• Jean Zay, un intrus au Panthéon

    Jean Zay, un intrus au Panthéon

     

    Quand la voix chevrotante d’André Malraux déclamait son hommage à ce grand résistant, mort de n’avoir pas livré ses compagnons : « Entre ici, Jean Moulin avec ton terrible cortège … », devant un Georges Pompidou et le Général (de Gaulle, qui d’autre ?) dignes et concentrés, la cérémonie d’entrée au Panthéon avait tout de même une autre allure que la Panthéonade d’aujourd’hui, 27 mai 2015, où l’on retient le seul vrai message de la journée : hommage à la parité, deux hommes et deux femmes !

     

    Si le choix de ces citoyens engagés, résistants à l’oppresseur, courageux face aux risques connus et acceptés, se justifie pour trois d’entre eux (et elles), celui du quatrième, Jean Zay, pose problème. Ce Monsieur a certes été exécuté par un milicien mais il n’est pas mort les armes à la main et n’a jamais cherché à s’évader de la prison de Riom où il fut incarcéré trois années pendant que d’autres faisaient le coup de feu.

     

    Mais, surtout, Jean Zay a commis un poème insultant envers le drapeau français qui aurait dû lui barrer définitivement les portes du Panthéon. Quand on traite de « saloperie tricolore », de « loque », « d’immonde petite guenille » et de « torche-cul » l’emblème national qui a recouvert le cercueil de tant de soldats, morts pour la défense de la Patrie, de la Nation, on dirait aujourd’hui de la République, la honte est collée à jamais au front de son auteur. Cette honte rejaillit, bien qu’ils s’en défendent, sur ceux qui le portent aujourd’hui sous la coupole, auprès de vrais héros nationaux. La honte et le ridicule quand on sait que deux cercueils sont vides de leurs occupants car les familles n’ont pas voulu se séparer de leur parente.

     

    Comment peut-on entrer au Panthéon en ayant écrit : « Je te hais pour tous ceux qui te saluent, je te hais à cause des peigne-culs, des couillons, des putains, qui traînent dans la boue leur chapeau devant ton ombre » ?

     

    Le Président avait dit vouloir faire effort sur la jeunesse. Pourquoi ne pas avoir choisi un jeune résistant (il y en eut tant) ? Pourra-t-il encore s’incliner devant nos trois couleurs en sachant qu’il a porté l’auteur d’une telle insulte sous le fronton d’un édifice qui brandit à la face du pays la devise suivante :« Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante ! »

     

    Vraiment, comme disait le général Bigeard : « J’ai mal à ma France ! ».

     


  • Commentaires

    1
    Jeudi 28 Mai 2015 à 20:33

    C'est un peu facile d'extraire un pastiche de son contexte, sans rien expliquer volontairement, pour vouer aux gémonies un homme. De plus, monter en épingle cette seule billevesée de jeunesse  en faisant abstraction de toute une vie de combat pour la justice est non seulement indigne mais dénote une volonté de nuire à la mémoire d'un homme qui a servi la France avec plus d'abnégation et de courage que ceux qui la livraient aux Nazis.

    Jean Zay a écrit ce poème à 19 ans, en 1924 après les tueries de la guerre de 14 pour s'opposer aux va-t-en guerre de toute sorte et notamment les fascistes qui émergeaient. Qui n'a pas été antimilitariste à 20 ans ?

    Quant à lui reprocher de ne pas s'être évadé de la prison de Riom, alors là, c'est le bouquet.

    Pardonne-moi Papyve, mais je trouve un manque d'objectivité, voire des écrits partisans. Ce qui est tout à fait ton droit, mais il faut dès lors annoncer la couleur.

    2
    Dzilis
    Jeudi 28 Mai 2015 à 20:53

    Jean Zay est certes une victime, mais il n'est en aucun cas un héros. Ce poème qu'il a bel et bien écrit et qu'il n'a jamais renié, aurait dû suffire à le discréditer.

    Ce n'est qu'un exemple de plus qui fait que, moi aussi, j'ai mal à ma France.

     

    3
    Jeudi 28 Mai 2015 à 21:55

    Bonsoir Patrick P. Non, je n'ai pas été antimilitariste à 20 ans même si j'ai dû faire des âneries à cet âge là. Mon texte est partisan et partial, c'est vrai mais je ne transige pas avec l'honneur et les emblèmes de la Nation.

    Quelqu'ait pu être le comportement ultérieur de Jean Zay, ce simple texte honteux et blasphématoire, pour reprendre un terme à la mode, suffit à lui fermer la porte d'une institution honorable et prestigieuse.

    Je sais que rien n'est jamais tout blanc ni tout noir mais il est des agissements indignes qui ne s'effacent pas avec le temps. Tel est mon sentiment. Désolé d'être aussi franc. Papyves

    4
    Dzilis
    Vendredi 29 Mai 2015 à 06:57

    Imagine-t-on l'indignation de la gôche si Nicolas Sarkozy  avait décidé de faire entrer au Panthéon un ministre de l’Education nationale de droite qui aurait qualifié, fut-ce dans sa jeunesse,  le drapeau tricolore de « torche-culs » ?

