• De Gaulle quitte l’OTAN.

    Aboutissement d'un long processus de réflexion depuis son retour au pouvoir, la décision que prend le Général de Gaulle, le 07 Mars 1966, de retirer la France de la structure militaire intégrée de l'OTAN fait l'effet d'une bombe aux Etats-Unis. Dans la courte lettre qu'il adresse, en effet, à son homologue Lyndon Johnson, il affirme sa volonté de voir la France être maître de son destin et assumer, seule, l'emploi de sa propre dissuasion. Les termes sont clairs : (...) La France se propose de recouvrer sur son territoire l'entier exercice de sa souveraineté, actuellement entamé par la présence permanente d'éléments militaires alliés ou par l'utilisation habituelle qui est faite de son ciel, de cesser sa participation aux commandements « intégrés » et de ne plus mettre de forces à la disposition de l'OTAN. (...)

    Il demande également aux américains d'évacuer leurs bases situées sur le territoire français, notamment à Fontainebleau, Châteauroux et dans l'Est de la France. 28.000 militaires américains partiront en quelques mois.

    Les Anglo-saxons n'auraient pas du être surpris à ce point car, dès 1958, le général de Gaulle avait fait parvenir au général Eisenhower, Président des Etats-Unis, et à Harold Macmillan, Premier ministre britannique, un mémorandum dans lequel il évoquait déjà le sujet et réclamait une direction tripartite de l'Alliance ( qui sera refusée ). Du coup, dès 1959, nos forces navales de Méditerranée sont soustraites du commandement de l'OTAN, les armes nucléaires étrangères sont priées de quitter le territoire puis ce sera le lancement d'un programme nucléaire indépendant, concrétisé par l'explosion de la première bombe atomique française dans le désert du Sahara en 1960.

    De Gaulle note que l'Amérique s'engage, malgré la guerre froide, dans des conflits lointains, comme le Vietnam, qui risquent d'entraîner la France, par le système de l'alliance, dans des guerres qu'elle ne souhaite pas. Si la France reste solidaire de ses alliés ( elle le montrera par le soutien au Président Kennedy dans la crise de Cuba ), elle « ne peut évidemment pas laisser son propre destin et même sa propre vie à la discrétion des autres ». Pas d'intégration et d'engagement automatiques mais souveraineté nationale.

    La France est toujours restée isolée sur ce principe et les autres pays européens sont restés très pro-atlantistes jusqu'à nos jours. Finalement, en Décembre 1995, la France proposait de réintégrer le Comité militaire ( réunissant les chefs d'état-major des armées ) et le Conseil des ministres de l'OTAN, avec le fol espoir d'influer sur la réforme de l'organisation, réforme nécessaire après la fin de l'Union Soviétique. En vain. Paul-Marie de la Gorce titrait même, dans Le Monde diplomatique, sur « le retour honteux de la France dans l'OTAN ».

    Aujourd'hui, en pleine écriture du Livre Blanc, le Président Nicolas Sarkozy souhaite que la France prenne « toute sa place » au sein de l'Alliance. Est-ce à dire qu'il faut demander à être pleinement « intégrés » à la structure militaire, en perdant ainsi ( n'est-ce pas Monsieur de Villepin ? ) sa crédibilité de « non-alignés », ce qu'a toujours refusé de Gaulle ? Ce retour va-t-il profiter à l'Europe de la Défense ? L'OTAN acceptera-t-elle de céder des postes stratégiques aux Français, comme celui de Naples qu'ils avaient maladroitement demandé en 1996 ? Autant de questions qui nous engagent tous, nous les Européens.

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