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    Elève brillant à Louis-le-Grand, Jean Jaurès est reçu premier à l'Ecole normale supérieure, en philosophie, devant Henri Bergson. Issu d'une modeste famille de la bourgeoisie provinciale, il fut un élève doué qui deviendra maître de conférences à la faculté des Lettres de Toulouse. Mais c'est en politique qu'il marquera son temps, en étant l'un des piliers fondateurs du socialisme à la française.

    Admirateur de Gambetta, élu à 25 ans député républicain, en 1885 à Castres dans le Tarn, Jaurès siège au centre gauche car les radicaux de Clemenceau sont trop agités et les socialistes trop violents. Il soutient Jules Ferry à l'Assemblée ainsi que les modérés et croit à l'alliance des ouvriers et de la bourgeoisie laborieuse, en digne fils de la révolution de 1789.

    Jaurès est à l'écart de la politique en 1892 lorsqu'éclate la grande grève des mines de Carmaux. Il avait perdu son poste de député du Tarn en 1889 au profit d'un industriel et avait repris son enseignement à la faculté de Toulouse. C'est ainsi qu'il est reçu docteur en philosophie. Mais la grève des mineurs de Carmaux, toujours dans le Tarn, le remet en selle. Jaurès soutient la grève dans des articles à la « Dépêche ». Contre la République qui envoie l'Armée pour soutenir le patron, il défend le maire, ouvrier de la mine, licencié pour cause d'absences et se présente sous la bannière socialiste à Toulouse. Il remporte le siège, en 1893, grâce au vote des mineurs et se consacre dorénavant à la lutte des ouvriers, verriers à Albi, vignerons dans l'Hérault, par exemple.

    Quand l'affaire Dreyfus prend de l'ampleur, il sort de sa réserve, après Zola, et s'engage aux côtés de l'officier, au nom du traitement humain à conserver à l'homme plutôt que de façon doctrinaire, comme le marxiste Jules Guesde. Directeur du journal La petite République, il énumère les preuves qui disculpent Dreyfus. C'est à la tête du nouveau « Parti socialiste français » qu'il soutient le vote pour la séparation des Eglises et de l'Etat (1905) et dénonce le génocide arménien.

    Dans un contexte international de lutte des classes, il milite pour l'unité socialiste et se rallie à la « Section française de l'Internationale ouvrière », la SFIO, mais ne convainc pas les syndicalistes de la CGT, plus révolutionnaires. Son quotidien L'Humanité, fondé en 1904, devient une référence pour tous les socialistes et draine de belles plumes. Soutenant la première participation de ministres socialistes dans un gouvernement, celui du Bloc des gauches de Waldeck-Rousseau, il ne sera lui-même jamais ministre mais sera réélu plusieurs fois député.

    Son combat pour la paix l'amènera à s'intéresser tout logiquement aux armées de la nation et il rédigera une importante proposition de loi, en 1910, dans laquelle il préconise une réorganisation de la Défense nationale et une révision de la Loi des Trois ans ( de service militaire ). Etre anticolonialiste et pacifiste n'est pas dans l'air du temps, lequel est plutôt à l'écoute des « revanchards » après la défaite de 1870. Aussi, lorsque les Autrichiens envoient un ultimatum à la Serbie, après l'assassinat de l'archiduc François Ferdinand à Sarajevo, à l'été 1914, Jaurès pressent le danger de la guerre et tente, en vain, d'infléchir la politique du gouvernement.

    Les nationalistes, notamment parmi les mouvements de jeunes étudiants, l'accusent alors d'agir contre les intérêts de la nation et l'un d'entre eux, Raoul Villain, le tue d'un coup de révolver, le 31 Juillet 1914. Son assassin sera acquitté, après quelques mois de prison.

