-
Par Papyves1 le 13 Juillet 2012 à 09:56
Depuis l’âge de 13 ans, la jeune Charlotte Corday, reçoit une éducation et une instruction nettement au-dessus de la moyenne, au sein de l’abbaye royale de Caen où son père, petit noble déchu de Normandie, l’a placée. Descendante du grand Pierre Corneille, elle lit Rousseau et Montesquieu et se forge une culture philosophique et politique. C’est l’époque de la Révolution française où Girondins et Montagnards s’affrontent à l’assemblée de la Convention nationale sur les moyens de maintenir les acquis révolutionnaires.
Le roi Louis XVI, déplacé de Versailles au Palais des Tuileries, où il demeure sous surveillance, est complètement discrédité après la triste équipée jusqu’à Varennes en 1791. Il ne mesure pas les changements attendus par le peuple.
Le 10 août 1792, l’assaut des Tuileries, donc l’assaut de ce qui reste d’autorité royale, par les sections de Sans-culottes parisiens, consomme la monarchie et renforce l’opposition des députés Montagnards ( ainsi appelés car ils siégeaient en haut de l’hémicycle ) alliés du peuple et favorables à des mesures draconiennes, face à des députés Girondins ( du nom du département d’origine de plusieurs d’entre-eux ), majoritaires mais moins vindicatifs. Quelques mois plus tard, en juin 1793, c’est l’assemblée elle-même que des milliers de parisiens armés assiègent en réclamant l’arrestation des députés girondins, accusés de vouloir stopper la révolution après la victoire de Valmy. Trente Girondins sont ainsi arrêtés puis guillotinés, d’autres s’enfuient en province.
C’est lors de réunions politiques organisées à Caen par ces proscrits, dont le député Barbaroux, que Charlotte découvre avec indignation qu’un certain député jacobin de la Montagne, Jean-Paul Marat, se félicite de ces massacres, ce qu’il confirme d’ailleurs dans son quotidien « L’ami du peuple ». La jeune fille romanesque prend alors la décision d’éliminer Marat. Un parent dira d’elle plus tard : « On ne pouvait pas la contrarier, c’était inutile, elle n’avait jamais de doutes, jamais d’incertitudes. Son parti une fois pris, elle n’admettait plus de contradiction ».
Fermement décidée, Charlotte Corday apprend que Marat, malade de la peau, ne parait plus à la Convention et se soigne longuement chez lui, au numéro 20 de la rue des Cordeliers. Elle se rend à Paris et, le 13 juillet, tente de se faire accepter à son chevet, sans succès. Il lui vient alors l’idée de lui rédiger un mot : « Je viens de Caen, votre amour pour la patrie doit vous faire désirer connaître les complots qu’on y médite. J’attends votre réponse ». Celle-ci ne venant pas, elle rédige un second billet qu’elle décide de porter elle-même dans la demeure de Marat. On la repousse d’abord mais l’écho de l’altercation vient aux oreilles du député qui, se souvenant du premier billet, ordonne de loin qu’on la laisse monter.
Charlotte trouve, dans la chambre, un homme torse nu, à moitié allongé dans sa baignoire et occupé à écrire sur des feuillets que supporte une planche. Il la questionne sur la situation en Normandie puis lui demande les noms des députés réfugiés à Caen qu’il note soigneusement. Enfin, achevant ses écrits, il clôt ainsi l’entretien : « C’est bien, avant huit jours, ils iront tous à la guillotine ». Ces derniers mots achèvent de convaincre Charlotte que son geste doit être exécuté et elle sort des plis de sa robe, le couteau acheté le matin même, plonge celui-ci avec force dans la poitrine de Marat qui la regarde éberlué avant d’appeler au secours.
