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    Un autre 18 Juin face aux Anglais.

    Quand on évoque le 18 Juin, la première image qui nous vient à l’esprit est l’appel du général de Gaulle, en 1940, depuis les studios de la BBC à Londres. Ceci bien sûr, quand on est Français, car quand on est natif de Grande Bretagne, c’est alors la défaite de Napoléon à Waterloo, en 1815, qui surgit immédiatement de la mémoire collective anglo-saxonne.

     

    Pourtant, nos amis Anglais devraient être moins fiers de ce fait d’armes si nous avions la cruauté de leur rappeler la « pâtée » qu’ils ont subie, le 18 juin 1429, face aux troupes françaises autour d’Orléans.

     

    1429, c’est l’époque de Jeanne d’Arc et, justement, la Pucelle (comme elle se nomme elle-même) est présente, en cette fin de guerre de 100 ans, devant les fortins de la ville assiégée d’Orléans. Les Anglais, alliés aux traitres Bourguignons, sont maîtres de tout le Nord de la France, la Loire formant frontière avec les territoires fidèles au dauphin Charles VII que Jeanne est venue soutenir face aux prétentions d’Henri VI d’Angleterre.

     

    Dès le début du siège, fin octobre 1428, les Anglais ont construit des forts de défense sur les abords ouest et nord en direction de Paris. C’est donc par le sud et l’est que les 8.000 hommes de Jeanne, Baudricourt et Gilles de Rais lancèrent leurs attaques pour délivrer la ville, ce qui fut fait début Mai 1429, la vision de Jeanne, en armure et étendard au vent, ayant galvanisé les assiégés. Dès lors, la reconquête des ponts sur la Loire à l’ouest d’Orléans (Meung, Beaugency), jusqu’à Angers, va permettre la traversée des troupes qui, sous la bannière Armagnacs, veulent bouter l’Anglais hors de France.

     

    Ceux-ci se sont regroupés, autour de Lord Talbot et de Sir Falstoff venu de Paris avec des renforts, à 25 km au Nord-Ouest de la ville perdue, dans le bourg de Patay. Fidèles à leur tactique habituelle, ils organisent des rideaux défensifs faits de pieux épointés, fichés en terre à 45° pour arrêter les charges de cavalerie française. Il ne reste plus ensuite aux archers anglais qu’à faire pleuvoir des volées de flèches sur l’assaillant, servis qu’ils sont par leurs « long bows » de 2 mètres.

     

    Mais, en ce 18 juin 1429, les Français qui se savent inférieurs à ce petit jeu de bataille rangée, multiplient les reconnaissances pour intercepter les Anglais avant qu’ils aient pu terminer leurs préparatifs. La chance leur sourit quand un grand cri, saluant le tir d’un archer anglais sur un cerf sorti du bois, dévoile aux reconnaissances françaises la présence de l’ennemi.

     

    L’avant-garde française, forte de 1.500 hommes menés par le capitaine La Hire, le connétable de Richemont et le Grand-Ecuyer de Xaintrailles, fond alors sur les flancs anglais non encore protégés et taille en pièces l’élite du corps des archers anglais. Devant cette charge soudaine de la cavalerie française, les chevaliers anglais s’enfuient, laissant derrière eux quelques 2.500 morts, soit la moitié du détachement.

     

    Le lendemain, dimanche, les soldats vainqueurs entrent triomphalement dans Orléans. Dès l’annonce de cette victoire, les Français croient en l’appui miraculeux de Jeanne d’Arc, même si celle-ci n’a pas participé à la bataille de Patay, pendant que les Anglais lui attribuent des pouvoirs diaboliques.

     

    Après Patay, Jeanne n’a plus de mal à convaincre Charles VII de se faire sacrer à Reims et devenir Roi de France et de tous les Français.

     

    La défaite mémorable d’Azincourt, face à ces mêmes archers anglais, en 1415, venait d’être vengée !

     

    On peut raisonnablement penser que l’expression « prendre une pâtée » pour désigner une défaite cinglante, vient de ce fameux 18 juin.

     


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  • Jean Zay, un intrus au Panthéon

     

    Quand la voix chevrotante d’André Malraux déclamait son hommage à ce grand résistant, mort de n’avoir pas livré ses compagnons : « Entre ici, Jean Moulin avec ton terrible cortège … », devant un Georges Pompidou et le Général (de Gaulle, qui d’autre ?) dignes et concentrés, la cérémonie d’entrée au Panthéon avait tout de même une autre allure que la Panthéonade d’aujourd’hui, 27 mai 2015, où l’on retient le seul vrai message de la journée : hommage à la parité, deux hommes et deux femmes !

     

    Si le choix de ces citoyens engagés, résistants à l’oppresseur, courageux face aux risques connus et acceptés, se justifie pour trois d’entre eux (et elles), celui du quatrième, Jean Zay, pose problème. Ce Monsieur a certes été exécuté par un milicien mais il n’est pas mort les armes à la main et n’a jamais cherché à s’évader de la prison de Riom où il fut incarcéré trois années pendant que d’autres faisaient le coup de feu.

     

    Mais, surtout, Jean Zay a commis un poème insultant envers le drapeau français qui aurait dû lui barrer définitivement les portes du Panthéon. Quand on traite de « saloperie tricolore », de « loque », « d’immonde petite guenille » et de « torche-cul » l’emblème national qui a recouvert le cercueil de tant de soldats, morts pour la défense de la Patrie, de la Nation, on dirait aujourd’hui de la République, la honte est collée à jamais au front de son auteur. Cette honte rejaillit, bien qu’ils s’en défendent, sur ceux qui le portent aujourd’hui sous la coupole, auprès de vrais héros nationaux. La honte et le ridicule quand on sait que deux cercueils sont vides de leurs occupants car les familles n’ont pas voulu se séparer de leur parente.

     

    Comment peut-on entrer au Panthéon en ayant écrit : « Je te hais pour tous ceux qui te saluent, je te hais à cause des peigne-culs, des couillons, des putains, qui traînent dans la boue leur chapeau devant ton ombre » ?

     

    Le Président avait dit vouloir faire effort sur la jeunesse. Pourquoi ne pas avoir choisi un jeune résistant (il y en eut tant) ? Pourra-t-il encore s’incliner devant nos trois couleurs en sachant qu’il a porté l’auteur d’une telle insulte sous le fronton d’un édifice qui brandit à la face du pays la devise suivante :« Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante ! »

     

    Vraiment, comme disait le général Bigeard : « J’ai mal à ma France ! ».

     


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