    En Novembre 1924, sa dépouille sera conduite au Panthéon lors d'une grandiose cérémonie, en présence de tous les mouvements politiques de gauche, sauf le Parti communiste. En 1936, la victoire du Front Populaire aux élections, sera, en quelque sorte, sa victoire posthume. En Mai 1981, le premier Président de la Vème République, issu des rangs socialistes, François Mitterrand, aura comme premier geste celui de venir s'incliner devant la tombe de Jaurès au Panthéon. C'est dire l'enracinement que celui-ci, homme de convictions, a réussi à effectuer dans l'inconscient du parti socialiste, désormais riche d'un héraut fondateur de grande stature.

    Ce remarquable orateur avait aussi le sens de la formule. Ne disait-il pas : « Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent et une confiance inébranlable pour l'avenir ». Motivation toujours valable aujourd'hui.

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    Quels sont ces symboles et ces drôles de figures rondes, nommées « agroglyphes » qui surgissent, en une nuit, au beau milieu de champs de maïs ou de blé et qu'on ne peut bien observer que d'avion ? Pourquoi les épis sont-ils seulement aplatis et tournés circulairement au sol, sans être coupés ? Pourquoi les plaisantins, si ce sont eux, ne laissent-ils aucune trace ? Sont-ce des messages d'extraterrestres qui veulent « parler » avec nous, nous donner une preuve de leur existence ? Les questions demeurent.

    De simples cercles à l'origine (1978), les « Crop circles » (de crop = récolte et couper ras) se sont améliorés au fil des années, devenant des pictogrammes (1990) puis de véritables dessins figuratifs (2000). Comme si les petits hommes verts étaient subitement devenus plus intelligents (sinon, pourquoi ne pas avoir fait les dessins sophistiqués d'emblée ?) ou comme si des hommes avaient simplement perfectionné leur art de la farce. Je le dis tout net, je penche pour la deuxième solution, tant pis pour le suspens.

    Bien sûr, on pourra m'objecter que les observateurs, qui scrutent les zones « probables » à la jumelle toute la nuit n'ont jamais vu personne, que d'autres ont vu des boules de feu stationner à la verticale des lieux où ils se produisent, vérifiant au matin que les blés avaient été brûlés, qu'aucune trace de pas ou de machine n'a été décelée en 30 ans d'apparition de ces phénomènes, que des scientifiques se sont même penchés sur le problème sans pouvoir l'expliquer. Il est impossible de reproduire ces cercles avec seulement une corde et un bâton, j'en conviens.

    Dans les films de fiction américains, les météorites ou catastrophes naturelles de grande ampleur menacent toujours, bizarrement, Los Angeles ou Washington, jamais Kuala Lumpur ou Djakarta ou le Congo. De même, les crop circles sont abondants dans les îles britanniques, aux abords des lieux celtes antiques du type Stonehenge, comme un réveil des ancêtres, mais ne sont jamais visibles en Mongolie ou au Brésil où les surfaces ne manquent pas. Mais les plaisantins, si ! On me dira qu'on trouve ces agroglyphes aujourd'hui partout dans le monde mais rien de plus naturel avec le mimétisme engendré par Internet.

    Ces figures, comme les « fractales » sont étonnamment bien réalisées et leur contour est hyper précis. Les figures géométriques sont complexes, symétriques à l'origine, de plus en plus élaborées aujourd'hui et leur réalisation difficilement imaginable par la main de l'homme. Pourtant, quoi de plus facile, avec des algorithmes créés sur ordinateur et l'aide d'un GPS, de copier-coller le dessin sur écran en un vaste graffiti moderne dans le champ du père Longhill, si possible près d'un radar météo associé à un centre de recherches, lui-même à deux pas de Stonehenge, pour stimuler l'imagination.

    Pour crédibiliser le phénomène, vous trouverez une « preuve » d'une apparition ancienne, datant de 1678, où un champ de blé avait été complètement fauché dans la nuit. Mais les voleurs de récoltes ne datent pas d'hier. Manifestation de vortex, perturbation de champ magnétique, traces d'atterrissages d'extraterrestres, message laissé par une intelligence supérieure, en réponse à celui que les scientifiques ont émis vers l'espace lointain, à tout hasard, en 1974 puis 1999, toutes les explications ont été données au commun des mortels. Aucune ne cadre.

