• <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p>

    L'installation de la République, après des siècles de royauté, n'allait pas de soi dans la France révolutionnaire d'après la prise de la Bastille. Il fallait gagner les acquis de la révolution et se garder de dangers autant intérieurs qu'extérieurs. L'exécution du roi Louis XVI, sacrilège suprême pour les monarchies européennes, entraîne la formation d'une coalition contre-révolutionnaire autour de la Prusse et de l'Autriche. Les attaques contre la religion, avec persécutions de prêtres, au profit d'un culte de la raison, choquent et déstabilisent le bas peuple. La Vendée et plusieurs grandes villes sont en état de rébellion. Les Assignats (bon reçu en cas de prêt, assigné donc gagé sur les biens du clergé) perdent de leur valeur et les prix montent. Partout, la révolte gronde et on se demande si la révolution des « Sans-culottes » est une bonne chose.

    Le 05 Septembre 1793, la Convention (Assemblée nationale) décide de prendre des mesures fermes pour sauver les acquis de la Révolution. La « Terreur » est mise à l'ordre du jour à des fins de « salut public » pour faire face aux dangers qui menacent la nation. En moins d'un an, cette politique basée sur l'arbitraire va ensanglanter le paysage français, livré à une poignée de tribuns s'excitant mutuellement et gouvernant à coups de lois et décrets expéditifs. Ecoutons Robespierre : « ... On conduit le peuple par la raison et les ennemis du peuple par la terreur. ... La terreur n'est autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible : elle est donc une émanation de la vertu. ... ».

    Un Tribunal révolutionnaire d'exception, nommé par la Convention, est chargé d'examiner la situation des « ennemis de la République » que lui présentent les Comités de surveillance. On s'espionne et on se dénonce mais la situation économique continue à se dégrader. Chômage, pénuries et inflation pèsent sur les Sans-culottes qui doivent, en outre, échapper à la levée en masse pour les troupes aux frontières. Les députés croient remédier à cette spirale en instaurant une loi du « maximum légal » qui bloque les salaires et les prix mais l'effet est inverse : les greniers se vident et les paysans bloquent leurs récoltes, sous-payées. On parle de guillotine pour les « accapareurs ».

    Le 17 Septembre 1793, le Comité de Salut Public propose à la Convention qui l'adopte une « Loi des suspects », en fait un décret qui permet l'arrestation de ceux qui « n'ayant rien fait contre la Liberté, n'ont rien fait pour elle », selon le mot de la Commune de Paris. C'est la porte ouverte à tous les abus et tout le monde se sent menacé, outre les cibles traditionnelles : nobles, religieux, parents d'émigrés, fonctionnaires destitués, officiers suspects de trahison, paysans et commerçants affameurs.

    Au nom de la Terreur institutionnalisée, environ 500.000 personnes seront emprisonnées. Un degré supplémentaire est même franchi, le 22 Prairial an II (ce jour du calendrier révolutionnaire correspond au 10 Juin 1794), avec la Loi qui supprime les avocats, laissant la sentence à l'intime conviction des juges et jurés. Désormais, il n'y a que 2 issues au procès : l'acquittement ou la mort. C'est la « Grande terreur ». On comprend ainsi pourquoi 16.000 personnes furent guillotinées et 25.000 autres victimes, dans tout le pays, d'exécutions sommaires après délation. La vengeance personnelle, la jalousie et l'appât du gain n'y étaient sans doute pas étrangers. Figurent parmi ces victimes des noms célèbres comme Danton, Marie-Antoinette ou Lavoisier.

    Avec la chute de Robespierre, l'incorruptible, le 09 Thermidor an II (27 Juillet 1794), et son exécution le lendemain, le mouvement d'épuration s'essouffle et tombe lentement en désuétude. La lassitude, peut-être. La loi sur les suspects sera finalement supprimée en Octobre 1795. Mais la peur d'échouer, après un tel élan d'espoir devant cette République naissante, avait entraîné les révolutionnaires, notamment les Montagnards, dans une fuite en avant répressive, quelque peu totalitaire et schizophrène.

