• <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    Peu de temps après la fin de la seconde guerre mondiale, un jeune pilote privé américain, Kenneth Arnold, rapporte avoir vu, au dessus du Mont Rainier, dans l'Etat de Washington, le vol de neuf engins non identifiés. Ce 24 Juin 1947, en effet, Arnold qui est un pilote sérieux, effectue une reconnaissance pour le compte du « Search and Rescue Mercy Flyer » et n'a aucune raison d'affabuler.

    Arnold répéta son histoire à un groupe de curieux. Les objets volaient de façon irrégulière, comme un boomerang ou une soucoupe que vous faites rebondir sur l'eau, explique-t-il. Un journaliste présent dans le groupe retient le nom et son reportage fera état de « soucoupes volantes ». C'est la première fois que ce terme est prononcé et c'est sans doute lui qui influencera de centaines de témoins d'OVNI (objets volants non identifiés), qu'ils décriront justement sous la forme d'une soucoupe ( flying saucer ), même si la vision furtive qu'ils en ont eue ne leur permettait pas de l'affirmer. Les sceptiques ont trouvé l'explication rationnelle d'un vol de pélicans blancs qu'Arnold n'avait jamais vu de sa vie.

    Au même moment, début Juillet 1947, dans le désert de Roswell, nouveau Mexique, l'US Air Force collecte furtivement les débris d'un engin étonnant et les met en sûreté, loin de la vue des badauds. Cet empressement à dissimuler l'événement fera grossir la légende d'un crash de vaisseau d'extra-terrestres. Il s'agissait, vraisemblablement, d'un ballon-espion top-secret, dans le cadre du projet Mogul servant à espionner les essais nucléaires russes.

    Dès lors, tout va s'enchaîner. Un an plus tard, les pilotes de l'Eastern Airlines observent un long « cigare volant » sans ailes mais brillant. En 1950, on va même photographier des soucoupes volantes. Puis la forme change, ce sont bientôt trois lumières en triangle ou des boules lumineuses qui sont observées. Le phénomène franchit l'Atlantique et les apparitions sont décrites dans le Puy de Dôme ou les Pyrénées. On dépeint des vitesses inimaginables, au dessus des Grands lacs canadiens, en 1953, et les avions de chasse qui les poursuivent ne reviennent pas. Mystère. Boule verte à Madagascar et atterrissages en séries en France en 1954. Un fermier brésilien est même invité quelques heures à bord d'un OVNI, en 1957. On commencera à voir des petits hommes verts dans les années 1960. En 1967, des témoins s'approchent des engins posés en plein champ et du souffle chaud que ceux-ci dégagent, aussi bien au Canada que dans le Cantal. Il ne faudra pas attendre longtemps avant qu'on ne parle d'enlèvement que les initiés appellent « abduction ». En 1978, on filme des passages d'OVNI et on les enregistre sur les radars de surveillance des aérodromes. Tous les ans voient leur cortège d'OVNI, comme le survol de la France en 1990 ou à Guernesey en Avril 2007.

    Mais non identifié ne veut pas dire forcément extra-terrestre. Les ufologues eux-mêmes ( de UFO : unidentified flying objects ) se disputent sur les explications à apporter à certains faits. Pour en avoir le cœur net, on crée des organismes de suivi, tel que le CUFOS ( Center for UFO Studies ) ou le GEPAN ( Groupe d'étude des phénomènes aérospatiaux non identifiés ) à Toulouse, dépendant du CNES.

    Les explications à ces phénomènes sont souvent physiques ou psychologiques. Physiques quand l'objet lumineux filant à très grande vitesse peut s'assimiler à une rentrée atmosphérique de météorite ou d'étoile filante. Les premiers avions furtifs F 117 américains, indétectables et évoluant avec seulement trois points lumineux, ont été l'objet de nombre de rapports alarmants, y compris en Europe. Psychologiques quand les témoins subissent une hallucination visuelle prenant appui sur l'occurrence d'un phénomène naturel ou météo inattendu. L'imagination et la peur de l'inconnu entraînent parfois la conviction d'avoir réellement vécu ce qu'on redoute le plus.

    Vous l'aurez compris au ton de mon article, je ne crois pas aux soucoupes volantes mais elles font vivre les romanciers de science fiction, c'est déjà une belle réalité. Merci aux petits hommes verts de soutenir l'édition.

