• La catastrophe de Smolensk

    Régulièrement dépecée au cours de l’histoire par ses voisins prussiens, autrichiens ou russes, la Pologne va encore faire les frais d’un accord de partage, à la veille de la seconde guerre mondiale, lorsqu’Allemands et Russes signent le pacte Molotov Ribbentrop de non agression mutuelle. Les deux ogres s’approprient chacun la moitié du territoire polonais.

    Staline ordonne alors l’élimination, par le bras armé du NKVD (police politique), de toute l’élite polonaise, ingénieurs, professeurs, médecins, avocats considérés comme hostiles à l’idéologie communiste qui rejoindront dès 1940, dans les camps puis dans la mort, les milliers d’officiers polonais faits prisonniers.

    Lorsque l’opération nazie « Barbarossa » est déclenchée à l’été 1941, les soldats allemands vont découvrir, au fur et à mesure de leur avancée vers l’Est, des charniers où sont entreposés des centaines de corps, balle dans la nuque et mains liées dans le dos. Le premier de ces charniers sera mis à jour près de Smolensk, au lieu dit « Katyn », puis d’autres suivront bientôt, à Kharkov ou Tver par exemple.

    Ce massacre de Katyn, véritable symbole de barbarie, longtemps nié par l’URSS qui en est l’auteur, sera exploité par les deux belligérants à des fins de propagande. Il faudra attendre 1990 pour que Moscou reconnaisse, par la voix de Mikhaïl Gorbatchev, sa responsabilité.

    Depuis, des délégations polonaises privées se rendaient chaque année à Katyn pour honorer les victimes. En 2010, Vladimir Poutine accepte d’inviter personnellement et officiellement son homologue polonais à ces cérémonies souvenir.

    Le 10 avril 2010, le président polonais Lech Kaczynski se rend donc, accompagné d’une forte délégation officielle, au 70ème anniversaire du massacre. L’avion Tupolev TU 154, qui emporte de nombreux hauts responsables civils et militaires, dont des membres de la Diète et du Sénat, doit atterrir à Smolensk, à 22 km de Katyn. Mais la météo est mauvaise, le brouillard épais et l’atterrissage périlleux. Pourtant, l’équipage décide de tenter l’atterrissage et, après plusieurs approches vaines pour percer le brouillard, l’avion s’écrase à quelques dizaines de mètres du seuil de piste de l’aérodrome de Smolensk, faisant 96 victimes.

    Y a-t-il eu des pressions à bord, tant l’enjeu symbolique était fort ? Y a-t-il eu trop de confiance de la part des pilotes, estimant qu’ils ne devaient pas décevoir leurs passagers de haut rang ? Les boites noires font effectivement état de conversations de membres non autorisés dans la cabine de pilotage, notamment celle du général, chef de l’armée de l’Air. Il est vraisemblable que l’intimidation, la honte de faire demi-tour, l’excès de confiance, la conscience de l’instant historique, une erreur possible des contrôleurs aériens au sol, tout cela a joué dans la décision prise d’aller jusqu’au bout, alors qu’on n’y voyait rien à l’extérieur.

    Malheureusement, l’embellie entre les deux pays que constituait cette cérémonie commune à Katyn sera rapidement balayée par des accusations dépitées et infondées. Le propre frère jumeau du président, Jaroslaw Kaczynski, se laissant séduire par la théorie injustifiée du complot, les Russes multipliant les difficultés formelles durant l’enquête et refusant de rendre l’épave aux Polonais.

    Le destin est parfois cruel qui ne permet pas aux peuples de se repentir !


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  • Commentaires

    1
    Gilles
    Vendredi 11 Avril 2014 à 03:36
    Katyn
    Je ne suis pas non plus un partisan des théorie du complot. Mais force est de constater que les Russes s'étaient employés pour qu'il reste des zones d'ombre. Il y avait eu toutefois une embellie dans les relations russo-oplonaise. Embellie bien oubliée aujourd'hui !
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