• <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    Il y a un demi-siècle, en 1958, les gouvernements de la IV° République sont impuissants à régler la crise algérienne, commencée par les assassinats de professeurs Français en Novembre 1954, et donc ils sautent les uns après les autres.

    Le 13 Mai 1958, une manifestation de colons français a lieu à Alger pour saluer la mémoire de 3 soldats exécutés par le Front de Libération Nationale (FLN). Les Algérois, menés par le poujadiste Lagaillarde, prennent d'assaut le Gouvernement général, siège du pouvoir. Dans la soirée, le général Jacques Massu y fait son entrée pour rétablir l'ordre et annonce qu'il prend la tête d'un Comité de salut public, où l'on retrouve Raoul Salan et Léon Delbecque. A Paris, Pierre Pflimlin, nommé en urgence, condamne l'insurrection et demande au général Salan d'assurer les pouvoirs civils et militaires en Algérie. Celui-ci remplace les préfets récalcitrants par des généraux et coopère avec le Comité de salut public, dans l'espoir de voir le général de Gaulle revenir au gouvernement, comme ultime recours. Pour cela, il lance du haut du balcon gouvernemental, le 15 Mai à Alger, un clair « Vive de Gaulle », seul capable, selon lui, de garder l'Algérie française.

    Celui-ci attendait, en fin stratège silencieux, depuis son exil de Colombey les deux Eglises, que les choses se gâtent suffisamment pour le gouvernement impuissant. Le 15 Mai, il sort de son mutisme et publie un communiqué de presse dans lequel il annonce : « Je me tiens prêt à assumer les pouvoirs de la République » et le 19 Mai, il tient une conférence de presse où il balaye toutes les réticences : « Pourquoi voulez-vous qu'à 67 ans, je commence une carrière de dictateur ? ».

    De son côté, Salan a fait étudier une intervention militaire, nommée « Opération Résurrection », appuyée par les troupes d'Algérie et chargée, éventuellement, de reconquérir la métropole. Une répétition générale a lieu en Corse, le 24 Mai, et les parachutistes venus d'Alger, fusionnent avec le 1er Choc de Calvi, faisant passer l'île à la dissidence. Pour en bloquer le déroulement ultérieur, de Gaulle proclame « avoir entamé le processus régulier nécessaire à l'établissement d'un gouvernement républicain capable d'assurer l'unité et l'indépendance du pays ».

    Cependant, la rumeur d'une opération de parachutistes sur Paris entraîne la démission du gouvernement Pflimlin, le 28 Mai 1958. Le même jour, tandis que de Gaulle annonce qu'il commence à former un gouvernement, un grand défilé antifasciste se déroule entre Nation et République. On craint la guerre civile.

    Le 29 Mai, le Président de la République, René Coty, demande au Parlement d'investir le général de Gaulle, « le plus illustre des Français » et effectivement dernier recours apparent. Par 329 voix pour et 224 voix contre, de Gaulle devient le chef du gouvernement, dernier Président du Conseil de la IV° République qui vit ses derniers instants. Parmi les opposants, Pierre Mendès-France et François Mitterrand qui dénoncent « le coup d'Etat du général de Gaulle ». Le 02 Juin, le gouvernement de Gaulle, qui reçoit les pleins pouvoirs pour 6 mois, lance les travaux d'élaboration d'une nouvelle Constitution.

    Encore quelques mois, et le Général fera approuver, par référendum, son projet de Constitution puis il deviendra le premier Président de la nouvelle République, la cinquième du nom. Tout cela dans la plus parfaite légalité alors que d'aucuns militent encore aujourd'hui pour accréditer la thèse d'un coup d'Etat, certes finement mené, mais prémédité.

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    Que les Pays-Bas ne veulent pas ratifier le texte sur la Constitution européenne, en 2005, élaborée par des experts autour de Valéry Giscard d'Estaing, est très dommage. Mais que la France fasse de même, alors c'est un traumatisme et une onde de choc qui bloque subitement les efforts de progression vers une avancée de l'Europe politique.

    Pourtant, la crise n'est pas la première et la France n'en est pas à son coup d'essai en matière de « coup de Jarnac » communautaire. Une première tentative de création d'une Europe de la Défense avait déjà été déjouée par le refus des Français, en 1954.

