• <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Fidèle second de César avec qui il passe le Rubicon, Marc Antoine commande l'aile droite de l'armée qui défait Pompée à la bataille de Pharsale. Il sera bientôt le « maître de cavalerie » du dictateur et son fils adoptif. Au lendemain de la mort de César, pendant les ides de Mars, en 44 av JC, Antoine s'affiche comme l'homme fort du pouvoir à Rome et pourchasse les assassins de l'empereur. Sa rencontre avec Lépide et Octave génère le « second Triumvirat », dès 43, qui neutralise provisoirement les ambitions de chacun des trois. Pour sceller l'entente, Antoine épouse la jeune sœur d'Octave et part dans ses terres d'Orient et de Grèce, fruit de la scission de l'Empire romain entre les trois triumvirs.

    Après avoir été la compagne de César, à qui elle laissera un fils, Césarion, la dernière reine de la dynastie macédonienne des Ptolémées, Cléopâtre, avait complètement envoûté Marc Antoine lorsqu'il avait convoqué cette prétendue reine d'Egypte à Tarse (en Turquie actuelle) au point qu'il abandonnera tout ce qu'il possédait à Rome pour vivre avec elle. Il en aura même trois enfants, dont deux jumeaux, à qui il confiera plus tard ses territoires d'Orient.

    La liaison entre Antoine et Cléopâtre qui s'éternise au-delà des mers, n'est pas du goût des romains qui le font savoir. Octave, qui aspire à gouverner seul, profite de l'accusation de trahison envers son rival, qui renie Rome et ses Dieux, pour déclarer qu'il lui fera la guerre si le Sénat le mandate.

    En 31 av JC, le long des côtes grecques, à Actium, Octave provoque Antoine lors d'une grande bataille navale, sachant que celui-ci est plus puissant sur la terre ferme. Cléopâtre offre alors ses navires égyptiens à Antoine mais, au cours de la bataille confuse, ceux-ci rebroussent chemin. La flotte d'Octave, commandée par Agrippa, plus mobile, défait la lourde flotte des galères d'Antoine et celui-ci pense que Cléopâtre l'a trahi. Il s'enfuit lui aussi, laissant ses marins seuls, et rejoint Alexandrie pour s'expliquer avec son amante.

    Malheur, un émissaire lui fait dire qu'elle s'est suicidée de honte. Fou de douleur et honteux de sa défaite, il demande à son serviteur Eros de le tuer avec son épée. Le fidèle Eros libère sa lame du fourreau mais, au lieu de tuer Antoine, il se transperce lui-même. Antoine se saisit ensuite du glaive et se l'enfonce dans la poitrine mais insuffisamment et il survit. Or, voici qu'un serviteur apporte la nouvelle que Cléopâtre est vivante. On transporte le corps blessé jusqu'au Mausolée où la reine se languissait et c'est dans les bras de sa princesse que Marc Antoine agonise.

    En grand vainqueur, Octave, le futur Auguste, se présente à Alexandrie et propose un accord à Cléopâtre qui se méfie. Refusant de figurer au triomphe d'Octave, elle préfère rejoindre Antoine dans la mort et se suicide, le 30 Août 30 av JC, pour échapper à cette infamie. La légende, rapportée par Plutarque, veut qu'elle se soit fait porter un panier de figues dans lequel se trouvait un serpent aspic mortel. Sans doute, a-t-elle pris du poison, plus efficace.

    La beauté de ces deux amants, entretenue par les vers de Shakespeare et les films récents (Elisabeth Taylor) n'est là que pure légende, car le portrait qui est fait de l'un comme de l'autre, sur des pièces de monnaie datées de 32 ac JC, est bien loin d'être avantageux. Blaise Pascal plaisantera même sur le nez de l'Egyptienne qui, « s'il avait été plus court, en aurait changé la face du monde ».

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    Si, en 2008, Barack Obama, noir de peau, peut raisonnablement espérer avoir des chances d'être élu Président des Etats-Unis d'Amérique, c'est peut-être à un autre noir américain qu'il le doit.