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  • <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>En 1850, la capitale française n'a pas l'aspect harmonieux que nous lui connaissons aujourd'hui. Un entrelacs de rues étroites et sinueuses forme le cœur de Paris que la population rend responsable de l'insalubrité, empêchant la circulation de l'air et la dispersion des miasmes, porteurs de maladies. Ouvrir de grandes avenues serait plus hygiénique.
    Napoléon III, dès qu'il obtient les pleins pouvoirs, peut imprimer sa marque en matière d'urbanisme, pour des raisons sociales certes, mais diront certains, pour des raisons tactiques aussi en permettant à la force publique de s'élancer sur de grandes artères que le canon peut battre sur toute leur longueur. Les soulèvements populaires ont renversé plusieurs régimes depuis 1789. Napoléon reprend les idées de Rambuteau ( qui avait réalisé les premières percées en 1836 ) et cherche l'homme déterminé et fidèle qui saura mettre sa politique en œuvre. Il a vu la transformation de Londres avec ses grands parcs et son réseau d'assainissement. Paris se doit d'être à la hauteur. Ce sera le Baron Georges Eugène Haussmann que l'on nomme Préfet de la Seine, le 23 Juin 1853.
    Haussmann a l'obsession de la ligne droite. Il va tailler de grandes coupes Est-Ouest et Nord-Sud, se croisant au Châtelet, de 20 à 30 mètres de large qui nécessiteront d'abattre de nombreux bâtiments, amputer des cours, raser l'église Saint-Benoit et la moitié de l'île Saint-Louis ou même la maison où il est né car mal placée sur son plan. Mais on lui doit les Champs Elysées, les avenues en étoile qui convergent vers l'Arc de Triomphe et quelques belles perspectives. Il aura eu raison de l'insalubrité et du choléra, mais pas de la tuberculose.
    La rénovation de Paris se veut globale, en surface et en sous-sol. En surface, percement de nombreux grands boulevards, vastes avenues et rues transverses qui vont désengorger Paris. Mais construction aussi de nouveaux édifices, comme l'Opéra ( de Garnier ), les Halles ( de Baltard ), des ponts, les grandes gares ou certains théâtres. Enfin, aménagement de parcs et jardins, comme le parc du Luxembourg ou de Montsouris et l'entretien des bois de Vincennes et de Boulogne. En sous-sol, un nouveau circuit d'approvisionnement en eau potable et en gaz ainsi qu'un système d'évacuation des déchets et des eaux usées. L'eau potable, qui était puisée dans l'Ourcq jusqu'alors, sera acheminée depuis Château-Thierry sur un aqueduc de 600 kilomètres, construit par l'ingénieur Belgrand entre 1865 et 1900. En sous-sol encore, le système des égouts, datant de 1370, est complètement rénové et élargi jusqu'à Asnières où il débouche et une loi de 1852 impose le raccordement des immeubles à ces égouts modernes.
    La construction des immeubles, le long des nouvelles voies, est soumise à des conditions particulières sur l'aspect des façades et des balcons qui doivent être alignés au même niveau, d'un immeuble à l'autre. La pierre de taille est obligatoire sur les boulevards. Mais Haussmann n'a pu éviter la dissymétrie, encore actuelle, entre l'Ouest plus bourgeois et l'Est plus populaire.
    Grâce au soutien inconditionnel de Napoléon III, le « Baron » Haussmann ( qui aurait usurpé son titre ) pourra présider pendant 17 ans (1853 à 1870) aux énormes changements urbains de la capitale qui seront financés par un emprunt de l'Etat, de 250 millions de francs, en 1865 puis un autre de 260 millions en 1869. Les travaux d'Haussmann seront donc décidés et encadrés par l'Etat, mis en œuvre par les entrepreneurs privés et financés par l'emprunt. Sa persévérance à transformer Paris lui vaudra d'accéder à la fonction de Sénateur, en 1857 puis de membre de l'Académie des Beaux-Arts, dix ans plus tard.
    Mais interminables, défigurant certains quartiers, gouffres à dépenses non contrôlées, les travaux d'Haussmann s'attirèrent des critiques et mécontentements légitimes, notamment à cause des expropriations. Emile Zola, dans son roman « La curée » et plus encore Jules Ferry dans un célèbre pamphlet qu'il intitule « Les comptes fantastiques d'Haussmann » (1) dénonceront la corruption et le trou financier qui se creuse, à mesure que les prêts diminuent. Le Baron constructeur sera finalement renvoyé au début de 1870, après un débat au Parlement, quelques mois avant la défaite de Sedan et la chute du Second Empire qu'il aura soutenu jusqu'au bout.