Charlotte Corday ne s’enfuit pas, elle reste sereine pendant qu’on l’arrête et songe aux mots qu’elle a écrit pendant le voyage et qu’on trouvera dans ses habits : « … déjà le plus vil des scélérats, Marat, dont le nom seul présente l'image de tous les crimes, en tombant sous le fer vengeur, ébranle la Montagne et fait pâlir Danton, Robespierre, ces autres brigands assis sur ce trône sanglant, environnés de la foudre, que les dieux vengeurs de l'humanité ne suspendent sans doute que pour rendre leur chute plus éclatante, et pour effrayer tous ceux qui seraient tentés d'établir leur fortune sur les ruines des peuples abusés ! … Si je ne réussis pas dans mon entreprise, Français ! Je vous ai montré le chemin, vous connaissez vos ennemis; levez-vous ! Marchez ! Frappez ! … »
Malheureusement, ce geste n’aura pas le but escompté, c'est-à-dire l’arrêt des tueries arbitraires, mais il sera suivi, hélas, de la Terreur dès le mois de septembre, voire de la Grande terreur que le Comité de Salut public et Maximilien de Robespierre mettront un zèle à mettre en œuvre. L’overdose de guillotine ne prendra fin qu’à la chute de Robespierre lui-même et avec la victoire de Fleurus qui redonnera espoir de stabilité à la Nation.
votre commentaire -
Par Papyves1 le 17 Mai 2012 à 09:23
Lorsqu’il vient au monde, à Cayenne en 1884, dans une Guyane libre et française depuis 1848, Adolphe Félix Eboué, petit fils d’un esclave noir, ne sait pas encore qu’il sera une aide précieuse, un demi siècle plus tard, pour le général de Gaulle.
Ce créole intelligent et curieux part, muni d’une bourse, faire ses études à Paris dès 17 ans. Diplômé de l’Ecole coloniale en 1908,
il s’intéresse aux colonies africaines de la France.
Première affectation l’année suivante comme administrateur en chef dans l’Oubangui-Chari (c’est ainsi qu’on nommait la République Centrafricaine à cette époque ) où il restera 24 ans
entrecoupés de courts séjours en Guyane pour revoir sa famille. Il a 30 ans, en 1914 lorsque
sa demande d’engagement dans l’Armée lui est refusée.Son style particulier et humaniste ( il adhère à la Ligue des Droits de l’Homme ) lui permet de concilier culture africaine ( sur laquelle il écrit plusieurs livres ) et modernisation dans un
cadre colonial. Il favorise les cultures vivrières et le coton, développe les voies de communication et donc le commerce tout en maintenant les traditions locales.A partir de 1932, il est successivement envoyé en Martinique où il améliore la condition de vie des plus démunis, au Mali ( appelé Soudan français ) où il met en valeur les
rives du Niger et prône la sédentarisation des nomades, en Guadeloupe en 1936 où la
crise économique fait rage, au Tchad enfin en 1939, comme gouverneur de cette toute nouvelle colonie convoitée par les Italiens.Depuis Fort-Lamy ( actuelle N’djamena ), Félix Eboué apprend l’effondrement de l’armée française en 1940 et l’occupation du Nord de la France. Refusant l’armistice précipité, sur
conseil du colonel Marchand qui commande le régiment de Tirailleurs sénégalais du Tchad, il câble le 29 juin au gouverneur général Boisson son intention de maintenir le Tchad dans la guerre. Mais Boisson, après moult hésitations, reste fidèle au maréchal Pétain. Eboué prend alors contact avec le général de Gaulle dont l’écho de l’Appel du 18 juin lui est parvenu.Le nouveau chef de la France libre lui envoie, en Août, deux émissaires que Eboué accueille chaleureusement. Ce ralliement du Tchad à la France libre et combattante, le premier de l’Empire colonial français, sera déterminant car il entraînera celui de plusieurs pays africains francophones de l’AEF qui entrent ainsi en dissidence par rapport aux ordres officiels de l’Etat français.
Après l’avoir rencontré à Fort-Lamy, le général de Gaulle le nomme Gouverneur général de l’Afrique Equatoriale Française et le fera, en 1941, compagnon de l’Ordre de la Libération.Doué d’un bon sens pratique, Félix Eboué développe ensuite une nouvelle politique indigène en AEF qui s’appuie sur les élites et les traditions locales tout en organisant l’amélioration matérielle et économique des populations.
Début 1944, il participe à la Conférence de Brazzaville sur la décolonisation et a le plaisir
de voir ses théories reprises largement par le général de Gaulle, initiateur de cette conférence.Aussitôt après, il se rend en Egypte pour dissiper un différend entre le Premier Ministre du roi d’Egypte et le Comité français de la libération nationale ( CFLN ). Puis, brusquement, alors qu’il donne une conférence au lycée français du Caire, il fait un malaise et doit s’aliter. C’est une congestion pulmonaire qui l’emportera le 17 mai 1944. En mai 1949, ses cendres seront transférées au Panthéon.