    Je penche plutôt pour un défi de fin de cycle d'études d'étudiants en mathématiques, voire en recherche agronomique et pourquoi pas, au vu du secret de fabrication qui entoure ces crop circles, pour l'apothéose initiatique de groupes d'officiers en formation à Sandhurst ou ailleurs.

    Le succès est tel que des entreprises « commandent » leur agroglyphe publicitaire et le diffusent largement sur la toile. On a même vu « London 2012 » réalisé dans un champ de céréales ... en France. Tout le monde a donc intérêt à ce que le secret soit bien conservé. Le mystère fait vendre. Un site Internet propose d'ailleurs de vous aider à réaliser votre propre logo.

    Vraiment, les petits hommes verts, sur leur Ovni, sont à des années-lumière de me convaincre. Mais que c'est beau ! Chapeau les gars !

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    A la fin du XIXème siècle, les Boers d'Afrique du Sud, descendants de colons néerlandais et français, futurs Afrikaners, s'étaient organisés en petites républiques libres, regroupées au Transvaal par les Britanniques. Croyant les annexer facilement, les Anglais se heurtèrent à une farouche résistance de ces colons paysans qui réussirent quelques sièges de villes tenues par les Britanniques. Ce fut le cas de Mafikeng (ou Mafeking) où s'est illustré un certain Robert Baden-Powell.

    Le britannique Robert Stephenson Smyth Baden-Powell ( dit BP, prononcez BiPi ), fils de pasteur, est le colonel qui tient la petite garnison de Mafeking face à l'encerclement des soldats Boers, en 1899. Alors que toutes les autres places fortes s'effondrent, BP résistera 217 jours, en utilisant des jeunes « éclaireurs » (scouts in English) comme agents de liaison. De cet épisode, il rapportera la gloire et surtout la conviction que la jeunesse peut être sainement encadrée dans un but noble, pour peu qu'on lui fasse confiance. Il publie ses observations, au retour de cette mission, dans un fascicule appelé « Aids to scouting ».

    Le 29 Juillet 1907, à 50 ans déjà, il organise un camp de 15 jours avec une vingtaine de garçons, sur l'île de Brownsea ( non loin de celle Wight, au Sud de l'Angleterre ). Il y teste ses idées ( scouting for boys ) d'éducation par le jeu, l'indépendance et la confiance. Puis il affine les 5 buts initiaux du scoutisme par les 10 articles de la « loi scoute » et définit la « promesse » qui n'imposent aucune interdiction mais proposent une hygiène de vie axée sur le « faire de son mieux ». Trois classes d'âge sont différenciées : Louveteaux, Eclaireurs et Routiers. Aujourd'hui, on entend aussi les termes de Jeannette, Pionniers, Compagnons, Aînés, etc ... mais l'esprit reste le même. En 1909, sa soeur Agnès organise les premières compagnies de « Guides », les scouts filles, en fonction des principes que BP publie dans la revue « Girl guiding edition ». Puis viennent les scouts marins « Sea scouts ».

    En 1910, Baden-Powell démissionne de l'Armée pour prendre la tête du mouvement qui a pris de l'ampleur au niveau mondial. Son épouse Olave deviendra Chef-guide mondiale, en remplacement de sa sœur. Le « Jamboree », rassemblement selon BP, de 1920 réunit des scouts de 21 pays. En 1927, Robert est anobli par le roi George V et devient Lord Baden-Powell of Gilwell. Il continuera, avec son épouse, à parcourir le monde pour soutenir de nouvelles créations du mouvement scout. Du Kenya, où il se retire à la fin de sa vie, il fait parvenir son dernier message : « Ceci est juste un petit mot d'adieu, pour vous rappeler, quand j'aurais disparu, que vous devez tâcher, dans la vie, d'être heureux et de rendre les autres heureux.... Contentez vous de ce que vous avez et faites-en le meilleur usage possible.... Essayez de laisser ce monde un peu meilleur qu'il ne l'était quand vous y êtes venus.... Soyez fidèles à votre promesse, même quand vous serez adultes. »

