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    Comme souvent, toute nouvelle invention est revendiquée par plusieurs ingénieurs de par le monde. Les progrès de la science et leur appréhension par des esprits brillants arrivent tous à maturité en même temps et l'idée germe et éclot dans plusieurs nids qui, souvent, s'ignorent. L'hélicoptère ne déroge pas à la règle. Pourtant, je crois qu'il faut bien reconnaître au Français  Etienne Oehmichen, la paternité du premier vol stabilisé et prolongé.

    Tandis que l'argentin Raoul Pateras, marquis de Pescara, conduisait les mêmes essais en Espagne, Etienne effectua, le 04 Mai 1924, sur le futur aérodrome de Montbéliard, le premier kilomètre en circuit fermé, avec décollage et atterrissage à la verticale, à bord de son appareil n°2 pendant 8 minutes. Mu par un moteur rotatif de 180 cv, celui-ci comportait 4 hélices pour le soutenir, 1 pour le tracter et 4 pour le faire évoluer. Les commissaires de l'Aéro Club de France présents homologuent l'exploit.

    Sa passion depuis l'enfance pour le vol l'entraîne à étudier toutes les techniques en cours, depuis l'aérodynamique naturelle de l'oiseau jusqu'à la dynamique des fluides et la mécanique. C'est ainsi qu'il met au point un aéronef hybride, qu'il appellera plus tard « Hélicostat », moitié hélicoptère, moitié ballon dirigeable gonflé à l'hydrogène, avec lequel il effectue, en 1921, un premier vol à 10 mètres du sol pendant une minute. En Novembre 1907 déjà, Paul Cornu avait fait un saut dans les airs, à bord de sa machine près de Lisieux. Sainte Thérèse, décédée 10 ans avant, l'avait peut-être aidé. Cette première lui sera contestée par Louis Breguet, prétendant avoir fait des essais concluants au préalable. Dans le domaine voisin des avions, les mêmes chicaneries seront observées, en 1908, entre Henri Farman, les frères Wright et Clément Ader.

    Perfectionnant sans cesse ses prototypes, Oehmichen aboutira en 1929, avec le n°4, à une machine remarquablement fiable qui volera pendant 200 heures. Les autogires apparus entre temps lui ravirent cependant la vedette et il ne put satisfaire le cahier des charges des services officiels, de plus en plus exigeant, bien qu'il ait installé un laboratoire pour les études en soufflerie. Il abandonne même l'aéronautique en 1937, publie « Mécanismes naturels et technique humaine » l'année suivante et se voit proposer une chaire au collège de France, en 1939, pour enseigner sa discipline de prédilection, la mécanique anatomique. Il y restera jusqu'à sa mort, le 09 Juillet 1955.

    L'aventure scientifique d'Etienne Oehmichen, inventeur multi-facettes, ne se résume pas à la mise au point de l'hélicoptère. Ingénieur centralien en électricité aux Etablissements Peugeot, on lui doit, en effet, le principe de la dynamo qui permet de remplacer les phares à acétylène des voitures, les feux de croisement, le démarreur automobile, l'amélioration de l'artillerie ( son père dirigeait l'Ecole d'artillerie de Chalons ) et du char d'assaut français avec le général Estienne, en 1917. Combinant l'électricité et la lumière, il crée un stroboscope électrique et une caméra, capable de saisir 1000 images-seconde. Passionné par le vol des oiseaux depuis son plus jeune âge, il étudiera de près l'anatomie animale et pourra ainsi mettre en évidence de nombreuses lois en biologie et en mécanique des fluides. Il publie, d'ailleurs, « Nos maîtres, les oiseaux » en 1920, dans lequel il démontre que l'insecte et l'oiseau tirent parti des courants de remous pour économiser l'énergie motrice. Bref, c'est un Touche-à-tout mais dont l'obsession est toujours le vol vertical.

     « Je ne suis pas l'inventeur de l'hélicoptère », dira-t-il. « Le seul, c'est Léonard de Vinci, lorsqu'il dessina sa machine volante à aile tournante, en 1486 ». Bel hommage mais on sait que l'aile de Léonard, empruntée à la vis d'Archimède, n'aurait jamais volé.

    Si la médaille de l'aéronautique avait existé à son époque, nul doute qu'il l'aurait obtenue. Mais il s'en moquait sûrement, même s'il avait été décoré de la Croix de guerre et de la Légion d'honneur pour sa participation aux combats dans les tranchées en 1914. Il pouvait bien voler jusqu'à Dieu puisque son rêve d'enfant était réalisé. N'avait-il pas écrit à son frère Pierre, en 1933 « Peut-être sais-tu que j'ai finalement résolu complètement le problème du vol vertical ». Bon vol, Etienne !

