• La Loi sur les Suspects.

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p>

    L'installation de la République, après des siècles de royauté, n'allait pas de soi dans la France révolutionnaire d'après la prise de la Bastille. Il fallait gagner les acquis de la révolution et se garder de dangers autant intérieurs qu'extérieurs. L'exécution du roi Louis XVI, sacrilège suprême pour les monarchies européennes, entraîne la formation d'une coalition contre-révolutionnaire autour de la Prusse et de l'Autriche. Les attaques contre la religion, avec persécutions de prêtres, au profit d'un culte de la raison, choquent et déstabilisent le bas peuple. La Vendée et plusieurs grandes villes sont en état de rébellion. Les Assignats (bon reçu en cas de prêt, assigné donc gagé sur les biens du clergé) perdent de leur valeur et les prix montent. Partout, la révolte gronde et on se demande si la révolution des « Sans-culottes » est une bonne chose.

    Le 05 Septembre 1793, la Convention (Assemblée nationale) décide de prendre des mesures fermes pour sauver les acquis de la Révolution. La « Terreur » est mise à l'ordre du jour à des fins de « salut public » pour faire face aux dangers qui menacent la nation. En moins d'un an, cette politique basée sur l'arbitraire va ensanglanter le paysage français, livré à une poignée de tribuns s'excitant mutuellement et gouvernant à coups de lois et décrets expéditifs. Ecoutons Robespierre : « ... On conduit le peuple par la raison et les ennemis du peuple par la terreur. ... La terreur n'est autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible : elle est donc une émanation de la vertu. ... ».

    Un Tribunal révolutionnaire d'exception, nommé par la Convention, est chargé d'examiner la situation des « ennemis de la République » que lui présentent les Comités de surveillance. On s'espionne et on se dénonce mais la situation économique continue à se dégrader. Chômage, pénuries et inflation pèsent sur les Sans-culottes qui doivent, en outre, échapper à la levée en masse pour les troupes aux frontières. Les députés croient remédier à cette spirale en instaurant une loi du « maximum légal » qui bloque les salaires et les prix mais l'effet est inverse : les greniers se vident et les paysans bloquent leurs récoltes, sous-payées. On parle de guillotine pour les « accapareurs ».

    Le 17 Septembre 1793, le Comité de Salut Public propose à la Convention qui l'adopte une « Loi des suspects », en fait un décret qui permet l'arrestation de ceux qui « n'ayant rien fait contre la Liberté, n'ont rien fait pour elle », selon le mot de la Commune de Paris. C'est la porte ouverte à tous les abus et tout le monde se sent menacé, outre les cibles traditionnelles : nobles, religieux, parents d'émigrés, fonctionnaires destitués, officiers suspects de trahison, paysans et commerçants affameurs.

    Au nom de la Terreur institutionnalisée, environ 500.000 personnes seront emprisonnées. Un degré supplémentaire est même franchi, le 22 Prairial an II (ce jour du calendrier révolutionnaire correspond au 10 Juin 1794), avec la Loi qui supprime les avocats, laissant la sentence à l'intime conviction des juges et jurés. Désormais, il n'y a que 2 issues au procès : l'acquittement ou la mort. C'est la « Grande terreur ». On comprend ainsi pourquoi 16.000 personnes furent guillotinées et 25.000 autres victimes, dans tout le pays, d'exécutions sommaires après délation. La vengeance personnelle, la jalousie et l'appât du gain n'y étaient sans doute pas étrangers. Figurent parmi ces victimes des noms célèbres comme Danton, Marie-Antoinette ou Lavoisier.

    Avec la chute de Robespierre, l'incorruptible, le 09 Thermidor an II (27 Juillet 1794), et son exécution le lendemain, le mouvement d'épuration s'essouffle et tombe lentement en désuétude. La lassitude, peut-être. La loi sur les suspects sera finalement supprimée en Octobre 1795. Mais la peur d'échouer, après un tel élan d'espoir devant cette République naissante, avait entraîné les révolutionnaires, notamment les Montagnards, dans une fuite en avant répressive, quelque peu totalitaire et schizophrène.

    La victoire de Fleurus, en Juin 1794, grâce aux ballons captifs, redonnera du tonus à la République qui pourra exporter ses idéaux d'égalité et de liberté en dehors de la France. On peut même se demander si la révolution bolchevique prônée par Lénine, en 1917, ne se réclame pas de cet héritage. C'est aussi au nom du peuple qu'il fallait instaurer une dictature du prolétariat. Il a toujours bon dos, le peuple, quand il s'agit de prendre le pouvoir.

    </o:p> 

    Tags Tags : , , , , , , , , , , , ,
  • Commentaires

    1
    Gilles
    Mercredi 17 Septembre 2008 à 03:57
    justice expeditive
    En lisant ton post, je me disais justement que la Rrevolution francaise n'avait rien a envier a l'URSS et vice-versa. Quand je pense que certains ont parle de passage de l'ombre a la lumiere......
    2
    Mercredi 17 Septembre 2008 à 09:59
    Rapidité
    Effectivement, Gilles, nous n'avons de leçon à donner à personne. L'Histoire s'écrit brutalement, dans le sang, partout dans le monde. Quand je pense qu'on a entendu un candidat(e) à l'investitude suprême en France s'extasier sur la rapidité des tribunaux chinois !
    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :