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    Alors que les Français se déchirent sur la question des 35 heures hebdomadaires, combien ont en mémoire qu'il y a un siècle environ (c'est peu dans l'histoire), hommes, femmes et enfants travaillaient 10 à 12 heures par jour sauf le dimanche, soit 60 à 72 heures par semaine, le double d'aujourd'hui ? On croit rêver quand on lit que le Traité de paix, signé à Versailles, au lendemain de la première guerre mondiale, fixe comme grande avancée sociale « l'adoption de la journée de 08 heures ou de la semaine de 48 heures comme but à atteindre partout où elle n'a pas encore été obtenue ».

    Tout a commencé en 1884, lorsque les principaux syndicats ouvriers des Etats-Unis, réunis au cours du IV° congrès de l'American Federation of Labor, décident d'entamer une lutte de deux ans pour imposer, aux patrons, la limitation de la journée de travail à 08 heures. En Amérique, le 1er Mai est le début de l'année comptable dans beaucoup d'entreprises. On choisit donc ce jour-là pour débuter l'action de force. Quelques employeurs cèdent mais, le 1er Mai 1886, environ 340.000 travailleurs n'ont pas obtenu satisfaction et font grève. Le 03 Mai, une manifestation fait trois morts parmi les grévistes de la société McCormick Harvester à Chicago, ce qui entraîne une marche de protestation le lendemain. Soudain, une bombe explose devant les forces de l'ordre faisant 15 morts chez les policiers. Huit anarchistes sont arrêtés dont quatre seront pendus sans qu'on soit vraiment sûr qu'ils furent les auteurs.

    Trois ans après le drame de Chicago, les congressistes de la II° Internationale socialiste, réunis à Paris, décident que sera organisée une grande manifestation, à date fixe tous les ans, pour réclamer la journée de 08 heures. C'est la naissance de la Journée du Travail, le 1er Mai de chaque année, respecté dans la plupart des pays occidentaux et devenue, depuis, la Fête du travail. On défile alors avec un triangle rouge à la boutonnière ( trois tranches égales de 08 heures dans la journée : travail, sommeil, loisirs ), remplacé bientôt par la fleur d'églantine puis le brin de muguet, première fleur du printemps.

    Mais, le 1er Mai 1891, à Fourmies, dans le Nord de la France, la manifestation tourne au drame et la troupe tire sur la foule amassée. Parmi les 10 victimes, l'ouvrière Marie Blondeau, habillée de blanc et les bras couverts de fleurs, devient le symbole de cette journée. Dès lors, le 1er Mai s'enracine dans la tradition de lutte des ouvriers européens, dont les revendications s'élargissent en lutte des classes. La Loi française rendra obligatoire la journée de 08 heures, en Avril 1919.

    C'est la Russie, la première, qui en fera une journée chômée, en 1920, suivie lentement par les autres pays ( 1941 en France, loin après le 1er Mai 1936 qui consacrera le Front populaire ). Aujourd'hui, ce jour est férié, chômé et payé dans la plupart des pays occidentaux sauf, bizarrement, aux USA où il n'est que le Jour du Printemps ( May Day ), la Fête du travail américaine ( Labor Day ) étant célébrée le premier Lundi de Septembre ( sans doute pour ne pas s'aligner sur les tendances marxistes européennes ).

    Le muguet, signe de la joie d'aimer, transposition de l'arbre de Mai, dédié à la Vierge Marie, est porte-bonheur. Pour preuve, on peut le vendre librement, ce jour-là, sans taxe. « En Mai, fais ce qu'il te plait » dit la sagesse populaire. Le 1er Mai, lui, a été décrété Fête de Jeanne d'Arc par le Front National, alors que la Loi de 1920 dispose que celle-ci devrait avoir lieu le deuxième dimanche de Mai, jour anniversaire de la délivrance d'Orléans.

    Cette année encore, le 1er Mai fera le plein de manifestants dans le monde. Les pancartes demanderont encore plus de liberté, d'argent, de temps libre. N'oublions pas d'où nous venons. Rendez vous compte : 72 heures par semaine !

