• En  Chine  en 1919,  au  lendemain de  la  première guerre  mondiale,  le  « Mouvement  du 04  Mai »  voit 3.000  étudiants  manifester sur  la  place Tien  An  Men  à  Pékin  contre  les conditions  imposées  par le  Japon  et  le  traité  de Versailles.  Ils  dénoncent également  le  pouvoir des  mandarins  qui oppressent  la  société  chinoise  malgré  la naissance  de  la toute  jeune  république.  

    Une  longue  période de  guerre  civile entre  les  républicains et  les  partisans de  l’Empire  suivra cet  épisode  symbolique de  la  conscience d’un  nationalisme  épris d’ouverture,  jusqu’à  la victoire  des  communistes en  1949.  Le Kuomintang  se  réfugie alors  sur  l’île de  Taïwan.

    70  ans  après ce  premier  évènement, soit  le  04  juin 1989,  d’autres  étudiants réclament, cette  fois, la  démocratie.  Ce que  le  parti communiste  chinois  n’est pas  prêt  d’accepter.  Leur soulèvement  finira  dans un  bain  de sang.

    Cette  année  1989 voit  l’émergence  de mouvements  d’émancipation  en Europe  de  l’Est qui  se  termineront par  la  chute du  Mur  de Berlin  en  novembre. Les  chinois  ont conscience  que  les partis  communistes  sont fragilisés  et  veulent profiter  de  la vague. 

    Dès  la  fin du  mois  d’avril, les  étudiants  chinois se  rassemblent  à  Pékin  pour commémorer  le  mouvement de  mai  1919.  Le  rassemblement,  qui enfle  de  jour en  jour,  tourne à  la  manifestation contre  le  gouvernement et  en  faveur de  la  démocratie. Pour  bien  le montrer,  une  copie de  la  statue de  la  Liberté est  érigée  au Nord  de  la place,  face  à  l’immense  portrait de  Mao  Tsé Toung ( ou Zédong )  devant  l’entrée de  l’ancienne  Cité Interdite  impériale.

    Le  secrétaire  général du  Parti  Communiste Chinois  se  rend sur  la  place et  tente  de raisonner les  étudiants  qui ont  entamé  une grève  de  la faim  mais  en vain.  Alors,  depuis son  lit  d’hôpital, le  vieux  Deng Xiaoping  demande  au premier  ministre  Li Peng  d’instaurer  la Loi  Martiale.  Fin mai,  les  chars commencent  à  se rassembler  dans  les rues  autour  de  « la  place de  la  Paix céleste ».  La  foule, étudiants  mais  aussi ouvriers  et  employés, est  de  plus en  plus  nombreuse et  semble  décidée à  ne  pas céder.  Le  pouvoir a  même  du annuler  une  visite de  Mikhail  Gorbatchev, secrétaire  général  du  Parti  Communisme d’URSS.  Mauvaise image.

    Depuis  sa  chambre d’hôtel  qui  donne dans  une  rue menant  à  la place  Tien  An Men,  un  journaliste occidental  filme  la scène  qui  fera  le  tour des  médias  du monde  entier :  un homme  seul,  sacs de  provisions  à la  main,  se dresse  devant  une colonne  de  chars et  l’empêche  de  manœuvrer,  monte même  sur  le  premier  blindé et  frappe  la tourelle  de  ses poings  en  hurlant sa  colère  à  l’équipage.  C’est une  humiliation  pour les  autorités  qui encerclent  trois  côtés de  la  place par  une  nuée de  chars  et donnent  l’assaut  dans la nuit  du 03  au  04 juin  1989,  faisant près  de  2.000 morts  et  des dizaines  de  milliers de  blessés.  La répression  s’abat  ensuite sur  toutes  les  grandes  villes. Le  « printemps  de Pékin »  est balayé.

    Mais,  fort  de cette  alerte,  le bureau  politique  du Parti  a  l’intelligence  de  prôner  une  « économie  socialiste  de  marché »,  ce qui  va  permettre le  développement  exponentiel que  l’on  observe de  nos  jours.  La  Chine  joue désormais  dans  la cour  des  Grands. 
    On  espère  qu’elle rejoindra  bientôt  celle des  Droits  de  l’Homme !


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  • Lorsqu’il  vient  au monde,  à  Cayenne en  1884,  dans une  Guyane  libre et  française  depuis 1848,  Adolphe Félix Eboué, petit fils d’un esclave noir, ne sait pas encore qu’il sera une aide précieuse, un demi siècle plus tard,  pour  le général de Gaulle.

