• Apocalypse sur Hiroshima

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    Après la défaite inéluctable de l'Allemagne nazie, la fin de la seconde guerre mondiale était suspendue à la fermeté du Japon, allié de l'Axe. Les Américains connaissaient la bravoure et le fanatisme des kamikazes comme la détermination de toute la nation japonaise et craignaient d'avoir à effectuer un débarquement sur l'île, ce qui serait synonyme d'environ 500.000 morts supplémentaires de chaque côté pour espérer entrevoir la paix. Le Japon avait montré qu'il ne céderait pas facilement car les villes détruites par les tonnes de bombes déjà larguées, depuis Janvier 1945, ne l'avait pas fait bouger d'un iota. Il fallait donc trouver le moyen de faire capituler rapidement l'Empereur nippon pour épargner d'autres vies humaines.

    Le Président Harry S. Truman, qui vient de remplacer Roosevelt, sait que la « bombe atomique », objet du Projet Manhattan, est arrivée à maturation et que le premier essai au plutonium nommé Trinity, dans le désert du Nouveau-Mexique, a été concluant. Sa décision est prise. Le 26 Juillet 1945, lors de la conférence de Postdam, les Alliés exigent de Tokyo une capitulation inconditionnelle, sous peine de « destruction totale ». Bien entendu, les Japonais refusent de se rendre.

    Dans le même temps, une équipe de pilotes de l'US Air Force, dirigée par le lieutenant-colonel Paul Tibbets, s'entraîne au largage à bord de Super-Fortress. C'est elle qui se rend sur l'île de Tinian, dans les îles Mariannes, non loin de Guam au Sud du Japon. Le 06 Août 1945, Tibbets décolle aux commandes de son bombardier B-29, qu'il a nommé « Enola Gay » en pensant aux prénoms de sa mère. Il est le seul des 11 membres d'équipage à savoir que la bombe qu'ils ont baptisée « Little Boy » est une « bombe A spéciale » qui contient 64 kg d'uranium 235 enrichi, en provenance des mines du Katanga, au Congo belge. L'équivalent de 15 kilotonnes de TNT.

    A 08 h 15, l'objectif que l'on survole à 31.000 pieds ( environ 9.500 m ) est en vue et brille de toutes ses lumières. La 7ème ville du Japon, gros centre industriel de guerre, compte 343.000 habitants. Beaucoup lèvent la tête pour voir passer ce quadrimoteur mais ... un avion seul, pas de danger ! Pourtant Little Boy chute inexorablement et actionne automatiquement la mise à feu barométrique. A 580 mètres du sol, c'est l'explosion. Un immense halo blanc précède une formidable onde de choc et une boule de feu radioactive qui vitrifient tout sur 360°. Jusqu'à 4 km, tout s'écroule et prend feu et les personnes situées encore à 8 km de l'épicentre souffrent de brûlures au 3° degré, alors que leurs vêtements ont été arrachés.

    78.000 morts instantanés seront rejoints par 50.000 personnes qui décèderont dans les semaines suivantes. Le chiffre total, imprécis, est de l'ordre de 150.000 morts, sans compter les milliers de blessés, les séquelles des radiations, les enfants nés difformes ou handicapés, les suicides, les cancers ou leucémies. Une ville anéantie en quelques secondes. ( voir la vidéo ).

    Mais le gouvernement japonais ne veut toujours pas céder. Alors, la prochaine cible sera la ville de Kokura, le principal arsenal. Le 09 Août, un autre B-29 survole la ville avec à son bord le grand frère de Little Boy, « Fat Man », bombe au plutonium, l'équivalent de 20 kilotonnes de TNT. Comme Kokura est sous les nuages, on se dirige vers Nagasaki, la prochaine sur le plan. A 11 h 02, Fat Man ajoute 60.000 morts à la folie des hommes. Au total, les bombardements de l'Empire du Soleil levant auront fait environ 260.000 morts. Un « détail » dirait quelqu'un, comparé aux « millions » de victimes de Staline, Pol Pot ou Hitler. Mais l'impact psychologique est tel que l'Empereur Hirohito accepte la capitulation immédiate sans condition, le 14 Août. La signature officielle, le 02 Septembre 1945, à bord du Missouri, provoquera la fin de la WW2.

    Paul Tibbets ne verra pas les peaux brûlées et les tympans crevés des fantômes hagards qui errent dans les ruines, à la recherche de proches volatilisés. Il sera décoré de la Distinguished Service Cross, passera Général en 1959, dirigera une compagnie d'aviation privée et s'éteindra, sans remords, le devoir accompli, le 1er Novembre 2007.

    Après avoir largué sa bombe meurtrière, il s'était écrié, à l'adresse de son équipage : « Les gars, vous venez de larguer la première bombe atomique ». Tout fier le Paul. Ce qui me gêne est qu'il n'ait jamais eu, jusqu'à sa mort, un mot pour les victimes. Rien qu'un mot de compassion, Paul, pas plus, c'était dur ?

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  • Commentaires

    1
    Bomber X
    Mercredi 6 Août 2008 à 08:54
    Beaucoup de morts inutiles
    Les habitant de Kokura on du retrospectivement avoir la trouille de leur vie. Je suis partisan de la solution qui aurait consisté a faire exploser une bombe au large de Tokyo à titre de démonstration mais j'ai bien conscience qu'il est facile de se poser en donneur de leçons après coup. L'absence d'excuses de Tibbets est assez symptomatique d'une certaine xénophobie développées envers les japonnais par les troupes américaines du pacifique, phénomène plus prégnant dans le corps des marines qui étaient au plus près des soldats japonnais. Cela dit, rien n'étant jamais blanc ou noir, ce phénomène est aussi vérifié du côté japonais; d'autre part certains pans de la société japonaise de nos jours n'acceptent toujours pas de faire leur mea culpa sur les exactions de la seconde guerre mondiale et se posent volontiers en victimes de la guerre. Quoi qu'il en soit je ne me rangerai jamais aux côté de ceux qui veulent mettre Truman au même rang que les criminels de guerre japonnais.
    2
    Mercredi 6 Août 2008 à 11:02
    Mea culpa
    Merci Bomber de ce commentaire. J'ai bien pris la précaution, concernant Truman, d'expliquer sa logique de vouloir épargner encore plus de vies que celles qui mourront avec la bombe A. Que Tibbets ait gardé la haine des Japonais pendant toutes ces années de guerre se conçoit mais il aurait pu changer à la fin de sa vie, en relativisant. Il ne l'a pas fait. Les Japonais sont fiers et ne reconnaîtront pas facilement leurs erreurs passées, s'il y en a. Bonne journée.
    3
    gaugain pierre
    Mercredi 6 Août 2008 à 11:59
    Hiroshima....
    Bonjour Yves, Très bon article sur ce drame, et excellente vidéo. Je vous remercie d'autant que vous connaissez ma sensibilité aux problèmes du nucléaire tant civils que militaires. amicalement, Pierre Gaugain - citoyen.
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    4
    Frédéric
    Vendredi 8 Août 2008 à 21:35
    Staline aussi pour quelque chose :)
    Signalons aussi comme raison de la redition japoaise l'arrivé en force de l'Armée Rouge en Mandchourie et en Corée...L'URSS était le seul espoir pour le gvt impérial de négocier ''honorablement'' avec les Alliés. L'intervention sovétique, demandé par les Américains, conduira 5 ans plus tard à la guerre du Corée.
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