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Par Papyves1 le 25 Novembre 2014 à 12:50
Tous les ans à même époque, soit le 10 novembre à 09 h 05, Istanbul se fige et les Turcs respectent une minute de silence en souvenir du père de la nation, « Atatürk », le père des Turcs ou « Turc-Père », surnom donné à Mustafa Kemal, le premier président de la nouvelle République, formée grâce à son énergie sur les ruines de l’Empire ottoman.
C’est un sacré bonhomme, ce Mustafa, né en 1881 à Salonique (la Thessalonique grecque d’aujourd’hui) et entré très jeune à l’école des Cadets de Monastir où il étonnera son professeur de maths, Mustafa Bey, lequel ajoutera Kemal au nom de ce brillant élève, ce qui veut dire « le Parfait ».
Officier dans l’armée du sultan, volontiers noceur, il lit les grands auteurs français des Lumières, se passionne pour la révolution et pour Napoléon. Considéré comme subversif, il est envoyé à Damas, très loin de Constantinople, le nom que prit Byzance avant de devenir Istanbul. A son retour, pourtant, il ne participe pas au mouvement de contestation révolutionnaire des « Jeunes-Turcs » d’Enver Pacha, partis de Macédoine en 1908, qui veulent rétablir la constitution abolie par le sultan. Ce sont eux qui écarteront les Arméniens des postes de responsabilité puis les déporteront avant de tous les assassiner.
Les Turcs auront le malheur de choisir le mauvais camp pendant la première guerre mondiale, celui de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie, ce qui vaudra à ce qu’il reste de l’Empire Ottoman d’être démembré par le traité de sèvres en 1920, au profit notamment de la France et du Royaume-Uni. Le sultan à Istambul s’incline mais un jeune général, Mustafa Kemal, entre en rébellion à Ankara et, fort de l’appui des Turcs nationalistes et des Russes communistes, écrase les Arméniens, chasse les troupes et populations étrangères, grecques notamment, d’Anatolie. Ce sursaut lui vaudra le titre de « Ghazi », le Victorieux. Dans la foulée, devenu l’homme fort qui a discrédité le Sultan, il contraint les Alliés à signer un nouveau traité moins sévère. Ce sera Lausanne en 1923.
Depuis Ankara, sa nouvelle capitale, Atatürk abolit le sultanat pour le remplacer par une République dont il prend la tête. Grande nouveauté que cet Etat laïc dans un pays musulman. Inspiré par la révolution française, Kemal veut moderniser le pays et rendre aux Turcs leur fierté. Astucieusement, il proclame l’Islam religion nationale, ce qui lui laisse les coudées franches pour transformer la société, grâce à un parti unique, interdire les vêtements traditionnels ottomans, tels que le Fez ou le voile, ainsi que la polygamie, passer au système métrique, au calendrier grégorien, abandonner l’alphabet arabe au profit du latin, prôner l’égalité des sexes, établir un code civil à l’européenne. Il va se heurter, cependant, au problème des Kurdes qui ne s’intègrent pas dans ce nouveau schéma.
Kemal Atatürk meurt en pleine gloire, le 10 novembre 1938. Il avait 57 ans et n’a pas survécu à une cirrhose du foie. Un mausolée conserve sa mémoire et son successeur, Ismet Inönü, encouragera le culte de la personnalité de ce père de la nation.
Je doute que Mustafa Kemal Atatürk ait goûté le retour en arrière actuel de la société turque qui s’est ré-islamisée de façon encore plus radicale qu’auparavant. Il s’étonnerait de voir les Américains, sous couvert de l’OTAN, et les Russes, sous prétexte historique ancien, se disputer son influence et ses accès aux mers intérieures. Il postulerait, sans doute, pour une intégration de son pays au sein de l’Union européenne, ce qui n’est pas gagné pour l’instant. Mais l’histoire a de tels retournements, sait-on jamais !