    La victoire de Fleurus, en Juin 1794, grâce aux ballons captifs, redonnera du tonus à la République qui pourra exporter ses idéaux d'égalité et de liberté en dehors de la France. On peut même se demander si la révolution bolchevique prônée par Lénine, en 1917, ne se réclame pas de cet héritage. C'est aussi au nom du peuple qu'il fallait instaurer une dictature du prolétariat. Il a toujours bon dos, le peuple, quand il s'agit de prendre le pouvoir.

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  • <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>La guerre est inhumaine et affreuse, certes. Mais, même dans l'affreux, il y a des degrés.
    La tentative d'assassinat, à Londres, de l'Ambassadeur israélien, Shlomo Argov resté depuis paralysé, offre le prétexte aux Israéliens de déclencher, le 06 Juin 1982, l'opération « Paix en Galilée » prévue de longue date. Paix en Galilée consiste à envahir le Liban Sud pour neutraliser les bases arrières de l'OLP (Organisation de Libération de la Palestine).


    Bechir Gemayel, chef des Phalanges chrétiennes, « Kataëb » (son père Pierre les avait créées en 1936), et tout nouveau Président du Liban, est assassiné le 14 Septembre 1982. Ce qui donne l'occasion à l'armée israélienne, pour rétablir l'ordre et après avoir envahi le Sud du Liban, de poursuivre vers le Nord en direction de Beyrouth, alors que la promesse avait été faite de rester le long de la frontière. Beyrouth-Est est rapidement investi puis l'Ouest est encerclé. Les feddayins palestiniens comprennent que leur opposition sera vaine et engendrerait des centaines de victimes civiles, notamment parmi les milliers de familles réfugiées, depuis le Septembre noir jordanien de 1970, dans les camps de Sabra et Shatila. Yasser Arafat accepte de négocier un cessez-le-feu en présence de l'émissaire des Etats-Unis et il demande qu'un contrôle international garantisse la sécurité des familles des réfugiés avant que ses combattants ne quittent Beyrouth. C'est ainsi que 800 Français, 800 Américains et 500 Italiens arrivent, en Août 1982, dans la capitale libanaise au moment où les combattants palestiniens, qui ont laissé leurs armes aux Libanais, embarquent pour la Tunisie.


    Lorsque les camps palestiniens sont libérés de leurs feddayins, une réunion entre Ariel Sharon, Begin et Gemayel, aurait mis au point la tactique qui sera employée pour « nettoyer » les camps des centaines de combattants que Sharon certifie avoir encore détectés dans ces deux bourgades. Les Israéliens resteront en périphérie des camps (qu'ils pourront bombarder) et seuls les Phalangistes de Elie Hobeika se chargeront de la mission mais « sans exaction envers la population civile ».


    Malheureusement, cette  dernière phrase ne pèsera pas lourd face à la haine des phalanges envers les Palestiniens. Dans la nuit du 16 Septembre 1982, dès que le ciel de Beyrouth s'embrase à la lumière des fusées éclairantes israéliennes, des petits groupes armés et à moitié drogués se répandent dans Sabra et dans Shatila à la recherche de combattants cachés ou d'armes. Ils ne trouvent que femmes, enfants et vieillards. Tout le monde doit sortir dans la rue. Les adolescents mâles et les vieillards sont abattus sur le champ mais les filles, surtout les jeunes, sont tirées à nouveau à l'intérieur des habitations pour y subir les assauts brutaux de viols collectifs qui se terminent aussi par des exécutions. Quand le groupe de personnes rassemblées est trop important, celui-ci est conduit vers des camions à banquettes qui les emportent vers des directions inconnues et on ne les revoit plus. Sans doute, ces innocents finissent-ils dans des fosses communes creusées à la hâte, comme on en retrouvera quelques jours après ce massacre. Le nombre de victimes de ces 40 heures de folie incontrôlée varie, selon les sources, entre 700 et 3.500 morts, pour l'essentiel des civils.


