• Mata-Hari prise pour une espionne.

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    A force de tricher sur ses origines et sa personnalité, la grande aventurière « eurasienne » que fut Mata-Hari a finalement été prise à son propre jeu de double vie et fut convaincue, en 1917, d'espionnage au profit de l'ennemi, à une époque où la France, empêtrée dans les revers militaires de la première guerre mondiale, avait besoin de bouc émissaire et de coupables expiatoires.

    Mata ( en réalité, Margaretha Geertruida Zelle ) est née le 07 Août 1876 à Leeuwarden, aux Pays-Bas, d'un père marchand de chapeaux qui fait faillite et d'une mère qui meurt quand elle a 15 ans. Margaretha commence très tôt à user de ses charmes et de son joli teint halé naturel. En 1892, elle est renvoyée de l'école normale de Leiden à cause d'une liaison avec le directeur. A 18 ans, elle répond à une annonce matrimoniale et ce sera le mariage avec Rodolphe Mac Leod, capitaine de vaisseau de l'Armée royale des Indes. Celui-ci l'emmène aux Indes néerlandaises ( Indonésie ) où la jeune épousée découvre les danses de Bali et les plaisirs sensuels. D'où la brouille, ponctuée malheureusement par la perte d'un enfant et bientôt le divorce dès le retour en Europe effectué.

    Libre, belle, sûre de ses charmes, « Lady Mac Leod » commence à danser lascivement dans des tenues légères et voilées qui font merveille dans le Paris du début du siècle. En 1905, sa représentation de Shiva ( divinité indienne aux 6 bras ) en tenue moulante, couleur chaire, donne le tournis aux invités du musée Guimet où elle se produit sous le nom évocateur de « Mata-Hari », ( l'œil de l'aube en malais, c'est-à-dire soleil ). Dès lors, ses numéros de danse exotique, presque érotique pour l'époque, s'arrachent dans les salons. La princesse javanaise, comme elle se nomme elle-même, est en même temps courtisane et multiplie les amants.

    Malgré le déclenchement de la guerre, en 1914, la belle danseuse orientale sensuelle, qui parle plusieurs langues, peut voyager librement car elle vient d'un pays neutre. Fin 1916, elle s'éprend de Vadim Maslov, un capitaine russe au service de la France. Lorsqu'il est blessé du côté de Vittel, elle court le retrouver mais ne peut accéder à l'infirmerie du front qu'après avoir promis à Ladoux, officier des Services secrets qui se trouvait là, qu'elle ira espionner le Kronprinz ( Prince héritier allemand ) qu'elle avait déjà mis dans son lit. Pour gagner l'Empire allemand, la belle hétaïre se rend en Espagne puis prend un bateau pour la Hollande. Mais les Anglais, la prenant pour une autre espionne, l'interceptent et la harcèlent de questions avant de la relâcher. Dépitée, elle regagne Madrid et ne tarde pas à séduire ... l'attaché allemand. Ce sera sa perte.

    Le Major Kalle, en effet, a l'habitude de transmettre des câbles à Berlin qui sont, pour la plupart, interceptés par les Alliés. Dans l'un d'entre eux, figure la phrase « l'agent H 21 s'était rendu utile ». Or, le nom de code H 21 est justement celui que les Alliés attribuent à Mata-Hari. Celle-ci rentre en France, tout à fait innocemment, le 4 Janvier 1917, est arrêtée à son hôtel, interrogée longuement pendant 4 mois, mais elle nie toujours avoir trahi. Tout au plus, reconnaît-elle avoir reçu de l'argent mais pour prix de ... ses prestations privées. En Juillet, elle est convoquée au Palais de justice où le 3ème Conseil militaire délibère à huis clos.

    Par malheur pour la présumée espionne, le moral général sur le front est au plus bas et les mutineries de soldats se succèdent. L'opinion réclame des coupables et veut des exemples. La Cour militaire finira par la déclarer coupable « d'intelligence avec l'ennemi » et la condamnera à être passée par les armes. La sulfureuse courtisane passe ainsi du statut d'idole à celui de coupable idéale. Elle a 41 ans.

    Lorsque le peloton d'exécution se présente devant elle, le 15 Octobre 1917, dans les fossés de la forteresse de Vincennes, elle refuse le bandeau qu'on lui propose et se permet même de lancer un dernier baiser à ses bourreaux. Sa famille ne réclama pas le corps qui fut confié à la faculté de médecine de Paris puis incinéré. Il ne reste plus rien de la belle eurasienne dont les cendres furent jetées dans une fosse commune.

    L'écrivain Colette, en experte, dira d'elle, en la voyant interpréter Shiva : «  Elle ne dansait guère mais elle savait se dévêtir progressivement et mouvoir un long corps bistre, mince et fier ». Pour ma part, j'aime à croire qu'elle était plus Zizi Jeanmaire que Burgess ou Ian Fleming.

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  • Commentaires

    1
    Gilles
    Jeudi 7 Août 2008 à 07:29
    Proces
    Je lis par ailleurs: "Près de cent ans plus tard, les archives du procès n'ont toujours pas été rendues publiques et l'on peut craindre que le dossier à charge ne soit tout à fait creux." La Cour (pas le coeur) a ses raisons que la raison ignore.....
    2
    Jeudi 7 Août 2008 à 09:31
    Dossier creux
    C'est un peu aussi mon sentiment, Gilles, que cette malheureuse fille ait payé pour une ambiance de guerre hyper sensible à l'espionnage. De plus, ses frasques libertines n'ont pas du plaire à des notables, civils et militaires, collés-montés, qui ont instruit uniquement à charge.
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