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    Décédé il y a tout juste un an, le 23 Avril 2007, Boris Eltsine est le premier Président démocratiquement élu de Russie. Le 12 Juin 1991, en effet, il remporte les élections au suffrage universel et en profite pour se nommer aussi chef du gouvernement.

    Issu d'une famille paysanne de l'Oural, Boris Eltsine gravit normalement les échelons du Parti communiste depuis son inscription en 1961, jusqu'à ce que Mikhaïl Gorbatchev le nomme à sa tête. Mais la chute du Mur de Berlin, le 09 Novembre 1989, va précipiter l'implosion de l'URSS qui éclate en 11 nouveaux Etats indépendants.

    Fantasque mais courageux, Boris n'hésite pas à monter sur un char, en 1991, pour haranguer la foule, en vrai démocrate, et faire barrage aux partisans du maintien du communisme qu'il avait lui-même supprimé. Mais celui qui brava les chars, cette année là, n'aura aucun scrupule à les envoyer contre ses opposants, en 1993 tout d'abord, quand il bombarda le Parlement récalcitrant et en 1994 ensuite, pour écraser l'espoir d'indépendance de la petite république de Tchétchénie même s'il se défend d'en avoir donné l'ordre.

    Réélu en Juin 1996, il fera un second mandat en pointillés, tant il aura d'absences, dues à la maladie, à un triple pontage coronarien mais aussi à l'alcool. Il changera régulièrement de Premier Ministre pour essayer de maintenir ses réformes mais les anciens communistes veillent. Fin 1999, il n'est plus que l'ombre de lui-même, bouffi et titubant, incapable de maîtriser une crise financière majeure et le pillage des richesses du pays par les oligarques qui lui avaient soufflé de privatiser des pans entiers de l'économie.

    Finalement, en échange de l'immunité à vie ( ce qui laisse à penser qu'il a bien profité, lui aussi, de sa position privilégiée ), il passe la main, en 2000, à son successeur désigné, le jeune Vladimir Poutine qui aura moins de scrupule, en tant qu'ancien du KGB, à ne pas paraître démocrate. Le jeune et froid dauphin a fait mine de vouloir poursuivre les réformes de l'appareil d'état que le dernier Tsar avait engagées. Mais celles-ci seront vite rangées dans les placards et la mise au pas reprendra par cet « héritier » qui va verrouiller à nouveau le pouvoir.

    Boris Eltsine aura tenté, à sa manière, souvent chaleureuse, d'instaurer la démocratie en Russie et de l'arrimer à l'Occident, en établissant la liberté de parole, sans faire donner la force, sauf en Tchétchénie, pour s'opposer au départ des Etats satellites d'ex-Union Soviétique. Ce fut une période de liberté pour les jeunes et les intellectuels Russes mais une régression économique, malheureusement, pour le petit peuple pendant que d'autres, et pas seulement la maffia, opéraient des ascensions fulgurantes.

    Ainsi, une tentative de démocratisation a échoué dans le plus vaste Etat du monde mais gageons que ce n'est qu'un recul pour mieux sauter, la prochaine fois.

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    En Belgique, lors de la première guerre mondiale, la ville d'Ypres va tristement devenir célèbre, non seulement par les trois batailles successives qui s'y déroulèrent en 1914, 1915 et 1917 pour barrer la « course à la mer » aux Allemands, mais surtout pour le fait que, pour la première fois, des gaz toxiques et mortels furent envoyés, poussés par le vent, en direction des tranchées adverses.

    L'utilisation de gaz toxiques était connue depuis le Moyen-Âge mais avec les progrès rapides des sciences, chimie notamment, les risques furent tels que la Convention de La Haye décida de les interdire en 1899. Des dispositions plus récentes, concernant l'emploi des gaz, figurent dans le Protocole de Genève de 1925 et la résolution 2603 des Nations Unies de 1969 mais les progrès sont lents et aujourd'hui, par exemple, bien que 183 Etats aient signé la Convention pour l'interdiction des armes chimiques, 37% seulement des stocks mondiaux d'agents chimiques à objectif militaire ont été détruits.

