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Alors que le débat sur les valeurs qui rassemblent les Français, autour d’une « identité nationale » commune, occupe les médias et le monde politique en ce début d’année 2010, il n’est pas vain de se remémorer les évènements qui ont conduit à l’instauration du drapeau de la France, en trois bandes de couleurs verticales, bleu blanc et rouge :
En Juillet 1789, peu de temps avant la prise de la Bastille, l’effervescence pour ne pas dire le chaos règne à Paris, la révolution est en marche. La police est incapable de contenir les pillages et les meurtres. Une milice bourgeoise est alors créée qui porte un signe distinctif, une cocarde bicolore composée des traditionnelles couleurs de la ville de Paris, le bleu et le rouge. C’est le général de La Fayette, auréolé du succès de sa campagne en Amérique, qui est élu commandant de cette force baptisée Garde Nationale.
Le maire de la ville, Jean Sylvain Bailly, convie le 17 Juillet 1789 le roi Louis XVI à l’hôtel de ville pour lui présenter officiellement cette garde nationale, en présence de La Fayette. Pour montrer qu’il est près du peuple et calmer la foule qui l’entoure, le roi porte la cocarde bleu et rouge. La Fayette pense honorer son hôte en y ajoutant, intercalé, le blanc royal. C’est ainsi que naissent les trois couleurs de notre drapeau. On n’ose penser que le marquis songeait aux couleurs du drapeau des nouveaux Etats-Unis, fraichement proclamés en 1776.
Le bleu azur, comme la chape de Saint-Martin, était la couleur des bourgeois de Paris au Moyen-âge mais aussi la couleur du manteau du roi de France de Clovis à Charles X. C’est aujourd’hui le symbole de la paix adopté par l’Europe, l’ONU et les casques bleus. Le blanc, signe de pureté et de sagesse porté par les Papes mais aussi parfois couleur de deuil, était la couleur du drapeau royal avant la révolution donc de la monarchie, ainsi que celle de l’écharpe des chefs d’armées au combat. Le rouge, comme la bannière de Saint-Denis depuis Hugues Capet ou le manteau des centurions romains, couleur de feu et de sang, sera brandi par les insurgés contre Louis XVI et deviendra le symbole mondial des luttes ouvrières.
Lors de la Fête de la Fédération, le 14 Juillet 1790, un an après la Bastille, le Champ de Mars est orné du pavillon aux trois couleurs. Un décret du 15 Février 1794 ( 27 Pluviôse An II ) indique que « le pavillon et le drapeau national seront formés des trois couleurs nationales disposées en trois bandes égales de manière à ce que le bleu soit attaché à la garde du pavillon, le blanc au milieu et le rouge flottant ».
Le drapeau rouge a bien failli revenir en 1848, après l’abdication de Louis-Philippe, lorsque les républicains le brandissent sur les barricades. Il faudra toute l’éloquence de Lamartine pour maintenir le drapeau tricolore : « Je repousserai jusqu’à la mort ce drapeau de sang et vous devriez le répudier plus que moi : car le drapeau rouge, que vous-mêmes rapportez, n’a jamais fait que le tour du Champ-de-Mars, traîné dans le sang du peuple en 1791 et 1793, et le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie ».
Avec l’instauration de la fête nationale, le 14 Juillet, sous la IIIème République, le consensus s’établit autour des trois couleurs auxquelles se rallient même les royalistes. Peu à peu, le drapeau tricolore va représenter l’Etat et la nation dans les cérémonies officielles. Pour le peuple, c’est le coq qui sera porté au rang d’emblème.
Aujourd’hui, nul ne conteste plus sa légitimité et la force de son symbole … sauf peut-être quelques réactionnaires qui, par provocation, rejettent tout signe de « nationalisme franchouillard » et prônent l’avènement des « citoyens du monde ». Cependant, la fierté d’appartenir à une nation galvanise encore les ardeurs et se manifeste spontanément lors des rencontres sportives où les vainqueurs s’enveloppent dans le drapeau national. Parfois aussi, on le brûle mais c’est une autre histoire.
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