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Par Papyves1 le 11 Septembre 2014 à 20:03
Bien qu’évènement atroce dont on ne connait pas encore vraiment le commanditaire, les attentats qui ont eu lieu le 11 septembre 2001 dans l’est des USA commencent à s’estomper de la mémoire des jeunes générations. Que dire alors des autres évènements plus anciens dont nous pourrions fêter l’anniversaire, en ce 11 septembre ?
Comme, par exemple, le coup d’Etat chilien qui renversa Salvador Allende en 1973 ou la mort de l’As français du combat aérien, Georges Guynemer, pendant la première guerre mondiale.
Lorsque la guerre éclate à l’été 1914, Georges Guynemer a 20 ans et veut s’engager mais les médecins le déclarent inapte, trop chétif pour la rude vie du front. Son père Saint-Cyrien tente d’user de ses relations mais rien n’y fait. Georges réussit cependant à se faire embaucher, au titre du service auxiliaire, comme aide mécanicien puis, tenace, comme élève pilote, à l’école de pilotage de Pau. Breveté en 1915, il est affecté à l’escadrille MS 3 (comme Maurane-Saulnier, nom des nouveaux appareils perçus par cette unité aérienne) et prend en compte le « Vieux Charles » ayant appartenu au sergent Charles Bonnard.
Dès lors, en mission d’observation au plus près des combats au sol, il va enchaîner une série d’exploits qui vaudront au jeune pilote de 21 ans la croix de guerre puis la médaille militaire. L’escadrille MS 3 est rebaptisée N 3 avec l’arrivée des Newport 10 égalant en puissance les avions Fokker allemands. L’Audacieux sergent Guynemer prend de plus en plus d’assurance et devient l’un des meilleurs pilotes de sa génération. C’est le président Poincaré, lui-même, qui lui remet la Légion d’Honneur pour bravoure sur les arrières de l’ennemi. Avec une cinquième victoire aérienne homologuée, il accède au titre glorieux d’As mais ne va pas en rester là. Promu lieutenant en 1916, il participe aux combats de Verdun et de la Somme. Il est blessé de plusieurs balles mais reprend l’air dès ses blessures soignées.
Le groupe des Cigognes (en référence à l’Alsace que tous voulaient ramener dans le giron français) met au point avec ses meilleurs éléments, Alfred Heurtaux, René Fonck (l’As des As), Roland Garros (l’inventeur du tir au travers de l’hélice), une technique de combat qui consiste à surprendre l’adversaire par l’arrière, lui porter un coup brutal et bref puis s’esquiver avant qu’il ait eu le temps de riposter. Guynemer excelle à ce jeu, collectionnant les victoires, abattant même un bombardier allemand aux commandes d’un avion Spad dont il avait contribué à améliorer la motorisation en écrivant à l’ingénieur en chef de l’entreprise. C’est justement aux commandes d’un Spad, son « avion magique » qu’il atteindra sa 53ème victoire homologuée.
Après 45 avions abattus, 20 citations et 2 blessures, il est promu en 1917 officier dans l’ordre de la Légion d’Honneur, médaille que lui remet le général Franchet d’Espèrey, assortie de la belle citation suivante : « Officier d'élite, pilote de combat aussi habile qu'audacieux. A rendu au pays d'éclatants services, tant par le nombre de ses victoires que par l'exemple quotidien de son ardeur toujours égale et de sa maîtrise toujours plus grande. Insouciant du danger, est devenu pour l'ennemi, par la sûreté de ses méthodes et la précision de ses manœuvres, l'adversaire redoutable entre tous. A accompli, le 25 mai 1917, un de ses plus brillants exploits en abattant en une seule minute deux avions ennemis et en remportant dans la même journée deux nouvelles victoires.
