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Diên Biên Phù.
<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Dès la fin de la guerre, en 1945, le Général de Gaulle déclare son intention de restaurer l'autorité de la France en Indochine que les Japonais avaient investie pendant le conflit mondial, alors que les Français en assumaient la souveraineté depuis le traité avec l'Empereur Tu Duc, en 1862.
L'extrême orient asiatique était, au début du siècle, sous la domination britannique, pour la partie Ouest, du Siam (Thaïlande) jusqu'à l'Inde, et sous la domination française pour la partie Est, avec ce qu'on appelait « l'Indochine » et qui comportait le Laos, le Cambodge et le Viêt-nam, lui-même formé de trois provinces ( du Nord au Sud, Tonkin, Annam et Cochinchine ). L'insurrection du « Viêt-minh », parti communiste de Hô-Chi-Minh, aidé de la Chine, en Décembre 1946, déclenché après l'incident de Haiphong, contre le Corps expéditionnaire français, marque le début d'une guerre, où s'illustre le prestigieux général Jean de Lattre de Tassigny mais qui se terminera tragiquement, le 07 Mai 1954, par la défaite de Diên Biên Phù (DBP).
Au bout de sept ans de conflit, dont les politiques français se désintéressent, le général Raoul Salan, qui connaissait bien l'Indochine, est remplacé, en 1953, par le général Henri Navarre à qui l'on demande un succès militaire sur le terrain pour que le gouvernement français soit en position de force à la Conférence de Genève. Le plan de Navarre consiste à retarder les infiltrations Vietminh vers le Laos, soutenues par les Chinois au Nord, pour préparer une grande offensive au Sud en Cochinchine. Pour cela, il choisit une place forte, très loin des bases de ravitaillement ennemies ( pense-t-il ) où il va établir un verrou retranché. Ce sera DBP.
La grande plaine de DBP, qui s'étend sur 18km de long et 04 km de large, est bordée de collines boisées peu élevées. C'est, en réalité, une « cuvette » comme on l'appellera fréquemment. Le général Vo Nguyên Giap, qui en sera vainqueur, la matérialisera de façon expressive à ses officiers en mettant son poing dans son casque retourné : « les Français sont là et nous, nous sommes autour sur les bords ».
Les premiers bataillons para sautent sur ce morceau de jungle, le 20 Novembre 1953, et commencent à en transformer les abords en camp retranché, avec un terrain d'aviation à 10 km au Sud, en prévision des ponts aériens pour les ravitaillements. Avec un peu d'artillerie et quelques chars, la position semble sûre face à des « viêts » dont on sous-estime les capacités d'armement. En effet, Hô Chi Minh mobilise magistralement ses troupes et envoie à Giap, outre 700 camions Molotova, quelques 260.000 « coolies » qui poussent discrètement dans la jungle 20.000 bicyclettes chargées lourdement de ravitaillement, munitions et pièces d'artillerie de 105 mm qui créeront la surprise, le jour de l'attaque. « Là où une chèvre passe, un homme peut passer ; là où un homme passe, un bataillon peut passer » disait Napoléon.
Le 13 Mars 1954, après avoir encerclé la position par des tranchées invisibles dans la végétation, et réuni 60.000 « Bo-doï », soldats communistes, face aux 12.000 engagés du colonel Christian de La Croix de Castries ( lire de Castre ), le général Giap déclenche l'attaque en dévoilant son artillerie qui détruit en premier les pistes d'atterrissage. D'emblée, le sort de DBP est scellé. Le colonel Piroth, qui s'était complètement trompé sur l'analyse de l'artillerie ennemie, se suicide. Pour empêcher la défaite, Paris demande l'aide de l'aviation américaine qui combat en Corée mais le Président Eisenhower la refuse. Dès lors, on ne pourra plus compter que sur les parachutages, en limite d'autonomie de vol des Dakotas. Les vagues suivantes, comme celle du commandant Bigeard, seront prises sous le feu dès leur arrivée. Inférieurs en nombre mais plus vaillants, les paras, légionnaires et supplétifs tiendront 57 jours dans un enfer de bombardements et de tirs de tous types d'armement, même des orgues de Staline tirant en rafale.