    Ce  créole  intelligent et  curieux  part, muni  d’une  bourse, faire  ses  études à  Paris dès 17 ans. Diplômé de l’Ecole coloniale en 1908, 

    il s’intéresse aux colonies africaines de la France. 

    Première affectation l’année  suivante  comme administrateur  en  chef dans  l’Oubangui-Chari (c’est ainsi qu’on nommait  la  République Centrafricaine  à  cette époque )  où  il restera  24  ans 
    entrecoupés  de  courts séjours  en  Guyane pour  revoir  sa famille.  Il  a 30 ans, en 1914 lorsque 
    sa  demande  d’engagement dans  l’Armée  lui est  refusée.

    Son  style  particulier et  humaniste  ( il adhère  à  la Ligue  des  Droits de  l’Homme )  lui permet  de  concilier culture  africaine  ( sur laquelle  il  écrit plusieurs  livres )  et modernisation  dans  un 
    cadre  colonial.  Il favorise  les  cultures vivrières  et  le coton,  développe  les voies  de  communication  et donc  le  commerce tout  en  maintenant les  traditions  locales. 

    A  partir  de 1932,  il  est  successivement  envoyé en  Martinique  où il  améliore  la condition  de vie des  plus  démunis, au  Mali  ( appelé Soudan  français )  où  il  met en  valeur  les 
    rives  du  Niger et  prône  la sédentarisation  des  nomades, en  Guadeloupe  en 1936  où  la 
    crise  économique  fait rage,  au  Tchad enfin  en  1939, comme  gouverneur  de cette  toute  nouvelle colonie  convoitée  par  les  Italiens.

    Depuis  Fort-Lamy  ( actuelle N’djamena ),  Félix  Eboué apprend  l’effondrement  de l’armée  française  en 1940  et  l’occupation du  Nord  de la  France.  Refusant l’armistice  précipité,  sur 
    conseil  du  colonel Marchand  qui  commande le  régiment  de Tirailleurs  sénégalais  du Tchad,  il câble le  29  juin au  gouverneur  général Boisson  son  intention de  maintenir  le Tchad  dans  la guerre.  Mais  Boisson, après  moult  hésitations, reste  fidèle  au maréchal  Pétain.  Eboué prend  alors  contact avec  le  général de  Gaulle  dont l’écho  de  l’Appel du  18  juin lui  est parvenu. 

    Le  nouveau  chef de  la  France libre  lui  envoie, en  Août,  deux émissaires  que  Eboué accueille  chaleureusement. Ce  ralliement  du Tchad  à  la France  libre  et combattante,  le  premier de  l’Empire  colonial français,  sera  déterminant car  il  entraînera celui  de  plusieurs pays  africains  francophones de  l’AEF  qui entrent  ainsi  en dissidence  par  rapport aux  ordres  officiels de  l’Etat  français. 
    Après  l’avoir  rencontré à  Fort-Lamy,  le général  de  Gaulle le  nomme  Gouverneur général  de  l’Afrique Equatoriale  Française  et le  fera,  en 1941,  compagnon  de l’Ordre  de  la  Libération.

    Doué  d’un  bon sens  pratique,  Félix Eboué  développe  ensuite une  nouvelle  politique indigène  en  AEF qui  s’appuie  sur les  élites  et les  traditions  locales tout  en  organisant l’amélioration  matérielle  et économique  des  populations.

    Début  1944,  il participe  à  la Conférence  de  Brazzaville sur  la  décolonisation  et a  le  plaisir 
    de  voir  ses théories  reprises  largement par  le  général de  Gaulle,  initiateur de  cette conférence.

    Aussitôt  après,  il se  rend  en Egypte  pour  dissiper un  différend  entre le  Premier  Ministre du  roi  d’Egypte et  le  Comité français  de  la libération  nationale  ( CFLN ). Puis,  brusquement, alors qu’il  donne  une conférence  au  lycée français  du  Caire, il  fait  un malaise  et  doit s’aliter.  C’est  une congestion  pulmonaire  qui l’emportera  le  17 mai  1944.  En  mai  1949, ses  cendres  seront transférées  au  Panthéon.

    Son  action  aura permis  au  colonel  Leclerc  de trouver  une  base de  départ  pour former  une  petite troupe  combattante,  composée de  quelques  centaines de  méharistes  et tirailleurs,  tchadiens,  sénégalais et  européens  armés de  façon  disparate, afin  de  s’emparer, en  1941,  de l’oasis  de  Koufra en  Libye,  petite garnison  italienne. 