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    En 1985, l'artiste Christo emballe complètement le Pont Neuf de Paris, comme une papillote, ou un décor de théâtre. Pourquoi le Pont neuf alors qu'il y en a 34 à cette époque ? C'est aujourd'hui le plus vieux pont de Paris mais, en 1578, lorsque Henri III pose la première pierre de cet édifice majestueux pour l'époque, il est effectivement tout neuf. D'autant que tous les ponts, jusqu'alors, étaient en bois, selon l'usage au Moyen-âge et Paris n'en comptait que quatre. Il ne sera achevé que 30 ans plus tard, en 1607, du fait des retards et des guerres de religion.

    Comme tous ses frères, il va accueillir, sur ses flancs, toute une série de boutiques diverses, qui n'entravent pas la circulation car il est large pour l'époque, plus de 20 mètres. Ces boutiques, qui empêchaient de voir l'eau couler du dessus du pont, ne disparaîtront qu'en 1854. Les boutiquiers le long des quais actuels en sont les derniers descendants, en modèle réduit. L'ensemble, conçu par 5 architectes, est élégant, puissant et beau, avec ses courtes arches de diamètres inégaux.

    Le pont, long de 238 mètres et s'appuyant sur 12 arches, eut immédiatement un immense succès et marchands, badauds, charlatans et comédiens, prostituées ou bourgeois enrichis avec leur épée, tout autant que les gueux et les « tire-laine » (voleurs) s'y pressaient volontiers. C'était le lieu des fêtes de tous milieux et le rendez-vous des expositions.

    Pour alimenter en eau les Palais du Louvre et des Tuileries, Henri IV autorise, en 1602, l'édification sur pilotis d'un bâtiment, sur la deuxième arche Nord du pont, pour abriter une grande pompe. Décorée d'une horloge astronomique en haut d'un campanile et d'une scène de Jésus et la Samaritaine devant le puits de Jacob, cette pompe sera baptisée simplement la « Pompe de la Samaritaine ». Elle disparaîtra en 1813. On comprend, dès lors, le nom de ce grand magasin, fondé par Emile Cognacq, dominant la Seine et « son » pont. Henri IV décida aussi, le 08 Juillet 1606, avant même l'achèvement du pont, l'établissement de la place Dauphine, aux façades identiques, entre le palais de la Cité et le terre-plein du pont.

    Après la mort de Henri IV, son épouse Marie de Médicis, commande une statue en bronze du roi, à cheval, qui sera placée, en 1614, sur le terre-plein entre les deux parties du pont, sur l'île de la Cité. Sous la Révolution, en 1792, cette statue sera fondue pour en faire des canons puis remplacée sous la Restauration par une autre statue équestre d'Henri IV que Louis XVIII inaugurera en 1818.

    La grande particularité de cet ouvrage, outre les premiers trottoirs qui étonnent et les balcons arrondis qui l'embellissent, réside dans ses 384 mascarons, figures humaines d'aspect grotesque sculptées par Germain Pilon, accrochés en frise en haut de la corniche supérieure, et dont les grimaces devaient éloigner les mauvais esprits, du moins le croyait-on au moyen-âge. On trouvait aussi ces mascarons, guetteurs tragiques, à l'orifice des fontaines, en haut des chapiteaux ou à la proue des navires.

    Classé monument historique en 1889, jamais reconstruit mais seulement ravalé du fait de sa robustesse sauf les mascarons qui s'effritent avec le temps, ayant résisté à toutes les crues de la Seine, y compris celle de 1910, le Pont Neuf a inspiré de nombreux artistes peintres, tel Renoir, ou des écrivains. Il m'inspire, moi aussi, et j'aimerais rejouer ce film de 1991 « Les Amants du Pont Neuf ».

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    Alors qu'ils se moquent de savoir qui en est l'auteur, les inconditionnels lecteurs des enquêtes du détective anglais Sherlock Holmes sont persuadés que le personnage a vraiment existé et qu'il a bien résolu les énigmes compliquées que ce cher Docteur Watson, son fidèle compagnon, a bien voulu écrire.

