• La triste fin du Négus.

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    Avec le coup d'Etat militaire fomenté par le colonel Mengistu, à Addis-Abeba, en 1974, c'est la plus ancienne dynastie du monde qui perd son dernier roi, le « négus nigesti », Roi des rois, lion de Judas, défenseur de la foi chrétienne orthodoxe, force de la Trinité, élu de Dieu. Tous ces titres, en effet, étaient attachés à la fonction de l'empereur d'Ethiopie Hailé Sélassié 1er.

    Fils du Ras (chef) Makonnen, ce neveu de l'empereur Ménélik II, reçoit pour nom de naissance, en 1892, « Ras Tafari » (celui qui est redouté) Makonnen. On le dit descendant, au 225ème rang, du roi Salomon et de la reine de Saba. Du moins, les « rastas » jamaïcains, qu'il est allé visiter en 1966, tel le messie, croient-ils dur comme fer en cette incarnation de leur prophétie.

    Elève des missionnaires français, l'adolescent aide sa tante impératrice à administrer le pays qu'on nommait à l'époque Abyssinie. Proclamé négus, en 1928, il prend le nom de Hailé Sélassié (pouvoir de la Trinité) puis est couronné Empereur, en Novembre 1930, à la mort de l'impératrice alors qu'il a déjà 38 ans. Aussitôt, il s'emploie à moderniser le pays, en lui donnant une Constitution, en sollicitant l'appui financier de l'étranger. Lorsque Mussolini décide d'envahir l'Ethiopie, en 1935, l'empereur oppose une héroïque résistance à la tête de ses troupes mais, inférieur techniquement, il doit s'expatrier. C'est à Bath, en Grande Bretagne, qu'il attendra 5 années de pouvoir revenir diriger son pays, sollicitant au passage, une intervention de la SDN, la Société des Nations, ancêtre de l'ONU.

    En Mai 1941, après que les brigades anglo-indiennes et les forces françaises libres aient libéré sa capitale des fascistes, il y fera une entrée triomphale. Mais tout est à reconstruire du fait que les élites ont fui ou ont été décimées par l'occupant. Hailé Sélassié plaide alors la cause de son pays d'abord, de l'Afrique ensuite et enfin du Tiers monde dont il devient la figure de proue, auprès des instances internationales. Il obtient le siège de l'OUA, Organisation de l'unité africaine qui vient d'être créée en 1963, à Addis-Abeba même. Il confie la magistrature, la police et les douanes aux Britanniques, l'entraînement de l'armée aux Belges et fait appel aux Américains, aux Allemands et aux Russes pour développer son agriculture et son industrie. Bien sûr, il abolit l'esclavage.

    Mais l'unité du pays dont il rêve, déjà mise à mal par le Territoire français des Afars et des Issas, est menacée par les revendications de la province de l'Erythrée dont le Front de Libération se durcit avec le temps depuis 1961. A l'intérieur, l'aristocratie et le clergé, tout comme les propriétaires fonciers, sont réticents aux réformes qui entament leurs pouvoirs et privilèges. La scolarisation de la population, l'un de ses thèmes favoris, ne progresse guère.

    Durant les dernières années de son règne, une famine catastrophique pendant l'hiver 1973-74 entraîne une grande partie de la population dans la misère. Pendant ce temps, la télévision montre le négus, octogénaire, peu préoccupé par la disette de son peuple, nourrissant ses lions et ses chiens avec de la viande de premier choix. On accuse alors le régime de corruption et d'enrichissement personnel et l'opposition, appuyée par les étudiants, s'organise. C'est donc dans l'indifférence totale que la junte militaire, dirigée par Mengistu Hailé Maryam à la tête d'un groupe d'officiers, le renverse le 12 Septembre 1974 pour établir un régime marxiste révolutionnaire. Mais celui-ci ne fera pas mieux car le « négus rouge » sera plus tard accusé de génocide.

    Le 27 Août 1975, les médias annoncent la mort en prison d'Hailé Sélassié. Les circonstances de celle-ci restent obscures mais ne semblent rien devoir au hasard. Sa dépouille, ultime humiliation, sera enterrée sous les toilettes du Palais impérial d'où il sera exhumé en 1992 pour rejoindre, en grande discrétion, Ménélik II dans le mausolée d'Addis-Abeba.

    Pendant 44 ans de règne absolu, le Roi des rois aura su se jouer de tous les pièges mais n'aura pas fait progresser les conditions de vie de son peuple dont l'espérance de vie n'atteint pas 45 ans. Celui-ci ne fera donc rien pour le sauver d'une disparition brutale. Aujourd'hui, l'Ethiopie n'a toujours pas vaincu les démons traditionnels qui la minent : conflits ethniques (dont la guerre avec l'Erythrée en 1998-2000), sécheresse, famine, corruption. Et pas même de pétrole pour que les Grands s'y intéressent.

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  • Commentaires

    1
    Lundi 15 Septembre 2008 à 17:32
    Destin
    certes tragique, tant pour l'homme (politique, en tant que souverain) que pour l'Ethiopie mais l'histoire est ainsi contorsionnée. Jusqu'à quand va-t-on encore assister à de tels désastres; à de telles dérives ?
    2
    Hby
    Mardi 15 Septembre 2009 à 13:56
    destin Negus
    Voila quelque chose que je ne savais pas de la vie du Rastafari, quand est ce que les gens vont comprendre que s'entretuer ne servira pas a grand chose, on mourra tous d'une façon ou d'une autre, pourquoi ne pas juste vivre tranquillement ...
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    3
    Mercredi 16 Septembre 2009 à 09:49
    Conflits
    Effectivement, Hby, les conflits entre les peuples n'ont jamais été résolus par des guerres qui ne font que les aggraver. Mais, malheureusement, il y aura toujours des guerres. Evitons de s'y laisser entraîner.
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