• Charlemagne dépecé

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    Charles 1er le Grand, dit Charlemagne ou Karl der Grosse outre-Rhin, avait mis des dizaines d'années avant de réaliser, certes en s'aidant de l'épée, l'unité du continent européen. Le vaste territoire qu'il avait réussi à amalgamer sous sa bannière allait de l'Atlantique (sauf la Bretagne) à l'Oder et Vienne à l'Est, du Nord de l'Allemagne actuelle au Sud de Rome. La coutume franque voulait que l'on partageât l'empire entre les fils vivants au moment du testament. Charlemagne avait fait de même quand, en 813, il ne lui resta plus qu'un fils, lui permettant ainsi de transmettre à celui-ci l'intégralité de l'empire et du titre impérial. Ce fils, le futur Louis le Pieux, plus effacé, aura lui-même 3 garçons qui se disputeront la succession alors même qu'il est toujours sur le trône. C'est dire qu'il ne faudra que quelques mois aux petits-fils de Charlemagne pour défaire l'œuvre du grand Charles.

    En 840 donc, quand Louis le Pieux décède, son fils aîné Lothaire se précipite à Worms pour revendiquer la totalité de la succession. Ce n'est, bien sûr, pas du goût des deux autres frères, Charles le Chauve et Louis le Germanique, qui se liguent contre lui. Notez cette tradition d'ajouter un qualificatif aux prénoms qui étaient souvent les mêmes d'une génération à l'autre, ce qui évitait les confusions. En Juin 841, à la bataille de Fontanet, près d'Auxerre, les deux frères prennent le dessus sur l'armée de Lothaire et obligent ce dernier à fuir vers Aachen (Aix-la-Chapelle). Un an plus tard, à Strasbourg, les deux frères coalisés Charles et Louis, prêtent serment de ne jamais traiter séparément avec Lothaire et ils marchent sur Aix avec leurs armées. Lothaire est bien obligé d'accepter de négocier pour ne pas continuer cette guerre fratricide, au sens propre du terme.

    C'est le 11 Août 843 que fut signé le traité de Verdun (sur la Meuse) par lequel l'Empire carolingien fut partagé en trois royaumes, par des coupes Nord-Sud. Les fleuves étant commodes pour délimiter les frontières, on s'accorda pour donner à Charles la Francie occidentale, limitée à l'Est par le Rhône, la Saône, la Meuse et l'Escaut. Louis revendiqua la partie orientale, c'est-à-dire la Germanie entière avec Mainz (Mayence), Worms et Speyer (Spire) sur la rive gauche du Rhin. Il restait donc à Lothaire la bande centrale ( qu'on appela Lotharingie, future Lorraine ) depuis les Pays-bas, l'Austrasie (Belgique), la Bourgogne et l'essentiel de l'Italie. Etant l'aîné, il conserva le titre d'Empereur d'Occident mais chaque roi étant déclaré souverain dans son royaume, il ne put en user.

    Ce partage vertical, sans tenir compte des populations diverses qui vont se retrouver parfois coupées en deux, soulève des problèmes de langue (romane, germanique, wallons) et d'administration du fait qu'il faut près de 3 semaines pour rallier Rome à Aix-la-Chapelle. Mais il va consacrer l'origine de nos grandes nations continentales européennes actuelles, à savoir la France, l'Allemagne et l'Italie.

    Moins de 3 ans après le traité de 843, la guerre reprit et c'est la Lotharingie, coincée entre les deux autres royaumes, qui en fit les frais. Plus déterminés, les rois de Germanie purent progressivement annexer, sans grande difficulté, cette zone médiane en pleine décomposition. La Lotharingie va éclater en une série d'Etats tampons qui prennent leur indépendance (Suisse, Pays-bas, Belgique) ou qui seront ballottés entre plusieurs mains, au fur et à mesure des revirements militaires ou politiques successifs (Sarre, Lorraine, Alsace, Franche-Comté, Savoie).

    D'autres conquérants, un tantinet mégalomanes, tenteront de recréer l'empire universel de Charlemagne mais se casseront les dents sur l'entreprise qu'ils ne purent maintenir dans la durée. On pense à Charles-Quint, Napoléon ou Hitler. Seul le Saint-Empire romain germanique s'en approcha.

    Aujourd'hui, on n'imagine plus de changements dans les frontières des Etats européens qui sont garanties. Quoique ... si on regarde bien les Balkans. De là nous sont venus tant de soucis et de départ de conflits ! l'Histoire des peuples n'est jamais close.

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  • Commentaires

    1
    Olivier
    Lundi 11 Août 2008 à 01:55
    ...
    Ah mais moi j'en trouve plein des frontieres a changer en Europe ! Commencer par supprimer Monaco, le Lichtenstein et le Vatican. Ensuite, rendre la Corse aux corses, qui nous coutent cher en ravalements de facades de batiments publics, ainsi que la region flamande aux flamands, si ca les amuse de se replier sur eux-memes a l'heure de la mondialisation. Poutine semble aussi avoir quelques suggestions qui devraient permettre a Michelin de vendre plein de cartes mises a jour, mais un peu plus a l'est (pour l'instant).
    2
    Gilles
    Lundi 11 Août 2008 à 05:06
    L'Europe! L'Europe!
    Les frontieres des Etats europeens garanties? L'actualite brulante nous montre helas le contraire! D'ailleurs, ou sont les frontieres de l'Europe? Il est interessant de noter que les frontières orientales de l'Europe sont avant tout politiques : la limite de l'Oural est due aux cartographes du tsar Pierre le Grand au XVIIIe siècle. De même, la frontière fut déplacée des hautes crêtes du Caucase vers la Mer Caspienne au début du XIXe siècle pour justifier l'annexion de la Géorgie et de l'Arménie dans l'empire russe. Deja! Quand je pense qu'un homme politique francais avait declare, a l'epoque de la chute du mur de Berlin, qu'il fallait "engranger les dividendes de la paix". Quel manque de vision ou quel optimisme beat! Les successeurs de Charlemagne montrent tous les jours que leur soif de conquete est toujours intacte. Comme tu l'ecris Papyves, l'Histoire des peuples n'est jamais close!
    3
    Lundi 11 Août 2008 à 10:18
    Frontières
    Je savais que ma dernière phrase sur les frontières garanties de l'Europe ferait réagir. Surtout à l'heure où Russes et Georgiens se disputent l'Ossétie et l'Abkasie. On peut aussi s'étonner que les Belges soient prêts à scinder leur pays en deux pour en céder les deux moitiés aux étrangers. Quant aux Corses, Olivier, la majorité d'entre eux savent que l'autonomie ne serait pas viable sans les subventions de la France. On assiste quand même, dans toute l'Europe, au renouveau des régions et des langues et coutumes locales. Quel sera l'avenir de ce mouvement de repli sur soi ?
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