    Aujourd'hui, les scouts sont plus de 28 millions répartis dans plus de 216 pays du monde entier, soutenus par plusieurs religions. Rien qu'en France, quelques 80 groupements se réclament du scoutisme ( record mondial ) en étant, pour certains, soit trop militaires, soit trop religieux, ce qui entraîne, malheureusement, des dérives observées notamment au cours des séances d'attribution du « Totem », l'animal fétiche à chacun. Il n'est pas toujours facile, pour les parents, de choisir la bonne troupe. La plupart est fondée sur des bases confessionnelles, catholiques comme « Scouts et guides de France », protestantes comme les « Eclaireurs unionistes de France » ou musulmanes mais les « Eclaireurs de France », par exemple, sont laïcs. Le plus grand groupe se nomme simplement « Scouts de France » et le second est l'association française des « Guides et Scouts d'Europe ». Une dizaine seulement est reconnue par le ministère mais tous ces rassemblements ne sont représentés que par un seul organisme, devant les instances internationales, c'est la « Fédération du scoutisme français ». Chaque troupe affiche une tenue spécifique mais tient à conserver le foulard traditionnel et la fleur de lys (ou le trèfle, parfois la croix).

    Finalement, le scoutisme et ses valeurs humaines préparent les adolescents à se forger un caractère, à devenir des adultes responsables, d'eux-mêmes d'abord, de leur entourage ensuite. Quel bel objectif, Robert, tu as défini pour les jeunes de ce monde. Face aux difficultés de la vie, toutes les « patrouilles » s'écrient en chœur « Scout toujours,  prêt ! ».

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    Encore aujourd'hui, la figure la plus emblématique de l'Argentine est une femme qui n'a jamais gouverné mais a galvanisé son peuple au-delà des espérances même de son Président de mari. Sa disparition prématurée en fera presque une sainte. Maria Eva Duarte, née en 1919, est l'une des 5 filles illégitimes d'un riche éleveur de Junin ( Ouest de Buenos Aires ) mais elle sera élevée par sa mère, humble cuisinière.

    A l'âge de 15 ans, Eva se rend à Buenos Aires pour trouver du travail. Elle réussira à se faire une place comme actrice dans des mélodrames de série B et comme speakerine de radio. Cette expérience lui servira plus tard. Elle rencontre le colonel Juan Domingo Peron, lors d'une vente de charité, servant à venir en aide aux victimes d'un tremblement de terre. Elle devient sa maîtresse puis l'épouse, le 21 Octobre 1945, à 25 ans, alors qu'il vient d'accéder au poste de Président de la République, après le coup d'Etat qui l'avait fait ministre. C'est sa revanche, elle qui était à la fois enfant naturel, femme, pauvre et actrice sans succès.

    De ce moment, elle va devenir son quasi ministre de la propagande, s'impliquant de plus en plus dans la politique, haranguant, sans mandat officiel, la foule des « descamisados », les sans-chemise, dont elle est issue, avec un réel succès. A l'inverse de la classe dominante qui méprise le peuple ( et donc se méfie d'elle ), elle se fait leur chantre, et joue le rôle d'un trait d'union entre un Peron théoricien politique et hautain et les travailleurs ou les opprimés. Elle crée des abris pour les mères célibataires, des orphelinats pour bébés abandonnés, distribue des vélos, des machines à coudre et des berceaux dans les quartiers pauvres. Cette action démagogique est payante et son mari la laisse agir puisque les fleurs retombent un peu sur sa tête. Eva, qu'on nomme dorénavant Evita, obtient même le droit de vote pour les femmes à la veille de l'élection présidentielle de 1952. Pour couvrir toutes ces actions, elle crée la Fondation Eva Peron dont le but est d'assister les pauvres. Grâce à ses interventions radiodiffusées, elle réussira à faire sortir Juan Peron lui-même de prison où une faction armée l'avait incarcéré.