    Le premier emploi massif eut donc lieu, le 22 Avril 1915, entre Ypres et Langemarck, où les Allemands de la IV° Armée ont rassemblé 4.000 cylindres de gaz asphyxiants à base de chlore, la chlorine, facile à stocker et dont les effluves mortelles seront emportées par le vent jusqu'aux lignes de la 87° Division française, faisant instantanément 3.000 morts bretons, normands et algériens et provoquant la panique, ce qui ouvrira une brèche de 8 km de large sur la ligne de front. Ce gaz, appelé Ypérite du nom de la ville d'Ypres, était du sulfure d'éthyle dichloré, mortel à 15 km et son odeur le fit surnommer « gaz moutarde ». Il fallut attendre plusieurs mois et plusieurs milliers de morts supplémentaires pour que le masque à gaz remplace le bâillon imbibé d'huile, sensé protéger les combattants. Français et Anglais utiliseront aussi les gaz toxiques, notamment en Champagne et à Loos, et des unités spécialisées seront créées de part et d'autre du front.

    C'est sur cette terre martyrisée de Poelkapelle que disparut aussi Georges Guynemer, le glorieux aviateur aux 53 victoires, dont ni le corps ni le Spad ne furent retrouvés, tant les pluies d'obus avaient retourné le sol. C'est aussi non loin de là qu'un caporal de 24 ans du 16° régiment de réserve bavarois, Adolf Hitler, va être atteint, en Octobre 1918, par les gaz moutarde lancés par les alliés, d'où sa haine des Français et des Anglais.

    Aujourd'hui, le monde entier craint une action terroriste, employant des moyens chimiques ou neurotoxiques, comme l'ont déjà fait Saddam Hussein à Halabja ou la secte Aoun dans le métro de Tokyo.

    L'imagination humaine est inépuisable quand il s'agit de découvrir de nouveaux moyens de courir à sa propre perte.

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    La première guerre mondiale, de 1914 à 1918, n'a pas consacré que les héros rampants, ces « poilus » magnifiques de courage. Elle a aussi enfanté des « héros ailés » qui ont utilisé les balbutiements de l'aviation pour des duels de seigneurs. C'est ainsi qu'un certain Manfred von Richthofen, aristocrate allemand, fut l'un des derniers représentants des valeurs chevaleresques au combat : honneur, fair-play et surtout courage jusqu'à la mort.

    Né à Breslau en 1892, le jeune Manfred se distingue très tôt pour ses exploits risqués, comme celui d'accrocher un mouchoir en haut du clocher de son église. Engagé, comme Uhlan, sur le front Est, en 1914, dans la cavalerie ( tradition oblige ), il s'y ennuie et demande à intégrer la nouvelle aviation où il effectuera, de 1915 à 1918, une courte mais brillante carrière sous le surnom de « Baron rouge », en totalisant la bagatelle de 80 victoires aériennes homologuées.

    Contrairement à la légende, l'armée allemande était plus permissive que l'armée anglaise et autorisait les unités de combat qui s'étaient distinguées à peindre leurs aéronefs de la couleur de leur choix. C'est ainsi que Manfred von Richthofen, qui était effectivement Baron, fit peindre son Fokker Triplan Dr1 en rouge. A l'image de son maître Oswald Boelcke qu'il dépassera, et enchaînant les victoires, les responsabilités tout autant que les médailles, il deviendra vite la bête noire des Alliés. Au cours du seul mois d'Avril 1917, il gagne vingt combats. La légende du « Diable rouge », comme diront les Anglais, est née. Son escadrille colorée devient la terreur des cieux, au dessus du front. Comme son double français Georges Guynemer, il est dépassionné, méthodique et calculateur dans chacune de ses actions.

    Pourtant, il « cassera du bois » comme on dit d'un pilote qui rate son atterrissage ou se pose en catastrophe et il sera même blessé, notamment en Juillet 1916 où une estafilade à la tête lui laissera de légères séquelles. En 1918, il est devenu une légende et galvanise le moral des troupes allemandes. Les autorités militaires songent alors à le préserver, à l'arrière, mais lui ne vit que pour ses duels, comme un chasseur que la proie nargue sans cesse.

     « Ne jamais quitter le groupe et ne jamais voler trop bas, ni sur les lignes ennemies » seront les règles qu'il imposera à ses élèves et qu'il transgressera, malheureusement pour sa perte, lors de son dernier combat, le 21 Avril 1918 alors qu'il venait d'accrocher une 80ème victoire à son palmarès. Lors d'une rencontre entre Anglais et l'escadre Jagdgeschwader de Manfred au dessus de Amiens, la version officielle dit que le Baron rouge s'est écarté du groupe pour protéger son cousin Wolfram, attaqué par les Sopwith Camel anglais alors qu'il ne participait pas au combat aérien, du fait de son inexpérience. Sans couverture, le « Rittmeister » aurait été touché, à l'arrière, par le capitaine Roy Brown, défendant le lieutenant Wilfrid May, lui aussi Canadien. Il aurait réussi à poser son avion sans trop de dommages, à Sailly le Sec, mais aurait été trouvé mort, dans l'appareil, à l'arrivée des Alliés.