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    Pour contrer l'expansion des Etats-Unis, alors en pleine guerre de Sécession, et leur domination sur tout le continent américain, les dirigeants européens décident, en 1860, de profiter de l'instabilité du Mexique, pour y installer une monarchie qu'ils s'accordent à proposer à l'archiduc Maximilien, frère de l'empereur d'Autriche. Le Mexique est en proie à une guerre civile, entre 1857 et 1860, qui voit le libéral Benito Juarez l'emporter sur le conservateur Félix Zuloaga. Mais ces troubles ont épuisé les finances du pays et Juarez décide de suspendre la dette extérieure. Les puissances créancières ( britannique, espagnole et française ) envoient alors un corps expéditionnaire au Mexique pour faire valoir leurs droits.

    Napoléon III dépêche, en 1861, quelques 2.500 Français qui débarquent à Vera Cruz et sont aussitôt atteints par la fièvre jaune. Le plan consiste à contrôler le port de Vera Cruz et la ville fortifiée de Puebla, ce qui ouvrirait les portes de Mexico. En Mars 1863, le régiment de Légion étrangère ( il n'y en a qu'un ), fort de deux bataillons, du colonel Jeanningros est envoyé en renfort avec pour mission d'assurer la sécurité des convois de ravitaillement des unités qui assiègent la place et sont souvent attaqués.

    Le 29 Avril 1863, le colonel apprend qu'un convoi de matériel d'artillerie et de vivres, emportant en outre 3 millions en numéraires, est en route pour Puebla, assiégée. Les compagnies qui l'escortent sont affaiblies par la maladie. Sur insistance du capitaine Jean Danjou, son adjoint, Jeanningros décide donc d'envoyer une compagnie, en avant du convoi sur l'itinéraire. Danjou, vétéran des campagnes de Crimée et d'Italie, se porte volontaire pour commander cette unité qui n'avait plus d'officiers. Deux sous-lieutenants le suivent. 65 hommes forment cette unité, au lieu des 120 habituels.

    Arrivés à hauteur du village de Camaron, au matin du 30 Avril, les troupes du colonel mexicain Milan, qui veulent avoir les mains libres pour attaquer le convoi, ont monté une embuscade. Milan dispose de 1.200 fantassins et de 800 cavaliers, tous équipés des meilleures armes américaines du moment. Il se rue sur cette petite poignée de français à pied. Mais ces assauts sont repoussés par les légionnaires, regroupés en carré. Dans la bagarre, les mulets transportant le ravitaillement en vivres et munitions des légionnaires s'enfuient, affolés par le bruit. Dès lors, les hommes n'ont plus que 60 cartouches chacun et n'auront plus rien à boire ni à manger. Danjou préfère se replier sur l'hacienda aux murs épais de Camaron, même si elle est en mauvais état.

    Toute la matinée, les assauts et les propositions de reddition des mexicains seront repoussés. Le capitaine Danjou jure de ne jamais se rendre et ses hommes font de même avec ardeur mais il est atteint d'une balle, en pleine poitrine, à 11 heures en inspectant ses positions. Il y perdra aussi sa main de bois articulée qu'on peut voir aujourd'hui à Aubagne. Le sous-lieutenant Vilain prend le commandement et repousse, lui aussi, une nouvelle proposition de reddition du colonel Milan. Celui-ci, excédé, sermonne ses troupes qui n'arrivent pas à prendre le dessus « d'une bande de braves » et, à 17 heures, donne l'assaut final. L'hacienda est en feu. Le sous-lieutenant Maudet, qui a remplacé Vilain, tué lui aussi, fait mettre la dernière cartouche à ses 4 derniers légionnaires et charge, avec eux et baïonnette au canon, malgré une mort certaine. Face aux 2.000 mexicains, qui ont laissé 300 morts sur le terrain, ne restent plus que le caporal Maine et 2 légionnaires qui refusent encore de se rendre, sauf si on leur laisse leurs armes et qu'on soigne les blessés.