    Martin Luther King, métis d'un père Kenyan et d'une mère américaine, devient pasteur, comme son père, après avoir fait des études de sociologie et de théologie à Atlanta. Il officie, pour commencer, à Montgomery dans l'Alabama. Pas facile de prêcher quand on est noir dans ces Etats du Sud ségrégationnistes, comme la Georgie, l'Alabama, le Mississipi ou les Carolines. C'est à Montgomery, justement, qu'une autre femme noire se rebellera, elle aussi, le 1er Décembre 1955. Assise à l'avant d'un bus, elle refuse ce jour-là de se lever pour laisser sa place à un passager blanc. « No » dit Rosa Lee Parks. « Get up », « No ». Scandale, arrestation, commissariat de police, amende ! Le jeune Martin Luther King, 26 ans, organise alors un vaste mouvement de solidarité : pendant 380 jours, les autobus de la ville sont boycottés par les noirs, occasionnant des difficultés à l'entreprise. Ce mouvement aura un fort retentissement, particulièrement dans la communauté noire qui prend conscience qu'elle peut agir. En somme, Rosa Parks « s'est assise pour que nous puissions nous lever » résumera le révérend Jesse Jackson au New York Times.

    Ce mouvement, non-violent, sera suivi par d'autres avec toujours plus de sympathisants. Le pasteur King en devient le chef naturel, après ce premier succès. Son charisme et son élégance ajoutent à la force de ses discours qu'il prononce devant des foules d'Afro-américains de plus en plus nombreuses. La législation locale commence alors à changer, puis au niveau fédéral, en 1956, la Cour suprême déclare la ségrégation raciale « anticonstitutionnelle ». Première victoire. Mais sur le papier seulement car les moeurs n'évoluent pas au même rythme.

    La réputation de King franchit les frontières et il incarne partout un véritable espoir pour les noirs muselés. Aux Etats-Unis, cependant, certains préféreraient une solution plus radicale que la non-violence. Le 28 Août 1963, le pasteur organise une grande marche de la liberté qui s'achève devant la statue de Lincoln, à Washington DC. C'est là que, devant 250.000 personnes, à 90% noires bien sûr, il prononce ce fameux discours qui s'achève par cette phrase : « I have a dream ... ». Son rêve est de voir ce pays réconcilié, blancs et noirs côte à côte, sans distinction, que les fils d'esclaves et leurs maîtres puissent s'asseoir à la même table, que ses 4 enfants puissent être jugés un jour, non pas sur la couleur de leur peau mais pour le contenu de leur personne. « I have a dream that ... in Alabama, little black boys and blacks girls will be able to join hands with little white boys and white girls as sisters and brothers ». Exhortation, rêve ou prémonition ? . « I have a dream that one day this nation will rise up ... ».

    Peu de temps avant l'assassinat de celui-ci, en 1963, il rencontre John F. Kennedy qui lui apporte un grand soutien dans sa lutte contre la ségrégation raciale. En 1964, il devient le plus jeune lauréat du prix Nobel de la Paix pour sa lutte non-violente. Son discours d'acceptation, en Décembre 1964, fera date. Ce qui n'empêche pas les radicaux blancs de le surveiller de près, voire de le diffamer. Ce qui n'empêche pas, non plus, le mouvement Black Panthers et Black Power, beaucoup plus radical, de le déborder par un appui plus grand dans les ghettos noirs notamment. Aux jeux olympiques de Mexico, en Octobre 1968, peu de temps après la fusillade sur la place des Trois-Cultures, qui fera 250 morts, deux athlètes sur les marches du podium, Tommie Smith et John Carlos, oseront lever leur poing fermé et recouvert d'un gant noir. Blasphème d'une cérémonie lisse et harmonieuse mais courage et détermination d'une population qui ne veut plus se laisser faire. Le triplé noir US sur 400 mètres quelques jours plus tard, montera sur le podium avec un béret noir sur la tête pour manifester également contre l'injustice dans leur pays.

     « I have a dream ». Malheureusement, Martin Luther King ne le verra pas se réaliser car il sera abattu sur le perron de sa chambre d'hôtel à Menphis, le 04 Avril 1968, par un illuminé. L'apôtre de la non-violence, qui croyait dur comme fer en l'égalité entre les races, passera en une journée du statut de fauteur de troubles à celui d'icône de la réconciliation. L'héritage de Luther King reste omniprésent dans l'histoire de son pays.

    Aujourd'hui, bien que ses frères de peau ne le trouvent pas assez noir à leur goût, il se pourrait bien que Barack Obama réalise, dans quelques semaines, le rêve du pasteur d'Atlanta.

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    Quand on évoque le nom de Saint Louis, je ne dois pas être le seul à revoir l'image d'Epinal de notre enfance où le bon roi « rendait la justice sous un chêne ». C'est son biographe, Jean de Joinville, qui le rapporte ainsi : « Il advint maintes fois qu'en été, il allait s'asseoir au bois de Vincennes après sa messe, s'adossait à un chêne et nous faisait asseoir autour de lui. Et tous ceux qui avaient un problème venaient lui parler sans en être empêchés par un huissier ».

