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    Fort de son prestige de conquérant des Gaules, Caïus Julius César a franchi le Rubicon ( voir mon billet du 11 Janvier ) et s'est installé en maître à Rome. Nommé dictateur à vie, il n'a de cesse de combattre ses ennemis tout en modernisant l'administration de l'empire par de grandes réformes et chantiers. Mais, au sommet du pouvoir à 55 ans, il rêve encore d'un titre royal plus universel et songe à se faire consacrer fils d'Amon l'Egyptien ou l'égal des rois grecs. Les sénateurs, dont beaucoup craignent, à juste titre, pour l'avenir des institutions républicaines, vont se liguer en complot pour l'en empêcher.

    La prochaine réunion solennelle du Sénat romain, qui doit avoir lieu, sous le « portique de Pompée », le jour des « Ides de Mars » soit le 15 Mars 44 avant JC, leur offre une occasion en or. Soixante sénateurs environ, dirigés par Gaius Cassius et les deux Brutus, forment le groupe des conspirateurs. L'un d'entre eux, feignant la colère lors du refus de sa requête, s'agrippe à la toge de César. A ce signal, tous se précipitent le poignard à la main et, selon le récit de l'historien Suétone, le frappent de 23 coups de lames.

    Parmi les assaillants figure Marcus Brutus, jeune sénateur qui se trouve être le fils de Servilia, la maîtresse de César et en qui il a placé toute sa confiance. En le voyant, César lance en grec ( la langue de l'élite romaine ) : « καὶ σὺ τέκνον » que les chroniqueurs latins traduiront par « Tu quoque, mi fili », Toi aussi, mon fils !. Les comploteurs s'enfuient en laissant le Premier Consul perdre tout son sang au pied de la statue de Pompée, son ancien rival. Ce sont ses esclaves qui le porteront hors de la curie ( bâtiment du forum où se réunit le Sénat ). Son corps ne sera pas jeté dans le Tibre, comme avaient songé les assassins, mais incinéré en place publique, le 20 Mars, ainsi que le veut la tradition.
    Quant à la république que voulaient défendre les conjurés, elle ne résistera pas longtemps aux ambitions du petit-neveu de Jules César, Octave qui se fera nommer Empereur Auguste. Il faudra attendre encore une quinzaine d'années, pendant lesquelles les guerres civiles reprirent, avant que ne s'installe la « Pax Romana ».
    César n'avait pas écouté les avertissements de son entourage : « Méfie-toi des Ides de Mars ». Il aurait du, ce furent plus que des giboulées !
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    Après la paix de Brétigny ( 1360 ) avec les Anglais, les mercenaires sont désoeuvrés et, rassemblés en « Grandes Compagnies », ils écument les campagnes qu'ils délestent de leurs ressources et du peu qu'elles conservaient pour l'impôt. Charles V, dit le Sage, s'en émeut et prenant prétexte d'un appel à l'aide du prétendant malheureux à la couronne d'Espagne, il envoie son capitaine Bertrand Du Guesclin, à la tête de ces grandes Compagnies, prêter main forte à Henri de Trastamare qui veut reconquérir la Castille ( capitale Tolède ), en guerre avec l'Aragon ( capitale Barcelone ). Ce chevalier breton s'était déjà illustré en battant, à Cocherel en 1364, les troupes du roi de Navarre Charles le Mauvais.

    Du Guesclin subit d'abord un premier échec à Navarette, en 1367, au cours duquel il est capturé par le Prince Noir, fils du roi d'Angleterre Edouard III, accouru avec le capitaine Chandos et ses troupes depuis l'Aquitaine. Le chevalier breton fixera lui-même, par orgueil, un montant élevé de rançon pour sa libération puis prendra sa revanche, le 14 Mars 1369, en battant le roi de Castille Pierre 1er , dit Pierre le Justicier puis le Cruel, à Montiel, au Sud-Est de la Castille.

    Par ruse, Bertrand amènera les deux demi-frères, concurrents au trône, à se rencontrer sous une tente où ils en viennent aux mains. Du Guesclin aidera Henri de Trastamare à prendre le dessus et, une fois Pierre mort, à monter sur le trône de Castille sous le nom de Henri II. Pour le remercier, celui-ci le couvre de récompenses et c'est en vainqueur que Du Guesclin peut se présenter à nouveau à son roi Charles V qui le fait Connétable ( grand écuyer, du latin comes stabuli ).

