• Le cuirassé Potemkine.

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    Les Russes et les Tsars successifs ont toujours été fiers de leur marine de guerre. Mais après la défaite de Tsushima contre les « macaques » de la flotte japonaise, au printemps 1905, les officiers de la marine tsariste ont beaucoup plus de mal à se faire respecter. Déjà, en Janvier à Saint-Pétersbourg, Nicolas II avait accepté une sanglante répression, en faisant tirer sur la foule massée devant le Palais d'Hiver et qui défilait pacifiquement pour réclamer de meilleures conditions de travail et la terre aux paysans. Ces quelques centaines de morts du « Dimanche rouge » vont échauffer les esprits. Les oppositions au régime tsariste, y compris révolutionnaires, sont bien relayées dans la population.

    Sur le tout nouveau cuirassé Potemkine, en rade d'Odessa sur la Mer noire, l'ambiance est morose d'autant que la nourriture est infecte. Les officiers choisissent les meilleurs morceaux et laissent à l'équipage les restes, souvent avariés. Le refus de l'un d'entre eux de manger ce type de nourriture va entraîner, le 27 Juin 1905, sa mort d'abord puis une escalade de la violence, orchestrée en mutinerie par les meneurs. Les marins mutins prennent le contrôle du navire en jetant certains officiers, dont le commandant Golikov, par-dessus bord. Arborant le drapeau rouge de la Révolution, le Potemkine est ensuite acclamé par la foule massée sur le port qui croit à un ralliement politique aux idées révolutionnaires.

    Partout, en effet, les Soviets ( réunions d'ouvriers ou soldats ) étaient en lutte. Les funérailles, à Odessa, du marin tué lors de la mutinerie, Vakoulenchouk, se transformèrent en manifestation à caractère politique. Les manifestants étaient massés sur l'immense escalier Richelieu qui relie le port au centre ville lorsque la cavalerie à pied ouvrit le feu, provoquant une vaste panique. La confrontation meurtrière est immortalisée dans le film muet du réalisateur soviétique Sergueï Eisenstein en 1925, appelé simplement « Le cuirassé Potemkine » avec, notamment, la scène du bébé dévalant, seul dans son landau, l'escalier pentu et les fusils pointés ensuite sur la mère. Le Potemkine ripostera par un tir de deux obus, en direction du quartier général, qui ne feront guère de dégâts.

    L'armée impériale envoya des renforts cosaques à Odessa pour réprimer la révolte, ce qui fut fait violemment et deux escadrons de la Flotte de la Mer du Nord furent positionnés au large de l'île Tendra pour bloquer le Potemkine. Celui-ci, toujours flanqué du torpilleur n° 267, tint tête à la flotte et s'engagea à pleine vapeur vers le centre de la formation pour franchir le barrage. Aucun des deux escadrons ne voulut ouvrir le feu et un autre cuirassé rejoignit même les insurgés qui purent poursuivre leur navigation vers Constantza en Roumanie. Les Roumains cependant, ne leur permirent pas de se ravitailler et les mutins durent se rendre. La plupart d'entre eux seront fusillés. Pourtant, la mutinerie du Potemkine eut une forte influence sur le processus de noyautage de l'armée et de la flotte russes par les révolutionnaires de Lénine.

    Bien qu'il ait du accorder une Constitution à la suite d'une grève générale, Nicolas II ne s'avoua pas vaincu et repris insidieusement les commandes jusqu'à ce que la seconde révolution, celle d'Octobre ( Novembre 1917 ) ne l'oblige à abdiquer en faveur des Bolcheviques. Les marins feront d'ailleurs encore parler d'eux ( voir l'épisode du Kronstadt ) en 1921.

    Comme pour la Révolution française, quelques années auparavant, le motif de la grogne populaire, avant d'être politique, était parti d'un mécontentement social, « du pain ou le gourdin ! » que les dirigeants, des deux côtés, avaient été incapables de comprendre et de juguler. On dit que l'histoire ne se répète jamais à l'identique mais il est des Présidents actuels qui devraient relire l'histoire de leur pays, ne croyez-vous pas ?

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  • Commentaires

    1
    gaugain
    Vendredi 27 Juin 2008 à 06:52
    conclusion superbe...
    Bonjour Yves, Merci pour ce rappel à l'histoire, et à votre conclusion interrogative. Depuis que je parcours votre blog, qui quelque part me "snobe", une question me taraude l'esprit, comment faites vous pour pouvoir chaque jour produire des articles aussi documentés? Etes-vous historien de métier? et quelque soit votre activité, combien de temps cela vous prend-il en moyenne quotidiennement? Encore Bravo Bien cordialement Pierre Gaugain
    2
    Vendredi 27 Juin 2008 à 09:53
    Recherche
    Merci Pierre pour ce commentaire. J'aime l'histoire et je suis curieux. Mes recherches se font sur internet où je copie des dizaines de pages sur le sujet que j'ai choisi. Ensuite, après les avoir lues et triées, je me fais une idée et j'écris mon résumé. Tout ceci me prend 2 à 3 heures mais je suis retraité, j'ai le temps. Je ne suis pas historien mais citoyen.
    3
    Vendredi 27 Juin 2008 à 11:39
    Ils ont
    pas le temps pour ça et leurs conseillers sont trop occupés à nous vendre la soupe quotidienne...
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    4
    Vendredi 27 Juin 2008 à 18:07
    Merci.
    Tout est dans le titre. Merci pour les encouragements. Les hélicoptères quoique primordiaux, ne sont pas ma tasse de thé préféré... Je suis un terrien pur souche. Donc merci pour les références bibliographiques. Bonne continuation.
    5
    Gilles
    Dimanche 29 Juin 2008 à 08:51
    Odessa
    Je vais me rendre à Odessa du 6 au 13 Aout. La ville a été créée par Catherine II pour en faire la St Petersbourg du sud. Son développement doit beaucoup aux émigrés français, notamment au duc de Richelieu et au comte de Langeron, ce dernier ayant même une plage à son nom!
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