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Le difficile assassinat de Raspoutine
Comment un paysan-moujik sibérien, hirsute, sale et débauché, devient-il le personnage le plus influent à la cour de Russie avant la première guerre mondiale et l’avènement du bolchévisme ? C’est un mystère que viennent cependant éclaircir ses capacités de devin prophète et son mysticisme exacerbé qui le feront désigner, par la tsarine elle-même, comme starets ( ermite guérisseur qu’on vient consulter ) et même moine envoyé de Dieu.
L’impératrice Alexandra Federovna se lamentait, en effet, de ce qu’aucun des médecins de Saint-Pétersbourg ne fut en mesure de soigner son seul fils, le tsarévitch Alexis, des crises d’hémophilie qui le faisaient souffrir régulièrement.
La réputation de thaumaturge de Gregori Raspoutine arrive à ses oreilles en 1905 et elle le convoque à la cour, d’autant que la foi évidente de ce dévot est confirmée par de grands hommes d’église. Par des séances d’hypnotisme, d’imposition des mains et de transes, Raspoutine réussit à sauver le tsarévitch à plusieurs reprises jusqu’en 1915. Il est dès lors vénéré et intouchable dans l’entourage du tsar Nicolas II.
Inculte et jouisseur, le mystique errant et ivrogne, à la barbe et aux cheveux longs et gras, en profitera pour placer ses protégés à la cour impériale où il organise des séances d’exorcisme et des prêches selon des rites sectaires interdits par l’Eglise orthodoxe, lesquels se terminent par des flagellations sur les corps dénudés des participants et par des danses orgiaques.
Mais, en cette période de guerre avec l’Allemagne, pays d’origine de la Tsarine, plusieurs groupes de soutien de Nicolas II et des Romanov au pouvoir depuis trois siècles, voient l’influence de Raspoutine sur le tsar d’un mauvais œil. Il doit disparaître.
Le prince Felix Youssoupov, héritier de la plus grosse fortune de Russie, excédé par la vie scandaleuse et le danger que « Grischka » fait courir à la Sainte Russie, convainc quelques nobles et hauts dignitaires de passer à l’acte. Dans la nuit du 29 au 30 décembre 1916 ( ou nuit du 16 au 17 décembre selon le calendrier Julien en vigueur en Russie jusqu’en 1918 ), Youssoupov invite Raspoutine en son palais de la Moïka, sous prétexte de lui présenter une femme, lui sert de l’alcool et des petits fours trafiqués au cyanure que le prétendu moine va avaler sans sourciller. Sans doute le cyanure incorporé à la pâte à gâteau avait-il perdu son agressivité lors de la cuisson.
Voyant que le poison ne fait pas d’effet, le jeune prince sort un pistolet et fait feu sur le colosse qui s’écroule sur le tapis. L’ayant tiré dans une salle annexe, le jeune prince rejoint ses complices aristocrates mais lorsqu’il revient sur les lieux de son geste criminel, Raspoutine ouvre les yeux et, comme un diable, se lève d’un bond et réussit à s’enfuir en hurlant. Alertés par le bruit, les autres membres du complot le rattrapent, le matraquent et font feu également sur lui à trois reprises. Puis tous s’empressent d’enrouler le corps sans vie dans un drap qu’ils ligotent. Le fardeau est transporté sur une île de la Neva pour enfin être jeté dans le fleuve gelé. Mais, non lesté, il ne coule pas et il faut le pousser en force sous la glace pour qu’il disparaisse. S’étant vantés de leur forfait, les assassins ne pourront empêcher que le corps ne soit remonté à la surface et autopsié. Et là, Oh surprise, de l’eau dans les poumons attesteront que le moujik était encore vivant quand il fut jeté dans les eaux glacées. Atteint de trois balles, sauvagement battu, c’est finalement de noyade que le mage aurait péri. Cette endurance exceptionnelle, qui lui avait permis d’échapper deux fois à la mort quand il était plus jeune, contribue à la légende de surhomme qui lui survivra.
Las, son assassinat ne freinera pas la chute du régime tsariste qui disparaîtra avec la révolution d’octobre et le coup de force de Lénine. La famille impériale, quant à elle et comme l’avait prédit Raspoutine, sera massacrée en Juillet 1918 à Iekaterinbourg.
Une même fin tragique et brutale pour les Romanov et leur gourou.
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Commentaires
vie suffisamment extraordinaire et empreinte de mystere pour qu'elle inspire bon nombre d'ecrivains ou de musiciens.