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Holodomor, la famine décidée par Staline.
Au lendemain du coup de force de Novembre 1917 à Petrograd ( St-Pétersbourg, la ville de Pierre le Grand ), les bolcheviques de Lénine ( qu’on appellera plus tard communistes ) affermissent leur prise de pouvoir sur les cendres du régime tsariste tombé en Mars. Ces 6 et 7 Novembre seront appelés la « Révolution d’Octobre » puisque la vieille Russie suivait encore le calendrier Julien ( conçu sous l’égide de Jules César ).
Alors que toute l’Europe est en guerre, Lénine signe en hâte une paix séparée à Brest-Litovsk, concédant d’énormes territoires, afin de sauver sa révolution. Mais il doit faire front de toutes parts, face aux opposants au régime dictatorial qu’il instaure. Travail forcé, réquisitions, répressions et exécutions orchestrées par « l’Armée rouge » de son ami Trotski, viendront péniblement à bout, en 1920, de cette véritable guerre civile entre Rouges et Blancs qui fera des millions de morts, auxquels s’ajoutent les victimes de la famine dans les campagnes.
En Mars 1921, Lénine annonce une « Nouvelle Politique Economique » ( NEP en russe ) où l’Etat reste propriétaire des terres et des outils de production mais où une petite parcelle privée est consentie aux paysans qui redressent enfin la tête. Certains même, les Koulaks, s’enrichissent.
A la mort de Lénine, son successeur Staline va opérer un retour en arrière par peur de l’instauration d’une bourgeoisie qui menacerait, à terme, le bolchevisme. C’est la « dé-koulakisation » et la mise en œuvre d’un plan quinquennal ( 1928 – 1933 ) draconien. Pour acheter des machines à l’étranger, il a besoin d’exporter un maximum de céréales et, pour cela, multiplie les réquisitions forcées chez les paysans. La collectivisation brutale des terres, sous la houlette de « kolkhozes » ( coopératives géantes ) et de « sovkhozes » ( fermes modèles ) va entraîner une chute de la production et mener, une nouvelle fois, les paysans à la famine. Toute la production agricole est réquisitionnée de force et dirigée vers l’exportation afin de montrer aux capitalistes, en proie à la grande crise de 1929, que la dictature du prolétariat est la solution pour le bien des peuples.
C’est en Ukraine, rebelle aux mesures, que la famine va sévir le plus durement, d’autant que Staline ( surnom qui veut dire Homme d’acier en russe ) y orchestre une répression sanglante et des confiscations systématiques de nourriture. Staline avait comme lieutenants stakhanovistes les Molotov, Kaganovitch et Vorochilov. Pas des tendres ! Cette famine entretenue par le pouvoir central, nommée « Holodomor » en ukrainien, conduira la population à glaner quelques épis, à ronger des carcasses d’animaux et des racines pour survivre. On cite des cas de cannibalisme, des enfants abandonnés à leur sort, 25.000 morts par jour en Ukraine et au Kazakhstan, alors que le gouvernement ( qui a supprimé la NEP ) confisque et exporte près de 2 millions de tonnes de céréales.
Le point culminant de l’horreur survient le 07 Août 1932 lorsque parait la « Loi des épis » qui punit de 10 ans de déportation dans des camps, voire de la peine de mort, « tout vol ou dilapidation de la propriété socialiste » y compris le simple vol de quelques épis de blé dans un champ.
Holodomor, la grande famine d’Ukraine de 1932-33, artificiellement et cyniquement entretenue par le « petit père des peuples », fera 5 à 7 millions de victimes innocentes ( certains affichent 10 M ). Le mot Holodomor, d’ailleurs, veut dire aussi « génocide » car c’est bien d’un génocide qu’il s’agit, même si peu de pays au monde l’ont reconnu, à l’instar du génocide arménien, nié par la Turquie.
On sait aujourd’hui que la dé-koulakisation ( sur laquelle les pays occidentaux ont fermé les yeux ) a été un instrument pour lutter contre le « nationalisme » de certaines régions, en particulier de l’Ukraine et des régions cosaques du Don et du Caucase. Pourtant, ces régions satellites de la Russie retrouveront quand même la liberté de s’auto-gérer mais il faudra attendre la chute de l’Union Soviétique en 1990.
En somme, 6 millions de morts pour rien.
Tags : famine, génocide, staline, lenine, Ukraine, russie, bolcheviques, Kazakhstan, Holodomor, union soviétique, koulaks, père des peuples, loi des épis, kolkhozes, sovkhozes, armée rouge, révolution doctobre
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Commentaires
Famine
Merci Bélier pour ce cri du coeur contre les asservissements de ces si nombreux peuples que leurs dirigeants affament pour le simple orgueil de se maintenir au pouvoir et s'en mettre plein les poches.3TraversLundi 23 Août 2010 à 18:40Holodomor
Pour compléter : http://www.dailymotion.com/video/x3sse0_genocide-en-ukraine-1932-1933-l-hol_news et http://www.radio-canada.ca/nouvelles/National/2010/06/02/004-loi-genocide-ukraine.shtml4GillesSamedi 28 Août 2010 à 05:16Holodomor contestee !
Je ne vois ce texte que tardivement ..... Il faut savoir qu'aujourd'hui encore, la Russie de M. Poutine conteste la caractere genocidaire de l'Holodomor, arguant du fait que l'Ukraine n'a pas ete la seule touchee ! Tu me diras qu'elle ne reconnait pas non plus l'occupation des Etats Baltes en 1940 .... Pire: Le nouveau président ukrainien Viktor Ianoukovytch, dont le tropisme pro-russe est bien connu, conteste egalement cette qualification de genocide. Il faut dire que, d'un autre cote, en Ukraine, on reeleve des statues de Staline !! Quand les politiques se mettent a reecrire l'histoire, c'est toujours redoutable .....5Loïc de FleurelleSamedi 13 Août 2011 à 23:08Famine en Ukraine
Je crois savoir par ailleurs su ce sujet atroce que le bras armé de l'Holodomor fut tout simplement Kroutchev ... Mais comme le laissent entendre certains commentaires, l'histoire est vraiment écrite par les vainqueurs. Mais comment se fait-il qu'il existe encore dans le monde des hommes et des femmes sachant cela et vantant encore les mérites du communisme !!!
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Bonjour. J'ai lu "les Cahiers Ukrainiens" (mémoires du temps de l'URSS) un récit témoignage d'Igort, édité chez Futuropolis. Ce sont des témoignages de personnes ayant vécu cette période. L'auteur a recueilli ses témoignages, les a écrits puis illustrés (c'est sous forme de BD, mais pas une BD comme les autres). C'est poignant, horrible. Mais l'on voit et l'on lit les conditions de vie, la famine,...J'ai beaucoup aimé ce livre. Il y a des faits que l'on nous enseigne pas à l'école et je dois dire que c'est regrettable. Tant de génocides, de morts, de souffrance, de mauvaises raisons politiques, de prises de pouvoir...passés sous silence...c'est affligeant ! Bonne journée