    Une version moins officielle prétend qu'il aurait été attiré dans un véritable traquenard. « Wop » May n'étant pas la chèvre qu'on affirme, l'aurait « balladé » au dessus des méandres de la Somme, jusqu'à Vaux, pendant que Roy lui mettait la pression sur son arrière, tous les deux l'emmenant ainsi jusqu'à un éperon, au fond d'un cirque, où des mitrailleuses australiennes, installées là pour l'occasion, l'auraient copieusement « arrosé ». Les honneurs militaires lui furent rendus très rapidement et la nouvelle de la disparition de « l'As des As » fit partout l'effet d'une bombe.

    Depuis cette fin tragique, il est devenu un mythe et une égérie romantique. Sa fière allure dans sa tenue de cuir a été copiée par Elvis Presley, Marlon Brando, James Dean, Johnny Hallyday et bien d'autres. Un film allemand, « Der Rote Baron » lui rend, d'ailleurs, hommage en ce moment. Moritz, son dogue d'Ulm, qui le suivait partout, même en avion parfois, est-il enterré, avec lui, à Wiesbaden ? On ne doit pas répondre à toutes les questions, c'est cela une légende.

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    Au temps de la dictature du Général Batista, l'île de Cuba était devenue, du fait de sa proximité avec la Floride, un lieu de villégiature et de débauche pour maffieux américains. Un ancien avocat qui avait pris le maquis pour s'opposer à ce régime de corruption, Fidel Castro, devint le symbole de la révolte pour tout un peuple. Il n'eut ainsi pas de mal, dès 1959, à conquérir La Havane, faisant fuir tous les notables et nationalisant les plantations de sucre détenues par les Américains. Sa politique d'expropriation des terres et de nationalisation de l'industrie lui valut l'opposition des Etats-Unis qui fomentèrent un coup de force pour l'éliminer du pouvoir.

    C'est Eisenhower qui avait remis à John F. Kennedy, le jour de la passation de pouvoirs, le dossier « Baie des Cochons ». Il s'agissait d'un projet de renversement de Castro, mis au point par la CIA ( Central Intelligence Agency ), grâce à un débarquement massif de futurs opposants au « Lider Massimo ».

    Environ 1.500 exilés cubains seront entraînés par la CIA, dans un camp de jungle en Amérique centrale. L'invasion, précédée d'un bombardement aérien et appuyée par des chars débarqués, eut lieu le 17 Avril 1961 sur la côte Sud-Ouest de Cuba, au lieu dit « Playa Giron », dans la Baie des Cochons. Mais le second jour, Kennedy n'autorisa pas un nouveau bombardement aérien et, de surcroît, les avions cubains n'avaient pas tous été réduits au silence. Ce sont eux qui frapperont les navires, au large, attendant d'être engagés en deuxième vague. Au sol, le soutien de la population, que les Américains imaginaient en faveur des exilés, fut au contraire massif derrière Fidel Castro qui avait galvanisé leur patriotisme par des formules chocs, telle que : « Venez défendre votre révolution ».

    Pas de couverture aérienne suffisante, pas de soulèvement populaire anticastriste, des pertes importantes et inattendues face à une résistance déterminée, le refus final de Kennedy d'engager l'Armée américaine, bref, tous les ingrédients pour que l'opération se solde par un désastre. Après 72 heures, le 20 Avril 1961, Fidel Castro peut savourer sa victoire et montrer au monde, dans un long discours comme il aime à les faire, que son régime est disposé à défendre chèrement son autonomie. L'embargo qui va le frapper aussitôt l'entraînera dans les bras de l'Union soviétique, trop heureuse d'implanter cette épine aux portes des USA.

    On peut lire, aujourd'hui, à l'entrée de la Baie des Cochons, le panneau suivant : « Giron, première défaite de l'impérialisme yankee en Amérique Latine ». Cet échec des Américains va entamer la crédibilité du nouveau Président qui, heureusement, sortira grandi, juste un an après en 1962, par son attitude lors de la crise des fusées soviétiques, dans cette même île de Cuba.

