• Bouvines, naissance de la Nation.

    Au temps où la France ressemblait à un véritable patchwork, Anglais et Français ne consentaient à cesser leurs guerres pour s’approprier ces confettis que pour aller faire une croisade commune.

    Saladin, le sultan d’Egypte, avait étendu sa domination sur tout le Levant, maintenant d’ailleurs de bons rapports avec toutes les communautés. Mais de petits seigneurs relancèrent la guerre avec les Chrétiens que Saladin battit à Attîn puis à Jérusalem en 1187. L’annonce de la prise de la ville sainte entraîna la 3ème croisade qui fut appelée la « croisade des rois » puisque les souverains les plus importants de l’occident embarquèrent en 1190 vers l’Asie mineure : l’empereur germain Frédéric Barberousse, le roi de France Philippe Auguste et le roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion. L’entente entre ces rivaux de toujours n’était pas cordiale. Après la noyade de Barberousse dans son armure trop lourde, les deux rois prirent Saint-Jean d’Acre puis Philippe prétexta une maladie pour rentrer en France dans l’optique de s’emparer des terres normandes que Richard ne défendait plus. L’apprenant, celui-ci se hâta de rentrer mais il se fera capturer, pendant un an, sur le chemin du retour.

    Entre les deux rois, à fort caractère, les combats seront rudes et incertains jusqu’à la mort de Richard 1er Cœur de Lion pendant le siège du château de Châlus en 1199. Pour lui succéder, les Plantagenets trouvent son jeune frère, Jean Sans Terre. Cruel, Jean se fera haïr par tout le monde, de part et d’autre de la Manche. Cruel et bête aussi car, dans sa détermination à vouloir abattre le roi de France Philippe Auguste qui lui avait ravi par ruse le château Gaillard, il va choisir la plus mauvaise stratégie alors que, ayant réussi à fédérer une coalition contre celui-ci, il avait une énorme supériorité numérique : En 1214 en effet, il y a tout juste 800 ans, le roi anglais convainc l’empereur du Saint-Empire romain germanique, Otton IV de Brunswick, de rassembler contre le roi Capétien les fantassins et cavaliers des comtes flamands, brabants, lorrains et germains entre Lille et Tournai pendant que lui, Jean Sans terre, par une manœuvre en tenaille, va remonter vers le Nord depuis l’Aquitaine où sont ses meilleures troupes. Partant de La Rochelle, en février, il file vers Paris mais se heurte à Louis, le fil de Philippe Auguste, à La Roche aux Moines, près d’Angers, le 02 juillet. La tenaille ne se refermera pas et Philippe, vainqueur, décide de se porter aux devants des coalisés, avant qu’ils ne fassent jonction. Il rassemble ses nombreux cavaliers à Péronne mais son infanterie, affaiblie, a besoin de renforts qu’il trouve dans des milices communales en Artois et Picardie.

    C’est dimanche, ce 27 juillet 1214. Il n’y aura donc pas de combat si la règle est respectée. Philippe entame ce qui semble être, aux yeux d’Othon qui l’observe de loin depuis Tournai, une retraite vers Lille. Soudain frère Guérin, l’évêque de Senlis, dévale du plateau à cheval et avertit le roi que l’arrière-garde est aux prises, « un dimanche, mon roi, jour de prière », avec les troupes coalisées. Philippe comprend qu’il doit livrer bataille et défendre le pont de Bouvines qui traverse la rivière Marcq et ses marais. Il remotive ses troupes, leur ordonne de s’aligner, à l’Est du pont, le long de la voie romaine qui va de Lens à Tournay. Le terrain est plat et dominé par le plateau où se massent les mercenaires germains et flamands mais propice aux charges de cavalerie, ce dont il ne va pas se priver, avec son aile droite, face aux cavaliers flamands.

    En principe, les 6.000 à 8.000 hommes que le roi capétien a étirés sur 1,5 kilomètres ne devraient pas faire le poids devant les dizaines de milliers de combattants disparates rassemblés à la hâte par Othon IV. D’ailleurs, celui-ci concentre son attaque sur le centre du dispositif où se trouve Philippe II afin de le capturer ou de lui ravir son emblème à fleurs de lys. Il manque d’y parvenir car le roi est désarçonné et près de périr mais ses chevaliers le sauvent in extremis puis, rameutant les soldats autour de leur souverain, déclenchent une contre-offensive, à la surprise d’Othon qui, mis à pied par un coup de lance qui tue sa monture, doit fuir en abandonnant son étendard impérial.

    Sur l’aile droite des Français, le combat de cavalerie, d’abord incertain, a permis la capture de Ferdinand, comte de Flandres dit Ferrand, qui dirigeait la cavalerie coalisée, laquelle, dès lors, hésite et recule. L’aile saxonne à gauche qui avait vu le succès initial des troupes anglaises de Salisbury et du traitre Renaud de Boulogne, se trouve bientôt encerclée après l’enfoncement de ses alliés au centre et à l’ouest. Après de durs combats, Renaud, le comte de Boulogne est, lui aussi, capturé, ses lignes éclatées. Les Brabançons, au centre, qui refusent de se rendre, seront massacrés. Le succès de Philippe Auguste, pourtant en infériorité numérique, est total et la marche retour vers Paris, avec les emblèmes ennemis, triomphale, comme le sera, plus tard, celle de Valmy.

    Ainsi, la coopération inédite de la chevalerie féodale et des milices communales, sous la bannière royale à fleurs de lys, aura eu raison d’une coalition disparate et mal commandée. Le rayonnement de cette victoire sera immense en Europe et la monarchie capétienne confortée. Les rivaux normands et angevins, ceints de la couronne anglaise, en perdront toutes leurs terres françaises, hors l’Aquitaine.

    Bouvines peut être considéré comme la naissance d’une réelle identité nationale, la conscience collective d’appartenir à une nation. L’histoire de France ne commence donc pas à la révolution de 1789.


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  • Commentaires

    1
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    Vendredi 15 Juillet 2016 à 11:59

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