• La France dit Non à l’Europe.

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    Que les Pays-Bas ne veulent pas ratifier le texte sur la Constitution européenne, en 2005, élaborée par des experts autour de Valéry Giscard d'Estaing, est très dommage. Mais que la France fasse de même, alors c'est un traumatisme et une onde de choc qui bloque subitement les efforts de progression vers une avancée de l'Europe politique.

    Pourtant, la crise n'est pas la première et la France n'en est pas à son coup d'essai en matière de « coup de Jarnac » communautaire. Une première tentative de création d'une Europe de la Défense avait déjà été déjouée par le refus des Français, en 1954.

    Cinq ans seulement après la fin de la deuxième guerre mondiale, les Etats-Unis souhaitent le réarmement allemand, peut-être pour intégrer les contingents allemands dans leur effort de guerre en Corée ou pour faire barrage aux soviétiques. Les Français s'y opposent par crainte de voir renaître un militarisme effréné de l'Allemagne. Cherchant un compromis, Jean Monnet parvient à convaincre, en 1950, le Président du Conseil de proposer la création d'une « armée européenne », englobant les Allemands et placée sous un commandement intégré. Prenant exemple sur la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier (CECA), on habille tout cela sous la forme d'un projet de Communauté Européenne de Défense (CED) que les représentants de 6 pays membres de l'époque, France, Allemagne (RFA), Italie, Belgique, Luxembourg et Pays-Bas, vont signer le 27 Mai 1952.

    Mais, le 30 Août 1954, cette CED que la France avait imaginée dès 1950, et sur laquelle elle s'était déchirée ensuite au Parlement, est rejetée à Paris par l'Assemblée nationale. La crainte du réarmement allemand, le refus galvanisé par le Général de Gaulle d'abandonner l'armée de la nation à des institutions supranationales, in fine aux américains et l'enlisement en Indochine, font pencher la balance vers un repli sur soi. La surprise est totale et la déception est immense, notamment aux USA. « L'armée va perdre son âme et la France son autorité dans ce magma » dira le Maréchal Juin, pourtant le seul Français désigné Commandant en chef de la zone centre Europe de l'Otan.

    Songeant à ramasser les marrons du feu, le Britannique Anthony Eden sauve les apparences en proposant de relancer l'Union occidentale, mise sur pied en 1948 par le Pacte de Bruxelles, en y faisant entrer l'Italie et l'Allemagne. Le Français Pierre Mendès-France respire. Cette nouvelle organisation permettra de surveiller l'Allemagne sans l'exclure. De ce fait, l'Union occidentale du pacte de Bruxelles devient l'Union de l'Europe Occidentale (UEO), sans structure militaire autonome et son siège est installé à Londres. La Grande-Bretagne est dès lors étroitement associée à la défense de l'Europe dont le ciment reste l'OTAN. Pendant ce temps, l'URSS organise le Pacte de Varsovie, le 14 Mai 1955, avec 7 démocraties populaires satellites, dont la RDA.

    Mais, en enterrant le projet de CED, la France tuait aussi l'union politique des pays européens. En 1961, le plan Fouchet envisage une coopération politique entre les 6 pays du Traité de Rome, dont le Conseil pourrait définir la politique étrangère commune à tous. Pour ne pas heurter les Etats-Unis, les Etats hésitent. Seule, l'Allemagne y est favorable et s'associera à la signature du Traité de l'Elysée, le 22 Janvier 1963, entre le Général de Gaulle et le chancelier Adenauer. La difficile construction de la maison européenne repartira de ce socle franco-allemand. Il faudra plusieurs générations de diplomates avant d'aboutir au traité de Nice de 2001 qui est toujours le dernier texte applicable.

    Le rejet de la Constitution par la France, en 2005, a non seulement stoppé l'avancée de l'Europe mais aussi cassé le moteur franco-allemand. Remettre la machine en route ne sera pas simple. Combien de fois Sisyphe a-t-il remonté son rocher, déjà ?

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  • Commentaires

    1
    Mardi 27 Mai 2008 à 08:56
    mouais...
    C'est un peu rapide, comme analyse, non ? Il eût été judicieux d'annoncer "la france dit non à cette europe", celle décrite dans un traité constitutionnel de 400 pages... Les rédacteurs (spontanés, semble-t-il : VGE) de cette daube ont plus fait pour ralentir la construction européenne que les opposants à *ce* traité. Quant au rapprochement D-Fr, maintenant qu'on a un quinca atlantiste...
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    2
    Mardi 27 Mai 2008 à 09:28
    Rapide
    Oui, Gebede, c'est rapide comme analyse mais 20 lignes pour retracer cette longue histoire, il faut élaguer. Concernant les 400 pages (483 en fait), il y a 60 pages intéressantes et tout le reste sont des annexes. VGE n'aurait pas du envoyer les annexes qui ont alourdi sans apporter de nouveautés. Son pavé a fait peur.De toute façon, les Français ont répondu à une autre question. Ils n'ont pas dit Non à l'Europe mais Non à Chirac.
    3
    Gilles
    Mercredi 28 Mai 2008 à 03:40
    Traite constitutionnel
    Je souscris a l'analyse de Papyves. Je me souviens de l'interview avant le referendum d'un retraite de la SNCF ou de l'EDF declarant "Si ma retraite n'est pas augmentee, je vote non!". Quel rapport avec le projet de traite constitutionnel? Aucun ! Je citerai egalement un sondage d'il y a quelques mois qui montrait que seulement 20 % des Europeens savaient qu'a l'epoque l'UE comptait 25 membres. On n'en etait pas a leur demander de citer ces membres! Ne faudrait-il pas paraphraser Clemenceau qui disait "La guerre est un chose trop serieuse pour etre confiee a des militaires"? et laisser les deputes faire leur boulot?
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