    On prétend que le nom de Sherlock vient de « Cher Lecoq » que Conan Doyle, l'auteur, le vrai, aurait découvert dans « Monsieur Lecoq » sous la plume d'Emile Gaboriau, l'un des inventeurs du roman policier. Le célèbre détective Sherlock Holmes et son ami, le docteur Watson, apparaissent en 1887 dans une nouvelle intitulée « A study in scarlet », une étude en rouge, dans laquelle les capacités déductives du vieux célibataire maniéré font déjà recette. La seconde publication, « Le signe des Quatre », en 1890, le rend définitivement célèbre.

    Arthur Conan Doyle naît, en 1859, dans une fratrie de 9 enfants et rédige déjà le journal de l'école, à la Public school de Stonyhurst où il est admis en s'inspirant d'Edgar Poe et de Jules Verne. Après des séjours linguistiques à Paris et en Allemagne, il fait des études de médecine, de 1876 à 1881. C'est en observant ses professeurs qu'il trouvera la matière pour créer ses futurs personnages. Son cabinet médical n'est pas surchargé et il a le temps d'écrire. Outre les aventures de Sherlock Holmes, sous forme de nouvelles, viendront notamment « Le chien des Baskerville », « Le monde perdu », « Les exploits du brigadier Gérard » ou « La vallée de la peur ».

    Après l'énorme succès des 6 premières nouvelles, le directeur du Strand Magazine souhaite en commander d'autres à son auteur. Mais Doyle ne prise guère ces intrigues alimentaires et souhaiterait plutôt que ses autres publications, ignorées, soient mieux accueillies. Il refuse ou alors exige 50 £ par titre (une grosse somme à l'époque), ce que l'éditeur accepte. Du coup, Doyle abandonne son cabinet de médecine qui de toute façon végétait et décide de se consacrer à l'écriture. Un second volume des enquêtes du génial détective suivra donc mais au grand dam de Doyle lui-même qui ne peut plus s'en détacher, tant il croule sous les lettres d'admirateurs ou de demandes de conseils juridiques dans des affaires privées. Excédé, Conan Doyle décide de faire disparaître son héros qui trouvera la mort, en 1891, lors d'une confrontation avec son éternel rival, le professeur Moriarty, au fond d'un gouffre suisse.

    Plus de héros, plus d'astreinte, Doyle va désormais se consacrer librement à la rédaction d'autres romans fantastiques, d'aventures et de science-fiction et même d'œuvres ésotériques et de spiritisme. Mais les lecteurs ne l'entendent pas de cette oreille. Sherlock Holmes ne peut pas disparaître, « débrouillez vous pour le ressusciter » lui intiment ses fans. Doyle tiendra 12 ans sans céder puis le fera réapparaître, en 1903, pour 13 autres nouvelles aventures, en acceptant la proposition alléchante d'un éditeur américain.

    En même temps, Doyle s'investit en Afrique, en participant à la guerre des Boers, au sein d'un hôpital monté à ses frais, de 1900 à 1901, dénonce les crimes commis au Congo par l'administration belge, dans son livre « Le crime du Congo », intervient pour rétablir la vérité dans l'affaire d'un Juif allemand injustement condamné à mort et sera correspondant de guerre pendant le premier conflit mondial.

    En 1916, Doyle annonce, dans la revue spirite Light, sa conversion au spiritisme. Dès lors, il sillonnera le monde pour faire des conférences sur le sujet, prêchant le salut de l'humanité par la science. A l'issue de ses voyages, en 1929, il est exténué et sera victime d'une crise cardiaque. Le 07 Juillet 1930 au matin, Sir Arthur Conan Doyle décède dans sa villa de Crowborough.

    Mais Sherlock Holmes est immortel et vit toujours dans des associations et des musées américains, anglais ou australiens, entre autres. Son bureau du 221 rue Baker street, pure fiction, a du être reconstitué, à Londres, à l'identique de ce que l'écrivain avait dépeint dans ses nouvelles. Le héros est bien vivant dans la mémoire collective, comme Hercule Poirot le sera un peu plus tard.

    Seuls les écrivains sont mortels. Elémentaire, mon cher Watson !

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    En 1831, le jeune Louis Pasteur, 9 ans, est témoin, dans son village d'Arbois, de la cautérisation au fer rougi, du bras d'un homme mordu par une louve enragée. Cette vision le hantera jusqu'à ce qu'il découvre, lui-même, le vaccin contre la rage. Mais avant cela, il va explorer plusieurs disciplines.

