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Par Papyves1 le 13 Août 2011 à 15:50
Dès la fin de la guerre et la capitulation des armées nazies en 1945, le territoire de l’Allemagne fut divisé en quatre zones de subordination, conformément à la conférence de Yalta : soviétique à l’Est, ce qui inclut Berlin, britannique au Nord, américaine au Sud et une petite zone à responsabilité française aux frontières de la Moselle et du Rhin.
Les Soviétiques, qui ont accepté de mauvais gré le partage équivalent de la capitale du IIIème Reich et un contrôle conjoint, doivent se contenter de la moitié Est de la ville ( pourtant au cœur de leur zone d’occupation ) et laisser les « capitalistes » gérer à trois ( US, GB, FR ) la partie Ouest de celle-ci. Initialement coopératifs au sein d’un Conseil de contrôle allié, les Soviétiques s’en dégagent en Mars 1948 puis, dès le mois de Juin, instaurent un Blocus terrestre de Berlin pour asphyxier les secteurs Ouest afin d’en récupérer ainsi le contrôle. Las, un gigantesque pont aérien allié, ininterrompu sur plusieurs mois, va déjouer leur plan et les contraindre à accepter le statu quo d’une « guerre froide » de part et d’autre du « rideau de fer ». L’Allemagne est officiellement scindée, en 1949, en une République Fédérale ( RFA ) et une République Démocratique ( RDA ) et des gardes frontières sont mis en place.
Mais les différences de niveau de vie et de liberté individuelle des deux côtés de la frontière entraînent un flux grossissant de départs des Allemands de l’Est vers la vitrine économique de l’Ouest. Et pas des moindres puisque c’est l’élite de la population qui fuit la RDA, via le métro de Berlin notamment. Ensuite deux heures d’avion et c’est la liberté. Environ 3 millions de « déserteurs » quittent le régime communiste entre 1949 et 1961, année d’érection du Mur.
Walter Ulbricht, l’homme fort de la RDA s’en émeut et, bien qu’il ait annoncé que « Personne n’a l’intention de construire un mur » ( il est le premier à utiliser ce mot ), il déclenche, dans la nuit du samedi 12 au dimanche 13 Août 1961, l’opération « Protection antifasciste ». Sans doute avait-il obtenu le feu vert du dirigeant de l’URSS, Nikita Khrouchtchev.
La construction du mur, sous la responsabilité active de Erich Honecker, commence par un rideau de fils barbelés entourant les trois secteurs occidentaux et le barrage sommaire des voies d’accès, métro compris, vers Berlin Est. Puis, devant les berlinois médusés, un bataillon de maçons, surveillés par des policiers et douaniers, érige 43 km d’un mur en dalles de béton surmontées de briques et de barbelés. Un double mur parallèle de grillage, côté Est, ménagera ensuite un no man’s land balayé par les projecteurs qui formera un cordon stérile parcouru par des chiens de garde, constamment enrichi de miradors, mines et pièges. Les fenêtres des bâtiments qui donnent sur cette zone interdite sont cimentées, les caves emmurées.
Malgré la protestation énergique du maire, Willy Brandt, et une manifestation monstre de 300.000 personnes devant le Rathaus, le béton s’élève partout jusqu’à 4 mètres de hauteur, séparant brutalement des familles éberluées. Sept points de passage seulement subsisteront sur les 80 existants préalablement.
Le 27 Octobre 1961, des gardes frontières de RDA exigent de contrôler les membres des forces alliées se rendant dans le secteur d’occupation soviétique. Le ton monte de telle sorte que 10 blindés de chaque camp prennent position, face à face, à Check-point Charlie et se jaugent pendant deux jours sans qu’un coup de feu ne soit heureusement tiré, ce qui aurait pu conduire, par escalade, à un affrontement nucléaire.
En Juin 1963, le président américain John Fitzgerald Kennedy prononce son fameux discours de soutien aux Berlinois de l’Ouest : « Ich bin ein Berliner » mais il ne peut rien faire pour aider les milliers de personnes qui tentent de franchir la frontière entre les deux Allemagne ou le mur à Berlin. Pendant les 28 ans d’existence du mur, plus de 500 fugitifs seront abattus par les « Vopos » ( Volkspolizei, police du peuple ) dont 136 à Berlin même.