    Louis n'a que 12 ans quand son père, le roi Louis VIII, dit Le Lion, meurt en 1226. Ses frères aînés sont déjà décédés, il devient donc le nouveau roi, Louis IX, sous la régence de sa mère Blanche de Castille. Instruit et épris de justice, Louis IX est respecté dans toute l'Europe pour sa fermeté et sa sagesse. Réputé pour être un fin diplomate et un juriste avisé, c'est lui qu'on sollicite pour régulariser les relations entre princes rivaux. Il est désigné comme arbitre dans le litige entre la Flandre et le Comté de Hainaut, conclu par le « Dit de Péronne » de 1256, puis entre la Navarre et la Bretagne, la Bourgogne et Chalon, entre Bar et la Lorraine, la Savoie et le Dauphiné. Il met fin à la première guerre de Cent ans contre l'Angleterre par un échange de territoires, conclut la Croisade des Albigeois, apaise les tensions entre la France et l'Aragon en Espagne en acceptant un traité avantageux pour cette dernière.

    Sa grande piété affichée (on le décrit parfois lavant les pieds des pauvres, comme le Christ) lui fera prendre le serment de monter une nouvelle Croisade vers Jérusalem, si d'aventure il guérissait de la grave maladie (dysenterie) qui le frappe en 1244. Rétabli, il prépare son départ vers l'Orient en faisant construire le port de Aigues-Mortes qu'il relie à la mer par un canal pour y faire partir ses navires. Accompagné de ses deux frères et de sa robuste épouse Marguerite de Provence qui lui donnera 11 enfants, il part en Juin 1248 avec 1.800 navires et aborde l'Egypte en 1249. Ses chevaliers s'emparent sans problème de Damiette, sur l'embouchure du Nil mais, au lieu de poursuivre vers la Syrie, Louis se laisse convaincre de pousser l'avantage vers Mansourah au Sud où il sera cette fois vaincu par l'émir du Caire et le scorbut.

    Fait prisonnier, il doit verser une forte rançon que sa mère, Blanche de Castille, qui assure toujours la régence, s'efforce de réunir auprès de l'Ordre du Temple. Il faudra 4 années pour s'en acquitter, ce qui ne lui permettra pas d'être au chevet de Blanche quand elle décède, en Novembre 1252. Il met quand même à profit ces longues années pour réorganiser l'administration du Royaume de Jérusalem (regroupé à Saint-Jean-d'Acre) et le système défensif des forteresses de l'Orient latin menacé par les Mamelouks. La croisade prend fin en 1254 avec le retour de Louis en France.

    Il repartira, néanmoins, en 1270, dans une 8ième Croisade, pour convertir le sultan de Tunis au christianisme et le dresser contre le sultan d'Egypte. Les Croisés s'emparent bien de Carthage mais une épidémie de « peste » (toujours la dysenterie) aura raison de l'armée de Louis IX qui en mourra le 25 Août 1270 sous les remparts de Tunis.

    Chevalier courageux, souverain habile et sage, mari fidèle très croyant, le roi Louis IX apparaît, aux yeux de l'Eglise, comme le modèle du chevalier chrétien. Voulant faire de la France la « Fille aînée de l'Eglise », il inaugure la Sainte-Chapelle dans son palais de l'île de la Cité, à Paris, où il fera placer les reliques de la Passion achetées à l'empereur byzantin. Le Pape Boniface VIII n'hésitera donc pas, après une courte enquête, à le canoniser sous le nom de « Saint Louis de France », en passant sous silence le fait qu'il fut le premier à faire porter un signe distinctif aux Juifs.

    De fait, son règne est une période de stabilité, de regroupement et de régulation de l'Etat qui s'affirme avec la construction de plusieurs cathédrales. L'ordonnance de 1263 établit une monnaie unique dans tout le royaume, assortie d'une Commission de contrôle, le Livre des métiers codifie les métiers de la capitale en 1268, l'administration est modernisée et la justice renforcée.

    Pas étonnant que le long règne de ce roi capétien qu'on ne désigne plus que par l'appellation de « Saint Louis » ait laissé son nom à plusieurs villes du Canada, des Etats-Unis, en Haïti ou au Sénégal, par exemple.

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    Au moment où les prétendants à l'investiture finale aux USA se disputent sur le maintien des troupes américaines en Afghanistan et en Irak, il est intéressant de revenir sur un épisode qui fit de JFK, John Fridgerald Kennedy, un héros de la guerre dans le Pacifique en 1943.