    Pourquoi les militaires israéliens, qui ne pouvaient manquer d'entendre les rafales de tir, ne sont-ils pas intervenus pour faire cesser le massacre ? De nombreux réfugiés se sont présentés à eux pour leur demander protection, en vain. Y avait-il eu un accord tacite Sharon-Gemayel ? Pourquoi la force internationale d'interposition est-elle partie début Septembre alors qu'elle devait rester jusqu'au 26 Septembre ? Pourquoi n'y a-t-il eu qu'une seule enquête officielle sur ces actes criminels, la Commission Kahane, diligentée par ... les Israéliens ?
    Aucun des chefs impliqués dans cette action ne sera poursuivi. Le phalangiste Hobeika sera nommé à des postes ministériels. Le ministre de la Défense Sharon, dont la Commission disait qu'il « avait une responsabilité personnelle » deviendra Premier Ministre. Le chef d'état-major israélien Eytan sera élu à la Knesset et le général Yaron, qui avait bloqué les issues des camps, sera nommé Attaché militaire à Washington.
    Doit-on considérer que ces milliers de morts n'ont été que des « victimes collatérales » d'une action de guerre ? Je ne le crois pas, à l'inverse des soldats français tombés en Afghanistan, par exemple, pour qui il est déplacé de dire, cette fois, qu'on « fera la lumière sur toutes les responsabilités », comme s'il s'agissait d'accidents de la route.
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  • <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    Lors du premier conflit mondial, au cœur de l'Europe, les montées à l'assaut meurtrières de vagues de fantassins, fauchés par les mitrailleuses des lignes adverses, avaient fait naître l'idée, simultanément en France et en Angleterre, qu'il fallait à tout prix fabriquer un engin tout terrain qui puisse protéger les attaques de l'infanterie, s'affranchir des barbelés, sauter les tranchées, détruire les nids de mitrailleuses, tout en progressant au même rythme que les troupes.

    En France, un ingénieur féru de mathématiques et de balistique choisit l'Artillerie à sa sortie de Polytechnique, en 1883. Jean-Baptiste Estienne va devenir le premier commandant du Service de l'Aviation militaire, en création à Reims mais aussi le père de « l'artillerie spéciale d'assaut » en imaginant, en 1916, le premier char d'assaut français à partir d'un moteur de tracteur. Ayant assisté, avec Pétain, à la démonstration du châssis Schneider, il prend contact avec Joffre pour lui exposer son projet de véhicule blindé qu'il croit pouvoir réaliser avec Renault. Mais Louis Renault lui annonce que sa compagnie développe un char léger. C'est alors Schneider qui construit les 400 premiers « Schneider CA1 », selon les plans d'Estienne. Viendront ensuite les chars Saint-Chamond et les FT-17 (17 comme l'année de construction) de Renault.

    Comme tout le monde sait, dans le camp allié, que les Britanniques étudient aussi un char d'assaut, Estienne fait le voyage à Londres pour essayer de convaincre les Anglais d'attendre que les Français aient terminé le leur avant de lancer une attaque, ce qui permettra un effet de surprise stratégique sur tout le front.

    Mais le bureau de la Marine britannique est pressé par Churchill pour aboutir le premier à concrétiser cet engin révolutionnaire, imaginé par le colonel Ernest D. Swinton. Le premier prototype est présenté en Février 1916 puis le premier de la série, appelé logiquement Mark 1, répond aux caractéristiques demandées, malgré ses 30 tonnes et sa faible vitesse : franchir une tranchée de 4 m de largeur et un obstacle de plus de 1 m de haut.

