contrôle, Check points, servent de filtres à certains endroits de ce « Mur de la Honte » où les échanges sont possibles sur la nouvelle frontière. Les forces alliées ( britannique, française et américaine ) disposent de trois postes contrôle pour transiter d'un bord à l'autre, qu'ils ont nommés A alpha, B bravo, C charlie, selon l'alphabet militaire et OTAN. Alpha, à Helmstedt, ouvre une porte entre RFA et RDA, en dehors de Berlin. Bravo, à Dreilinden-Drewitz, permet d'entrer à Berlin par le Sud-Ouest, en venant d'Allemagne de l'Est et Charlie, sur la Friedrichstrasse, artère mythique de la ville, permet aux étrangers et aux personnels diplomatiques d'accéder au secteur soviétique de Berlin, en venant de Berlin Ouest. Pendant 28 ans, de 1961 à 1989, Berlin Ouest restera une île occidentale en RDA.
    Après le séisme inattendu du 09 Novembre 1989, où des berlinois en liesse attaquent le mur avec toutes sortes d'outils dérisoires, le fameux point de passage Check point Charlie disparaît enfin, le 22 Juin 1990, comme vont d'ailleurs disparaître pratiquement tous les vestiges du « Berliner Mauer » sous la pioche des collectionneurs et des spéculateurs. On en retrouve des fragments colorés dans de nombreux musées ou parcs du monde entier. Ne reste plus, à Berlin, que de grandes trouées, là où se trouvait le no man's land interdit et des noms de rues à la gloire des héros de la révolution. Pour matérialiser le tracé du Mur disparu, la ville a construit un pointillé de pavés couleur brique, au sol, dans lequel est incrusté, de loin en loin, une plaque de cuivre datée. Un circuit historique en 4 langues rappelle un événement tragique de chacune des 29 étapes de celui-ci. Le panneau avertisseur « You are leaving the american sector » ne se lit plus que sur les cartes postales du Musée du mur et Check point Charlie a été grossièrement reconstitué pour les touristes.
    Combien parmi ceux-ci se souviennent de l'effroi des berlinois, au matin du 13 Août 1961, lorsqu'ils découvrirent un réseau de barbelés et de chevaux de frise coupant la ville en deux, selon les ordres de Ulbricht et Honecker qui veulent endiguer l'exode croissant des ressortissants de RDA ? En Septembre, un mur de 3,60 m de haut est construit, puis un autre en profondeur qui crée, entre les deux, un no man's land dénudé, infranchissable et surveillé par les mitrailleuses des miradors. Savent-ils, ces touristes, qu'en Octobre 1961, dix chars américains et dix soviétiques, face à face à Check point Charlie, sont à deux doigts de s'affronter et d'enclencher un conflit nucléaire ? Pensent-ils à ces centaines d'Allemands de l'Est qui perdirent la vie en essayant de franchir ce mur honteux, véritable concrétisation matérielle du « rideau de fer » ?
    Le nouveau Berlin a pratiquement gommé tous les signes concrets de cette cicatrice de pierre et l'on s'étonne de voir ressurgir un tel mur, aujourd'hui, en Israël, alors qu'on est déjà si loin de la Guerre froide.
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    Un an après la fin de la Révolution française, la monarchie constitutionnelle qui en est sortie, avec Louis XVI, l'exécutif toléré, et une Assemblée constituante assagie, semble bien installée. Le 18 Juin 1791, pourtant, un incident mineur va précipiter le cours de l'Histoire. Au départ des Tuileries, Louis veut se rendre à Saint-Cloud pour recevoir la communion d'un prêtre non assermenté. Les Parisiens l'en empêchent. Pour le roi, très pieux et vexé, c'en est trop et, au soir du 20 Juin, il décide d'abandonner le « vain simulacre de la royauté » et de mettre en pratique le conseil de Mirabeau : rejoindre le quartier général du marquis de Bouillé, dans la forteresse de Montmédy, d'où il pourra revenir avec des troupes dévouées à la monarchie et en finir avec ces révolutionnaires encombrants.