    Chargé par Napoléon III, son mécène, de trouver une méthode pour s'attaquer aux maladies du vin qui ne se garde pas à l'époque, il démontre, en 1863, que celles-ci sont dues à des micro-organismes qu'il tue en chauffant le vin à 55°C. Appliqué à la bière et au lait, ce procédé dit de « pasteurisation » est bientôt utilisé dans le monde entier. Etudiant les fermentations, il découvre que des organismes peuvent vivre en « anaérobie », sans air.

    En guise d'introduction à la biologie animale, il étudie, à Alès, avec le professeur Béchamp, les maladies qui touchent les élevages de vers à soie et isole les parasites microscopiques des papillons malades. Puis, il propose d'immuniser des animaux en leur injectant des bacilles atténués (affaiblis). Comme les scientifiques sont sceptiques, il organise une démonstration publique au cours de laquelle il vaccine la moitié d'un petit troupeau de moutons et l'autre non. Quand il injecte, quelques jours plus tard, une concentration plus forte du bacille normal, les moutons non pré-vaccinés, meurent. Son aura, bien relayée par des publications régulières, grandit de ce seul fait, même s'il sera prouvé plus tard qu'il a subtilisé, au dernier moment, son vaccin par un autre, suggéré par le docteur Roux.

    Avec le docteur Roux, il découvre le staphylocoque, le streptocoque et des bactéries, ce qui lui permettra de mettre au point les vaccins contre des maladies affectant les animaux : charbon du mouton, choléra des poules, rouget du porc. Mais le passage au vaccin pour l'homme est un saut qu'il n'osera, lui qui n'est pas médecin, que lorsqu'on lui présente, le 06 Juillet 1885, Joseph Meister, un jeune Alsacien mordu par un chien enragé et, donc, voué à une mort certaine. Pendant une dizaine de jours, il inocule son vaccin expérimental « atténué » à l'enfant puis, pour vérifier qu'il fonctionne bien, administre au garçon une dernière dose mortelle. Grâce au traitement des doses atténuées précédentes, l'enfant guérit. C'est la preuve dont Pasteur avait besoin pour présenter la pertinence de ses travaux sur le vaccin antirabique à l'Académie des Sciences. Des vaccinations par centaines vont être opérées sur des malades venant de toute l'Europe, parfois malheureusement sans succès.

    Progressivement et discrètement, le vaccin phéniqué (à base de phénol), mis au point par Fermi en 1908, plus efficace, va remplacer celui de Pasteur et Roux, à base de moelle de lapin. Mais la renommée de Louis Pasteur, à la hauteur de son rival allemand Robert Koch, est faite. Peu attiré par la politique, il dédaigne le siège de député qu'il aurait obtenu sans problème et poursuit ses recherches biologiques.

    Cependant, très dogmatique, n'admettant pas la remise en question, le biologiste s'attire en coulisse des critiques de la part de ses collaborateurs qui ne voient que rarement leur nom sur les publications des travaux du maître.

    En fait, Pasteur a toujours eu le don de mettre de l'ordre dans les travaux de ses prédécesseurs jusqu'à les faire aboutir victorieusement, grâce à sa persévérance dans des expériences hasardeuses, s'attribuant ainsi la découverte d'un procédé qui était arrivé à maturité avant lui mais que son entregent a su médiatiser, au bon moment, pour la bonne cause. Ce fut le cas de ses études sur la dissymétrie moléculaire, sur la fermentation par les levures et la pasteurisation que Nicolas Appert avait déjà trouvée pour conserver les aliments, sur la « génération spontanée » dont il a eu le génie de « montrer » la fausseté, par une démonstration simple avec un flacon à bec retourné. Ce fut le cas aussi sur l'importance des germes dans les maladies infectieuses, mise en évidence par d'autres que lui, et surtout pour la vaccination dont il serait l'inventeur alors qu'elle avait déjà été démontrée pour la variole par Jenner, un médecin anglais, en 1796, soit 26 ans avant sa naissance. Le génie de Pasteur a toujours été de trouver, dans la confusion des résultats partiels de ses prédécesseurs, un fil conducteur qu'il a suivi avec constance, patience et application, prouvant ainsi son grand esprit de synthèse.

    Elu à l'Académie française en 1881, Pasteur consacre les 10 dernières années de sa vie à l'Institut qu'il a pu faire ériger, en 1888 et dont il fait un dispensaire pour le traitement contre la rage, un centre de recherche pour les maladies infectieuses et un centre d'enseignement sur les microbes. Son œuvre sera poursuivie, à l'étranger, dans les 25 instituts qui portent son nom, par ses disciples, les « Pasteuriens ».