Par tous ces exploits, contribue à exalter le courage et l'enthousiasme de ceux qui, des tranchées, sont les témoins de ses triomphes. »
Le 10 septembre 1917, Guynemer doit se poser en Belgique pour faire réviser le moteur de son Spad XIII qui a, une nouvelle fois, des ratés. Le pilote est soucieux mais redécolle le 11 septembre pour effectuer, ce qu’il ignore encore, son dernier vol. En patrouille avec un autre pilote, Jean Bozon-Verduraz, il sillonne la zone de Langemark, au centre du triangle Lille, Dunkerque, Gand, au dessus de la Belgique. Guynemer aperçoit un Rumper biplan allemand isolé et fonce sur lui sans s’apercevoir que plusieurs Fokker, plus haut, le prennent aussitôt en chasse. Bozon-Verduraz, qui a vu la manœuvre, tente de les disperser mais quand il cherche ensuite à rallier son chef de patrouille, celui-ci a disparu, vraisemblablement abattu. Les Allemands glorifieront le lieutenant Kurt Wissemann pour cet exploit mais ni l’avion ni la dépouille de cette « superbe cigogne » ne seront retrouvées car la carcasse crashée à Poelkapelle et son occupant, capitaine de 22 ans, disparaîtront sous un feu puissant d’artillerie, malencontreusement déclenché à ce moment.
« Mort au champ d’honneur le 11 septembre 1917. Héros légendaire, tombé en plein ciel de gloire, après trois ans de lutte ardente. Restera le plus pur symbole des qualités de la race : ténacité indomptable, énergie farouche, courage sublime. Animé de la foi la plus inébranlable dans la victoire, il lègue au soldat français un souvenir impérissable qui exaltera l’esprit de sacrifice et provoquera les plus nobles émulations. »
Ces seigneurs de l’air, tel « le Baron rouge » allemand, avaient beaucoup de classe et savaient à l’occasion épargner un adversaire qu’ils respectaient car tous connaissaient la réputation, jamais usurpée, de leur concurrent. Attitude noble et chevaleresque.
Que ces pages d’histoire, à l’image du petit Prince Antoine de Saint-Exupéry, sont belles ! Puissent les générations actuelles quitter leur écran digital pour les relire et s’en inspirer.
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Par Papyves1 le 14 Décembre 2013 à 01:01
C’est en Provence, à Saint-Rémy tout d’abord, qu’est né le grand Nostradamus et à Salon qu’il décèdera en laissant une trace immense auprès de ses contemporains du XVIème siècle. Mais c’est surtout après sa mort, et jusqu’à aujourd’hui, que le mystère des écrits de ce grand érudit enflera.
Né le 14 décembre 1503, dans une famille de juifs qui avaient dû se convertir au catholicisme et changer de nom, le jeune Michel de Nostre-Dame est un enfant doué qui se passionne pour les étoiles et les mathématiques. On l’envoie donc à l’université d’Avignon puis, après avoir exercé comme apothicaire, à celle de Montpellier où il acquiert les savoirs de la médecine et de l’astrologie. On ne saurait, en effet, être médecin sans être astrologue car on ne donne pas les mêmes médicaments selon les périodes de la lune.
Il met au point un onguent à base de plantes qui semble faire merveille contre la peste et qui sera le début de sa renommée. Il est appelé partout où sévit cette terrible épidémie. C’est l’occasion pour lui d’effectuer un « tour de France » qui le met en contact avec de grands notables.
Profitant de ses connaissances en botanique, en médecine et en astrologie, il commence, dès 1550, à publier des almanachs (lunaisons en arabe), sortes de calendriers où sont rassemblés une foule de conseils populaires sur la santé par les astres et les plantes, et des prévisions météo. Il y glisse également des prévisions événementielles sur l’année à venir, en un style assez ésotérique et fumeux de telle sorte qu’il puisse expliquer, a posteriori, tout évènement majeur.
Ces petits livres, qu’il signe du nom de Nostradamus, se vendent si bien (l’imprimerie a été découverte récemment) qu’il y consacre de plus en plus de temps et qu’il les construit sous une forme accessible au plus grand nombre, parmi les lettrés de l’époque, malgré l’emploi indifférencié de langues diverses comme le latin, le grec, le vieux français ou encore le provençal. Ce sont, en fait, des quatrains de 24 mots généralement, avec peu de verbes et aucune date, ce qui permet toute sorte d’interprétation.
