• Les diamants de Bokassa 1er.

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    Elevé par les missionnaires, après le décès de ses parents, dans cette région appelée alors Oubangui-Chari (du nom des fleuves locaux), Jean-Bedel Bokassa s'engage dans l'Armée française à l'âge de 18 ans, en 1939, ce qui va l'amener à participer, dans les rangs des Forces françaises libres, au débarquement en Provence et à la bataille du Rhin. Il servira la France plus de 20 ans.

    Dans son pays d'origine, la Centrafrique, David Dacko arrive au pouvoir en 1959, juste avant l'indépendance, lorsque le Président Barthélémy Boganda est tué dans un crash d'avion. En 1964, lorsque Dacko voit revenir son cousin Jean-Bedel au pays, en capitaine de la Légion, tout auréolé de gloire et la poitrine couverte de médailles, justement gagnées en Indochine et en Algérie, il n'hésite pas une seconde à lui confier, avec le titre de Chef d'état-major et le grade de colonel, la réorganisation de l'Armée à Bangui. Fin 1965, le chef de la Gendarmerie tente un coup de force pour destituer Dacko mais c'est J.B. Bokassa qui retournera la situation à son profit en neutralisant les gendarmes et en prenant le pouvoir, le 31 Décembre 1965. C'est ce qu'on appellera le « coup d'Etat de la Saint-Sylvestre ».

    Dans les premières années où il assoie son pouvoir de façon brutale, avec l'assentiment tacite de la France, Bokassa reste populaire du fait des grandes idées de retour à la terre, de réforme agraire et de valeur travail. Rapidement cependant, le « soudard », comme l'appelait le Général de Gaulle, perd tout sens de la mesure et, grisé par le pouvoir absolu, il s'auto-proclame « Président à vie » en 1972, puis « Maréchal » en 1974, en souvenir de Napoléon qu'il avait étudié en France. C'est par une monumentale et fastueuse cérémonie, en Décembre 1977, au cours de laquelle il se place lui-même la couronne « d'Empereur » sur la tête, que le ridicule atteint son comble. Pour l'occasion, le souverain avait revêtu le même costume que le Maréchal Ney lors du sacre de Napoléon 1er mais, parmi les 5.000 invités, aucun Chef d'Etat n'avait fait le déplacement.

    Le pays est mené d'une main de fer, avec son lot d'exécutions et de torture contre les opposants, les ressources détournées « normalement » et le peuple reste à l'écart des distributions, bien évidemment. Pour payer les fonctionnaires, JBB se tourne vers le voisin Libyen. Afin de séduire Kadhafi, de qui il attend une aide financière, il n'hésite pas à se déclarer musulman et à changer son nom pour des consonances plus coraniques.

    En Janvier 1979, des étudiants manifestent contre le prix élevé qu'ils doivent payer pour confectionner l'habit à l'effigie de l'Empereur. Bokassa 1er s'implique personnellement dans la répression de ce mouvement qui fait une centaine de morts parmi les étudiants. Dés lors, non seulement « notre cher ami » n'est plus en odeur de sainteté auprès de la diplomatie française  mais il devient carrément gênant. Le 21 Septembre de la même année, lors d'une nouvelle visite qu'il effectue en Libye, la France de Valéry Giscard d'Estaing lance une opération commando, appelée « Opération Barracuda » dont l'objectif est double : destituer le dictateur Jean-Bedel Bokassa pour le remplacer par son prédécesseur plus docile, David Dacko, et récupérer des documents compromettants liés à la proximité, voire l'amitié, entre les deux présidents, Bokassa et Giscard d'Estaing dont la passion de la chasse au gros gibier l'avait amené à de nombreuses reprises en Centrafrique. Les deux objectifs sont atteints.

    Pendant que l'Empereur déchu se réfugiait à Abidjan, en Côte d'Ivoire, la presse française, le Canard enchaîné et Le Monde en tête, ressortait une lettre de 1973, signée de la main de Bokassa lui-même et autorisant le don d'une plaquette de diamants de 30 carats au profit du ministre des finances de l'époque, un certain VGE. C'est dans cette rivière de diamants que va se noyer le Président Giscard, alors qu'il brigue un second mandat de 7 ans. A mesure que la polémique et les doutes enflaient sur la véracité de ces « cadeaux », VGE les balayait d'un silence de mépris. « Il faut laisser les choses basses mourir de leur propre poison » déclare-t-il. Erreur, car les électeurs se sont passionnés pour cette affaire bien exploitée par la gauche et certains gaullistes. Qui ne dit mot, consent. C'est finalement François Mitterrand qui rafle la mise le 10 Mai 1981.