    Dans la nuit du 20 au 21 Juin 1791, une berline tirée par six chevaux car lourdement chargée, s'éloigne en catimini de Paris, en direction de Metz, avec à son bord le roi Louis, la reine Marie-Antoinette, leurs deux enfants et leur gouvernante, ainsi que Madame Elisabeth, la sœur du roi. A l'autre bout du trajet, Bouillé qui est général en chef des troupes de l'Est de la France, prépare des escortes à cheval pour venir à leur rencontre. 180 Dragons à Clermont-en-Argonne et 40 Hussards à Sainte-Ménehould. Mais les préparatifs, grossièrement improvisés, autant que les déguisements, ont mis l'équipage royal largement en retard ( 3 heures ) et le comité d'accueil, las d'attendre, manquera au final.

    A 07 heures, le lendemain 21 Juin, le valet de chambre s'aperçoit de la disparition du roi et l'alerte est donnée. La nouvelle de « l'enlèvement » se répand dans Paris et La Fayette envoie des estafettes aux quatre coins de France, ordonnant de les arrêter. Les deux voitures royales ( un cabriolet a rejoint la berline avec deux femmes de chambre ) s'arrêtent à Montmirail. A Chalons-sur-Marne, le convoi a 04 heures de retard et les détachements à cheval qui s'impatientent plus loin, créent des attroupements.

    Au relais de Sainte-Ménehould, le maître de poste, Jean-Baptiste Drouet inspecte ce drôle d'équipage et croit reconnaître le roi qu'il avait déjà vu quand il avait séjourné à Versailles ( la photographie n'existait pas encore et la figure du roi n'apparaissait que sur les écus ). Il en avertit la municipalité et part, au gallot avec un ami, de « Menou jusqu'à Varane, par les boués » pour alerter les patriotes de Varennes-en-Argonne.

    Quand la berline royale arrive à Varennes, sans escorte, la petite ville argonnaise est déjà en ébullition. Radet a rassemblé la Garde nationale et fait mettre deux canons à l'entrée du pont sur l'Aire pour leur barrer la route. Le tocsin sonne, rameutant la population. Jean-Baptiste Sauce, le procureur des lieux, se dirige vers la voiture qui manoeuvre sous la voûte étroite de l'église Saint-Gengoult qui enjambe la rue. Il en fait descendre les voyageurs et les convie dans son épicerie, à deux pas de là. C'est là qu'ils passeront la nuit

    Au matin du 22 Juin, les patriotes de Varennes, rejoints par les gardes arrivés de Paris, décident de renvoyer la famille royale à Paris. Cette fois, les « fugitifs » seront escortés par la Garde nationale varennoise et les dragons arrivés entre temps. Sur le trajet du retour, la foule avertie par le tocsin, se presse pour voir passer « le boulanger, la boulangère et les petits mitrons ». A Paris, l'Assemblée législative, avertie par le médecin Mangin de Varennes, se prépare à recevoir le cortège royal. Des consignes sont données, une pétition et des pamphlets circulent. «  Quiconque applaudira le roi sera bastonné, quiconque l'insultera sera pendu ».

    Au soir du 25 Juin 1791, après toute une série de haltes et relais où la nouvelle se répand, le cortège arrive enfin aux portes de Paris qu'il franchit dans le silence réprobateur des badauds, jusqu'aux Tuileries.

    Ratée car totalement improvisée, cette équipée aura des conséquences néfastes sur la confiance du peuple envers son souverain. La « fuite » à Varennes-en-Argonne entraînera des soupçons de trahison avec l'étranger et précipitera, pour Louis XVI, la déchéance de son titre royal, son jugement par la Convention nationale et sa condamnation à mort qui sera effectivement appliquée, comme on le sait, par la guillotine, le 21 Janvier 1793. Marie-Antoinette, qui n'était pas aimée, subira bientôt le même sort tandis que le jeune dauphin, « Louis XVII », dépérira deux ans de plus dans sa prison du Temple.

    Fidèle à son habitude de subir les événements, Louis XVI s'est laissé faire et c'est presque en spectateur qu'il assiste à l'enchaînement dramatique de la fin de sa vie et de la royauté. Dans le vide ainsi créé, la République, cette fois, s'impose d'évidence. Mais elle reste fragile, comme la suite le montrera.

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    Non loin du Fort de Douaumont qui rassemble, à Verdun, les restes non identifiés de plus de 130.000 soldats français et allemands, au lieu-dit Ravin de la Dame, le Monument de « la Tranchée des baïonnettes » rappelle un épisode de la Grande guerre qui a beaucoup marqué les esprits.

