• Les colonnes infernales de Vendée

    La Révolution française, engagée dès 1789, au milieu d’Etats dirigés, en Europe, par des Royautés généralement héréditaires, fut un choc pour la plupart des monarques. L’arrestation de Louis XVI en 1791, sous la menace des fourches paysannes, décida l’Autriche et la Prusse, notamment, à signer à Pillnitz les bases d’une coalition contre-révolutionnaire visant à empêcher la contagion de ces idées ridicules de liberté et de souveraineté du peuple.

    Face à cette menace conjuguée des monarchies, l’assemblée déclare la guerre, en avril 1792, au « Roi de Bohème et de Hongrie » dans la plus totale confusion. Les « Sans-culotte » se soulèvent et provoquent, en août, le renversement de la monarchie française.

    Mais, les Prussiens sont annoncés à Longwy puis Verdun. Bientôt, ce sera la route de Paris si rien n’est fait rapidement. On déclare « la Patrie en danger ». En Champagne, deux nouveaux généraux, Kellermann et Dumouriez, lèvent des troupes en urgence qu’ils agglomèrent à la hâte aux noyaux de professionnels aristocrates qui les entourent. Prussiens et Autrichiens, bien que fatigués par une longue marche, ne devraient en faire qu’une bouchée. Mais, c’est l’inverse qui se produit sur cette crête de Valmy où, le 20 septembre, la peur change de camp lorsque Kellermann harangue ses nouvelles recrues au cri de « Vive la Nation », en brandissant un plumet au bout de son sabre. Lorsque les canons se taisent, de part et d’autre, les jeunes combattants français s’élancent avec ardeur et en entonnant le « chant des Marseillais » de Rouget de Lisle. L’ennemi, surpris par le sursaut de ces vagabonds, recule puis bat en retraite. La révolution tient sa première victoire et peut espérer bloquer toute tentative de restauration monarchique.

    Fort de ce succès, Dumouriez poursuit l’avantage en portant le fer contre les Pays Bas. Ce sera Jemappes, dans la Belgique actuelle, en novembre 1792. Victoire acquise de justesse mais qui conforte les révolutionnaires dans leur volonté de repousser les ennemis de la liberté jusqu’aux « frontières naturelles » de la nation que sont les Alpes, les Pyrénées et, bien sûr, le Rhin, comme le clamera Danton en janvier 1793.

    Mais à mesure que les Sans-culotte avancent leurs idées et leurs piques, les monarchies coagulent leurs efforts et leurs troupes pour y faire face. Il faut donc lever de plus en plus de soldats et les volontaires ne suffisent plus. D’où la mesure dramatique, dans ses conséquences, du « tirage au sort ».

    Cette réquisition autoritaire qui désorganise la paysannerie française ne passe vraiment pas. Les refus de s’y plier s’étendent à toutes les régions mais c’est au Sud de la Loire, en Vendée, que la rébellion contre cette levée en masse va s’exacerber, après mars 1793. De spontanée, la révolte de ces paysans va enfler de bourg en bourg, repoussant les gardes nationaux, les « bleus », accourus pour leur faire entendre raison. Issus des rangs de ces insurgés, des chefs vendéens se révèlent et galvanisent les énergies, ralliés bientôt par des officiers aristocrates expérimentés et des « chouans » de Bretagne. Pensons à Charrette, Cathelineau, d’Elbée, Bonchamps, La Rochejacquelein.

    La certitude d’avoir raison et la hargne sont telles de chaque côté que c’est une véritable guerre civile qui ronge la jeune République. Le premier gros revers des insurgés intervient en octobre 1793 à Cholet, face à des Bleus républicains renforcés depuis la capitale. Puis, malgré de petites victoires locales, au bout d’une longue équipée, au début de l’hiver, dite « la virée de Galerne », les Vendéens acculés à la Loire, se font massacrer à Savenay le 23 décembre.

    La Convention exulte en recevant le message suivant : « Il n’y plus de Vendée, elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l’enterrer dans les marais et les bois de Savenay ».

    Mais cela ne suffit pas aux députés de la Convention, habitués aux régimes de terreur. Ils mandatent le général Turreau, qui leur a lu, le 19 janvier 1794, sa proposition d’extermination, afin que disparaisse à jamais la « Grande armée catholique et royale ». Celui-ci va lancer en Vendée 24 colonnes armées, qui recevront le titre de « colonnes infernales » tant leurs tueries n’épargneront personne sur leur passage.

    Las, ne mate pas un Vendéen et son « sacré cœur » qui veut ! et ces derniers trouvent encore les ressorts pour repousser l’envahisseur. Le projet Turreau échoue d’autant plus que les frontières menacées à l’Est rappellent les républicains en renfort.

    La Vendée est évacuée, la Révolution n’est pas passée par l’Ouest.


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