    A sa mort, en 1895, le gouvernement fit voter des funérailles nationales et il fut enterré, à la demande de la famille, dans la crypte de l'Institut Pasteur. Son héritage et les applications médicales et scientifiques qui en découlent sont considérables. D'ailleurs, quand on est Français, on ne peut que s'émerveiller devant un scientifique aussi éminent qui affirme que :

    «  le vin est la plus saine et la plus hygiénique des boissons ».

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    A l'inverse du Maroc et de la Tunisie, la France a toujours eu des relations difficiles avec l'Algérie, même si les deux peuples s'apprécient. La date du 05 Juillet tombe à pic pour en parler car elle est l'anniversaire de trois événements :

    Le 05 Juillet 1830, les troupes du Général de Bourmont font leur entrée dans la forteresse d'Alger, entraînant la capitulation du Dey et le début de la colonisation française dans ce qui deviendra l'Algérie. Un siècle et demie plus tard, le 05 Juillet 1998, entre en vigueur une loi, votée en 1996, qui impose la langue arabe dans toutes les écoles, à l'exclusion de toute autre, alors qu'au moment de l'indépendance, le 05 Juillet 1962, le pays dans son ensemble parle français, en sus de sa langue maternelle. On passe du bilinguisme culturel au monolinguisme arabe alors que le pays a soif d'ouverture vers l'extérieur. Mais avec un référentiel linguistique unique, le contrôle est plus facile.

    Au début de la Guerre d'Algérie ( qu'on désignera longtemps par « les événements » en France ), le pays compte 08 millions d'autochtones seulement et 01 million de Français d'Algérie, c'est-à-dire Pieds-Noirs et Juifs séfarades naturalisés (installés là bien avant l'arrivée des arabes). On désignera ces colons Pieds-Noirs car ils avaient souvent les pieds dans les marécages pour les assécher et qu'ils ont fait connaître la vigne aux habitants locaux en foulant de leurs pieds nus les grappes de raisin noir pour en faire sortir le jus. Ce sont eux qui développeront l'usage de la langue française dans l'administration, les exploitations agricoles, ou les écoles. Mais, le 1er Novembre 1954, des attentats meurtriers contre les Français sont déclenchés par le tout jeune parti du Front National de Libération. C'est le début de l'insurrection et d'un conflit qui ne s'achèvera qu'en 1962 avec l'indépendance. Sans doute, le souvenir de la sanglante répression de Sétif en Mai 1945 refaisait surface dans les motifs du FLN.

    En 1998 donc, l'enseignement de la langue de Voltaire est interdit. Le ministre précise « qu'il est fait obligation aux écoles privées ( les dernières à faire de la résistance ) d'utiliser la langue arabe comme unique instrument linguistique pour l'enseignement des programmes scolaires ». De fait, l'arabe était revenu en force dès l'indépendance, inscrit à l'article 3 de la Constitution comme « langue nationale et officielle », réintroduit d'abord dans le Primaire puis imposé, en 1968, à tous les fonctionnaires, placardé dans les rues en 1976. L'arabe est imposé par la loi comme unique langue d'Etat, en Janvier 1991, ce qui exclut, outre le Français, la pratique de la langue Berbère qui est pourtant celle des premiers occupants d'Algérie.

    Naît alors un autre conflit interne entre les partisans d'une arabisation uniforme, dans le moule de l'Islam, et les tenants d'une pluralité de dialectes ou langues régionales dont se réclament les Berbères et leur culture « Tamazight ». Des émeutes régulières en Kabylie tenteront de faire accepter le Berbère comme deuxième langue officielle, en vain. La constitution de 1996 affirme pourtant que les composantes essentielles de l'identité algérienne restent « l'Islam, l'arabité et l'amazighité » mais pour ce dernier, les faits ne suivent pas et l'amazigh est considéré par les autorités comme un folklore. Ce n'est qu'en 2002 qu'une nouvelle loi lui accordera le statut de langue officielle, sans que cela ne se traduise dans les faits. Le Français, lui, n'est plus parlé que par l'élite et les journalistes, malgré la télévision qui diffuse largement les chaînes métropolitaines.

    Membre de l'OPEP, l'Algérie du Président Abdelaziz Bouteflika a tous les atouts pour réussir son éclosion parmi les plus grandes nations arabo-musulmanes, membre influent de l'Union Africaine et de la Ligue Arabe. Mais avoir ôté au peuple l'atout majeur de la connaissance d'une langue étrangère est dommageable pour l'émancipation et l'épanouissement de celui-ci. Sauf si on ne le souhaite pas en haut lieu, ce qui serait étonnant.  

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