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    Né Ougandais nubien dans la région de Kampala, non loin du lac Victoria, le jeune Idi Amin Dada est gardien de chèvres avant d'intégrer, en 1946, comme aide cuisinier, le régiment des King's African Rifles de l'Armée impériale britannique, stationné à proximité. Son physique impressionnant (1m91, plus de 100kg) le prédispose pour être soldat plutôt que cuisinier. Il se fait ainsi remarquer par sa cruauté envers les Mau-Mau du Kenya qu'il est chargé de combattre au sein de son bataillon. Caporal puis sergent en 1953, bien qu'analphabète, il est fait effendi, plus haut grade pour un noir dans l'armée coloniale. Responsable d'un véritable massacre contre des nomades, en 1962, dans plusieurs villages, il ne sera pas inquiété du fait que l'indépendance est proche et qu'il faut garder des liens avec ces soldats du cru. Amin aura traversé cette période militaire en étant, en outre, consacré champion de natation et de boxe.

    Après l'indépendance, en 1962, le premier ministre ougandais, Milton Obote, originaire d'une ethnie du Nord comme lui, récompense Idi Amin de son soutien en le nommant commandant adjoint de la jeune armée, puis Général chef d'état-major. Obote, lui-même, se proclame Président en destituant son prédécesseur Mutesa. Mais, après avoir appris qu'Obote planifiait de l'arrêter pour détournement de millions de dollars des fonds de l'armée, Amin Dada profite d'un voyage d'Obote à Singapour pour prendre le pouvoir par un coup d'Etat, le 25 Janvier 1971.

    Dès lors, le pays va vivre une période d'atrocités et d'éliminations brutales sans précédent. Les escadrons de la mort du State Research Bureau pourchassent et assassinent, parfois à la dynamite, tous ceux qui ne soutiennent pas le coup d'état. Une tentative de reprise de pouvoir d'Obote depuis la Tanzanie se solde par une sanglante répression.

    En même temps que le régime se militarise, l'économie se dégrade : En Août 1972, à la suite d'un rêve, Amin donne 90 jours aux 50.000 Indo-pakistanais pour quitter le pays. Or, ce sont eux qui détenaient les principaux commerces et entreprises d'Ouganda. Au fur et à mesure que la vraie nature d'Amin se révèle, les pays étrangers se détournent de lui, ferment leurs ambassades et refusent de lui vendre de nouvelles armes. Idi Amin se tourne alors vers Kadhafi et les mouvements de libération palestiniens. C'est ainsi qu'il autorise, en 1976, un airbus détourné de Tel-Aviv vers la Libye, à se poser à Entebbe, au Sud de Kampala. Les otages, qui devaient être échangés contre des prisonniers de la Fraction armée rouge, sont finalement libérés par un commando israélien. Le succès de l'opération va contribuer largement à la chute du dictateur.

    Amin, depuis son coup d'état, s'était autoproclamé Maréchal et Président à vie. Il s'était accordé, en tant que « dernier roi d'Ecosse », un nombre impressionnant de médailles, dont la Victoria Cross et la Military Cross, au titre de campagnes militaires en Birmanie qu'il s'était inventées. Il voyait la présidence de la future réunion de l'OUA, en 1975, comme son apothéose : Election d'une « miss OUA », rallye automobile auquel le maréchal participa au volant de sa Citroën-Maserati, démonstration militaire sur les rives du lac Victoria, tout fut bon pour lui donner de l'éclat.

    En 1979, en proie à des révoltes civiles et des mutineries militaires, Amin croit sauver son régime aux abois en envahissant la Tanzanie, mais la contre-attaque qui pousse jusqu'à Kampala, sa capitale, l'oblige, le 11 Avril, à s'exiler en Arabie Saoudite où il décédera, seul, en 2003, à 80 ans supposés, sans jamais avoir été inquiété pour les 300.000 victimes et le pays en ruine laissés derrière lui.

    Finalement, à la longue, les « bouffonneries » de Big Daddy n'amusaient plus personne.

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    « Plutôt mourir debout que vivre à genoux ». Cette belle maxime survivra à son auteur de la révolution mexicaine du début du siècle.