    Victorieuse,  au  contraire des  Britanniques  qui échouent  à  Mourzouk, cette  désormais  célèbre 
    « colonne Leclerc »  sera  le  début  d’une longue  marche  victorieuse qui  passera  par la  libération  de Paris  et  de  Strasbourg.

    Merci  Félix. 


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  •  

    Abraham Lincoln est le plus admiré des présidents de l’histoire des Etats-Unis. Son portrait, sculpté sur le mont Rushmore, apparaît aussi sur le billet de 5 dollars US. On lui attribue la loi qui met fin à l’esclavage des noirs dans les Etats du Sud.

    Lorsqu’il est touché par une balle dans la nuque le 14 avril 1865, son œuvre vers l’unification de tous les Etats de ce nouveau monde n’est pas encore bien comprise mais les américains sentent confusément qu’ils viennent de perdre un grand président.

    Né en 1809 dans une famille de bûcherons du Kentucky, Abraham se lance dans l’étude du droit et devient, comme avocat, un modèle d’intégrité.
    Sa voix et la clarté de son raisonnement lui valent d’être élu, en 1834, au Congrès de l’Illinois dans les rangs des « Whigs », jeune parti libéral qui s’oppose aux démocrates, puis en 1846 au Congrès fédéral de Washington.

    L’Amérique de cette époque est un conglomérat d’Etats en devenir, issus de la conquête vers l’Ouest, qui s’appuient au Nord sur l’édification de nouvelles industries et, au Sud, sur l’exploitation de cultures agricoles nécessitant une main d’œuvre nombreuse, si possible mal rétribuée.

    Frappé par la lecture du roman « Uncle Tom’s Cabin » d’Elisabeth Harriet Beecher Stowe, et indigné par la proposition du sénateur démocrate Douglas qui autorise, en 1854, les électeurs du Kansas et du Nebraska à choisir leur statut d’Etat libre ou esclavagiste, Lincoln s’écarte de son parti Whig pour fonder le « parti républicain » dont il devient, en Illinois, le chef de file anti-esclavagiste, avant d’être élu, le 06 novembre 1860, premier président républicain, moins d’un siècle après la déclaration d’indépendance des Etats-Unis d’Amérique. Dans son discours d’investiture, il rappelle qu’il est attaché à la nouvelle constitution et prône l’abolition à terme de l’esclavage, après son maintien sous certaines conditions.

    La Caroline du Sud, dont les plantations de tabac, café, sucre et surtout coton ont besoin du travail des esclaves noirs, décide aussitôt de faire « sécession », bientôt imitée par dix autres Etats aristocratiques qui vont se « confédérer » contre les Etats industriels du Nord.

    Le 15 avril 1861, les troupes confédérées font feu sur un fort dépendant du gouvernement fédéral. C’est le début de la « Guerre de Sécession », ou « Civil War » en anglais, qui voit en juillet de la même année des Américains s’affronter sur le champ de bataille de Bull Run.

    Quatre années de combats fratricides pour faire émerger une nation unie autour du même drapeau. En 1863, les combats sont d’une extrême violence et le président Lincoln cherche le moyen d’y mettre un terme. C’est ainsi qu’après la sanglante bataille de Gettysburg, il se rend sur le lieu de l’inauguration d’un cimetière honorant les 8.000 soldats tombés à cette occasion. Son discours, « the Gettysburg Address », concentré sur les valeurs
    communes qui unissent ces héros, est encore récité par cœur par les écoliers américains, à l’instar des fables de La Fontaine en France.

    C’est en avril 1865 seulement, après la dernière tentative du général sudiste Robert Edward Lee, près de Appomatox, face aux généraux « Yankees » Grant et Sheridan, que les hostilités vont cesser.

    Abraham Lincoln peut alors s’accorder un moment de détente. Le 14 avril, il se rend, avec sa femme, au Ford’s Theatre de Washington. C’est là que l’acteur sudiste John Booth l’attend. Profitant d’un moment d’inattention du garde du corps, l’assassin se glisse dans la loge présidentielle et tire un coup de pistolet dans la nuque du 16ème président des USA, aux cris de « Sic semper tyrannis », la devise de Brutus, « Qu’il en soit toujours ainsi avec les tyrans ».

    Loin d’être un tyran, Lincoln fut un grand serviteur de la démocratie, un chantre de l’unité fédérale, un pourfendeur de l’esclavage, laquelle trouvera un aboutissement posthume avec le XIIIème Amendement qui dispose que « Ni esclavage, ni aucune forme de servitude involontaire ne pourront exister aux Etats-Unis, ni en aucun lieu soumis à leur juridiction ».