    Aujourd'hui encore, nous pouvons admirer ces ensembles architecturaux harmonieux et homogènes, par quartier entiers, qui tranchent sur l'anarchie de certains centres des capitales étrangères. Je regrette quand même cette « verrue » qu'est la tour Montparnasse qui avait sa place ... à la Défense.
    (1)   : par allusion aux « Contes fantastiques d'Hoffmann »
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  • <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>L'effondrement du IIIème Reich de Hitler, en 1945, entraîne la partition de l'Allemagne en deux zones, l'une sous occupation soviétique, à l'Est, qui deviendra la République Démocratique Allemande (RDA) et l'autre sous occupation alliée, à l'Ouest, devenue la République Fédérale Allemande (RFA). Opposant deux mondes rivaux, une frontière « en dur » sera érigée par le bloc de l'Est entre ces deux parties d'un même peuple germain.
    Des points de contrôle, Check points, servent de filtres à certains endroits de ce « Mur de la Honte » où les échanges sont possibles sur la nouvelle frontière. Les forces alliées ( britannique, française et américaine ) disposent de trois postes contrôle pour transiter d'un bord à l'autre, qu'ils ont nommés A alpha, B bravo, C charlie, selon l'alphabet militaire et OTAN. Alpha, à Helmstedt, ouvre une porte entre RFA et RDA, en dehors de Berlin. Bravo, à Dreilinden-Drewitz, permet d'entrer à Berlin par le Sud-Ouest, en venant d'Allemagne de l'Est et Charlie, sur la Friedrichstrasse, artère mythique de la ville, permet aux étrangers et aux personnels diplomatiques d'accéder au secteur soviétique de Berlin, en venant de Berlin Ouest. Pendant 28 ans, de 1961 à 1989, Berlin Ouest restera une île occidentale en RDA.
    Après le séisme inattendu du 09 Novembre 1989, où des berlinois en liesse attaquent le mur avec toutes sortes d'outils dérisoires, le fameux point de passage Check point Charlie disparaît enfin, le 22 Juin 1990, comme vont d'ailleurs disparaître pratiquement tous les vestiges du « Berliner Mauer » sous la pioche des collectionneurs et des spéculateurs. On en retrouve des fragments colorés dans de nombreux musées ou parcs du monde entier. Ne reste plus, à Berlin, que de grandes trouées, là où se trouvait le no man's land interdit et des noms de rues à la gloire des héros de la révolution. Pour matérialiser le tracé du Mur disparu, la ville a construit un pointillé de pavés couleur brique, au sol, dans lequel est incrusté, de loin en loin, une plaque de cuivre datée. Un circuit historique en 4 langues rappelle un événement tragique de chacune des 29 étapes de celui-ci. Le panneau avertisseur « You are leaving the american sector » ne se lit plus que sur les cartes postales du Musée du mur et Check point Charlie a été grossièrement reconstitué pour les touristes.
    Combien parmi ceux-ci se souviennent de l'effroi des berlinois, au matin du 13 Août 1961, lorsqu'ils découvrirent un réseau de barbelés et de chevaux de frise coupant la ville en deux, selon les ordres de Ulbricht et Honecker qui veulent endiguer l'exode croissant des ressortissants de RDA ? En Septembre, un mur de 3,60 m de haut est construit, puis un autre en profondeur qui crée, entre les deux, un no man's land dénudé, infranchissable et surveillé par les mitrailleuses des miradors. Savent-ils, ces touristes, qu'en Octobre 1961, dix chars américains et dix soviétiques, face à face à Check point Charlie, sont à deux doigts de s'affronter et d'enclencher un conflit nucléaire ? Pensent-ils à ces centaines d'Allemands de l'Est qui perdirent la vie en essayant de franchir ce mur honteux, véritable concrétisation matérielle du « rideau de fer » ?
    Le nouveau Berlin a pratiquement gommé tous les signes concrets de cette cicatrice de pierre et l'on s'étonne de voir ressurgir un tel mur, aujourd'hui, en Israël, alors qu'on est déjà si loin de la Guerre froide.
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  • <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    Plus jeune Sous-préfet de France à 21 ans, dès 1925, Jean Moulin est passionné par la politique. En 1937, il devient une fois de plus le plus jeune Préfet français en étant affecté en Aveyron puis à Chartres. A la déclaration de guerre, fort de son grade de Sergent de réserve, il demande à servir au front mais l'Administration préfectorale le maintient dans ses fonctions.