    Métis indien, Emiliano Zapata est né en 1879 dans un village de l'Etat du Morelos, au Sud du Mexique d'un père métayer, petit propriétaire qui élève et dresse les chevaux. Sa famille s'est battue contre l'Espagne et contre l'intervention française à l'époque de Camerone. Elu Président du Comité de défense de son village, il s'oppose alors aux exactions des grands planteurs. Il ressent profondément les injustices dont sont victimes les peones ( paysans pauvres ) obligés de travailler dans les haciendas, ces grandes plantations qui produisent massivement de la canne à sucre et sont soutenues par le dictateur Porfirio Diaz.

    Pendant que, dans le Sud du pays, Emiliano Zapata recrute des bandes révolutionnaires à base de paysans, un autre guérillero, Pancho Villa, soulève les paysans du Nord, au cri de « Tierra y Libertad », terre et liberté. En Novembre 1911, un ancien propriétaire terrien qui avait aussi promis la restitution des terres aux peones, Francisco Madero, accède à la présidence mais refuse d'appliquer cette mesure, une fois élu. Il tente même d'acheter Zapata qui le repousse et présente, au contraire au gouvernement, le Plan de Ayala qui propose, maladroitement écrit, des réformes agraires radicales en faveur des petits paysans. « Editez-le, ainsi tout le monde saura que Zapata est fou » dira Madero.

    Après presque trois ans de guérilla, en Février 1913, Madero est assassiné par le général Huerta qui s'est retourné contre son chef et se fait désigner Président. L'opposition s'organise autour de Zapata, Pancho Villa et du Gouverneur Carranza, face à une armée gouvernementale qui fait régner la terreur. Certains intellectuels de Mexico rejoignent Zapata dont la renommée grandit. Mais aucun accord n'est trouvé pour désigner un chef suprême, objectif de Carranza, et unir ces trois forces révolutionnaires. En décembre 1914, les deux armées de libération de Zapata, l'« Attila du Sud » et de Villa, le « Centaure du Nord » investissent Mexico, les deux chefs se font photographier dans le Palais Présidentiel mais, n'étant pas faits pour la politique, ils quittent bientôt la ville pour que leurs troupes reprennent les travaux des champs.

    Carranza en profite. Sous prétexte de pacification, il lance depuis Veracruz des actions violentes pour isoler Zapata dans sa région de Morelos. Mais Zapata reste toujours incontrôlable et dangereux.

    Déçu par le comportement de son ancien compagnon Carranza qui oublie ses promesses, Zapata, illettré, lui fait écrire une lettre de reproches qui sera sa perte. Voyant qu'il est désormais menaçant pour lui-même, et décidé à l'éliminer, Carranza tend un piège à son « ami » Zapata en le conviant à l'invitation d'un colonel rallié à sa cause. En arrivant dans l'hacienda où doit se dérouler la fête, le 10 Avril 1919, le général révolutionnaire de 39 ans est immédiatement abattu par les soldats de l'armée fédérale.

    Son exemple sera repris, après 1995, par le Subcomandante Insurgente Marcos qui défendra les droits des indigènes du Chiapas, en se référant du Zapatisme. Consécration !

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    Mine de rien, il s'en fallut de peu que l'Amérique ne fût française. En 1534 déjà, sous François 1er, Jacques Cartier s'installe au Canada, suivi en 1604, sous Henri IV, par Samuel de Champlain et Pierre de Guast au Nouveau-Brunswick et au Sud des Grands Lacs. Puis vinrent le Mayflower, le Marquis de Lafayette, les Comtes de Grasse et de Rochambeau, ( il fallait être noble et riche pour armer des navires ), le Père Jacques Marquette, Le Moyne d'Iberville et quelques aventuriers.

    C'est le 09 Avril 1682 que le Français Robert Cavelier de la Salle prend possession de l'immense plaine centrale qui s'étend de la rive droite du Mississipi, à l'Est, jusqu'aux Rocheuses, à l'Ouest, et aux sources du Missouri, au Nord, soit le tiers des Etats-Unis actuels. Il nommera cette région Louisiane, en référence au roi Louis XIV. De même, la Nouvelle-Orléans devra son nom au Régent Philippe d'Orléans.