    En 1950, l'Argentine qui a fourni la viande et les céréales aux belligérants de la seconde guerre mondiale, est parmi les 10 pays les plus riches au monde mais Juan Peron a une réputation de dictateur fasciste. Aussi, Eva entreprend-elle une tournée européenne pour redorer son blason. Son passage en Espagne, à Paris et sa visite au Pape sont bien accueillis.

    Pourtant, le poste de vice-présidente qu'elle brigue très logiquement, en 1951, ne lui sera pas offert car, bien qu'adulée par le peuple, elle est aussi haïe par l'oligarchie traditionnelle et une partie de l'armée. Le faste de sa garde-robe, sa collection de souliers et la voiture de course Maserati qu'elle s'offre ne plaident pas pour l'image de bienfaitrice qu'elle veut donner.

    A 33 ans, l'âge du Christ, elle est emportée par un cancer de l'utérus, le 28 Juillet 1952. Afin que l'hommage de la nation puisse durer, son corps est embaumé par un expert en la matière puis exposé à la ferveur populaire. Mais, en 1955, Juan Peron est renversé et le corps d'Evita est transporté près de Milan, en Italie, où il est enterré sous une fausse identité. En 1971, son cadavre est de nouveau exhumé et envoyé en Espagne où Peron est en exil. Après la mort de Juan Peron en 1974, le corps d'Evita voyage encore et réapparaît aux Argentins, 22 ans après sa mort, dans un état de conservation surprenant. Elle repose enfin dans le caveau familial de Buenos Aires.

    La jeune actrice ratée, Eva Duarte, était devenue, grâce à ses discours affectifs et ses actions sociales de charité, judicieusement médiatisées, Evita, la « passionaria des pauvres » son plus beau rôle dans un pays en quête d'identité. Le mythe Evita, entretenu par des biographies et des films, n'est toujours pas retombé auprès des descamisados qui voulaient même la canoniser, ignorant les accointances du régime péroniste avec Mussolini, l'hospitalité qu'il offrait aux anciens nazis et ses comptes en Suisse bien remplis.

    Don't cry for me Argentina !
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    Si je vous dis que je trace un trait horizontal sur une carte, par exemple le 38ème parallèle, pour séparer deux parties d'un même peuple qui ne s'entendent pas. Si je fais intervenir, pendant 3 ans dans cette zone, pour régler leur problème de frontière, des soldats locaux, américains, russes, chinois et français, et que, au bout de 3 ans, je suis toujours sur le même 38ème parallèle mais en ayant laissé plus de 2 millions de morts de tous côtés, vous allez me prendre pour un fou. C'est pourtant ce qui est arrivé pendant la guerre de Corée de 1950 à 1953.

    Après des incidents de frontière répétés et avec l'accord de Staline et Mao Zedong, 500.000 soldats nord-coréens, appuyés par les chars et l'artillerie soviétiques, franchissent, dans la nuit du 24 au 25 Juin 1950, la ligne de démarcation du 38ème parallèle qui sépare leur Etat communiste de la Corée du Sud, sous régime pro-occidental, disons américanisé. C'est le début de la guerre qui sera à deux doigts de tourner au conflit nucléaire.

    Défendre la Corée du Sud, pour les Américains, équivaut à maintenir un pôle stratégique face à la Chine devenue, elle aussi communiste, d'autant plus que les Français sont empêtrés dans la guerre d'Indochine et ne pourront plus faire barrage. Le Président Harry Truman obtient du Conseil de sécurité de l'ONU l'accord d'une intervention de « rétablissement de la paix ». C'est le vieux général Douglas Mac Arthur qui est envoyé à la tête d'une armée de 16 nations, dont la France (Monclar, La Grandière), face à des forces Nord-coréennes qui, dans leur élan, ont déjà pris Séoul, la capitale du Sud et poussé jusqu'à Pusan.