    Jean-Bedel reste en exil pendant 4 ans chez Houphouët Boigny, pendant que son successeur à Bangui tente de rétablir un fonctionnement républicain des institutions, puis on le revoit en France, dans les Yvelines jusqu'en 1986, où il se décide à rentrer dans le pays qui l'a condamné à mort. En l'espace de 6 ans, de 1987 à 1993, sa peine sera commuée en prison à vie, puis en 10 ans de réclusion puis en amnistie. Il meurt en 1996 d'un arrêt cardiaque, à 75 ans, persuadé que son peuple et ses 17 femmes l'avaient toujours aimé. Il laisse 50 enfants reconnus.

    Il est étonnant de constater, au travers de cet exemple, que les intérêts de la France aient conduit ses présidents successifs à appuyer des dictatures africaines jusque dans leurs aberrations les plus flagrantes.

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  • Commentaires

    1
    Gilles
    Samedi 20 Septembre 2008 à 03:32
    Questions
    J'ai plusieurs questions, posees sans malignite car l'Afrique est pour moi une terra icognita: # Je crois me souvenir que Jean-Bedel etait en fait l'abreviation sur le calendrier de St Jean-Baptiste de je ne sais plus quoi ? # Je croyais que le futur empereur avait termine Adjudant dans l'armee francaise. Mais je reconnais que l'annuaire des Officiers n'est pas mon livre de chevet.... # Finalement, Giscard, il les avais recus ou pas ses diamants? Et quand bien meme! Si j'en crois une certaine "presse", sous pretexte que tu es President, tu ne devrais pas accepter un petit diamant, un sejour sur un yacht, ou une gaterie d'une stagiaire! De quoi te degouter d'etre candidat......
    2
    Samedi 20 Septembre 2008 à 10:15
    Grades
    Tu as raison, Gilles, pour le prénom Jean-Bedel qui vient du fait que le 22 Février, jour de sa naissance, était inscrit ainsi sur le calendrier : "Jean B.de L." pour Jean-Baptiste de la Salle. Bokassa a terminé Capitaine dans l'armée française, après s'être engagé en 1939, il était Adjudant en 1950 quand il est parti en Indochine, puis Adjudant-chef en 1954, Lieutenant en 1956, Capitaine en 1961. En rentrant en Centrafrique, il a été immédiatement Commandant puis Colonel, etc... Concernant les diamants, ils ont bien été offerts à Giscard, ainsi que Pierre Péan l'a raconté à Charles Villeneuve dans le "Droit de savoir" de Janvier 2005.
    3
    Gilles
    Lundi 22 Septembre 2008 à 03:57
    Jean-Bedel
    Merci de ces reponses, helas les dernieres. Honnetement, j'aurais pu continuer a vivre sans savoir si Bokassa avait termine Adjudant ou Capitaine! Tu auras ete pro jusqu'au bout!
    4
    bouleau
    Dimanche 11 Octobre 2009 à 21:26
    bocassa
    C'est mon père qui a organisé le "dessoudement de Bocassa", celui ci était à l'époque capitaine sous l'autorité de mon père alors administrateur des colonies. Il le connaissait bien!! J'ai des documents. Dans cette affaire, on ne parle jamais de mon père !!! pourtant, il était dans la même équipe de Bontou, demarenche, Chachouard etc... Il est décédé d'un cancer généralisé subitement ????? alors que tout le monde desirait lui acheter sa santé !!! cela n'est pas normal !!!! Thierry Bouleau
    5
    BOLO
    Vendredi 21 Janvier 2011 à 17:38
    QUI DETIENT LES EFFETS DE BOKASSA
    Je voulais juste avoir une idée sur ce que les baracuda ont volé dans les villas de papa BOK à berengo et à Bangui.
    6
    SEJO
    Vendredi 21 Janvier 2011 à 17:43
    QUI DETIENT LES EFFETS DE BOKASSA
    Et les documents volés par la soit disant DGSE français et quelles sont les procedures que l'ETAT centrafricain peut engager afin de recuperer tous cela. merci
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    7
    Quentin
    Mardi 6 Décembre 2011 à 23:16
    Prénom Jean Bedel
    Bonjour; Je me présente Quentin Lorenzini descendant de la famille Bedel du coté de mon père. Pour ce qui est de l'origine de son prénom, la particule Bedel a été rajoutée à Jean Bokassa suite à la mort du frère de mon arrière grand père (Bedel de son nom) qui était missionaire en centre Affrique à cette époque. Les deux personnages étaient en effet de grands amis, c'est donc un hommage qu'a voulu porter Jean Bedel Bokassa à mon ancetre.
    8
    Mercredi 7 Décembre 2011 à 12:49
    Bedel
    Merci Quentin pour cette précision historique. Longue vie à votre famille.
    9
    gilles
    Dimanche 12 Février 2012 à 17:36
    Diamants VGE
    Quand est-il de la valeur exacte des diamants de VGE ? Que sont-ils devenus ?
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