    Sous le régime de Vichy, après 1940, il est de bon ton de collaborer avec l'occupant mais Jean Moulin est fidèle à une éthique personnelle et ne peut la trahir. Le préfet Moulin refuse donc de signer un document qui accuse, à tort, une troupe de Tirailleurs africains d'avoir commis des atrocités envers des civils. En fait, les victimes ont succombé sous les bombardements allemands. Il est arrêté, maltraité et enfermé pour refus de complicité avec le vainqueur. Craignant de ne pouvoir supporter la torture, il tente de se suicider avec un débris de verre, échappe de peu à la mort et gardera à vie une cicatrice, cachée sous une écharpe. Vichy le révoque et le place en disponibilité.

    Depuis sa maison de Saint-Andiol, il a vent de l'appel du Général de Gaulle, émis à la radio de Londres le 18 Juin 1940. Il entre alors en résistance et rejoindra le général en Septembre 1941, auquel il dressera un tableau controversé de la résistance en France et des besoins de celle-ci. De Gaulle perçoit en lui un homme déterminé et le charge d'unifier les mouvements de résistance et tous leurs différents services (propagande, renseignements, sabotage, etc ...) sur le territoire français.

    Parachuté en Provence, dans la nuit du Nouvel an 1942, Jean Moulin se donne pour première tâche de convaincre les trois plus grandes organisations d'unir leurs efforts au sein des Mouvements Unis de Résistance (M.U.R.) mais, quand on a créé « Combat » comme Henri Frénay ou « Libération Sud » comme Emmanuel d'Astier de la Vigerie, ou encore « Franc-Tireur » comme Jean-Pierre Lévy, on tient à son autonomie. C'est tout l'art persuasif de Jean Moulin de réussir ce qui paraissait hors de portée à chacun. Il crée des services clandestins communs : atterrissages, information et presse, noyautage des administrations publiques. Il distribue les fonds, assure les liaisons avec Londres, coordonne les distributions d'armes, recrute des agents instructeurs, bref, agit, sans en avoir le titre, comme le véritable chef de la résistance, en zone Sud d'abord puis sur tout le territoire.

    Utilisant une couverture artistique, via l'atelier de marchand d'art « Romanin » qui lui va bien puisqu'il adore peindre, il organise les actions de nuit, sous le pseudo de Rex puis de Max, en liaison avec le chef de « l'Armée secrète », le général Delestraint. Lors d'un énième voyage à Londres, il reçoit de De Gaulle la mission de créer, en métropole, le Comité National de Résistance (CNR) dont il prend la tête non sans difficultés pour se faire admettre comme unique chef des différents mouvements.

    La première réunion du CNR a lieu à Paris, le 27 Mai 1943. Une autre réunion secrète est prévue le 21 Juin à Caluire, près de Lyon pour réorganiser la tête de la résistance après l'arrestation de Delestraint. Tous les responsables sont présents chez le docteur Dugoujon quand soudain arrivent trois Tractions noires de la Gestapo qui déversent une dizaine d'hommes commandés par Klaus Barbie. Un seul des huit résistants, René Hardy, parviendra à s'échapper. C'est donc à lui qu'on attribue la trahison d'avoir révélé le lieu et l'heure de la réunion clandestine. Interrogé au Fort de Montluc par Barbie, Max sera transféré ensuite à Paris où la Gestapo va le torturer sans pour autant rien obtenir. Au bout de plusieurs d'heures de sévices inhumains, alors qu'il ne peut plus parler, on lui tend un papier pour qu'il écrive les noms des membres de son réseau. Il fait un dessin sur la feuille et reprend des coups. On décide de le conduire à Berlin mais il meurt des suites de ses blessures pendant le voyage en train, le 08 Juillet 1943. Il n'a jamais parlé ; or lui seul savait tout de la résistance française. Une fois encore, après avoir unifié la résistance, il a sauvé son pays par son mutisme héroïque.

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  • <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    Un an après la fin de la Révolution française, la monarchie constitutionnelle qui en est sortie, avec Louis XVI, l'exécutif toléré, et une Assemblée constituante assagie, semble bien installée. Le 18 Juin 1791, pourtant, un incident mineur va précipiter le cours de l'Histoire. Au départ des Tuileries, Louis veut se rendre à Saint-Cloud pour recevoir la communion d'un prêtre non assermenté. Les Parisiens l'en empêchent. Pour le roi, très pieux et vexé, c'en est trop et, au soir du 20 Juin, il décide d'abandonner le « vain simulacre de la royauté » et de mettre en pratique le conseil de Mirabeau : rejoindre le quartier général du marquis de Bouillé, dans la forteresse de Montmédy, d'où il pourra revenir avec des troupes dévouées à la monarchie et en finir avec ces révolutionnaires encombrants.