    Les 100 premiers exemplaires sont équipés du canon de 6 livres (57 mm) à tir rapide de marine (version « Male ») et, en Avril 1916, les usines sortent la version « Female », équipés seulement de mitrailleuses Hotchkiss. Pour préserver le secret, les Anglais laissaient croire que les plaques de blindage étaient destinées à des réservoirs de pétrole, d'où le nom de « Tanks ». Sur le terrain, selon la tradition militaire, chaque blindé porte un nom de femme ou de liqueur.

    Au front, sur la Somme, le 15 Septembre 1916, alors que ses réserves diminuent, le général Haig décide d'utiliser pour la première fois, cette force nouvelle et il lance 32 chars d'assaut Mark 1, répartis au milieu des fantassins, sur le secteur Flers, Courcelette, Longueval. La vision du premier char sèmera la terreur dans les rangs allemands mais le bilan de l'attaque fut médiocre du fait de nombreuses pannes, du manque de radio qui ruinait la coopération avec l'infanterie et des destructions opérées par l'ennemi qui ne pouvait rater des cibles aussi lentes et volumineuses.

    La rupture stratégique du front n'eut pas lieu car les chars étaient trop espacés et l'offensive de la Somme se solda par un nouveau bain de sang. En revanche, l'effet psychologique fut indéniable. Malheureusement pour les alliés, plusieurs chars furent récupérés par les Allemands qui les exploitèrent, non pas pour construire les mêmes car ils n'y croyaient pas, mais pour développer de nouvelles munitions qui soient capables de percer ce blindage et pour les exhiber à Berlin à titre de propagande. Côté anglais, la leçon permit également d'améliorer l'engin en matière de blindage et de ventilation. C'est donc le Mark 4 qui entrera en action à Messines en Juin 1917 et à Cambrai en Novembre. Messines sera l'exemple d'une bonne coopération blindés-infanterie et Cambrai une attaque d'emblée, sans préparation d'artillerie, mais qui réussit grâce à la stupeur de l'apparition des chars débouchant des premières crêtes.

    Ainsi, le premier char d'assaut employé en opération de guerre fut bien anglais. Les Français pourront se consoler en se souvenant que ce sont leurs FT 17 Renault, avec armement de tourelle sur 360°, que les soldats américains du lieutenant-colonel Patton pilotaient lorsqu'ils reprirent le saillant de Saint-Mihiel, en Septembre 1918. Nos amis Yankees ont ainsi vengé la claque que prirent les énormes Saint-Chamond engagés prématurément dans l'offensive Nivelle, en Avril 1917.

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  • <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    Rompant avec 250 ans de rivalité depuis Charles Quint, la France et l'Autriche signent un traité, en 1756, pour contrecarrer la montée en puissance de la Prusse, alliée à l'Angleterre. Ce sera le début de la « guerre de sept ans » qui aura des ramifications outre-mer du fait que les Anglais, voyant que les Prussiens résistent bien tous seuls sur le continent, vont concentrer leur effort sur les possessions françaises aux Indes et au Canada. Louis XV est bien trop absorbé aux frontières de son royaume pour suivre ce qui se passe en « Nouvelle-France », au-delà de l'Atlantique.

    Le ministre de la guerre britannique, William Pitt, confie la conquête de Québec à James Wolfe, combattant brutal et impitoyable. Côté Français, c'est un noble nîmois que l'on envoie, Louis-Joseph de Saint-Véran, marquis de Montcalm, qui est sorti de sa torpeur aristocratique car il avait guerroyé en Rhénanie et à Prague.

    La forteresse de Québec est idéalement placée pour contrôler l'arrivée des navires, en provenance d'Europe, obligés de remonter le Saint-Laurent pour ravitailler l'intérieur des terres. Si les Anglais s'en emparent, ils coupent les liaisons avec la France et l'obligent à capituler.