On connait 942 de ces quatrains (il voulait en écrire 1.000) qu’il regroupe par centaines, d’où le nom de centuries.
A 52 ans, jouissant déjà de son vivant d’une confortable renommée, malgré les critiques virulentes de jaloux, il s’établit à Salon de Provence et rédige, en état de transe, de nuit et depuis son balcon, nous dit la légende, ses fameuses « prophéties » que la mort inhabituelle d’Henri II, en 1559, viendra conforter. En effet, une de ces fameuses visions (centurie 1, quatrain 35) avait prévu, à mots presque explicites, la mort cruelle et accidentelle du roi, blessé à l’œil dans un tournoi à cheval avec le comte de Montmorency. Aussitôt, toutes les autres « prédictions » sont auscultées, notamment par son disciple, le docteur Jean-Aimé de Chavigny, puis par son fils aîné César, à l’aune des grands évènements, lesquels ne manquent jamais.
C’est ainsi que le mot Varennes, écrit en 1562 et figurant en centurie 9, quatrain 20, sera d’évidence rapporté à l’arrestation de Louis XVI en 1791, alors que les Varennes sont légion en France. Nostradamus aurait également prédit l’avènement de Napoléon (« un empereur naîtra près de l’Italie. De simple soldat, il deviendra Empereur») et de Hitler (mais l’orthographe de « Hister » est aussi celle, ancienne, du Danube). N’a-t-il pas annoncé à Catherine de Médicis, lors de la venue de celle-ci à Salon de Provence, que trois de ses quatre fils monteraient sur le trône de France ? Ce qui se réalisera et lui valut d’être nommé médecin du roi.
Un seul quatrain comporte une date, 1999, et il est question d’apocalypse, de rapprochement d’une planète ou de météorite éblouissant le ciel. Seul Paco Rabane y a cru en reliant l’évènement à la chute du satellite Mir. Il ne s’est rien passé tout comme il ne se passera rien le 21 décembre 2012 alors qu’une prédiction, faussement attribuée à Nostradamus, y voyait la fin du monde.
Certains disent même qu’il aurait prévu sa propre mort, le 02 juillet 1566, mais les versets incriminés (antidatés ?) parlent de novembre et ne furent connus qu’après son décès.
Nostradamus s’amusait-il de la crédulité de ses contemporains de la Renaissance ou s’était-il pris au jeu jusqu’à croire lui-même à ses dons de voyance et d’astrologie divinatoire ? « Et les hommes qui viendront après moi reconnaîtront le caractère véridique de ce que je dis, parce qu’ils auront vu que les différents évènements prédits par moi se seront réalisés infailliblement ».
On dirait aujourd’hui qu’il surfait sur la superstition de son siècle.
Pour quelques chercheurs et historiens, le mystère subsiste mais pour beaucoup d’autres, notre homme n’a fait qu’enjoliver, dans un discours nébuleux, des évènements antérieurs à son époque dont il avait eu connaissance par la lecture d’œuvres anciennes.
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Par Papyves1 le 14 Avril 2012 à 14:43
Abraham Lincoln est le plus admiré des présidents de l’histoire des Etats-Unis. Son portrait, sculpté sur le mont Rushmore, apparaît aussi sur le billet de 5 dollars US. On lui attribue la loi qui met fin à l’esclavage des noirs dans les Etats du Sud.
Lorsqu’il est touché par une balle dans la nuque le 14 avril 1865, son œuvre vers l’unification de tous les Etats de ce nouveau monde n’est pas encore bien comprise mais les américains sentent confusément qu’ils viennent de perdre un grand président.
Né en 1809 dans une famille de bûcherons du Kentucky, Abraham se lance dans l’étude du droit et devient, comme avocat, un modèle d’intégrité.
Sa voix et la clarté de son raisonnement lui valent d’être élu, en 1834, au Congrès de l’Illinois dans les rangs des « Whigs », jeune parti libéral qui s’oppose aux démocrates, puis en 1846 au Congrès fédéral de Washington.L’Amérique de cette époque est un conglomérat d’Etats en devenir, issus de la conquête vers l’Ouest, qui s’appuient au Nord sur l’édification de nouvelles industries et, au Sud, sur l’exploitation de cultures agricoles nécessitant une main d’œuvre nombreuse, si possible mal rétribuée.
