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La prise du Trocadéro.
En cette fin d’été, quelques baigneurs sont encore présents dans les bassins du Trocadéro à Paris. Qui se souvient que ce bâtiment, miroir de la Tour Eiffel, évoque aussi une bataille militaire qui se déroula dans le Sud de l’Espagne pour sauver le trône d’un roi Bourbon ?
Après les excès révolutionnaires et la disgrâce de Louis XVI, les monarques européens, pensant pouvoir rétablir la monarchie en France, vont pousser à une série de guerres entre la France et le reste de l’Europe. De leur côté, les révolutionnaires songent à conforter leur République face aux ennemis de l’extérieur et vont maladroitement pousser, après les succès inattendus de Valmy et de Jemmapes en 1792, à l’acquisition des « frontières naturelles », Rhin, Alpes et Pyrénées.
Un petit tacticien corse de génie mais trop gourmand en tirera les meilleurs marrons du feu jusqu’au coup d’arrêt de Waterloo en 1815.
En Espagne, la première guerre d’indépendance, achevée en 1814, voit les espagnols repousser les troupes françaises que Napoléon avait installées pour s’opposer au Portugal et la restauration du roi Ferdinand VII, prince des Asturies. Mais celui-ci, autoritaire et borné, ne peut éviter un soulèvement populaire malgré l’instauration d’une Constitution libérale acceptée du bout de la plume.
Craignant que ces libéraux ne lui confisquent son pouvoir à l’Assemblée des Cortès, Ferdinand fait appel à la « Sainte-Alliance », véritable cartel des vieilles royautés pour se maintenir en place malgré les idées révolutionnaires qui diffusent en Europe.
En 1823, ayant vent de cet appel, l’ambassadeur de France à Londres, le poète François-René de Chateaubriand, obtient l’aval des autres souverains ( russe, anglais, autrichien et prussien ) de l’alliance pour l’envoi d’une expédition chargée de donner une leçon aux libéraux espagnols. Il convainc aussi Louis XVIII que cela permettrait, outre le fait de maintenir un Bourbon sur le trône à Madrid, de redorer le blason de la gloire militaire française, passablement ternie lors de la campagne de Russie.
C’est le duc d’Angoulême, neveu du roi et fils de Charles X, qui est placé à la tête du corps expéditionnaire, lequel doit traverser toute la péninsule ibérique, avec 20.000 chevaux et 96 pièces d’artillerie, à la poursuite de la famille royale car l’Assemblée des Cortès, effrayée par les premiers succès français, a transféré celle-ci, de force, à Cadix en Andalousie.
Le port de Cadix est défendu par plusieurs forts dont le fort du Trocadéro, au bout de la presqu’île. Les soldats français, menés notamment par les généraux Guilleminot, Oudinot et Molitor, attendent la marée basse et l’investissent, côté mer, grâce à un assaut à la baïonnette qui surprend les Espagnols. Les canons du fort sont retournés contre la ville qui capitule le lendemain. Ce petit fait d’armes du 31 Août 1823 aura un grand retentissement, vanté par le vicomte de Chateaubriand lui-même dans ses « mémoires d’outre-tombe ». Pendant que le duc d’Angoulême est acclamé à Paris, le despote Ferdinand, qui était déjà arrivé au pouvoir par un quasi coup d’état contre son père Charles IV, retrouve son trône, ne se prive pas de lancer une brutale répression-inquisition et d’abolir la constitution de 1812 qu’il avait rétablie à contrecœur.
La prise du Trocadéro aura ainsi permis le retour de la terreur orchestrée par un souverain qui n’a pas compris que les temps avaient changé et que la révolution française avait initié un nouvel ordre du monde.
Plus clairvoyant mais très indécis et flegmatique, Louis XVIII en France, tentera d’accommoder les principes républicains et la monarchie, sans plus de succès. Plutôt que d’affronter les évènements de face, c’est par la fuite et le refuge auprès des cours voisines que les souverains français auront donc tenté, comme à Varennes ( Louis XVI ) ou à Gand ( Louis XVIII ), de trouver des appuis de légitimité. Peine perdue, l’Histoire avance inexorablement et foule le manteau de ceux qui ne savent préserver les intérêts de leur peuple.
Tags : paris, espagne, Napoleon, trocadero, Bourbon, revolution, Chateaubriand, Louis XVI, jemmapes, valmy, andalousie, louis XVIII, sainte alliance, ferdinand VII, cadix
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Commentaires
Prof de Géo
Salut Stan. Merci pour tes encouragements. Te souviens-tu justement du nom de ce prof de Géo ? A bientôt sur le mail. Papyves.
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je n'étais, mais alors pas du tout au courant de ces faits historiques,cette histoire entourantFerdinand 6, louis LE 18° ET LE FORT DE TROCADERO servi à la sauce espagnole. bravo pour ta culture, un certain prof de géo serait fier de toi. j'attends ta réponse pour le plaisir de te lire. salute