    Montcalm et Vaudreuil, le gouverneur qu'il découvre sur place, ne s'aiment pas a priori et les relations deviennent même exécrables lorsque le général apprend que Choiseul l'a nommé Lieutenant-général, c'est-à-dire à un rang qui le fait passer devant le gouverneur Vaudreuil. Leur opposition sur la stratégie à adopter ne favorisera pas les choses.

    L'Anglais Wolfe n'avait que 8.500 hommes sur les 12.000 promis mais c'était la fine fleur, bien rodés, disciplinés et aguerris. Les 49 vaisseaux de guerre de la flotte de Saunders qui les emmènent en comptent tout autant. Le campement se monte sur l'île d'Orléans. A l'inverse, côté français, l'armée que put se constituer Montcalm, en arrivant, était très disparate et peu ordonnée. 11.000 miliciens canadiens, 3.000 soldats réguliers, 1.500 paysans, marins ou amérindiens. Pendant plusieurs mois, alors que chaque camp organise sa défense, des mouvements de troupe ou de navires vont tenter de mettre une pression psychologique sur l'adversaire. Les soldats, eux, sont pressés d'en découdre et rongent leur frein.

    La première erreur, majeure, de Montcalm est de laisser la pointe Lévis (ou Lévy) sans défense. Or, cet éperon sur la rive Sud du Saint-Laurent, est juste en face du fort qui entoure la ville haute, à portée de canons (ce qu'il n'avait pas jugé possible). Le marquis estime également que le pied du fort est si abrupt qu'il est impossible d'y accéder avec une troupe lourdement armée. Il va donc concentrer l'essentiel de ses forces de défense sur la rive basse, en aval des fortifications, le long de la côte de Beauport jusqu'au Sault Montmorency. En amont, vers Montréal et Trois-Rivières, il peut compter sur les 3.000 soldats d'élite de Bougainville qui se tiennent en réserve à Cap-rouge, à deux heures de marche et il n'a conservé que 3.500 défenseurs armés à l'intérieur des murs de la citadelle.

    Malgré le harcèlement, type guérilla, des Canadiens et des Indiens, Wolfe prend possession des hauteurs de Lévis avec ses canons. Dès le 12 Juillet, ceux-ci vont entretenir un incessant bombardement de la ville de Québec. Pour les faire taire, Montcalm ordonne une opération commando. Dumas, un de ses lieutenants qui la commande, organise la progression en deux colonnes. Mais, dans la nuit sans lune, les deux colonnes vont se rencontrer et se neutraliser dans une totale confusion. L'artillerie continuera, sans autre résistance, à pilonner la ville et les remparts pendant des semaines.

    Dans le même temps, des reconnaissances sont organisées le long du fleuve pour déceler une éventuelle possibilité d'escalader la falaise. Une brèche est trouvée à l'Ouest, au lieu-dit Anse de Foulon que les barges anglaises investissent dans la nuit du 13 au 14 Septembre 1759. Arrivées en haut du plateau des « Plaines d'Abraham » (du nom du paysan Ecossais propriétaire, Abraham Martin), les 4.400 soldats n'ont pas de mal à bousculer le petit poste de garde à moitié endormi et à s'aligner en ordre de bataille face à l'Est et à la citadelle. Wolfe malade avait placé Townsend au Nord, Murray au centre et Monckton au Sud, tous alignés sur deux lignes.

    Montcalm attendait les Anglais à Beauport, de l'autre côté au Nord-Est et, d'abord incrédule quand on lui rapporte le débarquement vers 04 heures du matin, il s'empresse de rassembler 4.500 hommes pour rejoindre le lieu de la bataille avant que les troupes de Wolfe ne soient aux portes de la ville. Contournant par le Nord, franchissant la rivière Saint-Charles, il arrive à 09 heures aux Plaines d'Abraham.