    Cinq ans seulement après la fin de la deuxième guerre mondiale, les Etats-Unis souhaitent le réarmement allemand, peut-être pour intégrer les contingents allemands dans leur effort de guerre en Corée ou pour faire barrage aux soviétiques. Les Français s'y opposent par crainte de voir renaître un militarisme effréné de l'Allemagne. Cherchant un compromis, Jean Monnet parvient à convaincre, en 1950, le Président du Conseil de proposer la création d'une « armée européenne », englobant les Allemands et placée sous un commandement intégré. Prenant exemple sur la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier (CECA), on habille tout cela sous la forme d'un projet de Communauté Européenne de Défense (CED) que les représentants de 6 pays membres de l'époque, France, Allemagne (RFA), Italie, Belgique, Luxembourg et Pays-Bas, vont signer le 27 Mai 1952.

    Mais, le 30 Août 1954, cette CED que la France avait imaginée dès 1950, et sur laquelle elle s'était déchirée ensuite au Parlement, est rejetée à Paris par l'Assemblée nationale. La crainte du réarmement allemand, le refus galvanisé par le Général de Gaulle d'abandonner l'armée de la nation à des institutions supranationales, in fine aux américains et l'enlisement en Indochine, font pencher la balance vers un repli sur soi. La surprise est totale et la déception est immense, notamment aux USA. « L'armée va perdre son âme et la France son autorité dans ce magma » dira le Maréchal Juin, pourtant le seul Français désigné Commandant en chef de la zone centre Europe de l'Otan.

    Songeant à ramasser les marrons du feu, le Britannique Anthony Eden sauve les apparences en proposant de relancer l'Union occidentale, mise sur pied en 1948 par le Pacte de Bruxelles, en y faisant entrer l'Italie et l'Allemagne. Le Français Pierre Mendès-France respire. Cette nouvelle organisation permettra de surveiller l'Allemagne sans l'exclure. De ce fait, l'Union occidentale du pacte de Bruxelles devient l'Union de l'Europe Occidentale (UEO), sans structure militaire autonome et son siège est installé à Londres. La Grande-Bretagne est dès lors étroitement associée à la défense de l'Europe dont le ciment reste l'OTAN. Pendant ce temps, l'URSS organise le Pacte de Varsovie, le 14 Mai 1955, avec 7 démocraties populaires satellites, dont la RDA.

    Mais, en enterrant le projet de CED, la France tuait aussi l'union politique des pays européens. En 1961, le plan Fouchet envisage une coopération politique entre les 6 pays du Traité de Rome, dont le Conseil pourrait définir la politique étrangère commune à tous. Pour ne pas heurter les Etats-Unis, les Etats hésitent. Seule, l'Allemagne y est favorable et s'associera à la signature du Traité de l'Elysée, le 22 Janvier 1963, entre le Général de Gaulle et le chancelier Adenauer. La difficile construction de la maison européenne repartira de ce socle franco-allemand. Il faudra plusieurs générations de diplomates avant d'aboutir au traité de Nice de 2001 qui est toujours le dernier texte applicable.

    Le rejet de la Constitution par la France, en 2005, a non seulement stoppé l'avancée de l'Europe mais aussi cassé le moteur franco-allemand. Remettre la machine en route ne sera pas simple. Combien de fois Sisyphe a-t-il remonté son rocher, déjà ?

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    Au cours de travaux de dégagement, sur le côté Sud de la pyramide de Kéops (la plus grande d'Egypte, l'une des 7 merveilles du monde), l'Egyptien Kamal-el-Mallakh met à jour, le 26 Mai 1954, une excavation de 30 mètres de long, creusée dans la roche et couverte par une série de 41 énormes blocs de calcaire, pesant chacun 18 tonnes. Ce fut la plus grande des cinq fosses à barques ainsi dégagées autour de la pyramide et donc, on l'attribua à Kéops bien que les graffitis sur la paroi, vieux de 4.500 ans, mentionnent le nom de son fils et successeur, Djédefrê.