    Dans la nuit du 20 au 21 Juin 1791, une berline tirée par six chevaux car lourdement chargée, s'éloigne en catimini de Paris, en direction de Metz, avec à son bord le roi Louis, la reine Marie-Antoinette, leurs deux enfants et leur gouvernante, ainsi que Madame Elisabeth, la sœur du roi. A l'autre bout du trajet, Bouillé qui est général en chef des troupes de l'Est de la France, prépare des escortes à cheval pour venir à leur rencontre. 180 Dragons à Clermont-en-Argonne et 40 Hussards à Sainte-Ménehould. Mais les préparatifs, grossièrement improvisés, autant que les déguisements, ont mis l'équipage royal largement en retard ( 3 heures ) et le comité d'accueil, las d'attendre, manquera au final.

    A 07 heures, le lendemain 21 Juin, le valet de chambre s'aperçoit de la disparition du roi et l'alerte est donnée. La nouvelle de « l'enlèvement » se répand dans Paris et La Fayette envoie des estafettes aux quatre coins de France, ordonnant de les arrêter. Les deux voitures royales ( un cabriolet a rejoint la berline avec deux femmes de chambre ) s'arrêtent à Montmirail. A Chalons-sur-Marne, le convoi a 04 heures de retard et les détachements à cheval qui s'impatientent plus loin, créent des attroupements.

    Au relais de Sainte-Ménehould, le maître de poste, Jean-Baptiste Drouet inspecte ce drôle d'équipage et croit reconnaître le roi qu'il avait déjà vu quand il avait séjourné à Versailles ( la photographie n'existait pas encore et la figure du roi n'apparaissait que sur les écus ). Il en avertit la municipalité et part, au gallot avec un ami, de « Menou jusqu'à Varane, par les boués » pour alerter les patriotes de Varennes-en-Argonne.

    Quand la berline royale arrive à Varennes, sans escorte, la petite ville argonnaise est déjà en ébullition. Radet a rassemblé la Garde nationale et fait mettre deux canons à l'entrée du pont sur l'Aire pour leur barrer la route. Le tocsin sonne, rameutant la population. Jean-Baptiste Sauce, le procureur des lieux, se dirige vers la voiture qui manoeuvre sous la voûte étroite de l'église Saint-Gengoult qui enjambe la rue. Il en fait descendre les voyageurs et les convie dans son épicerie, à deux pas de là. C'est là qu'ils passeront la nuit

    Au matin du 22 Juin, les patriotes de Varennes, rejoints par les gardes arrivés de Paris, décident de renvoyer la famille royale à Paris. Cette fois, les « fugitifs » seront escortés par la Garde nationale varennoise et les dragons arrivés entre temps. Sur le trajet du retour, la foule avertie par le tocsin, se presse pour voir passer « le boulanger, la boulangère et les petits mitrons ». A Paris, l'Assemblée législative, avertie par le médecin Mangin de Varennes, se prépare à recevoir le cortège royal. Des consignes sont données, une pétition et des pamphlets circulent. «  Quiconque applaudira le roi sera bastonné, quiconque l'insultera sera pendu ».

    Au soir du 25 Juin 1791, après toute une série de haltes et relais où la nouvelle se répand, le cortège arrive enfin aux portes de Paris qu'il franchit dans le silence réprobateur des badauds, jusqu'aux Tuileries.

    Ratée car totalement improvisée, cette équipée aura des conséquences néfastes sur la confiance du peuple envers son souverain. La « fuite » à Varennes-en-Argonne entraînera des soupçons de trahison avec l'étranger et précipitera, pour Louis XVI, la déchéance de son titre royal, son jugement par la Convention nationale et sa condamnation à mort qui sera effectivement appliquée, comme on le sait, par la guillotine, le 21 Janvier 1793. Marie-Antoinette, qui n'était pas aimée, subira bientôt le même sort tandis que le jeune dauphin, « Louis XVII », dépérira deux ans de plus dans sa prison du Temple.

    Fidèle à son habitude de subir les événements, Louis XVI s'est laissé faire et c'est presque en spectateur qu'il assiste à l'enchaînement dramatique de la fin de sa vie et de la royauté. Dans le vide ainsi créé, la République, cette fois, s'impose d'évidence. Mais elle reste fragile, comme la suite le montrera.

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