    Même si ces belles paroles auront du mal à prendre corps dans la société ( on se souvient du sinistre Ku Klux Klan ), on ne peut que saluer la détermination constante d’Abraham Lincoln sur ce dossier. Pendant ce temps, outre Atlantique, Victor Hugo publie « Les Misérables ».


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  • En  ce  19 mars,  anniversaire  des « accords d’Evian »  de  1962, vous  lirez  dans toute  la  presse en  France  que cette  date  correspond à  la  fin de  la  guerre d’Algérie. 

    C’est  inexact.

    Quand  une  guerre s’achève,  les  armes se  taisent.  Or, en  Algérie  en 1962,  les  massacres ont  continué  bien après  cette  date,  alors  que les  troupes  françaises, disciplinées,  ont  été les  seules  à  respecter  le 
    « cessez-le-feu » signé  à  Evian  la  veille et  ont  rangé les  fusils  dans les  armureries.

    Alors  que  la situation  s’était  apaisée, du  fait  d’un quadrillage  efficace  par les  soldats  du général  Massu  notamment, après  donc  que la  victoire  militaire fut  acquise  sur le  terrain  face à  des  actes de  terrorisme  aveugle, le  fait  que les  soldats  français rentrent,  sur  ordre, dans  leurs  cantonnements  a  laissé  la place  aux  « combattants »  du  FLN,  Front  de  Libération Nationale,  qui  se  mirent  à  occuper le  terrain  d’où ils  avaient  été chassés  et,  sans opposition  puisque  l’armée  française  respectait,  seule, le  cessez-le-feu,  se lancèrent  dans  une véritable  chasse  à  l’européen  et  aux « traitres »  que  constituaient les  Harkis,  ces soldats  français  musulmans  qui  avaient  choisi de  soutenir  la France.

    Il  y  aura ainsi,  après  le cessez-le-feu  du  19 mars  et  pendant plusieurs  mois,  plus  d’enlèvements,  plus  d’assassinats de  civils  européens et  de  harkis ( plus  de  100.000 )  que  durant  toutes les  années  de guerre  précédentes.  Le 05  juillet  1962,  par  exemple,  près de  700  européens seront  massacrés  à  Oran  alors que  les  milliers  de  soldats  français restèrent  l’arme  au pied,  sur  ordre.  La Cour  pénale  internationale  laisserait-elle  passer  cela  aujourd’hui ?

    Certes,  les  attentats et  les  massacres, les  tortures  mêmes, ne  furent  pas  seulement  l’affaire  de poseurs  de  bombes algériens  fanatiques  et  anti-français,  comme  Zohra Drif.  Ils  furent  aussi perpétrés,  du  côté français,  par  une  fraction  armée  de  l’OAS,  Organisation Armée  Secrète,  qui  n’acceptait  pas  l’abandon  de  l’Algérie  française  dont  les  trois départements  avaient  connu une  croissance  sans précédent  depuis  l’arrivée  des  premiers  colons en  1830.

    Mais  les  Algériens ramassèrent  le  pouvoir que  leur  laissaient des  milliers  de  fonctionnaires,  policiers,  représentants de  l’Etat,  contraints de  se  retirer  du  pays.  Il  n’était  pas nécessaire,  de  surcroit, de  se  venger atrocement  sur  une  population  de  « pieds noirs »  qui  vivait jusqu’alors  en  harmonie avec  eux,  de  les  enlever  pour  les  soumettre à  l’esclavage  avant de  les  exterminer, d’égorger  tant  de  leurs  frères  musulmans, après  les  avoir émasculés,  mutilés,  de violer  leurs  femmes et  filles.

    Le  19  mars 1962,  début  du déchainement  des  violences par  le  FLN,  n’est  donc  pas  une  date à  fêter  en  France.  Il faut  lui  préférer le  05  décembre qui  est  officiellement,  de  par  la  Loi,  la  date de  la  Journée nationale  d’hommage  aux  « morts  pour la  France »  pendant  la  guerre  d’Algérie mais  aussi  les combats  du  Maroc et  de  Tunisie.

    Puissent  les  passions, de  part  et  d’autre,  accepter un  jour  de regarder  l’Histoire  en face.

     


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  • Sous  Louis  XIV et  Colbert,  vers 1680,  la  marine française,  dite  « la  Royale »,  est  la plus  importante  du monde  avec  environ 200  navires  de  guerre,  ce  qui lui  permet  de faire  la  loi et  d’explorer  de nouveaux  continents.