    Suite à l'abandon de ses études à la Stanford Graduate School, fin 1940, John souhaite rentrer dans la Marine. Son état de santé, notamment ses problèmes de dos, l'en empêchent mais l'intervention de son père, Joseph Kennedy, ambassadeur à Londres, auprès des autorités de l'US Navy, va lui permettre d'intégrer ce corps au printemps 1941 puis d'être promu au grade d'Enseigne de vaisseau en Septembre de la même année.

    En 1942, il suit la formation de l'Ecole des Patrouilleurs Torpilleurs (PT) à Melville, dans le Rhode Island dont il deviendra instructeur. En Février 1943, il est affecté à la base de Tulagi, sur l'île de Rendova qui fait partie des îles Salomon (archipel du Pacifique, Nord Est de l'Australie, là où se trouve aussi Guadalcanal). Embarqué sur le USS Rochambeau, il y arrivera le 16 Avril 1943 pour prendre le commandement du lance-torpilles PT-109.

    Depuis Pearl Harbor, le 07 Décembre 1941, le Japon et les Etats-Unis sont en guerre. Aussi, lorsque le Lieutenant John F. Kennedy quitte le port à la tête de son PT, aux côtés d'autres embarcations, pour rejoindre la Nouvelle Géorgie où les Japonais ont construit un aérodrome, il sait qu'il n'y va pas pour se baigner mais qu'il participe sûrement à un débarquement de vive force. Les Japonais possèdent quelques centres de résistance sur des îlots comme Kolombangara ou Munda qu'ils ravitaillent par des bateaux que les GIs appellent « Tokyo Express ». Et c'est justement un Tokyo Express que l'escadre de patrouilleurs américains va rencontrer, dans la nuit du 1er au 2 Août 1943, quand 4 destroyers japonais, avec 1.000 soldats à bord et 70 tonnes de matériels, quittent le détroit de Bougainville pour se diriger vers la base de Vila.

    Le croisement n'eut lieu qu'au retour de la mission japonaise, alors que les navires, après avoir déchargé leur cargaison, sont à pleine allure dans la nuit sans lune. Le commandant d'un patrouilleur US a juste le temps de voir quatre taches lumineuses sur son radar lorsque le destroyer Amagiri, de 2.050 tonnes et 115 mètres, quatre fois plus gros que le frêle PT de John, de 24 mètres, le percute par le travers et le coupe en deux. Deux marins américains sont tués sur le coup et un autre grièvement brûlé par l'explosion de la soute à carburant. Les autres torpilleurs n'ont rien vu de l'éperonage et les rescapés s'accrochent au reste de la coque en attendant le secours qui ne viendra pas. Vers quelle île nager sans tomber dans les mains de l'ennemi ?

    Sur toutes les îles occupées par les Japonais, les Australiens avaient placé des espions qui renseignaient les troupes américaines. Ce fut le cas du Lieutenant de vaisseau Arthur R. Evans des Marines qui, depuis son poste d'observation de Kolambangara, avait vu l'explosion survenue sur le PT de John mais il en conclut qu'il n'y aurait pas de survivant. C'est ce renseignement qui arriva au PC de Guadalcanal.

    Les rescapés, dont le brûlé que John tirait lui-même derrière lui, avaient réussi à atteindre un atoll puis un autre plus prêt des passages de navires, d'où ils purent faire comprendre à deux indigènes rencontrés, Biuku et Eroni, que leur pirogue pourrait porter un message au premier américain qu'ils trouveraient sur leur route. Par chance, ces indigènes connaissaient l'existence d'Evans. C'est ainsi qu'une coque de noix de coco gravée au couteau servit de message de détresse pour le futur Président des Etats-Unis dont les « exploits » militaires furent largement relayés dans les médias par son millionnaire de père. Souffrant toujours du dos et atteint par la malaria, Kennedy quittera les îles Salomon en Décembre 1943 juste à temps pour passer, en héros décoré, les fêtes de fin d'année aux USA.

    Le lendemain de son investiture comme Président des Etats-Unis, donc le 21 Janvier 1961, JFK invitera tous les survivants du PT 109, ainsi que le Lt Arthur R. Evans, à la grande parade présidentielle où une réplique du torpilleur sera exposée. Il faudra attendre 2007 pour que le dernier indigène sauveur de John soit enfin honoré.

    Hélas ( je devrais dire Dallas ) pour JFK, les eaux troubles de la politique furent moins souriantes que celles du Pacifique.

