• La Pologne de Pilsudski.

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    Le Maréchal Joszef Klemens Pilsudski, mort le 12 Mai 1935 à Varsovie, est un personnage assez controversé, au parcours atypique : leader du Parti socialiste polonais, Chef d'Etat, Premier ministre puis dictateur.

    Polonais de famille noble de Lituanie, il a étudié le droit à Vilnius avant de militer, au travers de son journal « Robotnik » (l'ouvrier), pour la cause nationaliste et de se passionner pour « l'art de la guerre » à la lecture de Karl von Clausewitz. C'est ainsi qu'on le retrouve à la tête d'une brigade polonaise au sein de l'armée austro-hongroise au début de la première guerre mondiale. Après l'armistice de Novembre 1918, il proclame la République à Varsovie et instaure le suffrage universel pour l'élection de la Diète constituante qui le confirme dans ses fonctions de Chef de l'Etat (1918 à 1922). Patriote, il oeuvre, ensuite, pour que la Pologne, dépecée par la Russie, l'Autriche et la Prusse, recouvre son indépendance et sa souveraineté parlementaire.

    Il devient immensément populaire lorsqu'il repousse l'Armée rouge, sur la Vistule, en Août 1920. Il a sans doute évité, ainsi, le déferlement bolchevique et spartakiste sur l'Ouest de l'Europe et déjoué la possible collusion germano-russe contre la Pologne. Le traité de Riga, en Lettonie, signé le 18 Mars 1921, avec les représentants du gouvernement bolchevique, permet à la Pologne de repousser les limites de la frontière orientale. Fait Maréchal après la victoire, Pilsudski est resté le chef des forces armées polonaises jusqu'à sa mort.

    Il avait, à partir de 1920, une vision d'Etat fédéral avec des « cantons », Pologne, Lituanie, Biélorussie et Ukraine. Une sorte de grande fédération d'Europe centrale, allant de la Roumanie à la Lettonie. Mais celle-ci portait atteinte aux intérêts allemands et russes et inquiétait Français et Anglais. Elle ne se fit pas.

    Retiré de la vie publique en 1923, il y revient le 12 Mai 1926, grâce à l'Armée qu'il avait contribué à reformer, par un coup d'Etat qu'on dit plébiscité par la nation. Il est nommé Premier ministre avec les pleins pouvoirs. Prenant très tôt conscience du péril nazi, ne voulant pas laisser la Pologne retomber sous le joug des bolcheviques ( futurs communistes ), il instaure un Etat fort et tente de consolider l'unité du pays. Traité de dictateur, qui aurait copié Staline, Mussolini et Hitler, il fut plutôt un « despote éclairé » qui mit fin aux lois de discrimination contre les juifs, tenta de prévenir les démocraties occidentales du danger de laisser grossir le nazisme, et dut signer des traités de non-agression avec l'Allemagne et l'URSS, avant de se tourner finalement vers le vieil allié français et la puissante Angleterre.

    Cette figure emblématique, qui garda le pouvoir jusqu'à sa mort en 1935, symbolise la Pologne de cette période, patriote et fière.

    Depuis sa mort, le 12 Mai 1935, onze ans jour pour jour après le coup d'Etat de 1926, son corps repose en la cathédrale de Cracovie et son cœur près de sa mère à Vilnius.

    Finalement, fut-il dictateur ou sauveur ? La polémique court toujours.

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  • Commentaires

    1
    Gilles
    Mardi 13 Mai 2008 à 14:56
    Pilsudski: aussi agresseur
    Il faut ajouter que le "miracle de Varsovie" d'Aout 1920 doit beaucoup a l'aide francaise, sous forme d'armes et de la mission Weygand, alors que l'armee polonaise etait en deroute face aux bolcheviques. Aux qualificatifs de dictateur et sauveur, j'ajouterai celui d'agresseur car, rompant une convention vieille de deux jours, c'est avec son accord que le general Zeligowski a envahi puis occupe le tiers est de la Lituanie alors alliee, le 9 Octobre 1920. Les relations diplomatiques entre les deux pays allaient etre rompues pendant 20 ans, et les Lituaniens n'ont pas encore digere cette occupation.
    2
    Mardi 13 Mai 2008 à 16:33
    weygand
    Tu as raison, Gilles, Weygand a joué un grand rôle à ses côtés mais il est difficile, en 20 lignes, de rendre compte de façon exhaustive d'événements si complexes.J'accepte aussi le mot "agresseur".
    3
    Gintautas Kaminskas
    Lundi 18 Août 2008 à 10:14
    Pilsudski
    Pour nous Lituaniens, Pilsudski est pire qu'un traître. Bien qu'il ait été né en Lituanie de parents lituaniens (sa mère, au moins, était monolingue en lituanien), il n'est pas devenu un véritable patriote lituanien comme tant de ses contemporains de la fin du 19e siècle. Non, il a jeté sa sort avec la mode (déjà en déclin) d'être polonisé, de sorte que tout ce qu'il a fait était pour le bon et la 'gloire' de la Pologne. Il ne considerait sa véritable terre natale (la Lituanie) que comme une annexe de la Pologne. Dans notre évaluation, il est là au fond de l'étang avec Jogaila (les Polonais l'appellent Jagiello) et Sniečkus, les autres grands traîtres.
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    4
    Lundi 18 Août 2008 à 10:53
    Lituanie
    Merci Gintautas de ce commentaire éclairé. Je ne suis pas spécialiste de cette partie du monde, c'est pourquoi ma dernière phrase est une interrogation. Il faudrait discuter avec Gilles, ci-dessous, qui vit en Lituanie. Bonne chance.
    5
    Lundi 18 Août 2008 à 11:58
    Traitres
    C'est un compliment pour moi de voir que je fais la meme analyse qu'un Lituanien! Meme si je me tiens a un certain devoir de reserve. C'est vrai que Jogaila n'est pas tres populaire ici. Disons que c'est l'Union de Kreva, dont j'ai parle recemment sur mon Blog, qui a ete lourde de consequences. Quant a Sniečkus, peut-etre moins connu, c'est un Lituanien, premier secretaire du PC lituanien en 1940, responsable des grandes deportations de 1941, au cours desquelles il n'a pas hesite a envoyer son propre frere en Siberie, ou celui-ci est mort!
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