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La petite ville de Guernica, au Pays basque espagnol, était connue pour son chêne sacré au pied duquel se réunissaient, depuis le Moyen-âge, les représentants du peuple basque. Elle ne comptait que 7.000 habitants avant la deuxième guerre mondiale mais un tiers environ ( chiffre controversé ) vont périr ou être gravement blessés dans le bombardement du 26 Avril 1937 effectué par la Légion Condor allemande.
Cette unité aérienne spéciale, créée en Octobre 1936, est confiée par Hitler aux ordres du Général Hugo Speerle et du baron Wolfram von Richthofen, cousin du « Baron rouge », lui aussi aviateur héros de la Grande guerre. Hitler, qui n’a jamais digéré le traité de Versailles de 1919, lequel interdit, entre autres, à l’Allemagne de développer une aviation de guerre, va offrir à ses pilotes l’occasion de s’entraîner librement, et en conditions réelles de combat, aux dépens des populations ibériques soumises à la guerre civile espagnole, depuis 1936, entre Nationalistes pro Franco et Républicains. De nouvelles armes et procédés ( par exemple, le sinistre sifflement des Stukas en piqué ) seront ainsi testées en Espagne, en vue de la prise espérée de Gibraltar.
La veille du drame, Guernica est traversée par les combattants républicains basques qui fuient l’avance des franquistes vers Bilbao au Nord. Le colonel von Richthoffen propose à ses alliés espagnols de couper la route aux fuyards en détruisant le pont de Renteria, au Nord de Guernica. Mais il semble que Hitler ait voulu frapper un grand coup les esprits en bombardant aussi la population civile car il fut établi, plus tard, que les 4 escadrilles de bombardiers de la Légion Condor, protégées par des avions italiens, avaient emporté dans leurs soutes, outre des explosifs, des bombes anti-personnelles et incendiaires.
L’opération ( Rügen ou Feuerzauber ) commence à 16 h 30 et, après plusieurs vagues d’assaut, ne s’achève que vers 19 h 00, laissant la ville en proie aux flammes. Le pont de Renteria, principal objectif stratégique du bombardement aérien, fut paradoxalement épargné.
Mais la publication des chiffres des victimes civiles dans la Presse provoqua un tollé et une indignation internationales qui émurent la plupart des artistes de l’époque. Guernica va ainsi devenir le symbole de la souffrance injustifiée des peuples, sous le joug des dictatures. Des sculpteurs comme René Iché qui se met au travail le jour même, des poètes comme Paul Eluard ( « la victoire de Guernica » en 1938 ) ou des musiciens tels Ascione en 1978. Des écrivains, comme André Malraux, Ernest Hemingway ou Georges Orwell raconteront leur engagement aux côtés des républicains.
La plus connue et la plus représentative de ces œuvres est, sans conteste, la fresque commandée à Pablo Picasso par le gouvernement espagnol, pour son pavillon de l’exposition universelle de 1937 à Paris et qui représente un enchevêtrement d’animaux et de corps humains en souffrance, évoquant la corrida.
En échange de l’aide des forces aériennes nazies et fascistes, Franco laissera partir des volontaires franquistes espagnols, pendant l’invasion Barbarossa, sur le front russe, au sein de la Division Azul.
Pour de nombreux commentateurs, Guernica est aussi un prélude ou un signe avant-coureur des exactions qui allaient se jouer contre des populations civiles, lors du prochain conflit mondial, quelques courtes années plus tard.
Une fois de plus, les gouvernements démocrates, de Londres et Paris notamment, n’ont pas voulu s’engager clairement et prônèrent la « non-intervention », sorte de chèque en blanc aux mouvements totalitaires.
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