    La barque, en bois de cèdre (vraisemblablement du Liban), munie de tout son outillage de navigation, était démontée en 1224 pièces détachées dans la cavité de pierre où elle fut trouvée. Il fallut 14 ans pour la reconstituer à l'identique. Elle mesure aujourd'hui 43,5 m de long, sa proue (grosse pièce de bois à l'avant du navire) s'élève à 7 mètres, telle celle des drakkars Vikings, et sa poupe (idem, à l'arrière) à 5 m. Le bateau, ainsi reconstitué, possède 6 paires de longs avirons dont une paire, à la poupe, servant de gouvernail de direction mais n'a ni voiles ni quille. A l'avant, une sorte de petit baldaquin devait protéger le capitaine. Un musée, au Sud-Est de la pyramide de Kéops, a été construit sur les lieux mêmes de sa découverte pour l'exposer au public.

    Ces séries de barques (on en a retrouvé 14 alignées, sur le site d'Abydos, en haute Egypte, en 1999, datant de 5.000 ans), ont-elles servi effectivement aux souverains pour leurs déplacements sur le Nil ? Sont-elles la marque d'un rite funéraire consistant à emporter l'âme du défunt (devenu un nouvel Osiris) dans l'au-delà, à l'image du roi soleil, le Dieu (ou Râ) qui traversait le ciel sur une barque solaire, durant le jour, puis luttait avec les forces du mal, sous terre et à bord d'une autre barque, durant toute la nuit pour renaître au matin ? Des spécialistes navals ont confirmé que la conception et l'ajustement de ces navires étaient particulièrement hardis et solides, les rendant capables de navigation hauturière (en haute mer). De là à évoquer quelques équipages Atlantes échoués en Egypte, après la disparition de l'Atlantide, il n'y a qu'un pas que certains ont franchi. En tout cas, ces barques démontrent que les Egyptiens étaient de grands navigateurs.

    Toutes ces découvertes sont assez récentes et il est très probable que d'autres vont suivre, sur ce plateau de Gizeh, peut-être près des pyramides de Khephren ou de Mykérinos ou encore de Sakkarah.

    Malheureusement, toutes les civilisations sont mortelles. Que laissera la nôtre ? Des regrets, sûrement !

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  • <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>La chute de l'Empire Romain allait favoriser l'arrivée, dans le Sud de l'Europe, de barbares poussés par les Huns, tels que les Alains, qui prirent Tolède en 411 ou les Wisigoths qui en firent leur capitale. Trois siècles plus tard, le Maure berbère Tariq franchit le détroit, qu'on appellera plus tard « de Gibraltar » avec une troupe arabe qui va conquérir toute la péninsule ibérique qu'il nommera « al Andalus ». Ses troupes franchiront même la barrière des Pyrénées et en 732, Charles Martel les arrêtera à Poitiers.
    Les petits Etats chrétiens des Pyrénées n'avaient pas été conquis par les musulmans et ce sont eux qui lancèrent le lent mouvement de reconquête de la péninsule ibérique. Progressivement, la Galice s'ajoute aux Asturies, la Navarre à l'Aragon. Charlemagne lui-même reprend la Catalogne. Alphonse VI de Castille se lance, lui aussi, dans la « reconquista », reconquête de l'Espagne musulmane, avec le soutien des moines de Cluny et du Pape Grégoire VII.
    Après quatre années de siège, Tolède est reprise, le 25 Mai 1085. La prise de la capitale castillane aura un retentissement énorme. Mais, du fait d'un manque d'unité des royaumes chrétiens, des revers face aux Almoravides du Maghreb venus en renfort, il faudra plusieurs siècles pour parvenir à la reconquête totale de la péninsule. L'Etat de Grenade resta même musulman deux siècles de plus.
    Conquise, Tolède affichera une particularité singulière, en autorisant le mélange des trois religions, chrétienne, juive et musulmane. La « cité des trois cultures », îlot de tolérance, va vivre une période de splendeur en ce qui concerne les arts et les sciences, pendant quatre siècles. On va avoir accès au savoir des grecs de l'Antiquité qui avaient été traduits en arabe. On crée une Ecole des traducteurs qui va transcrire en latin les textes écrits en arabe et en hébreu. Ainsi, l'Europe eut accès au savoir des érudits, tant musulmans que juifs. C'est le début de l'expansion de la ville, dans les domaines économique, religieux et politique. Expansion qui prendra fin, tout d'abord en 1492 lorsque les juifs seront expulsés puis en 1561 quand Philippe II décide de transporter la capitale à Madrid.
    Mais Tolède avait montré que du brassage des cultures jaillit l'esprit et que la tolérance et le respect des différences ne sont pas des vains mots. Pourquoi ce qui fut possible au Moyen-âge ne l'est-il plus aujourd'hui ? Les barbares ne sont peut-être pas ceux que l'on pense.
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  • <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    André Rateau, ouvrier cheminot dans le Loiret, se souviendra longtemps de cette nuit du 24 Mai 1920 lorsqu'il a vu, sur la voie ferrée, un homme seul, pieds nus, en pyjama tâché de sang et couvert d'égratignures, se présenter à lui en disant :  « Mon ami, cela va vous étonner, mais je suis le Président de la République ». André, incrédule et persuadé d'avoir affaire à un ivrogne, le conduit cependant chez le garde-barrière le plus proche, Gustave Dariot, qui le soigne puis court prévenir la gendarmerie.