Long de 160 km, ce « mur de la honte », selon l’expression des alliés, sera célébré régulièrement et en grande pompe par la nomenklatura Est-allemande alors qu’il symbolise, à l’Ouest, l’échec économique du bloc soviétique. Il restera en place jusqu’à ce que, sur insistance de Gorbatchev, les autorités est-allemandes annoncent, le 09 Novembre 1989, que les candidats à l’émigration peuvent passer librement par les postes frontières. Après un moment d’hésitation et d’incrédulité naturelle, c’est la ruée et la délivrance. On connaît le bouleversement stratégique que cette chute va entraîner.
Malheureusement, le nouveau monde issu de la chute du mur n’est pas plus pacifique, au contraire. L’égoïsme et la bêtise des hommes restent incommensurables.
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Par Papyves1 le 13 Juillet 2011 à 12:56
Lorsque la reine espagnole Isabelle II, exilée en France,
abdique en 1868 à la suite d’une révolution,
la couronne d’Espagne cherche un prétendant
auprès des cours européennes. Le général Joan Prim,
régent, se met en quête d’un Roi qui pourrait plaire à tout le monde.
Il trouve enfin, en 1869, un prince disponible,
Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen,
petit-cousin du roi de Prusse, Guillaume 1er.
Léopold hésite mais avec l’accord de Guillaume 1er
et, surtout, l’insistance de son chancelier,
le Comte Otto von Bismarck, il accepte en Juin 1870.
La France, émue d’une possible reconstitution de l’empire
de Charles-Quint, avec une même famille Hohenzollern en Prusse,
en Espagne et en Roumanie, fait savoir par son ambassadeur
que cette perspective n’est pas de son goût.
Les esprits s’échauffent.
De son côté, Bismarck, homme rigide et à poigne,
rêve d’une fédération des différents états
allemands, soumis derrière le plus puissant
d’entre-eux, la Prusse.
Quoi d’autre qu’une bonne guerre pour
souder derrière soi des Etats disparates,
ceux du Sud notamment ?La « dépêche d’Ems » va lui en
offrir l’occasion.Voici comment :
Le roi de Prusse Guillaume 1er, qui
prend les eaux à Bad Ems,
reçoit l’ambassadeur français
Vincent Benedetti et, conciliant, concède
que, si Léopold est d’accord, il approuvera
le retrait de cette candidature.Le 12 Juillet 1870, après que
celui-ci a envoyé une lettre au
roi, le père de Léopold télégraphie
à l’ambassadeur espagnol que son fils
retire en effet sa candidature au
trône d’Espagne.Guillaume envoie, de son côté, son aide
de camp informer Benedetti et lui
préciser que « par là, sa Majesté
considère l’affaire comme liquidée ».Mais le duc de Gramont, nouveau
ministre des Affaires étrangèresde Napoléon III, défavorable à la
Prusse, demande à Benedetti d’obtenir, en
bonne et due forme, c’est à dire par écrit,
l’assurance du roi Guillaume 1er qu’il
garantit la ferme renonciation du prince
de Hohenzollern. L’ambassadeur
Benedetti se fait reconduire poliment.C’est au cours du dîner qu’il
partage avec son chef d’état-major,von Moltke, et son ministre de la
Guerre, von Roon, que Bismarck reçoitun télégramme de Bad Ems qui relate,
en termes neutres, l’entrevue du matin,
la lettre du prince et la visite de l’aide
de camp à Benedetti.Le rusé chancelier voit l’aubaine qu’il
peut tirer de ce télégramme
qu’il va condenser en une dépêche
brève et sèche, voire humiliante.« Ems, 13 Juillet 1870. Après que les nouvelles
de la renonciation du prince héritier
de Hohenzollern eussent été communiquées au
gouvernement impérial français par le gouvernement
royal espagnol, l’ambassadeur de France a
exigé encore de Sa Majesté, à
Ems, l’autorisation de télégraphier à Paris que
Sa Majesté le roi s’engageait pour
tout l’avenir à ne plus jamais
donner son autorisation, si les Hohenzollern
devaient à nouveau poser leur candidature.Là-dessus, Sa Majesté le roi a
refusé de recevoir encore une fois
l’ambassadeur et lui a fait dire,
par l’adjudant de service, que Sa
Majesté n’avait plus rien à communiquer
à l’ambassadeur ».Ce texte, dit Bismarck à von
Moltke, produira « sur le taureau gaulois
l’effet du chiffon rouge ».Il avait vu juste :
A Berlin, c’est l’indignation, le mot
« exigé » ne passe pas. « Comment ose-t-on
traiter notre roi ? ». A