    Le 12 Juin 1916, le 137° Régiment d'Infanterie de Fontenay-le-Comte occupe, avec ses soldats bretons et vendéens, le bord Sud du ravin de la Dame. La consigne est simple : « Résister sur place ». Installés dans des trous d'obus, les Poilus attendent que le bombardement, ininterrompu depuis 05 heures du matin, cesse pour monter à l'assaut de la tranchée adverse. Soudain un obus explose, au raz d'une tranchée du bois Morchée, et rabat un volume de terre tel que les 57 soldats d'une section sont ensevelis vivants. Seuls les canons des fusils, armés de leurs baïonnettes dépassent de l'amas de terre retombée.

    Après la guerre, la presse baptisa le lieu « la tranchée des fusils » car les baïonnettes n'étaient pas en place lorsque le site fut redécouvert puis on changea bientôt ce nom en « tranchée des baïonnettes » beaucoup plus évocateur et les photos firent le tour du monde. C'est ainsi qu'un riche banquier américain, Georges T. Rand, ému par l'événement, fit un don de 500.000 francs qui servit à l'édification, par l'architecte André Ventre, du mémorial que l'on peut voir aujourd'hui, au dessus de la tranchée. Celui-ci sera inauguré par le Président de la République, Alexandre Millerand, le 08 Décembre 1920.

    Dans le courant de l'année 1920, le Service des Sépultures de guerre et d'Etat civil de la 6° Région militaire fouille le site, lieu de mémoire des anciens du 137° R.I. Des exhumations sont effectuées et 21 corps découverts, allongés et désarmés. Aucun n'est debout, l'arme à la main. Parmi ces 21 soldats français, dont un lieutenant inconnu, 14 furent identifiés et enterrés dans le cimetière de Fleury puis dans la nécropole nationale de Douaumont. Les 7 soldats inconnus furent ré-inhumés dans la tranchée et des carcasses de fusils, garnies de baïonnettes aux lames brisées, plantées à proximité des croix latines en bois où ils reposent désormais. Fin de la légende.

    Car c'est bien une légende que ces 57 combattants ensevelis, au même instant, par une salve d'obus qui les recouvrit de terre. Les obus ne tombent jamais alignés et leur effet de souffle n'est pas comparable à une gigantesque pelleteuse qui rabat la terre de l'explosion, telle une charrue, sur une centaine de mètres. Les fusils, eux, ont bien été plantés verticalement dans la terre mais pour marquer l'emplacement des cadavres que les soldats regroupaient dans des boyaux inutilisés, servant de fosse commune, afin qu'on les retrouve plus tard, après l'offensive. Généralement, d'ailleurs, l'usage voulait qu'on les plantât crosse en l'air mais il est vraisemblable aussi que, dans la précipitation et le stress du combat, quelques fusils aient été déposés debout, le canon vers le haut. On agissait ainsi avec ses propres soldats mais aussi avec ceux de l'ennemi, quand on les dépassait, car il fallait rapidement enterrer les corps.

    Plusieurs versions opposent quand même les rapporteurs des combats de ce 12 Juin. D'aucuns disent qu'un poilu vendéen, le sergent Victor Denis, excédé par les assauts allemands et les bombardements répétés, aurait planté les fusils des blessés de la veille ( qu'ils n'avaient pas emporté sur les civières ), en les alignant comme pour une préparation d'assaut pour simuler à l'ennemi un nombre plus important de soldats prêts au combat. D'autres pensent que les soldats avaient posé leurs fusils sur le bord de la tranchée, pour jeter les grenades dont ils avaient les bras chargés. D'autres enfin, comme le Lieutenant abbé Polimann, disent que ce sont les soldats allemands, eux-mêmes, qui ont dressé les fusils des morts qu'ils rencontraient dans leur progression, pour qu'on les retrouve. Ils versaient ensuite pieusement de la terre sur ces tombes improvisées.