Son action aura permis au colonel Leclerc de trouver une base de départ pour former une petite troupe combattante, composée de quelques centaines de méharistes et tirailleurs, tchadiens, sénégalais et européens armés de façon disparate, afin de s’emparer, en 1941, de l’oasis de Koufra en Libye, petite garnison italienne.
Victorieuse, au contraire des Britanniques qui échouent à Mourzouk, cette désormais célèbre
« colonne Leclerc » sera le début d’une longue marche victorieuse qui passera par la libération de Paris et de Strasbourg.Merci Félix.
votre commentaire -
Par Papyves1 le 19 Mars 2012 à 12:41
En ce 19 mars, anniversaire des « accords d’Evian » de 1962, vous lirez dans toute la presse en France que cette date correspond à la fin de la guerre d’Algérie.
C’est inexact.
Quand une guerre s’achève, les armes se taisent. Or, en Algérie en 1962, les massacres ont continué bien après cette date, alors que les troupes françaises, disciplinées, ont été les seules à respecter le
« cessez-le-feu » signé à Evian la veille et ont rangé les fusils dans les armureries.Alors que la situation s’était apaisée, du fait d’un quadrillage efficace par les soldats du général Massu notamment, après donc que la victoire militaire fut acquise sur le terrain face à des actes de terrorisme aveugle, le fait que les soldats français rentrent, sur ordre, dans leurs cantonnements a laissé la place aux « combattants » du FLN, Front de Libération Nationale, qui se mirent à occuper le terrain d’où ils avaient été chassés et, sans opposition puisque l’armée française respectait, seule, le cessez-le-feu, se lancèrent dans une véritable chasse à l’européen et aux « traitres » que constituaient les Harkis, ces soldats français musulmans qui avaient choisi de soutenir la France.
Il y aura ainsi, après le cessez-le-feu du 19 mars et pendant plusieurs mois, plus d’enlèvements, plus d’assassinats de civils européens et de harkis ( plus de 100.000 ) que durant toutes les années de guerre précédentes. Le 05 juillet 1962, par exemple, près de 700 européens seront massacrés à Oran alors que les milliers de soldats français restèrent l’arme au pied, sur ordre. La Cour pénale internationale laisserait-elle passer cela aujourd’hui ?
Certes, les attentats et les massacres, les tortures mêmes, ne furent pas seulement l’affaire de poseurs de bombes algériens fanatiques et anti-français, comme Zohra Drif. Ils furent aussi perpétrés, du côté français, par une fraction armée de l’OAS, Organisation Armée Secrète, qui n’acceptait pas l’abandon de l’Algérie française dont les trois départements avaient connu une croissance sans précédent depuis l’arrivée des premiers colons en 1830.
Mais les Algériens ramassèrent le pouvoir que leur laissaient des milliers de fonctionnaires, policiers, représentants de l’Etat, contraints de se retirer du pays. Il n’était pas nécessaire, de surcroit, de se venger atrocement sur une population de « pieds noirs » qui vivait jusqu’alors en harmonie avec eux, de les enlever pour les soumettre à l’esclavage avant de les exterminer, d’égorger tant de leurs frères musulmans, après les avoir émasculés, mutilés, de violer leurs femmes et filles.
Le 19 mars 1962, début du déchainement des violences par le FLN, n’est donc pas une date à fêter en France. Il faut lui préférer le 05 décembre qui est officiellement, de par la Loi, la date de la Journée nationale d’hommage aux « morts pour la France » pendant la guerre d’Algérie mais aussi les combats du Maroc et de Tunisie.
Puissent les passions, de part et d’autre, accepter un jour de regarder l’Histoire en face.
votre commentaire -
Par Papyves1 le 23 Octobre 2011 à 09:16
A la suite d’une série d’attentats
terroristes palestiniens, et malgré la présence
de la FINUL depuis 1978, les blindés du général
israélien Ariel Sharon envahissent une nouvelle
fois le Liban en Juin 1982.