    5
    Jean Michel
    Samedi 30 Mai 2015 à 11:05

    Bonjour Papyves


    Je suis tout à fait d’accord avec toi : on ne transige pas avec le respect dû aux emblèmes de la Nation…


    Et puis, j’aime assez ces bonnes âmes qui s’abritent derrière le mot « pastiche » pour tenter d’occulter ce fameux poème insultant..


    La définition du mot pastiche dans le Larousse est la suivante: "oeuvre littéraire ou artistique où l'on imite le style d'un auteur, soit pour assimiler la manière, soit pour en souligner les traits dans un esprit critique ou caricatural."  


     Hors, sauf erreur de ma part, le « Drapeau » ne correspond absolument pas à cette définition. C’est une « œuvre » qui n’imite ni ne caricature aucune autre….En outre, elle aurait été diffusée par l’extrême droite anti-sémite…Ce qui revient à stigmatiser tous ceux qui, aujourd'hui, pourraient s’offusquer en leur collant cette étiquette politiquement incorrecte.


    Un comble quant on en appelle simplement au respect de notre Drapeau National.


    Alors, oui, moi aussi, j’ai mal à ma France devant cette « pantéonade », qui s'ajouté à  l’accumulation de bévues, de fautes stratégiques, de lois imposées contre toute attente qui relèvent autant du sectarisme des plus obtus que de la bêtise de nos dirigeants.


     


    Du déjà vu dans l’histoire contemporaine du XX° siècle.

    6
    Samedi 30 Mai 2015 à 12:55

    Bien sûr, bien sûr, seulement avant de récrire l'histoire il faudrait la connaître, à tout le moins l'avoir lue, ça éviterait de dire des âneries :

    Extrait d'un texte de Marcel Ruby, professeur agrégé d'histoire :

     

    "Jean ZAY sera naturellement cloué au pilori par le gouvernement de Vichy et son nom figurera dans les listes de Francs-Maçons notoires publiées par le J.O.

    Juif et Franc-maçon, Jean ZAY est considéré par la droite française comme un apatride. On lui reproche, en particulier, d'avoir composé un poème injurieux sur le drapeau. En fait, il s'agissait d'un pastiche littéraire de Gustave Hervé échangé dans une correspondance privée par Jean ZAY, qui avait alors 19 ans. Ce poème, oublie dans un livre d'une bibliothèque publique par son correspondant négligent, devait être recueilli par un militant d'extrême droite. Livré à une immense publicité, photocopié, distribué en tracts, le poème devait devenir, contre Jean ZAY, et tout au long de sa carrière, la terrible épée de Damoclès de la haine, le prétexte aux attaques les plus abominables.

    Oubliant que Jean ZAY avait toujours voté les budgets militaires, qu'il s'était engagé volontairement, qu'il avait eu une conduite courageuse au front, qu'il avait prononcé un admirable discours patriotique au Comité Secret du 19 Avril 1940, le gouvernement de Vichy le choisit comme bouc-émissaire.

    C'est alors l'aventure du "Massilia" : à leur arrivée au Maroc, les quatre députés mobilisés : Viénot, Wiltzer, Pierre Mendès-France et Jean ZAY sont arrêtés.

    Accusé de désertion en présence de l'ennemi (alors qu'il avait quitté son corps. sur ordre et quarante-huit heures après la demande d'armistice), Jean ZAY est condamné à la déportation, "après une parodie de justice" 6

    L'arrêt de la Cour d'Appel de Riom en date du 5 Juillet 1945, devait annuler la condamnation prononcée le 4 octobre 1940 contre ZAY et le réhabiliter totalement.

    III.2 - LE PRISONNIER

    Condamné pour raison d'État, le prisonnier Jean ZAY va connaître quatre ans d'un long calvaire à la prison de Riom... après avoir été Député sans interruption depuis 1932, ministre sans interruption depuis 1936. La chute est vertigineuse.

    Les "collaborateurs" frappent l'homme qui est à terre. Philippe Henriot publie "les carnets secrets de Jean ZAY", indécente entreprise pour attiser la haine contre Jean ZAY, qui symbolise la démocratie patriote.

    Le prisonnier ne se fait guère d'illusion sur ce qui l'attend. Il déclare à son ami Monnerville, avec une impressionnante simplicité : "je suis dans le garde-manger... Si les Alliés sont vaincus, je serai fusillé. J'ai déjà envisagé et analysé cette éventualité. Si, au contraire, ils sont vainqueurs, j'ai une chance de sortir d'ici. Je ne risque donc de vivre que si la victoire sourit à la France. Et encore..." "

    7
    Samedi 30 Mai 2015 à 16:01

    Certes Patrick, cela est bien et bon mais le problème est que, pastiche ou non, il a écrit ce texte et cela suffit, quelque soit le parcours ultérieur dudit texte, quelque soit la conduite exemplaire que son auteur a eue ensuite, pour lui barrer la route des "Grands hommes" dignes d'entrer sous la Coupole.

    8
    castspam
    Samedi 11 Juillet 2015 à 09:47

    Pourquoi s'étonner ? Quand on voit comment est distribuée la Légion d'Honneur !

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