• Guerre oubliée en Corée.

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    Si je vous dis que je trace un trait horizontal sur une carte, par exemple le 38ème parallèle, pour séparer deux parties d'un même peuple qui ne s'entendent pas. Si je fais intervenir, pendant 3 ans dans cette zone, pour régler leur problème de frontière, des soldats locaux, américains, russes, chinois et français, et que, au bout de 3 ans, je suis toujours sur le même 38ème parallèle mais en ayant laissé plus de 2 millions de morts de tous côtés, vous allez me prendre pour un fou. C'est pourtant ce qui est arrivé pendant la guerre de Corée de 1950 à 1953.

    Après des incidents de frontière répétés et avec l'accord de Staline et Mao Zedong, 500.000 soldats nord-coréens, appuyés par les chars et l'artillerie soviétiques, franchissent, dans la nuit du 24 au 25 Juin 1950, la ligne de démarcation du 38ème parallèle qui sépare leur Etat communiste de la Corée du Sud, sous régime pro-occidental, disons américanisé. C'est le début de la guerre qui sera à deux doigts de tourner au conflit nucléaire.

    Défendre la Corée du Sud, pour les Américains, équivaut à maintenir un pôle stratégique face à la Chine devenue, elle aussi communiste, d'autant plus que les Français sont empêtrés dans la guerre d'Indochine et ne pourront plus faire barrage. Le Président Harry Truman obtient du Conseil de sécurité de l'ONU l'accord d'une intervention de « rétablissement de la paix ». C'est le vieux général Douglas Mac Arthur qui est envoyé à la tête d'une armée de 16 nations, dont la France (Monclar, La Grandière), face à des forces Nord-coréennes qui, dans leur élan, ont déjà pris Séoul, la capitale du Sud et poussé jusqu'à Pusan.

    Le 15 Septembre, le général MacArthur réussit, par une opération amphibie d'enveloppement, à faire débarquer 80.000 marines dans la baie à l'Ouest de Séoul pendant que la tête de pont de Pusan, au Sud, est consolidée. Pour éviter d'être pris en tenaille, les Nord-coréens sont contraints à la retraite jusqu'au 38ème parallèle. Truman veut profiter de l'avantage tactique et lance une grande offensive, avec les forces onusiennes, jusqu'à Pyongyang, la capitale du Nord, qui est prise le 18 Octobre 1950. Certaines unités poussent même jusqu'au fleuve Yalu qui fait frontière avec la Chine, au grand dam de l'ONU. Menacée, la Chine intervient alors et le général Lin Piao lance une contre-attaque, en Novembre, qui repousse les onusiens trop éparpillés. C'est au tour des communistes d'envahir le Sud et de reconquérir Pyongyang en Décembre puis de dépasser même Séoul en Janvier 1951.

    Le Président Truman ne veut pas la guerre avec la Chine car il sait que cela entraînerait un conflit avec l'URSS. Il songe à repousser seulement les Nord-coréens chez eux (opération Killer) mais MacArthur est plus belliqueux et insiste pour que les troupes s'enfoncent en territoire chinois, jusqu'en Mandchourie, en utilisant s'il le faut l'arme nucléaire. Il est limogé et remplacé par Matthew Ridgway en Avril 1951. Finalement, le front se stabilise, peu ou prou, aux abords du 38ème parallèle. Malgré la poursuite d'escarmouches, le long de cette nouvelle guerre de position, des pourparlers de paix sont entamés à l'été 1951 mais ils s'éternisent du fait de la question des prisonniers de guerre Chinois et Nord-coréens qui ne veulent pas retomber sous le joug communiste. Leur sort n'avait, pourtant, rien à envier à celui des milliers de prisonniers onusiens maltraités dans les camps nord-coréens. Les pourparlers sans fin pour des échanges, de part et d'autre, ne trouvèrent pas de solution.

    Bien que les prisonniers meurent de mauvais traitements et par manque d'hygiène, les négociations sont même interrompues jusqu'à la mort de Joseph Staline en Mars 1953 et n'aboutissent que le 27 Juillet avec l'armistice signé à Pan Mun Jom entre les représentants de l'ONU, de la Chine et de la Corée du Nord. La Corée du Sud ne signe pas car elle reste opposée ( encore aujourd'hui ) à un texte qui reconnaît la partition de la grande Corée.

    Cette guerre fut, par ailleurs, l'occasion d'effectuer des expérimentations sur de nouveaux armements ou des méthodes tactiques, comme les bombes au napalm ou les avions à réaction. L'interdiction par l'ONU de survoler le territoire chinois où étaient basés les avions Mig 15 Nord-coréens imposa la méthode du « containment » dans la Mig alley par l'aviation américaine, basée elle au Japon. Après des revers initiaux, celle-ci put obtenir la supériorité aérienne, avec l'arrivée de ses fameux Sabres.

    Ainsi, une lutte de pouvoir entre deux petits pays asiatiques, n'arrivant pas à se mettre d'accord sur leur réunification, a-t-elle impliqué, pendant 3 ans, des troupes chinoises, russes et nord-coréennes contre un contingent des Nations Unies regroupant des soldats sud-coréens, américains, britanniques, français, canadiens, australiens, belges, luxembourgeois, colombiens, éthiopiens, grecs, hollandais, néo-zélandais, philippins, sud-africains, thaïlandais et turcs, ainsi que les unités médicales danoises, indiennes et suédoises. Tout cela pour revenir, 2 millions de morts (civils et militaires) plus tard, au point de départ. Status quo ante bellum. Quel gâchis !

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  • Commentaires

    1
    Gilles
    Dimanche 27 Juillet 2008 à 03:21
    Gachis
    Mais les guerres ne sont elles pas en general un beau gachis mon cher Yves? je crois qu'on est bien places pour en juger! Je crois qu'on devrait obliger ceux qui les declenchent, a savoir les politiciens, a les faire. Peut-etre qu'ils y reflechiraient a deux fois!!! Ceci dit, on notera qu'a l'epoque (mais cela a-t-il vraiment change?) les regimes communistes avaient une forte tendance a l'imperialisme, ou au moins au proselytisme.
    2
    Philflying
    Lundi 28 Juillet 2008 à 18:06
    Corée
    Alors là je te donnes 20/20 pour le sujet. Avec l'indo, c'est un des conflits où de nombreux français sont morts oubliés ; y penser déjà est beau travail de mémoire. N.B. Tu m'as reconnu ?
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