    Cette invasion manquée, il y a 47 ans, consacre la fin du mythe de l'invincibilité des Etats-Unis qui - le présent nous le montre - perdure encore. Le « Commandante » aussi a la vie dure, qui a vu passer 10 Présidents américains.

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    Généralement, les gourous des sectes, qui se gardent la meilleure part sur terre, promettent le meilleur à leurs adeptes ... dans l'au-delà, à condition bien sûr qu'ils l'écoutent aveuglément ici-bas. L'une des plus horribles tragédies affectant l'une de ces communautés se produisit le 19 Avril 1993, dans la propriété du « Mont Carmel » à Waco, au Sud du Texas, où 82 personnes dont 21 enfants périrent à la suite de l'incendie de la résidence, au moment où le FBI donnait l'assaut final.

    La « ferme » de Waco héberge, depuis 1935, une centaine de « Davidiens », groupe religieux issu de l'Eglise Adventiste du Septième Jour, fondé en Californie dans les années 1930. Leur leader, depuis 1984, est un certain « David » Koresh. Il est l'incarnation de Dieu sur terre, connaît des passages entiers de la Bible par cœur, est le mari de toutes les femmes du camp ( il les honorera souvent ) et sans doute le père des enfants qui y naissent. David s'appelle, en fait, Vernon Howell mais il prend le nom de Koresh qui est la forme hébraïque de Cyrus, le roi de Perse qui conquit la Mésopotamie. David, en tant que nouveau Messie, sait que l'Apocalypse est proche et qu'il faut s'y préparer. Un bunker, genre chambre froide de survie et un lavage de cerveaux à base de sermons et de films, feront l'affaire.

    Mais les fédéraux ATF ( Alcohol, Tobacco and Firearms ) apprennent par des plaintes, en 1992, que les Davidiens s'entraînent au tir avec des armes, pour certaines automatiques, ce qui est illégal. Une première opération de force est alors déclenchée le 28 Février 1993, au cours de laquelle des tirs sont échangés entre les agents ATF et les Davidiens. David Koresh sera lui-même blessé alors qu'il tentait de parlementer.

    L'opération a échoué car la plupart des Davidiens sont toujours retranchés dans la ferme-forteresse. Le FBI remplace les ATF, accusés d'incompétence. Vont alors suivre 51 jours de siège au cours desquels on tentera d'abrutir les adeptes par des bruits et des simulacres d'attaques, jour et nuit, et on leur coupera l'eau et l'électricité. Koresh correspond, par téléphone, avec les négociateurs du FBI et quelques membres sont autorisés à quitter la ferme.

    Quand le gourou menace les autorités d'un suicide collectif si le siège n'est pas levé, celles-ci décident d'un assaut. Le bâtiment est encerclé par des chars, des gaz lacrymogènes et des grenades explosives sont envoyés par les trous que font les blindés dans les façades et des coups de feu sont tirés. Bientôt, tout le bâtiment est en feu et les occupants ne sont toujours pas sortis. Ils se sont réfugiés dans le bunker mais on les retrouvera morts par asphyxie ou par balle dans la tête ( David Koresh en fait partie ). Suicide collectif ou liquidation systématique ? Qui a mis le feu ? Nul ne sait encore car le bâtiment a été rasé en urgence, un mois après les événements qui ne sont pas à la gloire de la Police américaine.

    L'Apocalypse est venue plus tôt que prévue pour les Davidiens. Elle atteindra aussi la secte du Temple du Peuple, en 1978, suicide collectif au poison pour 914 adeptes dont 260 enfants. La liste est longue, malheureusement, Philippines 60 suicidés en 1985, Suisse 53 suicidés de l'ordre du Temple Solaire en 1994 et 16 dans le Vercors l'année suivante, Japon 5000 blessés et 12 tués par gaz dans le métro de Tokyo en 1995, Californie 39 suicidés au poison en 1997, et le summum en 2000 en Ouganda où près de 1000 adeptes de la secte du Rétablissement des 10 commandements s'immolent par le feu.

    Perte du sens religieux traditionnel et perte de repères dans une société manquant de solidarité sont les facteurs sur lesquels agissent avec cynisme quelques illuminés. Qu'ils entraînent tous leurs disciples dans leur chute est assez confondant. Mais que faire ? Aimer ses proches, peut-être, cela suffit à les retenir auprès de soi.

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