• Vraiment, la Maison de Condé (trois siècles d’existence) n’avait pas besoin de cela : Après le suicide du maître d’hôtel François Vatel, le protégé du Grand Condé, en 1671, désespéré de ne pas voir arriver le ravitaillement pour régaler les centaines de convives du Roi Louis XIV au château de Chantilly, après l’exécution du duc d’Enghien au château de Vincennes, en 1804, par Bonaparte, voici que l’on découvre, en ce 27 août 1830, un autre suicidé encore plus célèbre puisqu’il s’agit du père de feu le duc d’Enghien, un Bourbon-Condé s’il vous plait, proche de Charles X puis de Louis-Philippe !

    Le titre de duc d’Enghien était attribué, par tradition depuis le XVII° siècle, à l’aîné du prince de Condé, comme par exemple au vainqueur de Rocroi, Louis II dit le Grand Condé, sauf si celui-ci avait lui-même un fils, auquel cas il donnait ce titre à son fils et gardait pour lui celui de duc de Bourbon.

    Le vieil homme fortuné s’est apparemment pendu à l’espagnolette d’une fenêtre de son château de Saint-Leu qu’il occupe avec sa jeune maîtresse anglaise, la baronne de Feuchères. A vrai dire, les policiers vont vite écarter la thèse du suicide, peu crédible (les pieds touchaient le sol), pour orienter les soupçons vers la dite maîtresse qui avait intrigué pour orienter, en sa faveur, le testament de son richissime amant, Henri Joseph de Bourbon-Condé, le dernier Prince de Condé. Car, celui-ci, avant d’être retrouvé la corde au cou, possédait un fabuleux patrimoine foncier, comprenant notamment le domaine de Chantilly et d’immenses forêts en Artois.

    La baronne était-elle jalouse d’Henri d’Orléans, le duc d’Aumale, le fils cadet de Louis-Philippe, duc d’Orléans et futur roi de France ? En effet, le duc d’Aumale, outre son prestige militaire gagné lors de la prise de la smala d’Abd-el-Khader, en 1843 et l’expédition de Biskra, s'était vu léguer, bien qu’enfant, l’immense fortune des Condé, quasiment le plus gros patrimoine foncier de France.

    Bourbon, Enghien, Condé, Orléans ? Le titre de duc d’Orléans, quant à lui, était donné au cadet du roi de France, lequel portait souvent le prénom de Philippe.

    Le duc d’Aumale, né Henri-Eugène-Philippe-Louis d’Orléans, n’a pas le temps de gérer ses domaines car il guerroie et doit même s’exiler à Twickenham, lorsque son père Louis-Philippe 1er est chassé du trône en 1848. En Angleterre, il en profite pour accroitre sa fortune et ne revient à Chantilly qu’en 1871. Dès lors, féru d’histoire et amateur d’art, il enrichit méthodiquement les collections de peintures et de livres anciens du château tout en embellissant l’ensemble du domaine, dont les grandes écuries. Puis, ne pouvant plus s’occuper de tout, sans héritier lui-même, il lègue l’ensemble du domaine de Chantilly à l’Institut de France qui regroupe plusieurs académies dont l’Académie française.

    Aujourd’hui, le parc et le château, le musée Condé et le musée vivant du cheval, mais aussi la Fondation Condé, très active en gériatrie, fonctionnent sous l’œil bienveillant du Comte de Paris, dernier prétendant et chef de la Maison d’Orléans, ancien combattant décoré en Algérie.

    Le titre de Comte de Paris s’est éteint avec la disparition de Philippe d’Orléans, petit-fils du roi Louis-Philippe, en 1894 mais il est toujours porté, comme titre de courtoisie, par l’aîné des Orléans.

    Ainsi, malgré les guerres et les révolutions, par delà les contraintes de succession et de redistribution sociale, c’est encore à nos descendants de rois que nous devons de conserver de somptueux domaines patrimoniaux qui font aussi la fierté de la République.


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