    Quoiqu'il en soit, même s'il n'y a pas eu d'hommes debout, ensevelis le fusil à la main, il y a quand même eu des combats inhumains, dans la boue et les éclats d'obus que les soldats des deux camps devaient endurer sans relâche et sans s'attendrir sur ceux qui tombaient ou gémissaient auprès d'eux. Légende ou pas, il est bon que ce monument de la « Tranchée des baïonnettes » nous invite au recueillement et au respect envers nos anciens qui sont morts pour que vive notre liberté.

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    Avec le débarquement des Alliés en Normandie, le 06 Juin 1944, les maquis multiplient les opérations de sabotage et de harcèlement afin de handicaper les mouvements des troupes allemandes. C'est le cas pour la Panzer-division SchutzStaffel (SS) « das Reich » du général Lammerding, attaquée dans Tulle par les FFI et qui procède à des exécutions de représailles. Le 10 Juin, le régiment « der Führer » de cette division quitte Saint Junien. En début d'après midi, une colonne de 8 camions et 2 blindés à chenilles, commandée par le Sturmbannführer Adolf Diekmann, est aux portes d'Oradour-sur-Glane, un paisible village du Limousin, à 20 km de Limoges. La mission de ce bataillon est de récupérer les armes et munitions des maquisards, de délivrer le Major Kämpfe captif et, en cas d'échec, de fusiller 40 « terroristes », pour l'exemple.

    Convoqué par le commandant Diekmann, le maire du village fait clamer, par le crieur public, l'ordre aux habitants de se rassembler sur le Champ de foire. Ce qu'ils font sans peur, pensant qu'il s'agit d'un contrôle de routine. Les soldats allemands fouillent les maisons et en sortent, sans ménagement, les personnes qui s'y trouvent encore, y compris dans les fermes alentours. Un des alsaciens enrôlés de force dans la SS, un « Malgré-nous », traduit les propos du commandant qui parle d'une cache d'armes et de la disparition d'un officier SS, enlevé par les maquisards FTP. La population ne dit mot. Après avoir écarté les femmes et les enfants, l'officier interroge à nouveau les hommes sur l'emplacement des caches d'armes. Pas de réponse. Alors, les 180 hommes et jeunes gens sont emmenés vers différents bâtiments, non habités, du village qu'ils doivent, sous la menace de mitrailleuses, vider de tout ce qu'ils contiennent.

    Pendant ce temps, les 350 femmes et enfants sont dirigés vers l'église et y sont enfermés. Les soldats déposent une lourde caisse d'où dépassent des mèches et y mettent le feu mais elle n'explose pas tout de suite et se contente de faire une épaisse fumée qui asphyxie les otages, pris de panique. C'est alors que les militaires ouvrirent le feu et jetèrent des grenades sur ces pauvres victimes sans défense jusqu'à ce qu'il n'en reste plus une vivante. Seule Marguerite Rouffanches, 47 ans, eut la vie sauve, en s'échappant par un vitrail brisé, après avoir fait le mort pendant la tuerie. Le silence obtenu, les soldats recouvrent les corps de paille et de bois et y mettent le feu. L'église s'embrase et le clocher s'effondre.

    De leur côté, les hommes fouillent toujours les granges et autres garages, à la recherche d'hypothétiques caches de munitions. Soudain, une explosion se fait entendre en provenance de l'église. C'est le signal du mitraillage des différents groupes épars. Les « radounauds », nom des habitants, tombent les uns sur les autres et les SS achèvent ceux qui gémissent encore. Puis ils font le tour du village, pillent à l'occasion et mettent le feu aux habitations visitées, école comprise. Après que les SS aient quitté Oradour, vers 22 heures, on dénombrera 642 victimes et 328 constructions brûlées.

    Une autre version des faits, dite révisionniste, établit que le massacre n'était pas prémédité mais résulte d'une bavure effectuée par une troupe harcelée par les maquisards, lors de son repli, de Montauban vers le Nord. La détonation dans l'église, en particulier, serait due à l'explosion, sûrement accidentelle, d'une énorme réserve d'explosifs que les résistants FTP avaient cachée dans le clocher. Se croyant attaqués, les SS avaient ainsi riposté par des fusillades exagérées.

    Aujourd'hui, les ruines béantes, conservées en l'état sur ordre du Général de Gaulle, s'offrent encore au visiteur et un mémorial Centre de la mémoire immortalise la souffrance de ce « village martyr ».  Souvenons-nous !