Paris, c’est pire. Faire reconduire
notre ambassadeur par « l’adjudant de service »est offensant. En fait, Bismarck qui connaît
les nuances de la langue française
a volontairement employé « adjudant »pour « aide de camp ». Gramont est offusqué :
« Vous avez devant vous un homme
qui vient de recevoir une gifle ».Le 19 Juillet 1870, malgré la
réticence de Napoléon III malade, la
France déclare la guerre à la
Prusse. On connaît la suite : l’avant-garde
de Mac-Mahon bousculée à Wissembourg, que
ne peut rejoindre Bazaine, lequel s’enferme
dans Metz pendant que l’Armée de
Chalons est encerclée dans Sedan avec
l’Empereur lui-même.Capitulation dès le 2 Septembre, chute
de l'Empire ( le second ), quelques combats résiduels
et héroïques puis l’armistice avec Thiers,
refusé par la « Commune » et le traité de
Francfort qui consacrera la perte de
l’Alsace-Lorraine.Jamais, la forme et la tournure
de rédaction d’un message n’auront eu
autant de conséquences dramatiquespour notre pays.
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Par Papyves1 le 14 Mai 2011 à 08:01
En 1940, alors qu’elle se sentait à l’abri derrière la ligne Maginot, la France a du subir l’humiliation de la défaite militaire éclair menée, en contournement de cette ligne, par des forces nazies plus mobiles et qui atteignent même Paris.
Croyant servir les intérêts de la nation, le Maréchal Philippe Pétain, héros vieillissant de la première guerre mondiale, à qui la Chambre des députés a donné les pleins pouvoirs, rencontre Adolph Hitler à Montoire et assure le Führer de sa collaboration sincère et entière.
Dès lors, c’est l’occupant allemand qui va dicter ses ordres et ceux-ci passent notamment par le recensement des Juifs de France que des fonctionnaires français zélés vont consciencieusement établir.
Le 14 Mai 1941, des milliers de « ressortissants étrangers de race juive » étiquetés selon le nouveau statut des Juifs sont « invités à se présenter », avec un ami ou parent pour examen de leur situation. Ils ne doivent pas oublier le « billet vert » de la convocation qu’ils ont reçue.
Peu méfiants, 3.700 ( en majorité des hommes ) répondront à cette première rafle dite « rafle du billet vert » qui préfigure, à un peu plus d’un an d’intervalle, la « rafle du Vél-d’Hiv » ( Vélodrome d’Hiver ).
En bus vers la gare d’Austerlitz puis en train vers le Sud de Paris, les Juifs ainsi rassemblés sont transférés dans deux camps de transit voisins, Pithiviers et Beaune-la-Rolande, entre Orléans et Montargis. Ces anciens camps de prisonniers de guerre, faits de baraquements sommaires et sans hygiène, étaient surveillés par des gendarmes, des policiers ou des douaniers français. Des rangées de lits superposés sur deux ou trois étages, remplis de paille, une fenêtre donnant sur des barbelés, voilà le quotidien des familles démunies qui arrivent là pour des mois.
Sur injonction allemande mais bien relayée par René Bousquet, le secrétaire général à la Police sous le régime de Vichy, la pression sur les Juifs s’intensifie début 1942 et les arrestations de plus en plus nombreuses nécessitent de faire de la place dans les camps existant. Leurs occupants, hommes, femmes, enfants, sont ainsi massivement déportés en prévision des grandes rafles de Juillet 1942.
Les 16 et 17 Juillet 1942 en effet, commence dans plusieurs pays européens, l’opération « Vent Printanier », au cours de laquelle la police française appréhende plus de 13.000 personnes dont 4.000 enfants de moins de 16 ans que les Nazis ne réclamaient même pas. Les couples sans enfants ainsi que les célibataires sont envoyés d’emblée vers le camp de Drancy, au Nord de Paris, où s’entassaient déjà des hommes seuls affamés et d’où ils seront chargés dans des wagons à bestiaux vers Auschwitz-Birkenau, avec ou sans halte au camp de Compiègne. Les familles avec enfants, quant à elles, environ 8.000, sont dirigées vers le Vélodrome d’Hiver dans le XVème arrondissement, où elles attendent plusieurs jours sans nourriture, sans eau, sans couchage, puis vers les deux camps du Loiret, Pithiviers et Beaune-la-Rolande, où ils vont s’entasser dans des conditions inhumaines.