Les milliers de palestiniens réfugiés dans
Beyrouth sont piégés par cette opération
de guerre dite « Paix en Galilée ». L’artillerie
et l’aviation israéliennes bombardent la capitale,
pendant qu’un blocus est organisé et que l’on
craint un carnage.Pour évacuer les fedayin de Yasser
Arafat ( ce que permettra l’opération Epaulard
des Français ), le gouvernement libanais de Gemayel demande
à l’ONU le déploiement d’une force
multinationale d’interposition ( FMI ) bientôt remplacée,
après les massacres de Sabra et Chatila,
par la FMSB, Force multinationale de
sécurité à Beyrouth.La France contribue à cette force,
à hauteur de 2.000 hommes, par
le biais de l’opération Diodon. Le
Groupement Aéroporté qui arrive à Beyrouth
en Septembre 1983 est composé de
plusieurs régiments parachutistes dont un régiment
de marche. La 3ème Compagnie du capitaine Jacky
Thomas, 1er RCP, s’installe dans le
bâtiment nommé Irma, haut de 8
étages et propice à l’observation du
Sud de la ville. Il le rebaptise « Drakkar ».Mais de nombreuses attaques contre des patrouilles ou des
groupes de véhicules vont émailler les
journées des paras : A 06 heures, en
ce dimanche 23 Octobre 1983, une violente
explosion détruit le bâtiment qui abrite,
près de l’aéroport de Beyrouth, le
quartier-général américain. Un camion bourré d’explosifs
se serait engouffré dans les sous-sols
de l’immeuble, faisant 241 victimes parmi les Marines.Vingt minutes plus tard, c’est à dire quasiment simultanément, une
autre explosion assourdissante fait trembler l’immeuble Drakkar,
où se trouvent 73 soldats français, qui s’effondre sur
lui-même aussitôt, les strates de béton
ensevelissant 58 parachutistes, en majorité appelés volontaires
du 1er RCP de Pau et faisant 15 blessés. En France,
le traumatisme est énorme pour les militaires. Par analogie
avec l’attentat américain revendiqué par le
Jihad islamique, on parle officiellement de
camion piégé, entré en force malgré
les tirs des sentinelles, bien qu’aucun soldat de garde
ne confirme cette version et qu’on ne retrouve aucune
trace du camion dans les décombres.Veut-on cacher que la dépollution du bâtiment par le
Génie français, après son occupation par les services secrets
syriens depuis 1982, connus pour piéger leurs locaux lors
de leur départ, a été incomplète et que des
explosifs subsistaient dans les entrailles du Drakkar ? Alors qu’en
haut lieu, on voit la main de l’Iran et du Hezbollah, cet
attentat serait-il imputable à la Syrie qui n’a jamais
accepté son éviction du Liban ?Annoncé à l’avance par le Président Mitterrand, un raid
de représailles par des avions Super-étendard sur une caserne
chiite à Baalbek ne surprendra qu’un berger égaré. A
la tragédie s’ajoute la honte d’un fiasco.Le malaise renait, 25 ans plus tard, lorsque le
président Sarkozy invite le président syrien Bachar el Assad
à assister au défilé du 14 Juillet 2008, surtout
lorsque l’on sait que l’une des sections du 1er RCP qui
doit défiler devant lui portera le nom du Lieutenant
Antoine de la Bâtie, victime du Drakkar. La Syrie,
en effet, était déjà à l’origine de l’assassinat de
l’ambassadeur de France au Liban, Louis Delamare en 1981.
Mais, côté Hezbollah, le terroriste Imad Mougnieh, mort en
Février 2008, ne faisait pas mystère de ses innombrables
attentats contre les amis des Juifs et ses enlèvements
dont Michel Seurat, otage mort en captivité. Qui croire ?Cet exemple montre que la politique est compliquée : doit-on
pardonner les erreurs passées des dirigeants étrangers ? Avait-on raison
d’accepter toutes les excentricités de Kadhafi en visite à
Paris en Décembre 2007 ? Avait-on raison d’accepter,
le 12 Septembre 2011, la poignée de main sur
le perron de l’Elysée du Président rwandais Paul Kagamé,
soupçonné de génocide ?Les 241 Marines, les 58 parachutistes du Drakkar et
les 75 soldats français tombés en Afghanistan depuis 2001
auraient aimé savoir s’ils sont morts pour une cause juste.
2 commentaires -
Par Papyves1 le 25 Août 2011 à 09:43
A l’été 1944, la situation des forces nazies en France est de plus en plus difficile. Les sabotages, guérillas urbaines ou attaques de convois de la part des résistants des maquis français font régner une psychose grandissante chez l’envahisseur qui devient de plus en plus nerveux. Les résistants pris les armes à la main ne sont pas considérés comme des combattants mais comme des « terroristes » que l’on peut éliminer sur le champ. En Février déjà, « l’ordonnance Hugo Sperrle » autorise les troupes allemandes à riposter aux attaques terroristes, à brûler les maisons qui les abritent, sans se soucier des pertes civiles, on dirait aujourd’hui des dommages collatéraux. Cette « Sperrle-Erlass » préconise même qu’il « faudra punir un chef trop souple car il met la sécurité de ses hommes en danger ».