    Le 15 Septembre, le général MacArthur réussit, par une opération amphibie d'enveloppement, à faire débarquer 80.000 marines dans la baie à l'Ouest de Séoul pendant que la tête de pont de Pusan, au Sud, est consolidée. Pour éviter d'être pris en tenaille, les Nord-coréens sont contraints à la retraite jusqu'au 38ème parallèle. Truman veut profiter de l'avantage tactique et lance une grande offensive, avec les forces onusiennes, jusqu'à Pyongyang, la capitale du Nord, qui est prise le 18 Octobre 1950. Certaines unités poussent même jusqu'au fleuve Yalu qui fait frontière avec la Chine, au grand dam de l'ONU. Menacée, la Chine intervient alors et le général Lin Piao lance une contre-attaque, en Novembre, qui repousse les onusiens trop éparpillés. C'est au tour des communistes d'envahir le Sud et de reconquérir Pyongyang en Décembre puis de dépasser même Séoul en Janvier 1951.

    Le Président Truman ne veut pas la guerre avec la Chine car il sait que cela entraînerait un conflit avec l'URSS. Il songe à repousser seulement les Nord-coréens chez eux (opération Killer) mais MacArthur est plus belliqueux et insiste pour que les troupes s'enfoncent en territoire chinois, jusqu'en Mandchourie, en utilisant s'il le faut l'arme nucléaire. Il est limogé et remplacé par Matthew Ridgway en Avril 1951. Finalement, le front se stabilise, peu ou prou, aux abords du 38ème parallèle. Malgré la poursuite d'escarmouches, le long de cette nouvelle guerre de position, des pourparlers de paix sont entamés à l'été 1951 mais ils s'éternisent du fait de la question des prisonniers de guerre Chinois et Nord-coréens qui ne veulent pas retomber sous le joug communiste. Leur sort n'avait, pourtant, rien à envier à celui des milliers de prisonniers onusiens maltraités dans les camps nord-coréens. Les pourparlers sans fin pour des échanges, de part et d'autre, ne trouvèrent pas de solution.

    Bien que les prisonniers meurent de mauvais traitements et par manque d'hygiène, les négociations sont même interrompues jusqu'à la mort de Joseph Staline en Mars 1953 et n'aboutissent que le 27 Juillet avec l'armistice signé à Pan Mun Jom entre les représentants de l'ONU, de la Chine et de la Corée du Nord. La Corée du Sud ne signe pas car elle reste opposée ( encore aujourd'hui ) à un texte qui reconnaît la partition de la grande Corée.

    Cette guerre fut, par ailleurs, l'occasion d'effectuer des expérimentations sur de nouveaux armements ou des méthodes tactiques, comme les bombes au napalm ou les avions à réaction. L'interdiction par l'ONU de survoler le territoire chinois où étaient basés les avions Mig 15 Nord-coréens imposa la méthode du « containment » dans la Mig alley par l'aviation américaine, basée elle au Japon. Après des revers initiaux, celle-ci put obtenir la supériorité aérienne, avec l'arrivée de ses fameux Sabres.

    Ainsi, une lutte de pouvoir entre deux petits pays asiatiques, n'arrivant pas à se mettre d'accord sur leur réunification, a-t-elle impliqué, pendant 3 ans, des troupes chinoises, russes et nord-coréennes contre un contingent des Nations Unies regroupant des soldats sud-coréens, américains, britanniques, français, canadiens, australiens, belges, luxembourgeois, colombiens, éthiopiens, grecs, hollandais, néo-zélandais, philippins, sud-africains, thaïlandais et turcs, ainsi que les unités médicales danoises, indiennes et suédoises. Tout cela pour revenir, 2 millions de morts (civils et militaires) plus tard, au point de départ. Status quo ante bellum. Quel gâchis !

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