Frappé par la lecture du roman « Uncle Tom’s Cabin » d’Elisabeth Harriet Beecher Stowe, et indigné par la proposition du sénateur démocrate Douglas qui autorise, en 1854, les électeurs du Kansas et du Nebraska à choisir leur statut d’Etat libre ou esclavagiste, Lincoln s’écarte de son parti Whig pour fonder le « parti républicain » dont il devient, en Illinois, le chef de file anti-esclavagiste, avant d’être élu, le 06 novembre 1860, premier président républicain, moins d’un siècle après la déclaration d’indépendance des Etats-Unis d’Amérique. Dans son discours d’investiture, il rappelle qu’il est attaché à la nouvelle constitution et prône l’abolition à terme de l’esclavage, après son maintien sous certaines conditions.
La Caroline du Sud, dont les plantations de tabac, café, sucre et surtout coton ont besoin du travail des esclaves noirs, décide aussitôt de faire « sécession », bientôt imitée par dix autres Etats aristocratiques qui vont se « confédérer » contre les Etats industriels du Nord.
Le 15 avril 1861, les troupes confédérées font feu sur un fort dépendant du gouvernement fédéral. C’est le début de la « Guerre de Sécession », ou « Civil War » en anglais, qui voit en juillet de la même année des Américains s’affronter sur le champ de bataille de Bull Run.
Quatre années de combats fratricides pour faire émerger une nation unie autour du même drapeau. En 1863, les combats sont d’une extrême violence et le président Lincoln cherche le moyen d’y mettre un terme. C’est ainsi qu’après la sanglante bataille de Gettysburg, il se rend sur le lieu de l’inauguration d’un cimetière honorant les 8.000 soldats tombés à cette occasion. Son discours, « the Gettysburg Address », concentré sur les valeurs
communes qui unissent ces héros, est encore récité par cœur par les écoliers américains, à l’instar des fables de La Fontaine en France.C’est en avril 1865 seulement, après la dernière tentative du général sudiste Robert Edward Lee, près de Appomatox, face aux généraux « Yankees » Grant et Sheridan, que les hostilités vont cesser.
Abraham Lincoln peut alors s’accorder un moment de détente. Le 14 avril, il se rend, avec sa femme, au Ford’s Theatre de Washington. C’est là que l’acteur sudiste John Booth l’attend. Profitant d’un moment d’inattention du garde du corps, l’assassin se glisse dans la loge présidentielle et tire un coup de pistolet dans la nuque du 16ème président des USA, aux cris de « Sic semper tyrannis », la devise de Brutus, « Qu’il en soit toujours ainsi avec les tyrans ».
Loin d’être un tyran, Lincoln fut un grand serviteur de la démocratie, un chantre de l’unité fédérale, un pourfendeur de l’esclavage, laquelle trouvera un aboutissement posthume avec le XIIIème Amendement qui dispose que « Ni esclavage, ni aucune forme de servitude involontaire ne pourront exister aux Etats-Unis, ni en aucun lieu soumis à leur juridiction ».
Même si ces belles paroles auront du mal à prendre corps dans la société ( on se souvient du sinistre Ku Klux Klan ), on ne peut que saluer la détermination constante d’Abraham Lincoln sur ce dossier. Pendant ce temps, outre Atlantique, Victor Hugo publie « Les Misérables ».
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Par Papyves1 le 11 Janvier 2012 à 12:44
C’est le 11 Janvier 1907 que nait à Paris Pierre Isaac Isidore Mendès France, brillant homme politique français. Titulaire du Bac à 15 ans, sorti 4ème de Sciences-Po à 18 ans, c’est le plus jeune avocat français, 20 ans, qui va militer pour les valeurs républicaines et contre l’extrême droite. Inscrit au Parti Radical à 16 ans, il critique déjà les orientations de Edouard Herriot et soutient Daladier et le Front Populaire. Plus jeune député français à 25 ans, il devient maire de Louviers, en 1935, à 28 ans. Il sera le seul député de gauche à voter contre la participation française aux Jeux Olympiques organisés par les Nazis à Berlin en 1936.