    Les Acadiens, colons français chassés du Canada oriental ( Acadie ) par les Anglais lors du « Grand dérangement » de 1755, rentrèrent en France ou s'installèrent en Louisiane où ils peuplèrent les bayous ( étendues d'eau sous des havres de verdure ) dans le delta du Mississipi alors que les Anglais reçurent, outre le Canada, toute la rive gauche du fleuve, lors du Traité de Paris en 1763. A force de déformation linguistique, les Acadiens sont devenus les « Cadiens » puis les « Cajuns ». Aujourd'hui, près de 550.000 Américains de Louisiane, pourtant véritable melting-pot, revendiquent les origines de ces 4.000 déportés français.

    En 1803, après une courte rétrocession de la région aux Espagnols, Napoléon Bonaparte, qui a besoin d'argent pour ses guerres en Europe, vend la Louisiane, trop éloignée, aux jeunes Etats-Unis pour un montant de 15 millions de dollars, somme énorme à l'époque. Ce sera le 18° Etat américain, officiellement désigné le 30 Avril 1812 dont la prospérité s'appuiera sur le coton, la canne à sucre puis le sel, le pétrole, le gaz et enfin le tourisme.

    Dans l'Amérique d'aujourd'hui, nombreux sont les lieux qui rappellent ce passage des colons français : Des Moines, Montpelier, Bâton Rouge, Lafayette, Paris, Nouvelle-Orléans, Macon, Bayard, Orange, Albertville, Beaumont, etc ...

    Depuis 1994, un congrès annuel rassemble, pendant 10 jours, toute la diaspora acadienne répartie partout dans le monde. «  Je me souviens que, né sous les lys de France, j'ai grandi sous la rose anglaise ... » Le début de ce poème, dont le Québec a extrait les trois premiers mots pour en faire sa devise, résume tout l'attachement de cette population à son histoire et à ses traditions, attaquées de façon virulente ou insidieuse par son puissant voisin.

    Mais le Québec résiste mieux que la Louisiane qui n'a pas bénéficié de Loi 101, imposant, en 1977, le français comme langue officielle. «  Speak white  » est encore le reproche le plus répandu dans les quelques familles acadiennes qui cherchent à conserver leurs racines françaises.

    En offrant aux Etats-Unis, en 1886, la statue de la Liberté, œuvre du Français Bartholdi, la France ne se doutait pas que l'aide que ses ancêtres conquérants leur avaient apportée lui serait un jour rendue, à Vimy ou à Omaha Beach.

    Merci, « cousins ».

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    La fin du XIX° siècle voit une multiplication des heurts et des différends territoriaux entre la France et l'Angleterre, principales puissances coloniales. En Afrique, notamment, les ambitions du Royaume-Uni d'un axe Nord Sud du Caire jusqu'au Cap se heurtent au souhait français d'un axe Est Ouest de Djibouti à Dakar. La question la plus épineuse concerne l'Egypte où les deux nations ont des prétentions. On se souvient de Bonaparte aux pieds des pyramides.

    Accaparés à Londres par la guerre des Boers et à Paris par l'affaire Dreyfus, l'Alsace-Lorraine et la laïcité, les politiques des deux côtés de la Manche ne se parlent pas et l'incident de Fachoda, en Haute Egypte ( aujourd'hui Soudan ), où l'expédition du français Marchand rencontre, en 1898, la petite armée de Lord Kitchener, est à deux doigts d'entraîner un conflit entre les deux nations. Finalement, la France cédera sa place à la « perfide Albion ».

    Cependant, la montée du nationalisme allemand et le développement d'une marine de guerre, capable de menacer la suprématie navale britannique entraînent un rapprochement des ennemis héréditaires, jamais totalement réconciliés depuis la fin de la guerre de cent ans.

    Le 08 Avril 1904, le ministre français des Affaires Etrangères Théophile Delcassé et le représentant du Roi Edouard VII signent à Londres trois textes d'accords sur leurs prétentions coloniales respectives ( Egypte, Maroc, Afrique centrale, Madagascar mais aussi Terre-Neuve, Siam et Nouvelles-Hébrides ) qui constituent ce qu'on appelle « l'Entente cordiale ».

    Cet accord franco-britannique, entre deux nations qui ne s'étaient jamais épargné, fait l'effet d'une bombe sur la scène internationale de l'époque. Le texte s'ouvre par ces mots qui en disent long : « Le Président de la République française et Sa Majesté le Roi du Royaume-Uni de la Grande-Bretagne et d'Irlande et des Territoires britanniques au-delà des Mers, Empereur des Indes, ayant résolu de mettre fin, par un arrangement amiable, aux difficultés survenues à Terre-Neuve ... »

    L'Entente cordiale, consolidée par une alliance avec la Russie constitua un contrepoids puissant à la « Triple Alliance » rassemblant, grâce à Bismarck, l'Allemagne impériale, l'Autriche-Hongrie et l'Italie.