    La deuxième erreur tactique de Montcalm est d'avoir rompu avec le savoir faire de ses troupes, prôné par Vandreuil, coutumières de coups de main et de harcèlements (ce qui aurait fait merveille dans ce no man's land au sol inégal et entrecoupé de bosquets), pour les placer sur 3 lignes face au dispositif bien ordonné anglais. Descendant des buttes Neveu et emportés par leur élan, les Canadiens de la première ligne s'arrêtent et tirent, mais de trop loin, sur des uniformes rouges qui ne bougent pas. Les Franço-indiens des deux autres lignes s'avancent jusqu'à portée de tir pendant que les premiers rechargent leurs armes. C'est le moment que choisissent les Anglais pour faire feu tous ensemble, dans un coup de tonnerre qui glaçe le sang de tous. De nombreux hommes s'écroulent alors que survient une deuxième déflagration. C'est la débandade dans le camp français et les Anglais commencent la poursuite, baïonnette au canon. Fort heureusement, des tireurs d'élite miliciens et indiens, embusqués dans les lisières entourant la plaine, stoppèrent cette attaque. Ce sont eux qui infligèrent le plus de pertes aux Britanniques. Alors que, sur son cheval, Montcalm essaye de remotiver ses troupes, il est touché dans le dos et peine à franchir, lui aussi, les portes de la cité. Il mourra le lendemain sans savoir que Wolfe a également été blessé mortellement.

    Les pertes britanniques s'élèvent à 58 morts et 600 blessés alors que les pertes françaises sont d'environ 700 morts et blessés. Les renforts de Bougainvile, arrivés deux heures après et qui avaient « marché au canon » ne servirent à rien car Vaudreuil avait déjà envoyé un émissaire pour demander la capitulation, au grand dam du Chevalier de Lévis qui n'accepte pas la capitulation et repartira, un an plus tard, en Avril 1760, en reconquête depuis Montréal. Il infligera cette fois une sévère défaite au général britannique James Murray sur les hauteurs de Sainte-Foy dominant la forteresse de Québec. Courte victoire car les premiers navires qui abordent le Saint-Laurent sont anglais. Ainsi, sans renforts de métropole, ce sursaut d'orgueil de Lévis n'empêchera pas la perte de Montréal et de Trois-Rivières peu après.

    Finalement, la défaite des Plaines d'Abraham précipite la déroute de la France qui doit signer le Traité de Paris en 1763, par lequel elle rend l'essentiel de ses possessions en Amérique du Nord. Pourtant, bien qu'abandonnés par la mère patrie, les habitants de la belle province resteront attachés à leur langue et à leur religion. Résistant à toutes les pressions anglaises, les 65.000 pionniers deviendront 07 millions 800 milles fiers Québécois. Merci Cousins !

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  • <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    Depuis la maternelle, les petits Gaulois de France le savent, 1789 c'est la prise de la Bastille, en 732 Charles Martel arrêta les arabes à Poitiers et 1515 c'est la bataille de Marignan. Oui, tiens Marignan, comment cela s'est-il passé ?

    François, le fils du Comte d'Angoulême, est un solide gaillard mais seulement âgé de 20 ans lorsque le roi Louis XII meurt sans héritier direct, le 1er Janvier 1515. La succession au trône de France revient donc à celui qui venait d'épouser Claude de France, laquelle avait des droits d'héritage sur la Bretagne et surtout le duché de Milan. Or, les guerres d'Italie, qui avaient occupé les souverains français depuis Charles VIII en 1494, visaient à conserver le royaume de Naples et le duché de Milan.

