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LA TRANCHEE DES BAYONNETTES.
<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Non loin du Fort de Douaumont qui rassemble, à Verdun, les restes non identifiés de plus de 130.000 soldats français et allemands, au lieu-dit Ravin de la Dame, le Monument de « la Tranchée des baïonnettes » rappelle un épisode de la Grande guerre qui a beaucoup marqué les esprits.
Le 12 Juin 1916, le 137° Régiment d'Infanterie de Fontenay-le-Comte occupe, avec ses soldats bretons et vendéens, le bord Sud du ravin de la Dame. La consigne est simple : « Résister sur place ». Installés dans des trous d'obus, les Poilus attendent que le bombardement, ininterrompu depuis 05 heures du matin, cesse pour monter à l'assaut de la tranchée adverse. Soudain un obus explose, au raz d'une tranchée du bois Morchée, et rabat un volume de terre tel que les 57 soldats d'une section sont ensevelis vivants. Seuls les canons des fusils, armés de leurs baïonnettes dépassent de l'amas de terre retombée.
Après la guerre, la presse baptisa le lieu « la tranchée des fusils » car les baïonnettes n'étaient pas en place lorsque le site fut redécouvert puis on changea bientôt ce nom en « tranchée des baïonnettes » beaucoup plus évocateur et les photos firent le tour du monde. C'est ainsi qu'un riche banquier américain, Georges T. Rand, ému par l'événement, fit un don de 500.000 francs qui servit à l'édification, par l'architecte André Ventre, du mémorial que l'on peut voir aujourd'hui, au dessus de la tranchée. Celui-ci sera inauguré par le Président de la République, Alexandre Millerand, le 08 Décembre 1920.
Dans le courant de l'année 1920, le Service des Sépultures de guerre et d'Etat civil de la 6° Région militaire fouille le site, lieu de mémoire des anciens du 137° R.I. Des exhumations sont effectuées et 21 corps découverts, allongés et désarmés. Aucun n'est debout, l'arme à la main. Parmi ces 21 soldats français, dont un lieutenant inconnu, 14 furent identifiés et enterrés dans le cimetière de Fleury puis dans la nécropole nationale de Douaumont. Les 7 soldats inconnus furent ré-inhumés dans la tranchée et des carcasses de fusils, garnies de baïonnettes aux lames brisées, plantées à proximité des croix latines en bois où ils reposent désormais. Fin de la légende.
Car c'est bien une légende que ces 57 combattants ensevelis, au même instant, par une salve d'obus qui les recouvrit de terre. Les obus ne tombent jamais alignés et leur effet de souffle n'est pas comparable à une gigantesque pelleteuse qui rabat la terre de l'explosion, telle une charrue, sur une centaine de mètres. Les fusils, eux, ont bien été plantés verticalement dans la terre mais pour marquer l'emplacement des cadavres que les soldats regroupaient dans des boyaux inutilisés, servant de fosse commune, afin qu'on les retrouve plus tard, après l'offensive. Généralement, d'ailleurs, l'usage voulait qu'on les plantât crosse en l'air mais il est vraisemblable aussi que, dans la précipitation et le stress du combat, quelques fusils aient été déposés debout, le canon vers le haut. On agissait ainsi avec ses propres soldats mais aussi avec ceux de l'ennemi, quand on les dépassait, car il fallait rapidement enterrer les corps.
Plusieurs versions opposent quand même les rapporteurs des combats de ce 12 Juin. D'aucuns disent qu'un poilu vendéen, le sergent Victor Denis, excédé par les assauts allemands et les bombardements répétés, aurait planté les fusils des blessés de la veille ( qu'ils n'avaient pas emporté sur les civières ), en les alignant comme pour une préparation d'assaut pour simuler à l'ennemi un nombre plus important de soldats prêts au combat. D'autres pensent que les soldats avaient posé leurs fusils sur le bord de la tranchée, pour jeter les grenades dont ils avaient les bras chargés. D'autres enfin, comme le Lieutenant abbé Polimann, disent que ce sont les soldats allemands, eux-mêmes, qui ont dressé les fusils des morts qu'ils rencontraient dans leur progression, pour qu'on les retrouve. Ils versaient ensuite pieusement de la terre sur ces tombes improvisées.
Quoiqu'il en soit, même s'il n'y a pas eu d'hommes debout, ensevelis le fusil à la main, il y a quand même eu des combats inhumains, dans la boue et les éclats d'obus que les soldats des deux camps devaient endurer sans relâche et sans s'attendrir sur ceux qui tombaient ou gémissaient auprès d'eux. Légende ou pas, il est bon que ce monument de la « Tranchée des baïonnettes » nous invite au recueillement et au respect envers nos anciens qui sont morts pour que vive notre liberté.
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