• Badinter coupe la tête de la Guillotine.

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    Après un long plaidoyer, passionné, du Garde des sceaux, Maître Robert Badinter, les trois-quarts des députés de l'Assemblée nationale française, soit 369 sur 482, votent l'abolition définitive de la peine de mort, le 18 Septembre 1981. Ce vote, historique mais tardif en Europe, donnera lieu à une Loi d'abolition, en date du 09 Octobre 1981. La France était, en effet, avec la Turquie, le dernier Etat d'Europe occidentale à appliquer encore la peine capitale. Exit la « Guillotine ».

    Sous l'Ancien régime, avant 1791, la peine capitale, souvent prononcée, était exécutée de diverses manières : par décapitation à la hache pour les nobles, pendaison pour les voleurs, bûcher pour les hérétiques ou encore écartèlement par 4 chevaux pour les régicides ou membres brisés sur la roue pour les crimes les plus violents. La mort était donc souvent précédée d'une longue agonie, sauf pour les militaires qui étaient fusillés.

    La Constituante souhaite, tout en gardant la peine de mort, supprimer cette forme de torture. Un député, le Docteur Guillotin, propose que la mort soit donnée de la même façon pour tous et de façon subite et nette. « Le criminel sera décapité ; il le sera par l'effet d'un simple mécanisme » traduit le législateur. Ce que le code pénal de 1791, toujours en vigueur au moment où Badinter parle, transforme en « Tout condamné à mort aura la tête tranchée ».

    Restait à trouver le « simple mécanisme ». Antoine Louis, secrétaire de l'Académie de chirurgie, s'y attelle. Une machine couperet, expérimentée à l'hôpital de Bicêtre sur des cadavres, en Avril 1792, semble donner satisfaction. Comme les châtiments, pour être exemplaires, sont publics, on lui adjoint une haute estrade, appelée « échafaud ». La première exécution, grâce à cette « Louisette » peut alors intervenir, le 25 Avril. Louis ne sera pas le seul à laisser son nom, dans le langage du peuple, à cette solution définitive. Guillotin bien sûr passera à la postérité mais on lui donnera aussi le nom de « Mirabelle » (en pensant à Mirabeau), de « la Veuve » sous la Révolution ou « le Massicot » au XXème siècle, celui de la presse.

    Au fil du temps et des décapitations, l'opinion publique et donc les gouvernements chercheront à « assouplir » le procédé, voire à en proposer l'abolition. En 1870, Crémieux supprime l'échafaud par un décret mais les têtes continuent à tomber. Puis, en 1939, Edouard Daladier, le président du Conseil, abolit les exécutions capitales publiques. Elles se feront désormais à l'abri des enceintes des prisons. Mais un courant de plus en plus fort, après 1968, prône l'abolition pure et simple. Cette vague est pourtant contrebattue par des événements dramatiques où des enfants, notamment, sont sauvagement assassinés, ce qui fait remonter le taux des partisans de la guillotine.

    La Convention européenne des Droits de l'homme exclut la peine de mort, sauf en temps de guerre par son protocole n°6 de 1985 puis en toutes circonstances par son protocole n°13 de 2002. Les 27 pays ont ratifié cette clause et la Turquie, qui frappe à la porte de l'Europe depuis longtemps, a du abolir la peine capitale en 2002, pour rester crédible.

    Mais, dans le monde, nombreux sont encore les pays où ces exécutions se pratiquent toujours, et pas des moindres. En 2000, Amnesty International annonce que 88 % des exécutions ont lieu dans 4 pays seulement : Chine avec un record de plus de 1000, Arabie Saoudite avec 123, Etats-Unis avec 85 et Iran avec environ 75 exécutions. Obama et McCain étaient partisans de la peine de mort avant d'être candidats. Aujourd'hui, en pleine campagne, le sujet n'est plus abordé pour ne pas fâcher.

    Bien qu'elle ne puisse plus être rétablie, du fait de la ratification du protocole européen, la peine de mort continue à être réclamée, en France, pour les crimes odieux, commis notamment sur des enfants. La Sofres comptait 42 % de Français pour son rétablissement, en 2006 mais les sentiments de l'opinion sont très fluctuants dans ce domaine, au gré de l'actualité. Car, fort heureusement, l'abolition va dans le sens de l'Histoire. Même le Rwanda, où de bien vilaines choses se sont passées récemment, l'a abolie en 2007.

    On sait maintenant que la peine de mort n'est pas dissuasive et ne fait pas baisser la grande criminalité. « Et si la peur de la mort arrêtait les hommes, vous n'auriez ni grands soldats, ni grands sportifs » nous rappelle Robert Badinter.

    Pour ma part, je préfère me ranger derrière Voltaire, Hugo, Jaurès, Camus et même Brassens plutôt que suivre Montesquieu, Rousseau, Comte, Le Pen ou Berlusconi. Bon, coupez !

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 18 Septembre 2008 à 13:58
    Petite correction
    Le code pénal en vigueur en 1981 n'était pas celui de 1791, mais celui de 1810 - celui même qui avait prévu le rétablissement de l'amputation du poing préalablement à l'exécution des parricides. Il a été abrogé et remplacé par le code pénal actuel en 1994.
    2
    Jeudi 18 Septembre 2008 à 14:11
    La phrase seule
    Très juste, Grom. Ma phrase est ambiguë. Je voulais dire que la phrase "Tout condamné à mort aura la tête tranchée" figurait encore en 1981. Merci de la précision.
    3
    typhus
    Samedi 6 Février 2010 à 22:26
    crimes et chatiments
    Non seulement la peine de mort n'est pas dissuasive, mais le châtiment en général ne l'est pas. Je ne vois pas un criminel se dire, froidement, ok, je vais tuer ce type, je risque 15 ans mais cela vaut le coup. Dans la réalité tout criminel fait le pari qu'il ne sera pas pris. sinon il ne tenterait pas le coup. La fuite en avant du législateur qui durcit toujours les sanction est donc fondamentalement vaine.
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    4
    Dimanche 7 Février 2010 à 08:42
    Même pas peur
    D'accord avec toi, Typhus, pour penser que la peur du châtiment n'arrête pas les malfaiteurs. Quand on commet sciemment un délit, on espère qu'on ne sera pas pris. De même, quand on joue au loto, on espère qu'on va gagner. La vision du profit immédiat d'un acte est plus forte que celle des conséquences en cas d'échec.
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