    Impressionné par leur courage et leur petit nombre, le colonel Milan s'exclame : « Ce ne sont pas des hommes, ce sont des démons ». Du coup, il en oubliera le convoi de ravitaillement qui parviendra à bon port. La compagnie Danjou a bien rempli sa mission. Milan enterrera les corps des soldats tombés, victimes du devoir, avec les honneurs militaires. Un monument souvenir marque, depuis 1892, l'emplacement de ce combat qui va devenir le symbole des valeurs du légionnaire, fidélité à la parole donnée et à la mission, quel qu'en soit le coût. On peut y lire : « Ils furent ici moins de 60, opposés à toute une armée. Sa masse les écrasa. La vie plutôt que le courage abandonna ces soldats français, le 30 Avril 1863 ».

    Désormais, l'inscription « Camerone 1863 » figure sur tous les drapeaux de la Légion étrangère, à côté de « Honneur et fidélité ». Le général Rollet, qui a réhabilité les traditions de ce corps d'élite : code d'honneur, pionniers, mascotte, cravate et chaussettes vertes, képi blanc, épaulettes vert et rouge, pas lent, sera aussi le premier à imposer le 30 Avril comme fête de la Légion.

    La Légion est de tous les théâtres et de tous les combats. Pour ses membres, c'est une famille et souvent une deuxième chance dans la vie : « Legio patria nostra », la Légion est notre Patrie. Ce sont véritablement des « Etrangers, devenus fils de France, non par le sang reçu, mais par le sang versé ». Mieux qu'une épitaphe, un Honneur !

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    Chers amis blogeurs, je dois faire une pause dans l'émission de mes bulletins journaliers.

    Mais cette parenthèse sera courte.

    Alors, patience et merci pour votre fidélité.

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    Comme souvent, une grande catastrophe naît de l'accumulation de négligences et d'erreurs bénignes en soi mais qui, cumulées, s'avèrent dramatiques. Ce fut le cas ce 26 Avril 1986 autour du réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, à 110 kilomètres de Kiev, en Ukraine.

    La centrale nucléaire Lénine, sur un affluent du Dniepr près de Tchernobyl ( noir et blanc, en russe ), est une vieille centrale de 1977, dont le cahier des charges et les normes de construction n'avaient pas été respectés et qui ne dispose pas d'enceinte de confinement, de type Three Mile Island, par exemple.

    Ce 26 Avril, les opérateurs de la centrale effectuaient un test sur un système de contrôle électrique de l'un des 4 réacteurs. Pour cela, les systèmes de sécurité avaient été désactivés, et les signaux de dysfonctionnement mal interprétés. Au départ, une température excessive à l'intérieur de la cuve où sont situés les barres (crayons) de combustible nucléaire et le graphite, servant de modérateur, entraîne une surpression et l'explosion thermique du cœur de cette partie de centrale. La dalle du toit en béton, de 200 tonnes, saute et libère, dans l'atmosphère, des matériaux gazeux ou solides, fortement radio-actifs. Qui plus est, cette dalle retombe sur le réacteur en dessous qui entre en fusion. Cette explosion a été entretenue, par la suite, par la combustion du graphite. Un ballet d'hélicoptères ( Vidéo ) sera chargé de déverser des milliers de sacs de sable, d'argile et de plomb dans le brasier pour arrêter la réaction incontrôlée.

    D'emblée, fidèles à la culture du secret du système soviétique, les autorités ont minimisé la gravité, prétendument moyenne, de l'accident (en fait, de niveau 7, le plus élevé) et n'ont jamais averti des risques encourus, les ouvriers et soldats qu'ils ont envoyés en grand nombre pour colmater le trou béant, construire un « sarcophage » géant et ramasser les débris. Ce n'est que lorsque la Suède détecte un taux anormal de radioactivité dans l'atmosphère, deux jours plus tard, que les autres pays d'Europe vont s'inquiéter et que l'Agence soviétique Tass sera obligée de donner quelques détails sur l'explosion et ses conséquences. Il faudra bien aussi évacuer les 115.000 habitants qui résidaient dans un rayon de 30 kilomètres autour du site.

    La déflagration a projeté dans l'air un immense nuage, fait de débris divers, tous lourdement radio-actifs et dont les effets s'atténueront avec le temps. Les vents vont pousser et disperser ce nuage sur toute l'Europe mais certains gouvernements, comme la France, auront peur d'en révéler toute l'étendue.