On peut estimer que ces consignes, reçues après le choc du débarquement en Normandie et la progression des Alliés, aient conforté les petits chefs locaux dans un sentiment d’avoir « carte blanche » pour effectuer des représailles.
De fait, le 10 Juin 1944, les troupes de la Division Waffen-SS « Das Reich » rayaient de la carte le village d’Oradour sur Glane et faisaient 642 victimes. D’autres massacres suivront comme celui du Vigeant début Août.
Lorsque les Alliés débarquent en Provence le 15 Août, Hitler comprend que ses troupes risquent d’être prises en tenaille et il ordonne, dès le 17, un repli général qui sera compliqué par le regain de vigueur des mouvements de résistance. Dès lors, pour assurer leur repli en sécurité et réagir aux sabotages, les forces de la Wehrmacht mais aussi la Gestapo ( nom commun donné aux unités de Sicherheitspolizei ou Sicherheitsdienst ) vont lutter « rücksichtlos », c’est à dire « sans égards » contre les partisans.
Le village de Maillé, à mi-chemin entre Tours et Chatellerault, 700 habitants y compris les réfugiés, est une bourgade de Touraine qui compte, elle aussi, ses groupes de résistance, d’autant que la voie ferrée venant de Paris ( qu’il est facile de saboter ) coupe le village en deux et que des officiers allemands du camp de soutien de Nouâtre tout proche logent au village.
Le 24 Août 1944 au soir, des résistants en cours de ravitaillement dans le hameau de Nimbré, à 1 km au Nord de Maillé, voient passer devant eux deux véhicules allemands. Ils se ruent sur leur camion qui est armé d’une mitrailleuse et attaquent les véhicules dans lesquels se trouve le Sous-lieutenant Gustav Schlüter. Celui-ci, rescapé, demande à son supérieur à Tours, le Colonel Stenger, s’il peut entamer des représailles contre ces terroristes. C’est muni de ce sésame officiel qu’il va prendre contact avec la 17° division Panzergrenadier Waffen SS « Götz von Berlichingen » basée à Châtellerault, dont l’une des unités de combat est à Antran, à 25 km seulement au Sud de Maillé.
Le 25 Août au matin, des soldats de la Wehrmacht suivent la voie ferrée et entrent dans le village par le Nord. En même temps, une centaine d’autres de la 17° Panzer division aborde les premières fermes par l’Ouest. Un coup de sifflet et le massacre commence. Tout ce qui bouge, hommes, femmes, enfants, animaux, est exterminé à bout portant. Les soldats entrent dans les habitations, volent au passage quelques biens précieux et de l’alcool puis, s’étant assurés qu’aucune vie ne subsiste, ils mettent le feu aux maisons. Au Nord du bourg, ils trouvent encore 8 cheminots cachés dans une cave. Ils seront traînés jusqu’à la place du village en feu et fusillés.
Dans l’après midi, c’est le canon qui prend le relais et bombarde de 80 obus le village martyr. 124 victimes seront dénombrées.
Puis, même si le tribunal de Bordeaux, après enquête, condamne le Slt Gustav Schlüter par contumace en 1952, cet évènement tragique va tomber dans l’oubli car le 25 Août 1944, c’est aussi le jour de la libération de Paris. Alors, … comment vous dites, … Maillé ?
En 1972, le massacre de Maillé est même légalement prescrit en France. Schlüter, jamais inquiété, décèdera en 1965 à Hambourg.
Plus de soixante ans d’oubli jusqu’à ce qu’un procureur allemand de Dortmund, Ulrich Maass, rouvre le dossier en 2005 et entreprenne d’interroger les soldats survivants potentiels. Son enquête se poursuit encore aujourd’hui sans que l’on sache vraiment quels étaient les responsables de cette tuerie barbare.
A Maillé, la Maison du Souvenir, inaugurée par le président Sarkozy le 25 Août 2008, témoigne de la volonté de ses habitants de perpétrer la mémoire des 124 innocents, victimes de la folie des hommes.
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique