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Le massacre de Katyn
Très vaste et puissante au Moyen-âge, la Pologne disparaît corps et biens après trois partages successifs de 1772 à 1795 effectués par la Prusse, l’Autriche et la Russie. A la fin de la première guerre mondiale, en 1918, elle retrouve son indépendance sur un territoire réduit mais convoité, à l’Ouest et à l’Est, par les Allemands et les Russes.
Comme elle a le tort d’engager, en 1920, une campagne militaire victorieuse de récupération des terres orientales perdues, à l’Est de la ligne Curzon, qui fera 30.000 victimes soviétiques sur les 110.000 internés dans les camps, la Pologne suscite un fort désir de vengeance de la part des soviétiques. C’est ainsi que Staline n’a aucun scrupule à signer un pacte secret avec Hitler pour le partage des terres polonaises. Signé en Août 1939 par Molotov et Ribbentrop, sous le nom de Traité de non agression, ce pacte germano-soviétique sera vite rompu par les Nazis qui envahissent la Pologne occidentale en Septembre 1939. Les Soviétiques les suivent bientôt et envahissent la partie orientale deux semaines après.
Parmi les dizaines de milliers de prisonniers, rassemblés par le NKVD ( Police politique ) dans des camps de détention, sur ordre de Lavrentiy Béria, commissaire à la sécurité, ce seront essentiellement les 9.000 officiers, policiers et cadres d’élite ( médecins, professeurs, juristes, … ) qui seront conservés pour être anéantis par peur de soulèvements futurs. Les autres seront envoyés dans les camps du Goulag ou mis au travail forcé.
En Mars 1940, le Politburo poussé par Staline, signe l’ordre « d’exécution des nationalistes et contre-révolutionnaires polonais ». Dès lors, le massacre s’organise : les prisonniers des trois camps de concentration ( Ostachkov, Kosielsk et Starobielsk, 4 à 6.000 personnes chacun ) sont embarqués dans des trains jusqu’à la gare la plus proche du lieu choisi pour leur exécution méthodique, les pieds au bord de la grande fosse creusée dans les bois, mains liées dans le dos et une balle dans la nuque. Au suivant !
Lorsque la Wehrmacht envahit l’URSS en Août 1941, les troupes allemandes découvrent un premier charnier dans la forêt de Katyn, près de Smolensk, à mi-chemin entre Moscou et Minsk. Les uniformes et documents permettent de reconnaître des centaines d’officiers polonais. D’autres découvertes macabres suivront dans plusieurs fosses disséminées.
Naturellement, les Nazis accusèrent les Juifs de ce massacre ( ce que ne démentit pas le général Sikorski en exil ) tandis que les Soviétiques s’appuyèrent sur les munitions et la marque Walther des révolvers utilisés qui étaient opportunément d’origine allemande pour rejeter la faute sur le Troisième Reich. La responsabilité russe ne fait pratiquement plus aucun doute aujourd’hui bien que cette réalité ait été niée, voire tue de plein gré, pendant 50 ans. Au lendemain de la guerre, les Soviétiques mais aussi les Britanniques et le Président Roosevelt lui-même jetèrent un voile pudique sur cette « affaire » qui fut déclarée opération de propagande.
Ce n’est qu’en 1990 que Mikhaïl Gorbatchev reconnaissait que le NKVD était bien responsable des 15.000 morts de la période mais ni le terme de génocide ni celui de crime contre l’humanité ne furent employés. En Avril 2006 seulement, est déposée une plainte devant la Cour européenne des droits de l’homme pour qu’enfin le massacre de Katyn soit reconnu comme tel. Vladimir Poutine le reconnut du bout des lèvres en 2010 et le président Medvedev le fit avec plus de force en Avril 2011.
Ironie du sort, c’est alors qu’il se rendait aux cérémonies de commémoration du massacre de Katyn, en Avril 2010, que le président polonais Lech Kaczynski périt dans l’accident de son Tupolev à l’approche de Smolensk.
Katyn est vraiment maudite.
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