Cette « rafle du Vél-d’Hiv », opérée sur ordre des Nazis mais secondée par des Français, sera suivie par d’autres. Au total, 42.000 Juifs seront déportés de France vers Auschwitz et 811 seulement en reviendront.
Il fallut attendre Juillet 1995 pour que, devant le monument commémoratif ( photo ), quai de Grenelle, un Président de la République reconnaisse que « ces heures noires souillent à jamais notre histoire et sont une injure à notre passé et à nos traditions. ( … ) le 16 Juillet 1942, 4.500 policiers et gendarmes français, sous l’autorité de leurs chefs, répondaient aux exigences des nazis. ( … ) Ce jour-là, manquant à sa parole, la France livrait ses protégés à ses bourreaux »
La grandeur d’une nation est d’assumer ses erreurs.
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Par Papyves1 le 17 Avril 2011 à 17:03
Très vaste et puissante au Moyen-âge, la Pologne disparaît corps et biens après trois partages successifs de 1772 à 1795 effectués par la Prusse, l’Autriche et la Russie. A la fin de la première guerre mondiale, en 1918, elle retrouve son indépendance sur un territoire réduit mais convoité, à l’Ouest et à l’Est, par les Allemands et les Russes.
Comme elle a le tort d’engager, en 1920, une campagne militaire victorieuse de récupération des terres orientales perdues, à l’Est de la ligne Curzon, qui fera 30.000 victimes soviétiques sur les 110.000 internés dans les camps, la Pologne suscite un fort désir de vengeance de la part des soviétiques. C’est ainsi que Staline n’a aucun scrupule à signer un pacte secret avec Hitler pour le partage des terres polonaises. Signé en Août 1939 par Molotov et Ribbentrop, sous le nom de Traité de non agression, ce pacte germano-soviétique sera vite rompu par les Nazis qui envahissent la Pologne occidentale en Septembre 1939. Les Soviétiques les suivent bientôt et envahissent la partie orientale deux semaines après.
Parmi les dizaines de milliers de prisonniers, rassemblés par le NKVD ( Police politique ) dans des camps de détention, sur ordre de Lavrentiy Béria, commissaire à la sécurité, ce seront essentiellement les 9.000 officiers, policiers et cadres d’élite ( médecins, professeurs, juristes, … ) qui seront conservés pour être anéantis par peur de soulèvements futurs. Les autres seront envoyés dans les camps du Goulag ou mis au travail forcé.
En Mars 1940, le Politburo poussé par Staline, signe l’ordre « d’exécution des nationalistes et contre-révolutionnaires polonais ». Dès lors, le massacre s’organise : les prisonniers des trois camps de concentration ( Ostachkov, Kosielsk et Starobielsk, 4 à 6.000 personnes chacun ) sont embarqués dans des trains jusqu’à la gare la plus proche du lieu choisi pour leur exécution méthodique, les pieds au bord de la grande fosse creusée dans les bois, mains liées dans le dos et une balle dans la nuque. Au suivant !
Lorsque la Wehrmacht envahit l’URSS en Août 1941, les troupes allemandes découvrent un premier charnier dans la forêt de Katyn, près de Smolensk, à mi-chemin entre Moscou et Minsk. Les uniformes et documents permettent de reconnaître des centaines d’officiers polonais. D’autres découvertes macabres suivront dans plusieurs fosses disséminées.
Naturellement, les Nazis accusèrent les Juifs de ce massacre ( ce que ne démentit pas le général Sikorski en exil ) tandis que les Soviétiques s’appuyèrent sur les munitions et la marque Walther des révolvers utilisés qui étaient opportunément d’origine allemande pour rejeter la faute sur le Troisième Reich. La responsabilité russe ne fait pratiquement plus aucun doute aujourd’hui bien que cette réalité ait été niée, voire tue de plein gré, pendant 50 ans. Au lendemain de la guerre, les Soviétiques mais aussi les Britanniques et le Président Roosevelt lui-même jetèrent un voile pudique sur cette « affaire » qui fut déclarée opération de propagande.