    C’est  ainsi  qu’en avril  1682,  Cavelier de  La  Salle, partant  du  Canada  qu’avaient  conquis  avant lui  les  Jacques Cartier  et  Samuel de  Champlain,  descend  le  Mississipi  jusqu’à son  embouchure  et peut  offrir  au Roi  soleil  cet  immense  territoire  vierge au  centre  de ce  « nouveau  monde »  qu’il  baptise « Louisiane »  en son  honneur.

    Mais  la  Royale et  les  terres occupées  de  l’autre côté  de  l’océan  coûtent  cher  alors qu’on  a  déjà fort  à  faire et  à  guerroyer  sur  le  vieux continent.  En  1730, la  flotte  de guerre  n’a  plus  que  70  à 80  navires  alors que  la  « Navy »  qui a  envié  et copié  sur  la  marine  française  au temps  de  sa gloire  en  compte déjà  près  de  200.  Ce  renversement de  puissance  sur les  mers  va beaucoup  compter  pour  le  maintien  des peuplements  sur  les rives  acadiennes.

    C’est  la  Guerre de  Sept  ans  (1756-1763 )  qui  va précipiter  la  perte,  par  la  France, de  tous  ses territoires  d’outre-mer.  Les origines  de  la  Guerre  de  Sept ans  s’appuient  sur le  renversement  des alliances  quand  la  France  lâche  la  Prusse,  qui a  déçu,  au profit  de  l’Autriche,  ennemi  héréditaire  de l’époque.  L’incident  déclencheur est  la  saisie,  dans  plusieurs  ports du  monde,  de 300  navires  de commerce  français  par  les  Anglais  qui n’arrivaient  pas  à  l’emporter  sur le  terrain  canadien  malgré  leur  supériorité numérique.

    Courte  mais  dense, cette  guerre,  mondiale déjà,  se  déroulera sur  le  continent  européen  mais  aussi sur  les  mers jusqu’aux  Indes  et en  Amérique  du  fait  des  visées de  l’Angleterre  sur les  possessions  françaises  de  la  Nouvelle France  ( le Québec ),  des  Antilles et  des  Indes.

    Installés  dans  l’Est du  nouveau  continent, les  Anglais  n’ont  jamais  relâché  leur harcèlement  des  campements français  alliés  aux  amérindiens.  L’Acadie  ( qui deviendra  Nouvelle  Ecosse et  Nouveau  Brunswick )  leur  avait  été cédée  par  le traité d’Utrecht  en  1713. 
    Progressivement,  les  navires anglais  débarquent  suffisamment  de  soldats  pour qu’une  attaque  en règle  puisse  être déclenchée  devant  Québec  et  le  sacrifice de  Montcalm  sur les  Plaines  d’Abraham,  en  septembre  1759,  n’y fera  rien. 

    Pour  remercier  l’Espagne de  l’avoir  accompagnée dans  la  Guerre de  Sept  ans  contre  la  Grande Bretagne,  Louis  XV lui  offre,  en 1762,  la  Louisiane  occidentale,  rive  droite du  Mississipi,  ainsi que  la  Nouvelle-Orléans.  L’Espagne  la  restituera  d’ailleurs en  1800  peu  de  temps avant  que  Napoléon  ne  la  brade à  nouveau.

    Lors  du  Traité de  Paris  qui clôt  la  guerre de  Sept  ans, le  10  février  1763,  la  France cède  ce  qu’il reste  de  la Louisiane,  rive  gauche  cette  fois,  mais elle  doit  aussi se  défaire  de ses  possessions  indiennes  que  Dupleix  avait si  brillamment  conquises.

    Ne  lui  reste alors  que  cinq comptoirs  que  des générations  d’élèves  vont  apprendre  par  cœur pour  le  certificat d’études :  Pondichéry,  Chandernagor,  Yanaon,  Karikal  et Mahé.

    Hormis  quelques  îles  (Saint-Domingue,  Martinique, Guadeloupe )  et  comptoirs  en  Afrique,  la France  perd  ainsi la  totalité  de son  premier  empire colonial.

    Une  semaine  plus tard,  le  15  février 1763  en  Europe, la  paix  signée  en  Saxe  entre la  Prusse  et l’Autriche  consacre  l’avènement  du  plus  puissant état  allemand.

    L’année  1763  aura ainsi  modelé  un nouvel  ordre  mondial :  l’Angleterre  a  pris  la barre  sur  les mers  et  la Prusse  a  pris l’ascendant  sur  terre.

     


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