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    Elève brillant à Louis-le-Grand, Jean Jaurès est reçu premier à l'Ecole normale supérieure, en philosophie, devant Henri Bergson. Issu d'une modeste famille de la bourgeoisie provinciale, il fut un élève doué qui deviendra maître de conférences à la faculté des Lettres de Toulouse. Mais c'est en politique qu'il marquera son temps, en étant l'un des piliers fondateurs du socialisme à la française.

    Admirateur de Gambetta, élu à 25 ans député républicain, en 1885 à Castres dans le Tarn, Jaurès siège au centre gauche car les radicaux de Clemenceau sont trop agités et les socialistes trop violents. Il soutient Jules Ferry à l'Assemblée ainsi que les modérés et croit à l'alliance des ouvriers et de la bourgeoisie laborieuse, en digne fils de la révolution de 1789.

    Jaurès est à l'écart de la politique en 1892 lorsqu'éclate la grande grève des mines de Carmaux. Il avait perdu son poste de député du Tarn en 1889 au profit d'un industriel et avait repris son enseignement à la faculté de Toulouse. C'est ainsi qu'il est reçu docteur en philosophie. Mais la grève des mineurs de Carmaux, toujours dans le Tarn, le remet en selle. Jaurès soutient la grève dans des articles à la « Dépêche ». Contre la République qui envoie l'Armée pour soutenir le patron, il défend le maire, ouvrier de la mine, licencié pour cause d'absences et se présente sous la bannière socialiste à Toulouse. Il remporte le siège, en 1893, grâce au vote des mineurs et se consacre dorénavant à la lutte des ouvriers, verriers à Albi, vignerons dans l'Hérault, par exemple.

    Quand l'affaire Dreyfus prend de l'ampleur, il sort de sa réserve, après Zola, et s'engage aux côtés de l'officier, au nom du traitement humain à conserver à l'homme plutôt que de façon doctrinaire, comme le marxiste Jules Guesde. Directeur du journal La petite République, il énumère les preuves qui disculpent Dreyfus. C'est à la tête du nouveau « Parti socialiste français » qu'il soutient le vote pour la séparation des Eglises et de l'Etat (1905) et dénonce le génocide arménien.

    Dans un contexte international de lutte des classes, il milite pour l'unité socialiste et se rallie à la « Section française de l'Internationale ouvrière », la SFIO, mais ne convainc pas les syndicalistes de la CGT, plus révolutionnaires. Son quotidien L'Humanité, fondé en 1904, devient une référence pour tous les socialistes et draine de belles plumes. Soutenant la première participation de ministres socialistes dans un gouvernement, celui du Bloc des gauches de Waldeck-Rousseau, il ne sera lui-même jamais ministre mais sera réélu plusieurs fois député.

    Son combat pour la paix l'amènera à s'intéresser tout logiquement aux armées de la nation et il rédigera une importante proposition de loi, en 1910, dans laquelle il préconise une réorganisation de la Défense nationale et une révision de la Loi des Trois ans ( de service militaire ). Etre anticolonialiste et pacifiste n'est pas dans l'air du temps, lequel est plutôt à l'écoute des « revanchards » après la défaite de 1870. Aussi, lorsque les Autrichiens envoient un ultimatum à la Serbie, après l'assassinat de l'archiduc François Ferdinand à Sarajevo, à l'été 1914, Jaurès pressent le danger de la guerre et tente, en vain, d'infléchir la politique du gouvernement.

    Les nationalistes, notamment parmi les mouvements de jeunes étudiants, l'accusent alors d'agir contre les intérêts de la nation et l'un d'entre eux, Raoul Villain, le tue d'un coup de révolver, le 31 Juillet 1914. Son assassin sera acquitté, après quelques mois de prison.

    En Novembre 1924, sa dépouille sera conduite au Panthéon lors d'une grandiose cérémonie, en présence de tous les mouvements politiques de gauche, sauf le Parti communiste. En 1936, la victoire du Front Populaire aux élections, sera, en quelque sorte, sa victoire posthume. En Mai 1981, le premier Président de la Vème République, issu des rangs socialistes, François Mitterrand, aura comme premier geste celui de venir s'incliner devant la tombe de Jaurès au Panthéon. C'est dire l'enracinement que celui-ci, homme de convictions, a réussi à effectuer dans l'inconscient du parti socialiste, désormais riche d'un héraut fondateur de grande stature.

    Ce remarquable orateur avait aussi le sens de la formule. Ne disait-il pas : « Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent et une confiance inébranlable pour l'avenir ». Motivation toujours valable aujourd'hui.

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