    Depuis, le soutien anglais lors des crises graves de la France sur le continent ne s'est jamais démenti. Engagement total pendant les conflits de 1914 et 1940 mais aussi participations commerciales au Concorde ou au Queen Mary II construit à Nantes par exemple. Le tunnel sous la Manche a fini de relier à jamais deux sensibilités fortes. La Reine Elisabeth II, elle-même, a observé avec humour que « s'il est vrai que nous ne conduisons pas du même côté de la route, il est tout aussi vrai que nous avançons dans la même direction ».

    Alors, oublions Hastings, Waterloo et Trafalgar et conjuguons nos efforts pour une grande Europe. Et pour venger Jeanne d'Arc, il nous reste les victoires potentielles au grand chelem de rugby !

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    A 9.000 mètres d'altitude, dans le ciel espagnol d'Almeria, ce 17 Janvier 1966, se joue le début de ce qui aurait pu être une catastrophe mondiale sans précédent. Un avion ravitailleur KC-135 de l'US Air Force entre en collision avec un bombardier B-52 qu'il devait approcher en douceur pour renouveler sa cargaison de carburant. Or, ce B-52 américain, qui porte le nom de code TEA 16, est un bombardier « stratofortress » armé de bombes H ( pour hydrogène ) nucléaires. Les deux avions explosent et huit des onze hommes d'équipage meurent.

    Parmi les 4 bombes H de type B-28 au plutonium que transportait le bombardier TEA 16, l'une atterrit intacte dans une rivière, deux autres s'enfoncent dans le sol près de Palomarès, sans exploser, grâce aux dispositifs de sécurité mais en contaminant le sol au plutonium, et la dernière s'abîme dans la mer Méditerranée. Pendant 81 jours, ce furent 38 navires et sous-marins qui se mirent à sa recherche. Enfin, le 07 Avril 1966, des moyens océanographiques importants purent localiser et remonter la bombe, immergée à 869 mètres de profondeur. L'un des chercheurs aura ce mot étonnant, devant le vice-amiral Guest, commandant la Task Force 65 : « La bombe H perdue à Palomarès a été retrouvée grâce à la combinaison de 10% d'engineering avec 90% de chance insolente ».

    L'US Strategic Air Command voulut maintenir un black-out sur cette affaire mais il fut impossible de dissimuler l'accident et des mesures furent prises, au sol, pour limiter la contamination. Le programme de surveillance d'irradiation de la zone continua apparemment jusqu'en 1986 mais aucun suivi médical sérieux ne fut mis en œuvre au profit de la population locale.

    Malheureusement, cet accident n'est pas le seul de l'histoire de la conquête du nucléaire. D'autres bombes H furent perdues, comme en 1962 et 1965 dans le Pacifique puis à Thulé, au Groenland en 1968. On cite aussi le cas, en 1961, de ce B-52 qui explosa en vol, en Caroline du Nord, avec 2 bombes H de 24 mégatonnes. L'une fut amortie par son parachute automatique mais l'autre percuta un champ et on découvrit qu'un seul commutateur ( sur les 6 dispositifs de sécurité ) avait empêché l'explosion de cette bombe thermonucléaire, 1.200 fois plus puissante que celle d'Hiroshima.

    Aujourd'hui, la non prolifération est le sujet le plus brûlant ( traité TNP ). En faisant exploser sa première bombe H, le 24 Août 1968, au dessus de l'atoll de Fangatofa dans le Pacifique, la France devient la 5° puissance nucléaire, après les Etats-Unis (1952), l'URSS (1953), la Grande-Bretagne (1957) et la Chine (1967). Elles seront suivies par l'Inde et le Pakistan (1998) puis par Israël et la Corée du Nord. On souhaite que cette liste s'arrête là mais de nombreux pays émergeants voudraient faire entendre leur voix au Conseil de sécurité de l'ONU.

    Veillons bien à ce que les aspirations légitimes à l'énergie nucléaire civile ne cachent pas la volonté cachée de se doter d'un armement létal autrement plus dangereux.

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