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Un billet vert pour le Vélodrome.
En 1940, alors qu’elle se sentait à l’abri derrière la ligne Maginot, la France a du subir l’humiliation de la défaite militaire éclair menée, en contournement de cette ligne, par des forces nazies plus mobiles et qui atteignent même Paris.
Croyant servir les intérêts de la nation, le Maréchal Philippe Pétain, héros vieillissant de la première guerre mondiale, à qui la Chambre des députés a donné les pleins pouvoirs, rencontre Adolph Hitler à Montoire et assure le Führer de sa collaboration sincère et entière.
Dès lors, c’est l’occupant allemand qui va dicter ses ordres et ceux-ci passent notamment par le recensement des Juifs de France que des fonctionnaires français zélés vont consciencieusement établir.
Le 14 Mai 1941, des milliers de « ressortissants étrangers de race juive » étiquetés selon le nouveau statut des Juifs sont « invités à se présenter », avec un ami ou parent pour examen de leur situation. Ils ne doivent pas oublier le « billet vert » de la convocation qu’ils ont reçue.
Peu méfiants, 3.700 ( en majorité des hommes ) répondront à cette première rafle dite « rafle du billet vert » qui préfigure, à un peu plus d’un an d’intervalle, la « rafle du Vél-d’Hiv » ( Vélodrome d’Hiver ).
En bus vers la gare d’Austerlitz puis en train vers le Sud de Paris, les Juifs ainsi rassemblés sont transférés dans deux camps de transit voisins, Pithiviers et Beaune-la-Rolande, entre Orléans et Montargis. Ces anciens camps de prisonniers de guerre, faits de baraquements sommaires et sans hygiène, étaient surveillés par des gendarmes, des policiers ou des douaniers français. Des rangées de lits superposés sur deux ou trois étages, remplis de paille, une fenêtre donnant sur des barbelés, voilà le quotidien des familles démunies qui arrivent là pour des mois.
Sur injonction allemande mais bien relayée par René Bousquet, le secrétaire général à la Police sous le régime de Vichy, la pression sur les Juifs s’intensifie début 1942 et les arrestations de plus en plus nombreuses nécessitent de faire de la place dans les camps existant. Leurs occupants, hommes, femmes, enfants, sont ainsi massivement déportés en prévision des grandes rafles de Juillet 1942.
Les 16 et 17 Juillet 1942 en effet, commence dans plusieurs pays européens, l’opération « Vent Printanier », au cours de laquelle la police française appréhende plus de 13.000 personnes dont 4.000 enfants de moins de 16 ans que les Nazis ne réclamaient même pas. Les couples sans enfants ainsi que les célibataires sont envoyés d’emblée vers le camp de Drancy, au Nord de Paris, où s’entassaient déjà des hommes seuls affamés et d’où ils seront chargés dans des wagons à bestiaux vers Auschwitz-Birkenau, avec ou sans halte au camp de Compiègne. Les familles avec enfants, quant à elles, environ 8.000, sont dirigées vers le Vélodrome d’Hiver dans le XVème arrondissement, où elles attendent plusieurs jours sans nourriture, sans eau, sans couchage, puis vers les deux camps du Loiret, Pithiviers et Beaune-la-Rolande, où ils vont s’entasser dans des conditions inhumaines.
Cette « rafle du Vél-d’Hiv », opérée sur ordre des Nazis mais secondée par des Français, sera suivie par d’autres. Au total, 42.000 Juifs seront déportés de France vers Auschwitz et 811 seulement en reviendront.
Il fallut attendre Juillet 1995 pour que, devant le monument commémoratif ( photo ), quai de Grenelle, un Président de la République reconnaisse que « ces heures noires souillent à jamais notre histoire et sont une injure à notre passé et à nos traditions. ( … ) le 16 Juillet 1942, 4.500 policiers et gendarmes français, sous l’autorité de leurs chefs, répondaient aux exigences des nazis. ( … ) Ce jour-là, manquant à sa parole, la France livrait ses protégés à ses bourreaux »
La grandeur d’une nation est d’assumer ses erreurs.
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