• Pinochet déboulonne Allende.

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    Aujourd'hui, triste 9.11, tous nos regards se portent vers New York bien sûr. Mais n'oublions pas cet autre anniversaire où la démocratie a mordu la poussière, elle aussi :

    Lorsqu'aux élections présidentielles du Chili, en Septembre 1970, alors que le président sortant Eduardo Frei ne peut pas légalement se représenter, on voit arriver un marxiste en tête des suffrages, c'est une énorme surprise à Santiago mais aussi à Washington.

    Salvador Allende, médecin franc-maçon issu de la bourgeoisie chilienne, qui n'est pas un inconnu en politique, a bénéficié de l'appui des communistes. Ayant devancé deux candidats du centre et de la droite, avec 36,3% des voix seulement, il verra son élection validée par le Parlement puisqu'il n'y a pas de deuxième tour. Il va instaurer un régime socialiste qui satisfait le peuple mais mécontente le milieu des affaires par des réformes jugées coûteuses (hausse des salaires, réforme agraire, nationalisation des mines de cuivre).

    Les Américains apprécient peu de voir leurs compagnies de cuivre expropriées sans consultation. Le président Richard Nixon, empêtré dans le bourbier du Vietnam, craint la réédition d'une prise de pouvoir prosoviétique, au Chili, du type de celle de Fidel Castro à Cuba. Henry Kissinger, son Secrétaire d'Etat, lui aurait soufflé « Je ne vois pas pourquoi il faudrait s'arrêter et regarder un pays devenir communiste à cause de l'irresponsabilité de son peuple ». De là à imaginer un soutien direct de la CIA dans la dégradation de la situation qui va suivre l'arrivée d'Allende, il n'y a qu'un pas que certains franchissent rapidement.

    De fait, les problèmes s'accumulent sur le plan économique, attisés par une opposition de droite mais aussi de la gauche révolutionnaire (comme le MIR). Durant l'été 1973, de multiples grèves (notamment transports) et insurrections menacent la stabilité du pays qui est presque au bord de la guerre civile. Allende fait un geste vers les militaires et nomme Carlos Pratt à la tête du gouvernement. Ce chef de l'Armée de Terre laisse donc sa place comme chef d'état-major à un général sans grande envergure nommé Augusto Pinochet.

    Mais les commandants des armées de l'Air et de la Marine sont décidés à mettre un terme à l'expérience socialiste désastreuse. Ils convainquent Pinochet de se joindre à la Junte et au matin du 11 Septembre 1973, le Palais de la Moneda, siège du pouvoir, est investi en douceur par les troupes putchistes. Cependant, Allende résiste avec ses 500 fidèles. Alors, l'ordre est donné de bombarder le bâtiment avec les avions. On retrouvera Salvador Allende « suicidé » d'une rafale de mitraillette, alors qu'il tient encore un pistolet en main.

    Ce coup d'Etat est bien accueilli par les démocrates-chrétiens et les conservateurs qui pensent récupérer le pouvoir mais, contre toute attente, Augusto Pinochet le garde et le durcit même en installant une vraie dictature qu'il ne quittera qu'au bout de 17 ans de pouvoir absolu. Suppression du Congrès, des syndicats, presse censurée, pouvoir militaire et répressif, toute la panoplie caricaturale est mise en œuvre.

    Croyant demander une simple formalité, le « chef suprême de la nation » remet son pouvoir en jeu lors d'un référendum mais la sanction tombe et il doit laisser la présidence de la république et son mandat, en 1990, à Patricio Aylwin. Depuis, le Chili renoue lentement avec la démocratie, grâce notamment à Ricardo Lagos et à Michelle Bachelet.

    Pourtant, à la mort de Pinochet, en Décembre 2006, à l'âge de 91 ans, malgré les violations des droits de l'homme et les milliers de disparitions inexpliquées orchestrées par les « caravanes de la mort » et pour lesquelles d'ailleurs il ne sera jamais jugé, il se trouvera une partie de la population pour regretter la politique économique qu'il avait engagée. Les motivations des peuples sont véritablement impénétrables.

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  • Commentaires

    1
    Lundi 15 Septembre 2008 à 17:23
    Voilà
    un dstin d'un homme face aux gémonies. Cette date, du 9/11, n'en souligne avec du retard que qlq désolante et sanglante coincidence à ne pas oublier. Jusqu'à quend de telles souffrances et ubiquités ?
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