    Dans les mois qui ont suivi, quelques 600.000 ouvriers « liquidateurs », venus d'Ukraine, Biélorussie, Pays Baltes ou Russie, ont été chargés de décontaminer le terrain, sans bénéficier, pour eux-mêmes, de protection suffisante. Beaucoup en sont morts ou ont contracté des cancers, notamment de la tyroïde. En 2000, les autres tranches de la centrale ont été arrêtées, sous la pression de l'Union européenne et en échange d'aides financières importantes.

    Le bilan réel des victimes ne sera jamais connu avec certitude. On l'estime à des centaines de milliers de morts ou de malades, atteints de leucémies, cancers multiples ou déformations congénitales. Mais, à quelque chose malheur est bon, dit le proverbe, et cet accident forcera toutes les autres nations à renforcer leurs propres mesures de sécurité, même si leurs centrales sont mieux conçues et mieux contrôlées.

    On sait que l'économie mène le monde et que 1 kg d'uranium produit la même quantité d'énergie que 50 wagons de charbon mais Tchernobyl fut un avertissement pour l'humanité. Ne l'oublions pas !


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    Dans la revue scientifique « Nature », parait un article d'une page, le 25 Avril 1953, sous le titre peu digeste de « A structure for Desoxyribose nucleic acid » et qui ne va pas provoquer d'émoi mais qui révolutionne notre connaissance du vivant. Le jeune biologiste américain Jim Watson et le physicien britannique Francis Crick y décrivent la structure de « l'acide désoxyribonucléique » (ADN) que l'on connaissait déjà, depuis Avery, mais sans l'avoir jamais inventorié.

    Les deux savants ont découvert que la molécule d'ADN a la forme d'une double hélice qui ressemble à une échelle enroulée sur elle-même sur toute sa longueur. Chaque barreau est composé de deux bases qui fournissent le code génétique. La séquence de ces quatre bases, disposées le long de l'ADN, déchiffre toute l'information contenue dans les gènes. Les molécules d'ADN sont ainsi les briques du vivant et elles constituent le point commun entre toutes les cellules de tous les règnes. Les deux savants recevront le prix Nobel de physiologie et de médecine en 1962, avec Maurice Wilkins, associé à leurs travaux.

    Il a fallu plusieurs étapes pour en arriver là : en 1869, le suisse Miescher isole la « nucléine » du noyau puis, 20 ans plus tard, l'allemand Altman sépare les protéines et « l'acide nucléique », lequel s'avérera, grâce à l'allemand Kossel en 1896, riche de 4 « bases azotées » Adénine, Thymine, Cytosine, Guanine (A, C, T, G). En 1928, les américains Levene et Jacobs identifient le « désoxyribose » mais c'est le bactériologiste Thomas Avery qui découvre, en 1944 à New York, que l'ADN est l'agent transformant des chromosomes et donc le support de l'hérédité. En 1949 enfin, les règles d'équivalence de Chargaff, A et T d'une part et C et G d'autre part, pour une même espèce, ont été démontrées. Watson et Crick ont cueilli le fruit mûr en 1953. Ils comprennent que l'ordre des bases, le long de la molécule d'ADN, détermine la signature génétique de l'individu et que la transmission héréditaire des caractéristiques de celui-ci est due au pouvoir de la structure génétique en hélice à se séparer en deux, à la manière d'une fermeture éclair.

    Désormais, en médecine, on ne voit plus la guérison de la même manière. Les recherches sont axées sur l'identification des gènes déficients dans le but, soit de les retirer, soit d'introduire un autre gène qui contredit le message du gène déficient. C'est la thérapie génétique qui permet à l'homme de modifier les patrimoines génétiques. La loi de la sélection naturelle a vécu. En 2001, une nouvelle étape fondamentale a été accomplie avec le séquençage complet du « génome humain ». Restera à décrypter le « protéome humain » qui regroupe toutes les protéines dont nos gènes commandent la fabrication.

    On n'a pas fini de découvrir les applications de cette découverte, en biologie mais aussi dans l'agriculture, la police judiciaire et la pensée. Aujourd'hui, alors que la double hélice est devenue un emblème en art moderne, les biologistes cherchent à comprendre comment naissent les instincts et les pulsions dans le cerveau. La recherche a encore de beaux jours devant elle. Passionnant !

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