    Le Président Paul Deschanel venait effectivement de tomber du train qui devait le conduire de la gare de Lyon à Montbrison, dans la Loire, où il devait inaugurer un monument à la mémoire d'Emile Raymond, sénateur et pionnier de l'aviation, mort au début de la guerre 14-18. Fatigué et légèrement souffrant, ayant pris un médicament contre l'insomnie, Deschanel peine à ouvrir la fenêtre de son compartiment confiné et bascule dans le vide lorsqu'elle cède enfin. Dans le train, on n'a rien vu sauf un passager qui a vu tomber « un gros colis ». Serait-ce un suicide ? On vérifie tous les wagons mais on ne dérange pas le Président dans sa cabine. Personne ne manque à l'appel. On découvrira son absence le lendemain matin, ce que confirme une dépêche de Montargis qui annonce que le Président arrive par la route.

    L'incident donne lieu, évidemment, à de nombreuses caricatures, souvent cruelles, relayées par la presse et les chansonniers de l'époque. La rumeur évoquera même des comportements antérieurs bizarres et c'est tout logiquement que certains, dont Georges Clemenceau, le « battu » de l'élection de Janvier 1920, parleront de folie. Désabusé, déçu de constater l'impuissance du Président de la III° République (c'est le Président du Conseil qui dirige), miné par la calomnie et les sourires en coin, Deschanel donne sa démission, le 21 Septembre 1920, au bout de 228 jours de présidence.

    C'était pourtant un homme politique brillant, esprit fin et cultivé, auteur de plusieurs ouvrages littéraires et politiques, qui fut admis, à 45 ans, à l'Académie française en 1899. Après de brillantes études de lettres et de droit, il est fait Sous-préfet à 22 ans, Député en 1885 puis deux fois Président de la Chambre des députés, notamment pendant les heures tragiques de la Grande guerre. Hyper actif, il aimait séduire l'oratoire par une éloquence un brin théâtrale et ses discours étaient remarquables. Après l'incident du train, il sera encore élu Sénateur d'Eure-et-Loire, en 1921, prêt à redémarrer une seconde carrière. Mais il sera emporté par une pleurésie, le 28 Avril 1922.

    Comme disait Madame Rateau, la femme du cheminot, « Je savais que c'était un grand Monsieur : son pyjama était en soie et il avait les pieds propres ».

    Bien sûr, l'anecdote en rappelle une autre qui a vu Félix Faure, Président de 1895 à 1899, être l'objet d'un quiproquo, au moment de sa mort. Le 16 Février 1899, celui-ci appelle sa maîtresse, Marguerite Steinheil, à l'Elysée où ils passent un moment ensemble. Mais le Président est pris d'un malaise si grave que le curé est appelé à son chevet. S'adressant à un employé pour savoir s'il était encore conscient, le curé demande si le Président a toujours « sa connaissance » et l'autre de répondre : « Non, Monsieur le curé, on l'a fait sortir par la petite porte ».

    Ah, ces Présidents, ils ne savent plus quoi inventer pour faire parler d'eux !

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