Le 1er Mai, Giap déclenche l'attaque générale. Les points d'appui disposés sur les collines, dont le nom de baptême était féminin, tombent les uns après les autres. L'avant-poste Béatrice, au Nord, tombe en premier puis Gabrielle et Anne-Marie, le second fortin au Nord. Après plusieurs jours, Dominique, au centre tombe également. Enfin, Huguette et Claudine, à l'Ouest, ne peuvent pas tenir sous le nombre. Le 06 Mai, Eliane, la dernière colline de la cuvette tombe à son tour. Seule, le point d'appui Isabelle, plus au Sud, combattra une journée de plus. Les corps inertes et les blessés des deux bords s'entremêlent. Les médecins et infirmiers, dont Geneviève de Galard, seule femme de 29 ans à DBP, qui n'avait pu redécoller avec le dernier avion, font des miracles mais n'ont plus de médicaments, tombés chez l'ennemi, lors de largages de nuit hasardeux.
La bataille aura fait 25.000 victimes du côté Vietminh, 4.000 morts ou disparus du côté français et autant de blessés. Le calvaire des survivants n'était pourtant pas fini car 10.000 prisonniers furent traînés, dans la jungle, jusqu'à des camps de torture et d'avilissement d'où un tiers seulement reviendra.
A Paris, l'annonce de la défaite provoque l'arrivée au pouvoir de Mendès France qui veut rétablir la paix très vite. Fin Juillet, la conférence de Genève débouche sur des accords de paix reconnaissant l'indépendance de l'Indochine et la séparation du Viêt-nam, le long du 17° parallèle, en deux entités qui s'opposeront bientôt par les armes et l'idéologie.
Dans le monde, l'événement sera perçu comme un signal par tous les peuples en quête d'indépendance. Pour la première fois, une grande puissance avait été vaincue par un peuple décidé à se libérer d'une occupation étrangère. Les premiers à entendre ce message seront les Algériens qui enclencheront, dès le 1er Novembre 1954, une série d'attentats contre leurs colons français. En 1962, le leader nationaliste Ferhat Abbas écrit : " ...Cette bataille reste un symbole. Elle est le Valmy des peuples colonisés ".
Diên Biên Phù ne fut qu'une bataille mais le traumatisme et l'impact psychologique qui s'en suivirent furent immenses. Certains officiers français, qui se retrouvèrent dans les Aurès peu après, ne voulurent pas lâcher, sur le papier, ce qu'ils avaient obtenu par le succès de leur mission, sur le terrain. La blessure est toujours là, longue à se refermer. Avec le temps, peut-être ...
Voyez la vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=th7tImvzutc&feature=related
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Tags : indochine, Corée, algerie, laos, Cambodge, cuvette, genevieve, eisenhower, isabelle, Navarre, dien bien phu, DBP, hanoi, saigon, tonkin, de lattre, salan, vietminh, giap, de castries, bigeard, beatrice
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Commentaires
Hommages
Merci Chuck pour tes précisions. Je ne voulais pas me concentrer sur la bataille elle-même qui est très largement décrite dans de nombreux livres, dont ceux que tu cites mais replacer cet événement dans un contexte plus large. Je m'associe à tes hommages.
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Ton article est très bien fait, synthetique et complet. Petite erreur concernant Gabrielle et Béatrice: Ces deux PA, les plus isolés au Nord, sont tombés en deux nuits lors du déclenchement de l'offensive du 13 mars 54. L'impact psychologique de ces deux revers, la surprise tactique provoquèrent une chute regrettable du MORAL français, le suicide du Col Piroth, homme d'honneur, la "relève" du chef d'Etat-major de de Castries,la débandade de certaines unités autochtones (futurs "rats de la Nam Youn")et les parachutages de renforts (6ème BPC Bigeard et 8ème BPC Tourret) Hommage à ces soldats abandonnés par leurs gouvernants à la certitude de mourir ou d'être faits prisonniers. Hommage à ceux qui ont cru, jusqu'au dernier jour, que rien n'était perdu. Hommage aux volontaires d'un saut sur le chaudron infernal. Hommage enfin à tous ceux (2 sur 3) qui sont morts en captivité... et aux survivants squelettiques rendus par le vietminh à la France en septembre 54. A ceux que le sujet intéresse, je recommendrais 4 ouvrages: - Pourquoi Dien Bien Phu ? de Pierre Rocolle (Flammarion) - La bataille de Dien Bien Phu de Jules Roy (Julliard) - 2ème Classe à Dien Bien Phu d'Erwan Bergot (Presses de la Cité) - Les Hommes de Dien Bien Phu de Roger Bruge (Perrin) Enfin le site Internet: http://www.dienbienphu.org/