    Comme il vient d'une branche nouvelle, les Valois, François 1er veut rassurer la noblesse qui aime guerroyer en reprenant les mêmes ambitions expansionnistes que ses prédécesseurs. La reconquête du Milanais était prévue déjà du temps de Louis XII, il s'en fera le héros. Le temps d'aller à Reims pour y être « sacré » et recevoir les ornements royaux et le voici en direction de Grenoble où l'armée se rassemble. Sa mère Louise de Savoie assurant la régence du royaume. Après s'être assuré de la neutralité des Anglais, chèrement payés grâce à un nouvel impôt, le jeune roi essaye de s'allier les Suisses, alliés d'antan et rudes combattants mais la Diète de Zurich lui rappelle le paiement non honoré depuis le Traité de Dijon. Les Suisses avaient changé de camp et étaient désormais au service du Pape Léon X et du duc de Milan, Maximilien Sforza. François rallia alors quelques 20.000 Lansquenets allemands pour compléter ses troupes.

    Instruits des intentions françaises, les mercenaires Suisses barraient les hautes vallées alpines, aux cols de Montgenèvre et du Mont-Cenis qui étaient les seuls praticables. Mais François 1er fit rechercher un itinéraire plus au Sud et c'est le long de pistes escarpées, dans des voies élargies à l'explosif, et sur des ponts de fortune au dessus des torrents, qu'il fit franchir, tel Hannibal le Carthaginois, le col de Larche (ou d'Argentière) à une armée de 50.000 soldats et « gens du bagage » qui déboucha par surprise dans la plaine du . Les Suisses, au nombre de 20.000, se replièrent en urgence sur Milan.

    Apeurés, certains Suisses étaient prêts à accepter les propositions de règlement proposées par François 1er à Gallarate, lors de l'arrivée en Italie, le 08 Septembre mais le belliqueux cardinal Matthaus Schiner voulait en découdre et poussait les troupes au devant des Français qui n'étaient plus que 30.000 après avoir laissé des postes de garde le long du trajet. Ceux-ci s'étaient arrêtés près de Marignano (aujourd'hui Melegnano) en attendant les résultats des propositions de paix. C'est dans ces dispositions, donc non préparés pour une bataille, qu'ils virent arriver les compagnies Suisses au matin du 13 Septembre 1515.  Malgré plusieurs charges de cavalerie, conduites par le connétable de Bourbon, La Trémoille ou La Palice et auxquelles prit part directement le nouveau roi, les Français furent bousculés et ne purent que difficilement utiliser leur nombreuse artillerie, mal positionnée. Commencés vers 15 heures, les combats firent rage jusqu'à la nuit, grâce notamment à un repositionnement des canons du sénéchal d'Armagnac qui firent merveille. Lorsque la lune disparut, chacun s'effondra sur place pour récupérer ses forces. On raconte que François 1er s'endormit adossé à un fut de canon.

    Au matin du 14 Septembre, les combattants imbriqués reprirent le combat et l'expérience des Confédérés, autant que leur grande pique où la cavalerie s'empalait, serait venue à bout des Français épuisés si un cri n'était venu leur redonner le moral. « Marco, Marco » était le cri qui saluait l'arrivée des troupes fraîches Vénitiennes, alliées de François 1er. Le gros des bataillons suisses est aussitôt écrasé tandis que les Lansquenets repartent à l'assaut.

    Au bilan de cette bataille de 2 jours (exceptionnel pour l'époque), 12.000 Suisses et 4.000 Français gisent sur le sol, sans compter les chevaux. La victoire de François 1er eut un retentissement dans toute l'Europe et assura sa renommée. Il signera la « paix perpétuelle » de Fribourg, avec les cantons suisses, en 1516 et il prendra rapidement le contrôle de la Lombardie qu'il conservera jusqu'au désastre de Pavie, en 1525. C'est depuis la défaite de Pavie, justement, et la perte de l'Italie qui s'en suivit que la légende de Marignan s'est instaurée. Il fallait qu'un fait glorieux survît au règne de François 1er et l'ampleur des pertes sur des Suisses qui n'avaient été battus que par Jules César, en était le plus bel exemple. Pour faire bonne mesure, on raconta qu'au soir de la bataille, le jeune roi fut adoubé Chevalier par Pierre du Terrail, seigneur de Bayard. Même pas peur !

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