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    Lorsqu'à 16 ans, en 1861, bel adolescent romantique, Ludwig Otto Frederik Wilhem von Wittelsbach, le futur Louis II de Bavière, se rend à l'Opéra pour entendre « Lohengrin », il éprouve un choc émotionnel qui va le transformer en mécène au profit de l'auteur Richard Wagner qu'il va aussitôt revoir dans « Tannhaüser » et protéger toute sa vie. A 18 ans, montant sur le trône de son père Maximilien II de Bavière, Louis n'entend rien à la politique et fuit la société que son éducation recluse et stricte lui a peu donné l'occasion de fréquenter. Aimant la solitude, il ne concédera qu'un amour platonique pour sa cousine "Sissi", Elisabeth impératrice d'Autriche et une indifférence pour sa fiancée Sophie de Bavière, soeur de Sissi.

    Souhaitant revivre le monde de Tannhaüser dans la vraie vie, il fait entamer la construction du château de Neuschwanstein puis, ébloui par la magnificence de Versailles, il songe à en reproduire la beauté à Linderhof. Ce sera finalement sur une île qu'il érigera son petit Versailles puis d'autres châteaux tout aussi extravagants.

    Mais le monde bouge autour de lui et comme il ne se passionne pas pour la politique, son chancelier lui conseille de s'allier à l'Autriche en 1866 contre les Prussiens qui rêvent d'une grande Allemagne. Erreur, ce sera la dure défaite de Sadowa. Il change alors de chancelier mais le nouveau est favorable à une alliance avec la Prusse. Bonne pioche, cette fois, car la Bavière participera ainsi à l'écrasement de la France en 1870 et intégrera une Allemagne naissante sous la domination du chancelier Bismarck.

    On a oublié que ce roi, qui haïssait la guerre, voulait à sa manière le bien de ses sujets, a créé l'équivalent d'une Croix rouge allemande, a construit la synagogue de Munich et le théâtre wagnérien de Bayreuth. L'histoire ne retient que le passage d'un roi fou ou illuminé qui a construit des châteaux inutiles. La vérité est plus complexe, comme toujours. La construction de ses châteaux, justement, a créé des emplois pendant des dizaines d'années.

    Le 13 Juin 1886, alors qu'il n'a que 41 ans et n'est pas malade, on découvre son corps inerte à côté de son médecin, dans le lac du parc de Berg, derrière le château où des Munichois venaient de l'incarcérer de force. A-t-il voulu se suicider, après avoir étranglé son médecin ? A-t-il voulu s'évader en bateau de ce lieu de détention, avec la complicité de ce même médecin, et les choses auraient mal tourné ? Je penche plutôt, avec d'autres historiens, pour le complot ou le coup d'Etat en douceur, donc pour l'assassinat. En effet, la famille de son oncle Léopold, le Prince Luitpold, avait fondé de grands espoirs d'accès au trône, lorsque le père de Louis, le roi Maximilien II n'avait pas encore d'enfant, alors que Léopold avait déjà une descendance. Espoirs déçus avec la naissance de Louis puis, 3 ans après, de Othon, son jeune frère. « Aujourd'hui mon fils, tu n'es plus rien ! » dira la femme de Léopold en soulevant son fils du berceau.

    Or, voici que Louis II, ce roi solitaire, plus féru d'art architectural, de musique et de littérature qu'impliqué dans les affaires du royaume, qu'on juge homosexuel puisqu'il a repoussé une fiancée, dépense toute son énergie et les deniers de la Bavière en de vaines constructions médiévales. On va le faire passer pour fou et prendre sa place. Pour assurer le coup, son frère Othon, second prétendant, est interné. Une commission d'aliénistes, avec un psychiatre munichois réputé, Bernhard von Gudden, est désignée pour vérifier son état de démence et on l'interne au château de Berg, au Sud de Munich. Sa destitution est officiellement prononcée le 09 Juin 1886 et, curieusement, son oncle Léopold prend aussitôt la régence, dès le 10 Juin, comme s'il y était préparé. Trois jours après, le roi Louis II est trouvé mort, dans des circonstances vite étouffées.

    Elle me semble bien juste la maxime populaire qui dit « Quand on veut tuer son chien, on l'accuse de la rage ». Mon cher Ludwig, plus jamais, je ne dirai que tu étais fou.

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