    C'est la fin de la première guerre civile espagnole mais également le retour aux exactions des Grandes compagnies. Aussi, le roi Charles le Sage propose-t-il à Bertrand Du Guesclin de mettre sa vigueur et son courage au service de la lutte contre les dernières places fortes aux mains des Anglais, ce qu'icelui s'acquittera avec succès, grâce à l'artillerie naissante, chassant l'anglais de Normandie, de Guyenne, de Saintonge et du Poitou.

    Il mène son dernier assaut à 60 ans, dans le Gévaudan, le 13 Juillet 1380. Le gouverneur de la place assiégée se rend et vient solennellement déposer les clés de la forteresse sur le cercueil du héros.

    Le roi le suivra de peu dans la nécropole royale de Saint-Denis où ils reposent tous les deux.

    Cette guerre entre Pierre et son demi-frère Henri préfigure celle qui amènera au pouvoir le Général Franco en 1939, en offrant à des étrangers l'occasion de régler leurs conflits intérieurs sur le dos de l'Espagne. Doit-on dire : "C'est de bonne guerre" ?

     


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    Né en 1636, presque en même temps que Louis XIV, Nicolas Boileau, dit aussi Boileau-Despréaux, décède à Paris le 13 Mars 1711. Après avoir eu dix enfants d'un premier lit, son père, greffier au Parlement, se remarie et en a encore six dont Boileau. Nous sommes là dans une bourgeoisie parlementaire et mondaine, entourée de religieux et de juristes. Boileau sera donc du Palais et un peu d'Eglise. A la mort du père, lorsqu'il a 21 ans, ses frères académicien et écrivain l'introduisent dans les milieux en vogue où il va développer sa liberté de jugement.

    Parce qu'il l'admire, il soutient Molière dans la querelle de l'Ecole des Femmes mais il restera toujours misogyne. Chargé, grâce à Madame de Montespan et bien malgré lui, d'écrire l'histoire du roi, avec son ami Racine, il ne sera pas le flatteur escompté mais sera reçu à l'Académie française en 1684. Il pense déjà à ses « satires » des mœurs du temps, impitoyables et efficaces et qui lui vaudront sa notoriété et des ennemis. Il fréquente ses aînés Molière et La Fontaine mais il reste isolé en son temps, comme lors de la querelle des Anciens et des Modernes, où il attaque le moderne Perrault, coupable de prétendre que le siècle de Louis XIV était supérieur, en matière littéraire, à celui de Périclès et d'Auguste.

    Passionné par la poésie en vers, prônant un nouvel Art poétique, parodiant le Cid et la tragédie dans le « Lutrin », il est hostile aux flatteurs et montrera toute sa vie une rare indépendance. C'est contre la casuistique ( argumentation morale sur les cas de conscience ) qu'il mènera son dernier combat en se rapprochant de la dure morale janséniste de Port-Royal, alors persécuté par les Jésuites.

    De l'édition de ses « Œuvres », dont toutes ne seront pas publiées, on retiendra ses épîtres et surtout ses satires. C'est dans « Art poétique », en 1674, que l'on trouve quelques bons mots qui ont fait le bonheur de nos leçons de morale ou de civisme, en école primaire :

    « Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément ».

    « Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage, vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage ».

    « Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire ».

    Quelle belle période littéraire féconde qui annonce le siècle des Lumières !

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  •  En Janvier 1933, rompant enfin avec une succession d'échecs ( Baccalauréat raté, concours de l'Académie des Beaux-Arts manqué, réformé à l'incorporation en Autriche, sa patrie d'origine ), Hitler accède au pouvoir en Allemagne. Il tient sa revanche et va l'exercer jusqu'à l'absurde.
    En annexant l'Autriche qu'il investit avec ses véhicules blindés le 12 Mars 1938, Adolf Hitler réalise le rêve des nationalistes allemands et autrichiens qui n'avaient jamais accepté les traités de Versailles et de Saint-Germain, signés en 1919, dont l'une des clauses interdisait le rattachement de l'Autriche à l'Allemagne.
    Ce rêve, c'est « l'Anschluss », de l'allemand « anschliessen = rattacher », qu'un référendum truqué ( 99% de votes favorables ) avalisera le 10 Avril 1938. L'Autriche est réduite à une simple province du Reich, l'Ostmark et le chancelier Schuschnigg ( qui avait été sommé de nommer l'avocat nazi Seyss-Inquart au ministère de l'Intérieur et de la Sécurité) cède sa place à un Statthalter dépendant de Berlin.
    L'acceptation de Mussolini et l'absence de réaction du côté français et britannique vont encourager Hitler à continuer dans la voie des coups de force qui aboutira à la Seconde Guerre mondiale. En effet, les démocrates occidentaux sont encore pleins d'illusions sur le Führer, reconnu « Homme de l'année » par Time Magazine, en 1938, la France reconnaît l'Anschluss comme une affaire intérieure allemande et Mussolini, qui s'était pourtant emporté contre Hitler au moment de l'assassinat de Dollfuss, ne peut plus rien lui refuser pour faire accepter l'invasion italienne de l'Ethiopie.