Sous-secrétaire d’Etat au Trésor sous Léon Blum en 1938, il est mobilisé, comme lieutenant de réserve, en 1939 et passe un brevet d’observateur pilote pour pouvoir se battre. Après la débâcle de 1940, il embarque sur le « Massalia » avec 26 parlementaires opposés à l’armistice pour continuer la lutte depuis l’Empire colonial en Afrique du Nord mais il est arrêté au Maroc, accusé de désertion et jugé par une parodie de tribunal acquis à la cause de Vichy ( Mendès est juif ), condamné à 6 ans de prison et à la destitution. Incarcéré, il écrit à Pétain et s’échappe de l’hôpital militaire en 1941. Il veut prouver son patriotisme et défendre son honneur. Ayant rejoint Londres et les Forces françaises libres, il participe aux combats aériens.
Nommé par de Gaulle en 1943 Commissaire aux finances, il se heurte à son ministre de tutelle, René Pleven, trop timoré et démissionne en 1945. Il sera alors nommé au FMI après avoir participé à sa création ( Bretton Woods, 1944 ) et se rangera aux côtés de l’anglais Keynes pour ménager les petits pays.
En vain face au géant américain.
En Octobre 1950, après le revers de Cao Bang, le député de l’Eure lance un violent réquisitoire à la tribune contre la guerre d’Indochine. « Il faut soit trois fois plus d’effectifs pour réaliser nos objectifs, soit un accord politique immédiat ». Il ne sera, hélas, pas écouté. En Juin 1954, après la défaite de Dien Bien Phu, il est investi Président du Conseil ( Premier Ministre ) pour faire la paix en Indo. Il mène alors les négociations à leur terme à Genève puis nomme une équipe jeune et technique dont Chaban-Delmas et Mitterrand. Mais, sitôt l’Indochine achevée, ce sont les comptoirs de l’Inde et les pays du Maghreb, où la France est présente sous forme de colonies et de protectorats, qui s’agitent. Habile négociateur, Mendès rencontre le Bey tunisien, le Néo-Destour et les militaires et offre l’indépendance à la Tunisie en 1956 ( discours de Carthage ). Suivant son exemple, cette même politique de négociation sera poursuivie au Maroc.
En revanche, PMF comme on le nomme familièrement, a une autre conception de l’Algérie car « l’Algérie, c’est la France » et il approuve les réactions fermes qui suivent les 70 attentats meurtriers du FLN faisant des dizaines de victimes civiles, dès la « Toussaint rouge » du 1er Novembre 1954. Après le coup d’Etat avorté des 4 généraux d’Alger, le 13 Mai 1961, Mendès salue l’action du général de Gaulle. « La guerre civile a été évitée » dit-il. Mais, après les accords d’Evian, il va s’opposer à lui sur la question de l’élection du Président au suffrage universel qu’il estime anticonstitutionnelle.
C’est alors qu’il se tourne vers un opposant au général de Gaulle et va soutenir la candidature de François Mitterrand en 1965, y compris après l’échec de celui-ci, puis celle de Gaston Defferre mais les Communistes ne lui pardonnent toujours pas.
Après 1972, malade, il prend ses distances avec la politique, tout en gardant un œil sur la paix au Moyen-Orient. Ce grand républicain, patriote ( Croix de guerre 39-45, Médaille de la Résistance ), droit et intègre, fin négociateur qui savait expliquer les choix politiques aux Français dans ses « causeries » à la radio ( il est l’auteur de plusieurs ouvrages politiques ), s’éteint à Paris en Octobre 1982, après la victoire de la Gauche. Ses cendres seront dispersées dans sa propriété de Louviers.
Son aura et son ascendant lui survivent.
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