• Attentat manqué contre de Gaulle.

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    Pour venger les Girondins proscrits par la Convention, Charlotte Corday s'introduisit, en 1793, dans le domicile du chef des Jacobins, le député Jean-Paul Marat et l'assassina. Symboliquement, c'est par ce nom « Opération Charlotte Corday » que fut nommée, par ses auteurs, la tentative d'assassinat du Général de Gaulle, le 22 Août 1962, au Petit Clamart, en banlieue Sud de Paris.

    Après le Conseil des Ministres, Charles et Yvonne de Gaulle se rendent pour le week-end à Colombey les deux Eglises. Pour rejoindre l'avion qui les attend à Villacoublay, un convoi discret de 2 Citroën DS 19 est simplement accompagné de 2 motards. Parmi les trois itinéraires planifiés, on choisit au dernier moment celui qui passe par Clamart. Mais un indicateur passe le renseignement aux comploteurs qui se mettent en place au carrefour du Petit Clamart où la voiture devrait ralentir. Au signal, une voiture doit déboucher devant le convoi pour le stopper et permettre ainsi aux occupants d'une fourgonnette de tirer sur le couple présidentiel avec des fusils mitrailleurs dérobés il y a peu.

    Mais, ce soir là, il pleut légèrement et la brume empêche de bien voir le journal que le chef du commando agite pour signaler l'arrivée du convoi. Celui-ci roule plus vite que prévu et la voiture verrou n'a pas le temps de lui barrer la route. De la fourgonnette, les trois hommes surpris tirent en direction des pneus pour l'arrêter mais elle file. « Baissez-vous ! » crie le colonel Alain de Boissieu, gendre et aide de camp. Heureusement, car la rafale de Mat 49 tirée par Georges Watin est à hauteur des têtes des passagers. Le gendarme Francis Marroux, le fidèle conducteur, a le réflexe de rétrograder puis d'accélérer à fond pour quitter le lieu de l'embuscade au plus vite, imité en cela par la seconde voiture où se trouve le service de sécurité. La DS est criblée de balles mais reste sur sa trajectoire, malgré 2 pneus crevés. La voiture verrou de Gérard Buisines la prend en chasse et Alain de la Tocnaye, passant le bras par la portière, tente de mitrailler l'arrière de la voiture présidentielle mais son arme s'enraye.

    Par chance, personne ne sera touché, ni dans le convoi ni parmi la population. On relèvera 06 impacts de balles sur la DS, 04 sur la suivante, 01 dans le casque d'un motard et on retrouvera 100 douilles sur les lieux de l'attentat. Arrivé à Villacoublay, le général passe la garde en revue comme si de rien n'était et commente de cette phrase l'événement «  Cette fois, c'était tangent. Ces gens-là tirent comme des cochons ».

    Un jeune polytechnicien, Jean-Marie Bastien-Thiry, lieutenant-colonel de l'Armée de l'Air, concepteur des fameux missiles SS 11, est le cerveau de cet attentat manqué et fomenté avec l'aide du CNR, Conseil National de la Résistance. Son attachement à de Gaulle bascule le 16 Septembre 1959 lorsque le Général annonce le projet d'un « référendum d'autodétermination » sur l'Algérie (qui obtiendra 75% de Oui en 1961). C'est pour lui une trahison et son opposition aux revirements du général de Gaulle rejoint celle des déçus de « l'Algérie française » qui se constituent en organisation extrémiste, l'OAS, Organisation de l'Armée Secrète. Bastien-Thiry n'en fait pas partie mais possède la même rage qu'eux pour faire payer à de Gaulle le fait d'avoir bradé le rêve commun et lâché ses anciens compagnons d'armes tout autant que les colons français d'Algérie ainsi que ces milliers de Harkis musulmans fidèles à la France qui vont bientôt se faire massacrer chez eux. De Gaulle s'est servi du soutien des généraux pour revenir au pouvoir, a endormi la vigilance des plus virulents par un « Je vous ai compris » et maintenant qu'il est installé dans le fauteuil suprême, il prend tout le monde à contre-pied. Pour Bastien-Thiry comme pour l'OAS, c'est un traitre qui doit payer sa forfaiture par la mort. De nombreux attentats, après les accords d'Evian, seront ainsi perpétrés contre le Général jusqu'en 1965 mais sa « baraka » lui permettra de toujours s'en sortir.

    Tous les organisateurs de l'attentat du Petit Clamart, parmi eux des Hongrois, seront retrouvés et condamnés, à mort pour trois d'entre eux, par la Haute Cour militaire de justice. Estimant que leur chef endossait la responsabilité pour tous et qu'il avait eu le mauvais goût de faire tirer sur une femme, le Général de Gaulle refusa sa grâce. Bastien-Thiry sera donc le seul fusillé au Fort d'Ivry, le 11 Mars 1963.

    Charles de Gaulle, qui sentait la fragilité de sa propre légitimité, exploita l'émotion causée par l'attentat pour proposer l'élection du Président de la République au suffrage universel et non plus par une assemblée de notables. Un référendum entérinera cette proposition.

    On peut donc dire que la V° République prend effectivement naissance au moment de l'attentat du Petit Clamart. Le sacrifice du dernier fusillé de France ne refermera pas, malheureusement, la page du traumatisme de ce que beaucoup considèrent encore comme un abandon et un déchirement.

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  • Commentaires

    1
    Chuck
    Vendredi 22 Août 2008 à 07:46
    Petit Clamart
    A propos des hommes condamnés à mort et exécutés antérieurement à cet attentat, sur ordre du Général de Gaulle, il faut ajouter les trois hommes suivants: Le chef du commando OAS "Delta": Lieutenant Degueldre,déserteur du 1er REP, fusillé au fort d'Ivry le 11 mars 1963 et deux de ses subordonnés: Sergent Dovecar et Claude Piegt, fusillés à Marly le Roi le 7 juin 1962
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