    Après l'Autriche, Hitler se tourne vers la Tchécoslovaquie, riche en ressources agricoles et minières. La question des « Sudètes », de culture germanique, lui en offre l'occasion : il réclame leur rattachement à l'Allemagne. Les accords de Munich, en Septembre 1938, entre Daladier, Chamberlain et Hitler, scellent la mort de la Tchécoslovaquie comme Etat indépendant, en donnant raison à ce dernier.

    On connaît la suite, l'invasion de la Pologne puis de la Belgique, l'entrée en guerre des Alliés et la prise en tenaille des troupes nazies entre les deux fronts français et russe.

    De quoi faut-il le plus s'étonner ? De la folie mégalo-maniaque d'un dictateur ou de la faiblesse de ses contemporains qui le regardent faire sans réagir ?

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  • Durant l'été 1792, des incidents ont lieu en Bretagne où les paysans s'opposent à la levée de volontaires qui doivent aller grossir les rangs des armées révolutionnaires. Jean Cottereau, dit Jean Chouan à cause de l'imitation du chat-huant ( chouette ) pour se reconnaître entre insurgés, prend la tête du mouvement de jacquerie. Le 11 Mars 1793, les jeunes gens de Machecoul, en Loire-Inférieure, qui refusent également le tirage au sort, massacrent sauvagement des prêtres constitutionnels et 300 sympathisants de la Convention. Ce n'est plus une jacquerie, c'est le début des guerres de Vendée qui vont opposer les « blancs » royalistes aux « bleus » patriotes républicains. Les griefs portent sur les exigences de l'administration et des prêtres constitutionnels, sur la lourdeur des impôts et surtout sur le refus de la conscription militaire par tirage au sort.

    Une grande partie de l'Ouest de la France est rapidement touchée par cette rébellion, soutenue par de nombreux nobles mais l'armée républicaine s'organise et reprend Cholet, en Octobre 1793, aux 30.000 Vendéens qui fuient avec femmes et enfants et traversent la Loire au Nord, dans ce qu'on appellera la « virée de Galerne ». Leur but est de faire la jonction avec les Chouans, en attendant que le Comte de Puisaye ait obtenu le renfort des Anglais qui veulent rétablir la royauté. Ceux-ci accosteront, en effet, en Juin 1795, mais à Quiberon. Trop loin pour Charrette et Stofflet qui ne peuvent que remettre en cause les accords de paix qu'ils avaient du accepter.

    Après la sanglante défaite du Mans, Chouans et Vendéens se réfugient dans les forêts et mènent des actions de guérilla ou de brigandage. Leur dispersion sera un atout pour le général Hoche qui réduira les zones de résistance les unes après les autres jusqu'à ce que les chefs, dont Puisaye et Guillemot, rendent les armes en Avril 1796.

    Georges Cadoudal, devenu chef de la Chouannerie, tentera bien de nouveaux soulèvements après 1800 mais le mouvement manque d'unité et sera finalement vaincu. Cadoudal refusera la grâce de Napoléon et sera guillotiné, place de Grève, après avoir crié « Mourons pour notre Dieu et notre Roi ». C'est devenu une devise.

    Les 3 rébellions successives des Chouans furent, en fait, la convergence des intérêts partisans des bandes de paysans mécontents et réunis en jacqueries, de l'espoir des nobles de restaurer la royauté après la Révolution française, et la conséquence de la frustration de l'Ouest de la France qui n'avait obtenu de la jeune République que des désagréments. Pas d'armée organisée, peu de combattants, peu d'encadrement rassembleur malgré de nombreux chefs et un soutien irrégulier de la population, le mouvement était voué à l'échec.

    Aujourd'hui, il fait pourtant la fierté d'un quart de la France qui revendique son panache. Son emblème pourrait être la chouette : « ...il est à remarquer que l'oiseau consacré jadis à la sagesse armée devint comme une sorte d'emblème de la piété belliqueuse de nos paysans », dit l'un des nombreux historiens de cette période. Tiens, je croyais que c'était le cœur !

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