Ce n’est qu’en 1990 que Mikhaïl Gorbatchev reconnaissait que le NKVD était bien responsable des 15.000 morts de la période mais ni le terme de génocide ni celui de crime contre l’humanité ne furent employés. En Avril 2006 seulement, est déposée une plainte devant la Cour européenne des droits de l’homme pour qu’enfin le massacre de Katyn soit reconnu comme tel. Vladimir Poutine le reconnut du bout des lèvres en 2010 et le président Medvedev le fit avec plus de force en Avril 2011.
Ironie du sort, c’est alors qu’il se rendait aux cérémonies de commémoration du massacre de Katyn, en Avril 2010, que le président polonais Lech Kaczynski périt dans l’accident de son Tupolev à l’approche de Smolensk.
Katyn est vraiment maudite.
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Par Papyves1 le 4 Février 2011 à 05:12
Avant même la fin de la deuxième guerre mondiale, les chefs des trois grandes puissances qui enserrent comme dans un étau les forces du Reich allemand en déclin, se réunissent pendant une semaine en Crimée, à partir du 04 Février 1945, pour s’accorder sur la dépouille du futur vaincu et définir les règles de stabilité du monde après la victoire.
Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Union Soviétique envoient, en effet, leurs chefs de gouvernement ( Franklin Roosevelt, Sir Winston Churchill et Joseph Staline ) sur les bords de la Mer noire, à Yalta, non loin de Sébastopol. Le choix de cette station balnéaire et de ce vieux palais impérial inconfortable avaient été quasiment imposés par Staline : il était en position de force du fait que ses troupes étaient aux portes de Berlin et voulait le montrer. C’est pourquoi il avait refusé les propositions plus luxueuses de Churchill. En fait, il craignait l’avion et pouvait venir à Yalta d’une traite, via l’Ukraine, par le train.
La France, malgré le soutien de Churchill, ne siège pas à cette conférence car Roosevelt et Staline se sont entendus pour l’évincer.
Le but de la conférence était d’affiner une stratégie commune pour hâter la fin de la guerre et de régler le sort de l’Europe après la défaite du IIIème Reich hitlérien, en espérant garantir ainsi la paix future du monde.
Insidieusement, le maréchal Staline, flanqué de Molotov, va tirer seul les marrons du feu car Roosevelt, malade et livide tout comme son bras droit Hopkins, se refuse à la confrontation, ne souhaite que l’harmonie et la paix pendant que Churchill, bougon et de mauvaise humeur du fait de divergences passées avec son collègue américain, se replie sur les intérêts britanniques. Dès lors, le russe peut être exigeant sur le partage des zones d’influence : nul ne lui conteste les territoires déjà annexés de fait ( Carélie, pays Baltes, Ruthénie et Bessarabie ) mais aucun ne s’oppose non plus à son maintien sur les terres occupées récemment en Europe de l’Est si bien que le glacis de « satellites » de l’URSS, de la Pologne au Nord à la Bulgarie au Sud, est déjà en germes à Yalta.
Pendant que les combats continuent entre les belligérants armés, les plénipotentiaires de Yalta, gavés de caviar, vodka et saumon, s’accorderont aussi sur l’occupation et la démilitarisation de l’Allemagne, la création de l’ONU où sont désignés des membres permanents, une Pologne forte et indépendante, enfin sur l’entrée en guerre de l’URSS contre le Japon, allié des Nazis.
La conférence de Postdam ( près de Berlin ) qui suivra en Juillet-Août 1945 parachèvera le découpage de l’Allemagne vaincue en zones d’occupations attribuées aux Soviétiques sur tout l’Est européen, aux Britanniques au Nord, aux Américains au Sud et, in extremis, aux Français ( sur insistance de Churchill ) en Sarre et Rhénanie-Palatinat.
Berlin, isolée en sphère soviétique, sera elle-même divisée et répartie en quatre zones multinationales alliées.
En fait, Yalta sanctionne la fin de la domination des nations de l’Europe occidentale sur le monde et ouvre l’ère de deux grands géants, USA et URSS, qui se lancent à corps perdus dans une « guerre froide », c’est à dire une course aux armements ne servant qu’à intimider l’autre.
De tout temps, les hommes ont cherché à posséder le plus gros bâton pour impressionner leurs voisins.
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